Concorde, un avion mythique au destin tragique

Nous prenons l’avion mais nous volons sur Concorde.

Nous l’appelons « l’Oiseau blanc ». Son élégante silhouette vole à Mach 2,02 : deux fois la vitesse du son (1). Aucun avion, civil ou militaire, n’est capable de réaliser cet exploit.

Le 25 juillet 2000, 25 ans après son premier vol commercial le Concorde immatriculé F-BTSC qui assure le vol 4590 d'Air France au départ de Roissy CDG à destination de New York, s'écrase sur un hôtel 1 minute et 28 secondes après son décollage.

On dénombre 113 victimes, les 100 passagers, les 9 membres d'équipage et 4 personnes se trouvant dans l'hôtel.

Cette tragédie précipite la fin de la fabuleuse épopée de Concorde, un avion en avance sur son temps et toujours sans successeur déclaré pour prendre sa relève.

La nouvelle redoutée tombe le jeudi 10 avril 2003. D'un commun accord Air France et British Airways, les deux compagnies exploitant Concorde, annoncent leur décision de mettre fin à l'exploitation du seul avion commercial supersonique au monde.

Depuis une quinzaine d’années Air France connaît des difficultés. Les causes de ces « années noires » ? On évoque alors la déréglementation annoncée par Bruxelles, la recapitalisation et déjà les conflits sociaux et autres plans de sauvetage. Quant au supersonique, il est gourmand en kérosène, coûteux en maintenance.

Le dernier Concorde d' Air France va assurer la liaison Roissy -New York – Roissy le 30 mai 2003.

Avec André Turcat aux commande,s le premier vol d’essai est réalisé le 2 mars 1969. Il dure 29 minutes et marque les esprits. Le premier vol à effectuer un passage supersonique – c’est-à-dire a franchir le mur du son – a lieu le 1er octobre 1969. Mach 2 sera réalisé un an plus tard.

Il faudra près de 5 ans de tests au sol et près de 800 heures de vol avant que Concorde reçoive, le 10 octobre 1975, son certificat de navigation. La première sortie hors de France a lieu en direction de Dakar soit un vol de 2h30.

A cette époque Concorde est promis à un bel avenir. 74 commandes ou options sont prises par 16 compagnies aériennes dont 8 nord-américaines.

Mais la crise du pétrole de 1973, l’ampleur des coûts d’exploitation et de maintenance du supersonique et déjà de fortes pressions écologistes entraînent en quelques mois l'annulation générale des commandes.

Seules Air France et British Airways exploiteront Concorde qui ne sera construit qu’en 20 exemplaires, 6 pour le développement et 14 pour les vols commerciaux.

Durant les « années noires » toutes les lignes Air France desservies par le supersonique ont été supprimées à l’exception de la ligne Paris/New York.

Le temps moyen pour un tel vol est de 3h26 dont 2h54 en supersonique. En 1927 Lindbergh avec son Spirit of Saint-Louis avait traversé l’Atlantique nord dans le sens New York Paris en 33 heures et 30 minutes !

Avec ses partenaires voyagistes, la compagnie développera sur Concorde des vols événementiels, des affrètements, des opérations de prestige. Plusieurs tours du monde seront mis en place.

Organisé par Kuoni Londres et Kuoni Paris, le premier tour du monde de Concorde part de Roissy CDG le 21 février 1987. Paris, Londres, Le Caire, Delhi, Singapour, Bali, Sydney, Fidji, Honolulu, Las Vegas, Nassau soit 42 309 kilomètres parcourus en 17 jours dont 32 heures et 30 minutes de vol.

Le passage du mur du son ne s’effectuera qu’au-dessus des mers et des zones désertiques afin d’éviter les nuisances sonores au sol.

La cabine est longue, effilée comme un cigare et ne s’ouvre sur le monde que par des hublots miniaturisés. Elle mesure très précisément 39,32 mètres de long, 2,62 de large et 1,95 de hauteur.

Les 128 sièges sont disposés 2 + 2 de part et d’autre d’une étroite allée centrale. Le tour du monde est assuré par 3 navigants techniques qui seront relayés à Sydney, 6 navigants commerciaux, 1 contrôleur électronicien et 4 guides-accompagnateurs.

