Les données de Nature communications sur l'impact du tourisme sur le réchauffement climatique ont été reprises dans toute la presse, mais je n’ai pas lu et entendu le moindre commentaire sur ces chiffres de la part les acteurs du secteur du tourisme, mais est-ce surprenant ? - Depositphotos.com Auteur rogistok
On ne peut pas dire que les évolutions négatives du bilan des émissions de gaz à effet de serre du tourisme, aient laissées les médias français indifférents, avec un sujet traité au 20h de France 2, un article dans le Monde, un passage de Janco (Jean-Marc Jancovici ndlr) sur France Inter sur ce sujet…
Alors qu’on demandait au tourisme mondial de faire baisser ses émissions de 4% par an en respect des accords de Paris, celles-ci ont augmenté en 10 ans (de 2009 à 2019) de 3,5% par an !
Le tourisme, qui représente grosso modo de 6% du PIB mondial, engendre 9% des émissions mondiales, et sur la période étudiée, les dépenses touristiques ont augmenté deux fois plus vite que l'économie mondiale, avec comme conséquences directes cette augmentation de 3,5% par an !
Au regard de ces résultats, il semble évident que la croissance de l’économie touristique ne peut être envisagée sans une croissance dramatique de son impact sur le réchauffement climatique, dont le secteur sera une des premières victimes, et c’est là tout le paradoxe du secteur du tourisme.
Ces données partagées par le très sérieux « Nature communications » ont donc été reprises très largement par la toute la presse française, mais je n’ai pas lu et entendu le moindre commentaire sur ces chiffres de la part les acteurs du secteur du tourisme, mais est-ce surprenant ?
Alors qu’on demandait au tourisme mondial de faire baisser ses émissions de 4% par an en respect des accords de Paris, celles-ci ont augmenté en 10 ans (de 2009 à 2019) de 3,5% par an !
Le tourisme, qui représente grosso modo de 6% du PIB mondial, engendre 9% des émissions mondiales, et sur la période étudiée, les dépenses touristiques ont augmenté deux fois plus vite que l'économie mondiale, avec comme conséquences directes cette augmentation de 3,5% par an !
Au regard de ces résultats, il semble évident que la croissance de l’économie touristique ne peut être envisagée sans une croissance dramatique de son impact sur le réchauffement climatique, dont le secteur sera une des premières victimes, et c’est là tout le paradoxe du secteur du tourisme.
Ces données partagées par le très sérieux « Nature communications » ont donc été reprises très largement par la toute la presse française, mais je n’ai pas lu et entendu le moindre commentaire sur ces chiffres de la part les acteurs du secteur du tourisme, mais est-ce surprenant ?
Quid dans le tourisme pour prendre la parole ?
Qu’avons-nous à dire, à opposer, à commenter , à proposer face à cette évolution de l’impact su tourisme sur l’environnement ? Mais surtout QUI pour en parler ?
Côté Organisation Mondiale du Tourisme pardon « ONU tourisme » silence radio, mais peut-il en être autrement. Jamais cette structure n’a pris ses responsabilités vis-à-vis des accords de Paris, et jamais l’idée d’une COP Tourisme n’a effleuré ses dirigeants ?
Donc on va continuer à se satisfaire de bilans remplis de mots clés passe partout, qui évoqueront la résilience de l’économie du tourisme, on parlera du tourisme, érigé en vecteur de paix, pour justifier les vacances de Noël que nous passons à Bali ou aux Seychelles, et autres banalités affligeantes. Bref de côté-là on va continuer de rester dans le déni !
Pour ce qui est d’une prise de parole politique sur ce sujet en France, là on va sortir notre joker, puisque nous n’avons plus de ministre. Pour autant, avec une référence très claire à l’économie du tourisme plutôt qu’à la durabilité du tourisme dans le titre du portefeuille ministériel, que pouvions nous espérer comme prise de position sur ce dérapage incontrôlé du bilan carbone du tourisme, auquel la France prend sa part, quand bien même elle est 10 fois moins importante que celle des Américains.
