Sancerre. Voilà un mot qui évoque à coup sûr les petits « coups de blanc ». Si sa réputation est grande, c’est que les viticulteurs locaux ont toujours été des champions de la vente - DR : J.-F.R.
Depuis le sommet de la tour des Fiefs, dernier vestige du château féodal de Sancerre, la vue porte à 360° sur le moutonnement des collines viticoles, camaïeu de teintes rousses, jaunes et vertes dans l’automne naissant.
Si vous nous demandiez quel serait le point de vue idéal sur le Sancerrois, nous dirions sans hésiter qu’il se trouve là où la colline boisée de l’Orme au Loup montre sa croupe la plus avenante, prolongée à l’ouest par la douceur du versant lacéré de parcelles viticoles.
Bienvenue à Sancerre, épicentre d’un territoire viticole dont il faut brosser sans attendre les grandes lignes.
Sancerre. Voilà un mot qui évoque à coup sûr les petits « coups de blanc » que des générations d’ouvriers ont engloutis aux comptoirs des zincs parisiens, entre le sandwich et le café. Si sa réputation est grande, c’est que les viticulteurs locaux ont toujours été des champions de la vente.
Ils ont su attirer les Parisiens en week-end (Sancerre n’est qu’à deux heures de route) et dévier les touristes de l’ex-nationale 7 toute proche.
Ils ont aussi excellé dans les opérations promotionnelles. Résultat, le Sancerre a toujours eu la côte, la santé vigoureuse des domaines le démontre aujourd’hui.
Si vous nous demandiez quel serait le point de vue idéal sur le Sancerrois, nous dirions sans hésiter qu’il se trouve là où la colline boisée de l’Orme au Loup montre sa croupe la plus avenante, prolongée à l’ouest par la douceur du versant lacéré de parcelles viticoles.
Bienvenue à Sancerre, épicentre d’un territoire viticole dont il faut brosser sans attendre les grandes lignes.
Sancerre. Voilà un mot qui évoque à coup sûr les petits « coups de blanc » que des générations d’ouvriers ont engloutis aux comptoirs des zincs parisiens, entre le sandwich et le café. Si sa réputation est grande, c’est que les viticulteurs locaux ont toujours été des champions de la vente.
Ils ont su attirer les Parisiens en week-end (Sancerre n’est qu’à deux heures de route) et dévier les touristes de l’ex-nationale 7 toute proche.
Ils ont aussi excellé dans les opérations promotionnelles. Résultat, le Sancerre a toujours eu la côte, la santé vigoureuse des domaines le démontre aujourd’hui.
Carroyage de vignes
Le terroir n’est pourtant pas immense. 3 000 hectares, ce n’est rien comparés aux 118 000 ha du vignoble bordelais et aux 26 000 ha bourguignons.
Avec ça, seulement 350 vignerons, répartis sur les 14 communes de l’appellation, égrenées dans les vallons et sur les crêtes, rive gauche de la Loire.
La taille des exploitations ne dépasse pas 8 ha et pas moins de 7 500 parcelles composent ce damier viticole.
Preuve de sa complexité, malgré la présence de deux uniques cépages, sauvignon pour le blanc, pinot pour le rouge, le terroir distingue trois types de sols. Inutile de dire que chacun donne des vins spécifiques et que le savoir-faire vigneron sait croiser avec bonheur les pressées issues de différentes parcelles.
Depuis la création de l’appellation en 1931 et l’obtention de l’AOC cinq ans plus tard, le vin a rayonné par ses blancs.
Sur les 25 millions de bouteilles produites chaque année, ils représentent 75% des volumes. Mais les rouges ont aussi gagné en réputation.
Avec ça, seulement 350 vignerons, répartis sur les 14 communes de l’appellation, égrenées dans les vallons et sur les crêtes, rive gauche de la Loire.
La taille des exploitations ne dépasse pas 8 ha et pas moins de 7 500 parcelles composent ce damier viticole.
Preuve de sa complexité, malgré la présence de deux uniques cépages, sauvignon pour le blanc, pinot pour le rouge, le terroir distingue trois types de sols. Inutile de dire que chacun donne des vins spécifiques et que le savoir-faire vigneron sait croiser avec bonheur les pressées issues de différentes parcelles.
Depuis la création de l’appellation en 1931 et l’obtention de l’AOC cinq ans plus tard, le vin a rayonné par ses blancs.
Sur les 25 millions de bouteilles produites chaque année, ils représentent 75% des volumes. Mais les rouges ont aussi gagné en réputation.
Ancien bastion protestant
Sancerre est le « village-capitale » de la production viticole. Il se repère à son site, éminence rocheuse de 300 m d’altitude sur laquelle s’entremêlent des maisons de pierre dominées par le Beffroi et la tour des Fiefs.