Il décolle sec. C’est au moment du décollage que l’on prend conscience de la puissance de la machine. Pour passer du régime subsonique au supersonique il suffit de deux petites impulsions à une seconde d’intervalle.

Rien n’est perceptible dans la cabine qui traverse paisiblement la stratosphère à deux fois la vitesse du son. A Mach 2 Concorde parcourt 2 448 km par heure.

A 18 000 mètres d’altitude le ciel est d’un bleu intense qui préfigure les espaces cosmiques. Mais laissons parler le contrôleur électronicien.

« Entre les régimes subsoniques et supersoniques il se produit un déplacement du centre de poussée aérodynamique de l’avion. Pour compenser ce déplacement sans recourir à des dispositifs aérodynamiques extérieurs on a imaginé tout simplement de déplacer le carburant de l’avion par un système de pompage dont vous décèlerez peut-être le bruit.

Le carburant est transféré des réservoirs situés à l’avant du centre de poussée jusqu’aux réservoirs situés à l’arrière du fuselage ». Chargé de l’assistance technique du bord, il a 8 ans de vol sur Concorde. Une vraie passion. Intarissable sur le sujet.

« Concorde est le seul avion qui peut voler pendant 3 heures à Mach 2 avec des passagers à bord ! Prenez le Mirage. Il vole 13 minutes à Mach 2 et puis il rentre faire le plein ! »

Et surtout ne pas critiquer l’étroitesse de la cabine. « On pourrait l’allonger mais impossible de l’élargir si l’on veut garder les mêmes performances ».

Fleuron de l’aéronautique franco-britannique, Concorde a pulvérisé les données du transport aérien traditionnel. Il a tracé la voie pionnière qui préfigurait déjà le tourisme spatial. Mais ce joyau technologique révolutionnaire, symbole luxueux d'un prestige révolu fut aussi un échec commercial bien avant son unique crash du 25 juillet 2000.

Durant toute son histoire, il ne sera exploité qu’en 14 exemplaires, 7 pour Air France et 7 pour British Airways. Elles sont les deux seules compagnies à avoir maintenu leurs commandes après le choc pétrolier de 1973.

Gourmand en kérosène, de plus en plus coûteux en maintenance, le supersonique était peu rentable. La crise du transport aérien après les attentats du 11 septembre 2001 lui furent fatals.

Des premières études en 1962 au dernier vol en 2003, l’épopée Concorde aura duré près de 40 ans. « L’oiseau blanc » est désormais une pièce de musée.

Plusieurs exemplaires de la flotte Concorde d’Air France sont mis en exposition. On les voit sur les plateformes des aéroports de Roissy CDG et Orly, au Musée de l'Air et de l'Espace du Bourget, au musée Aeroscopia de Toulouse-Blagnac, en Allemagne au Technik Museum Speyer à Sinsheim, à Washington au National Air and Space Museum.

(1) Le mur du son est un phénomène physique aérodynamique caractérisé par l'atteinte d'une vitesse au moins égale à celle de la vitesse du son dans l'air, soit 340 m/seconde ou 1 224 km/h à Mach 1. Il provoque une onde de choc sous forme de bang supersonique. Cette unité doit son nom au physicien autrichien Ernst Mach, qui l’a inventée.

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Longueur : 62,10 m. Envergure : 25,56 m. Hauteur : 11,40 m
Largeur fuselage : 2,87 m. Longueur entre trains : 18,19 m. Largeur entre trains : 7,72 m.
Masse à vide : 77.500 kg. Masse maximum hors carburant : 92.080 kg.
Charge nominale : 11.340 kg. Charge maximale : 12.700 kg.
Capacité maximum de kérosène : 119.280 litres (95 tonnes).
Motorisation : 4 turboréacteurs Rolls-Royce Snecma Olympus 593-610
Poussée : 4 * 17.260 kgp soit 69.040 Kgp au total.
Rayon d'action maximal avec phase supersonique : 6.580 km.
Rayon d'action maximal sans phase supersonique à Mach 0,95 et 9.100 m : 5.110 km.
Altitude de croisière : entre 16.000 et 18.000 m.
Vitesse de croisière : mach 2,02, soit environ 2.179 km/h à 18.000 m.