Reste alors une prise de parole « corporatiste » mais de la part de qui ? La CAT ? ADN Tourisme, Atout France, Les entreprises du voyage ?
A lire : Gaz à effet de serre : le tourisme doit (vite) agir ou mourir ?
Côté Organisation Mondiale du Tourisme pardon « ONU tourisme » silence radio, mais peut-il en être autrement. Jamais cette structure n’a pris ses responsabilités vis-à-vis des accords de Paris, et jamais l’idée d’une COP Tourisme n’a effleuré ses dirigeants ?
Donc on va continuer à se satisfaire de bilans remplis de mots clés passe partout, qui évoqueront la résilience de l’économie du tourisme, on parlera du tourisme, érigé en vecteur de paix, pour justifier les vacances de Noël que nous passons à Bali ou aux Seychelles, et autres banalités affligeantes. Bref de côté-là on va continuer de rester dans le déni !
Pour ce qui est d’une prise de parole politique sur ce sujet en France, là on va sortir notre joker, puisque nous n’avons plus de ministre. Pour autant, avec une référence très claire à l’économie du tourisme plutôt qu’à la durabilité du tourisme dans le titre du portefeuille ministériel, que pouvions nous espérer comme prise de position sur ce dérapage incontrôlé du bilan carbone du tourisme, auquel la France prend sa part, quand bien même elle est 10 fois moins importante que celle des Américains.
Reste alors une prise de parole « corporatiste » mais de la part de qui ? La CAT ? ADN Tourisme, Atout France, Les entreprises du voyage ?
A lire : Gaz à effet de serre : le tourisme doit (vite) agir ou mourir ?
"Nous n'avons pas plus de courage que l'ONU Tourisme"
La liste est longue de tous les acteurs en capacité de prendre position sur ces mauvais résultats qui incombent au tourisme, mais comme ils sont mondiaux tout le monde aura une bonne raison de se réfugier sur ce qui est engagé sur son territoire pour se dédouaner de toute responsabilité.
Certains s’en remettront à l’effet Papillon, d’autres à la stratégie du Colibri, peu importe la référence, puisque nous n’avons pas plus de courage que l’ONU tourisme, pour définir une trajectoire, des objectifs et un cadre d’évaluation pour le tourisme national.
A un moment il faudra bien analyser les raisons qui nous empêche de prendre une position nationale sur le sujet du tourisme durable, dont il est pourtant question dans tous les congrès, colloques, journées professionnelles, discours, et même dans les dénominations de plupart des Vices-présidents(es) au tourisme des collectivités.
Dire que nous nous complaisons dans une forme d’ambiguïté serait un peu facile, et j’ai fait partie de ces gens qui n’ont jamais su réellement trancher, mais faisons preuve d’honnêteté, on ne fera pas baisser les émissions de Gaz à effet de serre du tourisme en opposant le slow tourisme, à toutes les actions engagées pour attirer plus d’Américains en France.
Certains s’en remettront à l’effet Papillon, d’autres à la stratégie du Colibri, peu importe la référence, puisque nous n’avons pas plus de courage que l’ONU tourisme, pour définir une trajectoire, des objectifs et un cadre d’évaluation pour le tourisme national.
A un moment il faudra bien analyser les raisons qui nous empêche de prendre une position nationale sur le sujet du tourisme durable, dont il est pourtant question dans tous les congrès, colloques, journées professionnelles, discours, et même dans les dénominations de plupart des Vices-présidents(es) au tourisme des collectivités.
Dire que nous nous complaisons dans une forme d’ambiguïté serait un peu facile, et j’ai fait partie de ces gens qui n’ont jamais su réellement trancher, mais faisons preuve d’honnêteté, on ne fera pas baisser les émissions de Gaz à effet de serre du tourisme en opposant le slow tourisme, à toutes les actions engagées pour attirer plus d’Américains en France.
Ambiguïté, schizophrénie, stratégies contradictoires ?
Faut-il parler d’ambiguïté, de schizophrénie, de stratégies contradictoires, en fait nous n’arrivons pas à trancher et nous nous réfugions dans du « en même temps » dont on connait forcément les limites à moyen terme.