Le bourg est groupé, facile à visiter, sans monument absolument remarquable mais avec cette harmonie que confèrent l’homogénéité architecturale et la patine du temps. Il faut flâner dans le cœur étroit, ramassé entre la Nouvelle Place et l’Hôtel de Ville.
Les rues de la Paix, des Trois Piliers, de la Croix de Bois, du Pavé Noir, du Carroir de Velours et Porte Vieille révèlent de jolies bâtisses à tourelles ou à colombages, des maisons vigneronnes, quelques fenêtres Renaissance…
Bref, la marque architecturale d’une histoire laborieuse, commerçante et nobiliaire, dans un ancien bastion protestant dont les murailles furent démantelées après la capitulation des Huguenots, en 1573. Seule la tour des Fiefs a survécu.
La balade offre aussi des opportunités d’achats. Plusieurs domaines ont pignon sur rue et leurs boutiques, au design travaillé, sont des tentations auxquelles on se soustrait avec peine.
La promenade conduit également au pied du Beffroi (1509), devant la maison Jacques Cœur II (du nom de son fils Geoffrey, à qui elle fut restituée après la disgrâce de son père), au Logis du Seigneur d’Herry (c’est la Maison des vins de Sancerre, à visiter) et dans des ruelles où prennent place en saison des boutiques éphémères d’artistes.
Elle emmène, enfin, à l’esplanade de la Porte César, où l’on peut admirer le panorama dirigé vers l’ondulation douce de la Loire, au-delà de Saint-Satur.
Le bourg est groupé, facile à visiter, sans monument absolument remarquable mais avec cette harmonie que confèrent l’homogénéité architecturale et la patine du temps. Il faut flâner dans le cœur étroit, ramassé entre la Nouvelle Place et l’Hôtel de Ville.
Les rues de la Paix, des Trois Piliers, de la Croix de Bois, du Pavé Noir, du Carroir de Velours et Porte Vieille révèlent de jolies bâtisses à tourelles ou à colombages, des maisons vigneronnes, quelques fenêtres Renaissance…
Bref, la marque architecturale d’une histoire laborieuse, commerçante et nobiliaire, dans un ancien bastion protestant dont les murailles furent démantelées après la capitulation des Huguenots, en 1573. Seule la tour des Fiefs a survécu.
La balade offre aussi des opportunités d’achats. Plusieurs domaines ont pignon sur rue et leurs boutiques, au design travaillé, sont des tentations auxquelles on se soustrait avec peine.
La promenade conduit également au pied du Beffroi (1509), devant la maison Jacques Cœur II (du nom de son fils Geoffrey, à qui elle fut restituée après la disgrâce de son père), au Logis du Seigneur d’Herry (c’est la Maison des vins de Sancerre, à visiter) et dans des ruelles où prennent place en saison des boutiques éphémères d’artistes.
Elle emmène, enfin, à l’esplanade de la Porte César, où l’on peut admirer le panorama dirigé vers l’ondulation douce de la Loire, au-delà de Saint-Satur.
Chavignol et son fromage
Il est temps d’aller reconnaître le territoire de plus près. Si Sancerre domine, Chavignol, lui, se blottit au creux d’un vallon.
Dans ce bourg qui a donné son nom au célèbre fromage, le charme des vieilles pierres agit d’autant mieux qu’au-dessus des maisons, les rangs des pieds de pinot et de sauvignon semblent vouloir encercler le village, partant à l’assaut des courbes de niveau jusqu’à vouloir s’envoler vers le ciel.
L’image est saisissante au bas de la colline des Monts Damnés, dont le nom dit mal - sauf à considérer le vin comme un péché - le bonheur que procurent ses jus aux mortels.
Au volant d’une voiture, vous aurez plaisir à emprunter au hasard des petites routes vigneronnes qui conduisent de villages en buttes, de versants en vallons. Grimpez en haut de Chavignol pour voir Sancerre régner sur son piton.
Traversez Bué et son cirque, la plus importante commune viticole du Sancerrois. Arrêtez-vous à Champtin et à Menetou-Râtel, parmi les plus agréables villages du secteur.
Et prenez la route qui, depuis Sancerre, rejoint Ménétréol-sous-Sancerre (à 4 km), au milieu des vignes et des bois.
Dans ce bourg qui a donné son nom au célèbre fromage, le charme des vieilles pierres agit d’autant mieux qu’au-dessus des maisons, les rangs des pieds de pinot et de sauvignon semblent vouloir encercler le village, partant à l’assaut des courbes de niveau jusqu’à vouloir s’envoler vers le ciel.
L’image est saisissante au bas de la colline des Monts Damnés, dont le nom dit mal - sauf à considérer le vin comme un péché - le bonheur que procurent ses jus aux mortels.
Au volant d’une voiture, vous aurez plaisir à emprunter au hasard des petites routes vigneronnes qui conduisent de villages en buttes, de versants en vallons. Grimpez en haut de Chavignol pour voir Sancerre régner sur son piton.
Traversez Bué et son cirque, la plus importante commune viticole du Sancerrois. Arrêtez-vous à Champtin et à Menetou-Râtel, parmi les plus agréables villages du secteur.
Et prenez la route qui, depuis Sancerre, rejoint Ménétréol-sous-Sancerre (à 4 km), au milieu des vignes et des bois.
Cri du héron
Vous voilà désormais au bord de la Loire.
Après le vin, l’eau ! Pas simple, sans guide, de comprendre l’écosystème de la Loire.
Alors nous en avons pris un, Frédéric Thelinge. Attention, cet homme est dangereux ! En cas de mésentente, assurez-vous qu’il n’a pas glissé dans votre poche ou fait goûter par mégarde une plante vénéneuse.
Les bords de fleuve en regorgent et Frédéric en sait plus à ce sujet que tous les vieux Berrichons réunis. Plaisanterie, bien sûr…
Frédéric nous emmène du côté de Couargues, où la Loire très mouvante abrite une riche avifaune.
Au-delà de bancs de sable traîtres - ils sont parfois mouvants - on aperçoit facilement de grandes aigrettes, des cormorans, des goélands, de plus rares martins-pêcheurs… On entend les cris rauques du héron cendré et ceux de la rainette. On voit des traces de chevreuil.
Bref, en dépit d’un « niveau d’eau anormalement bas », s’inquiète Frédéric, le milieu est extrêmement vivant.
Après le vin, l’eau ! Pas simple, sans guide, de comprendre l’écosystème de la Loire.
Alors nous en avons pris un, Frédéric Thelinge. Attention, cet homme est dangereux ! En cas de mésentente, assurez-vous qu’il n’a pas glissé dans votre poche ou fait goûter par mégarde une plante vénéneuse.
Les bords de fleuve en regorgent et Frédéric en sait plus à ce sujet que tous les vieux Berrichons réunis. Plaisanterie, bien sûr…
Frédéric nous emmène du côté de Couargues, où la Loire très mouvante abrite une riche avifaune.
Au-delà de bancs de sable traîtres - ils sont parfois mouvants - on aperçoit facilement de grandes aigrettes, des cormorans, des goélands, de plus rares martins-pêcheurs… On entend les cris rauques du héron cendré et ceux de la rainette. On voit des traces de chevreuil.
Bref, en dépit d’un « niveau d’eau anormalement bas », s’inquiète Frédéric, le milieu est extrêmement vivant.
Raifort, tanaisie, églantines…
Sur la rive gauche du bras majeur du fleuve, dans ces zones végétales interlopes noyées pendant les crues, les plantes font la mêlée.
Du raifort sauvage, de la saponifère officinale (utilisée jadis comme savon), du houblon sauvage, des cerisiers de Sainte-Lucie… c’est un grimoire d’herboriste.
Cette plante anonyme, là, « c’est de la clématite sauvage, dite aussi la bigouse. Les vieux la fumaient », plaisante Frédéric.
On apprend que la tanaisie, plante vermifuge, « était autrefois administrée contre le ver ténia ». Que l’on cuisinait en beignets les fleurs d’acacias ; que les poils d’églantines, les « gratte-culs », démangeaient pendant presque deux jours ceux qui avaient le malheur d’en avoir dans leurs vêtements - ils n’y arrivaient pas tout seuls…
« Les anciens avaient aussi l’habitude de manger des graines d’orties », explique Frédéric, en montrant la tige piquante. « Cela donne une grande énergie. Mais attention, pas plus d’une cuillère à café, sinon vous ne pourrez pas uriner pendant trois jours ! », rigole-t-il.
Boire - un peu - soigne, dit-on. En bord de Loire berrichonne, manger des plantes sauvages aussi, visiblement.
Pour aller plus loin : www.berryprovince.com
Du raifort sauvage, de la saponifère officinale (utilisée jadis comme savon), du houblon sauvage, des cerisiers de Sainte-Lucie… c’est un grimoire d’herboriste.
Cette plante anonyme, là, « c’est de la clématite sauvage, dite aussi la bigouse. Les vieux la fumaient », plaisante Frédéric.
On apprend que la tanaisie, plante vermifuge, « était autrefois administrée contre le ver ténia ». Que l’on cuisinait en beignets les fleurs d’acacias ; que les poils d’églantines, les « gratte-culs », démangeaient pendant presque deux jours ceux qui avaient le malheur d’en avoir dans leurs vêtements - ils n’y arrivaient pas tout seuls…
« Les anciens avaient aussi l’habitude de manger des graines d’orties », explique Frédéric, en montrant la tige piquante. « Cela donne une grande énergie. Mais attention, pas plus d’une cuillère à café, sinon vous ne pourrez pas uriner pendant trois jours ! », rigole-t-il.
Boire - un peu - soigne, dit-on. En bord de Loire berrichonne, manger des plantes sauvages aussi, visiblement.
Pour aller plus loin : www.berryprovince.com