Dans un récent post, Alain Marty consultant en revenue management, fait écho à cette question que personne ne veut poser, comment être en même temps labélisé Green Globe, tout en n’étant jamais responsable de l’origine de ses clients ?
Ce dernier évoque le « Scope 3 » qui inclut les émissions de GES indirectes qui échappent au contrôle direct des entreprises (et des destinations), englobant les activités en amont et en aval de la chaîne de valeur. Ces émissions couvrent une gamme plus large et incluent les émissions indirectes qui résultent des activités de l'organisation, mais qui se situent en dehors de son contrôle direct : produits et services achetés, transport et logistique, déchets, etc… Qui parle du Scope 3 ?
Nous sommes au pied du mur, et plus nous tergiversons sur LE plan qui permettrait à chaque filière et à chaque territoire de s’y retrouver, sans trop de casse, plus le mur monte et deviendra infranchissable.
Dans un récent post, Alain Marty consultant en revenue management, fait écho à cette question que personne ne veut poser, comment être en même temps labélisé Green Globe, tout en n’étant jamais responsable de l’origine de ses clients ?
Ce dernier évoque le « Scope 3 » qui inclut les émissions de GES indirectes qui échappent au contrôle direct des entreprises (et des destinations), englobant les activités en amont et en aval de la chaîne de valeur. Ces émissions couvrent une gamme plus large et incluent les émissions indirectes qui résultent des activités de l'organisation, mais qui se situent en dehors de son contrôle direct : produits et services achetés, transport et logistique, déchets, etc… Qui parle du Scope 3 ?
Nous sommes au pied du mur, et plus nous tergiversons sur LE plan qui permettrait à chaque filière et à chaque territoire de s’y retrouver, sans trop de casse, plus le mur monte et deviendra infranchissable.
Nous devons collectivement fixer des limites à la demande !
Nous fuyons notre responsabilité qui consiste à acter que nous devons collectivement fixer des limites à la demande !
Proposer des croisières en Antarctique, dernier continent vierge de toute pratique touristique, est une hérésie, à fortiori quand il s’agit de proposer des diners français à base de produits français que l’on va transporter jusqu’en Patagonie ! je ne doute pas qu’il y ait une demande, mais notre responsabilité c’est de dire aux jeunes mariés qui veulent se prendre en photo sur la glace un verre de champagne à la main, qu’ils peuvent le faire ailleurs.
Notre responsabilité c’est de dire non au chantage des low cost, aux mises en concurrence stériles des destinations, notre responsabilité c’est de valider qu’il y a des destinations telles que la Côte d’Azur ou Paris qui ne peuvent pas se passer des clientèles américaines, alors que pour d’autres, c’est un tourisme de proximité qui assurera une croissance économique au territoire.
Notre responsabilité c’est de se poser, afin de valider nos propres objectifs et nos indicateurs, en espérant la nomination d’un ou d’une ministre dédié au tourisme… durable et responsable.
Proposer des croisières en Antarctique, dernier continent vierge de toute pratique touristique, est une hérésie, à fortiori quand il s’agit de proposer des diners français à base de produits français que l’on va transporter jusqu’en Patagonie ! je ne doute pas qu’il y ait une demande, mais notre responsabilité c’est de dire aux jeunes mariés qui veulent se prendre en photo sur la glace un verre de champagne à la main, qu’ils peuvent le faire ailleurs.
Notre responsabilité c’est de dire non au chantage des low cost, aux mises en concurrence stériles des destinations, notre responsabilité c’est de valider qu’il y a des destinations telles que la Côte d’Azur ou Paris qui ne peuvent pas se passer des clientèles américaines, alors que pour d’autres, c’est un tourisme de proximité qui assurera une croissance économique au territoire.
Notre responsabilité c’est de se poser, afin de valider nos propres objectifs et nos indicateurs, en espérant la nomination d’un ou d’une ministre dédié au tourisme… durable et responsable.
Jean Pinard - Mini Bio
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Président de la société de conseils Futourism :
Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.
Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.