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Chiffres du tourisme : annexons les Baléares et Basta ! (Jean Pinard) [ABO]

L'humeur de Jean Pinard


Le débat sur les chiffres du tourisme en France et la pertinence des indicateurs fait couler beaucoup d'encre depuis l'annonce des 100 millions de visiteurs étrangers. Jean Pinard, Président de la société de conseils Futourism s'attaque une nouvelle fois au sujet... Il va falloir une bonne fois pour toutes admettre que c’est la clientèle domestique qui fait vivre les acteurs de la filière tourisme en France, et qu’on peut être aussi le pays le plus visité au Monde !


Rédigé par le Vendredi 14 Février 2025

Là où on devrait se réjouir des bons chiffres de l’économie touristique, je parle de la progression des visiteurs étrangers, mais surtout des chiffres partagés par le ministre délégué au commerce extérieur, il y a encore des critiques et des remarques pour dire qu’on ne sait pas mesurer le tourisme. - Depositphotos.com Auteur gvictoria
Là où on devrait se réjouir des bons chiffres de l’économie touristique, je parle de la progression des visiteurs étrangers, mais surtout des chiffres partagés par le ministre délégué au commerce extérieur, il y a encore des critiques et des remarques pour dire qu’on ne sait pas mesurer le tourisme. - Depositphotos.com Auteur gvictoria
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C'est quand même dingo cette obsession franco-française de se comparer aux performances de l'Espagne, en matière de tourisme.

Je ne sais pas d'où vient ce complexe, et j'ai du mal à m'expliquer que chaque bilan nous oblige, non pas à mesurer nos progrès, et si possible avec des indicateurs renouvelés, mais à parler de notre retard face à l’Espagne.

On ne va pas refaire le match à chaque bilan, et ça serait peut-être bien d’acter que, si l’Espagne produit plus de tomates et d’oranges que la France, c’est que le taux d’ensoleillement ibérique est deux plus fois élevée que celui de la France. Certes ça n’explique pas tout, mais l’héliotropisme, ça reste un truc qui fait la différence entre des pays du Nord et des pays du Sud quand il s’agit d’accueillir des touristes. On peut d’ailleurs s’étonner que l’INSEE ne prenne pas en compte la fréquentation des DOM TOM dans ses bilans annuels.

Sinon, sur ce sujet, on peut aussi ajouter que la fréquentation des Baléares est 12 fois supérieure à celle de la Corse, et comme personne en Corse ne veut un tel volume de touristique, que le débat est clos.

Enfin il devrait l’être. Il va falloir une bonne fois pour toutes admettre que c’est la clientèle domestique qui fait vivre les acteurs de la filière tourisme en France, et qu’on peut être le pays le plus visité au Monde, et en même temps, être le pays préféré de ses habitants pour y passer ses vacances.


Pourquoi revenir au débat avec l'Espagne ?

Alors pourquoi revenir sur ce débat ?

Parce que là où on devrait se réjouir des bons chiffres de l’économie touristique, je parle de la progression des visiteurs étrangers, mais surtout des chiffres partagés par le ministre délégué au commerce extérieur, il y a encore des critiques et des remarques pour dire qu’on ne sait pas mesurer le tourisme.

De quels chiffres on parle ? En vrac, 15,8 milliards € de contribution positive à la balance, commerciale, 215 milliards de consommation touristique intérieure et près de 20 Milliards € d’investissements touristiques, c’est plutôt encourageant si on analyse le tourisme sous le prisme économique.

Pour reprendre la question de Philippe Maud’hui, Directeur Observation, Ingénierie et développement, « quel secteur d'activité a un marché export, un marché import et un marché domestique aussi puissants dans un secteur mondial en pleine croissance ? »

Donc on a eu les commentaires ronchons sur ces Allemands qui ne font que traverser la France, sur ces touristes étrangers qui consomment beaucoup plus en Espagne qu’en France, tu parles, les séjours en Espagne sont 50% plus longs qu’en France, et maintenant on a ce commentaire assez surprenant du Président de l’Alliance Française pour qui j’ai le plus grand respect, mais dont je ne comprends pas le sens de son analyse.

« Dès lors, interrogerons-nous : est-il indispensable de vouloir brandir absolument le totem des 100 millions de visiteurs alors que le véritable sujet est celui des parts de marché ? Devons continuer à courir après ce type de chiffre au fondement douteux au détriment d’indicateurs pertinents pour notre secteur dans sa globalité ? »

Soyons un peu fairplay avant de vouloir casser le thermomètre

Oui on peut considérer que brandir les 100 millions de visiteurs étrangers c’est futile, mais, comme ça fait pile 10 ans que ce chiffre a été érigé en objectif prioritaire, soyons justes, quand il est atteint, on peut s’en féliciter.

Pour autant, oui, on peut proposer de nouveaux indicateurs, et je cite celui proposé par le Président de l’Alliance Française du tourisme : « le véritable sujet est celui des parts de marché ».

Alors j’avoue être un peu étonné par cet indicateur, car, dans un contexte de croissance du tourisme mondiale, on peut voir la part de marché de la France baisser, mais sa consommation intérieure augmentée … et il me semble que tous les acteurs préfèreront une performance en valeur absolue (le CA) qu’une performance en valeur relative (part de marché).

Je pense qu’il faut se réjouir que des pays tels que l’Albanie, le Monténégro ou la Macédoine progressent et nous prennent des parts de marché.

C’est l’intérêt de la France d’avoir des partenaires européens qui font progresser leur économie touristique. Et puis j’ajoute qu’on peut aussi voir nos parts de marché augmenter, mais notre consommation intérieure touristique (CA) baisser, parce que le pouvoir d’achat des Français qui pèse 70% des nuitées touristiques, est en berne.

Les parts de marché : en quoi cet indicateur serait plus juste ?

Donc je ne comprends pas en quoi les parts de marché d’une destination seraient l’indicateur de performance le plus juste pour une destination comme la France, qui a tout inventé dans le tourisme, et qui, parce qu’elle est depuis longtemps leader du tourisme mondial, est condamnée à perdre des parts de marché. Mais je le redis ce n’est pas grave, parce que cela veut dire que le tourisme progresse partout dans le monde, et si la France participe au développement touristique de pays émergements, via des programmes de coopération, alors il faut s’en réjouir.

Ça a été la mission de la Compagnie des Alpes, qui, pendant des années n’a pas ménagé ses efforts pour accompagner le développement de stations de ski un partout dans le monde … organisant par là même la concurrence des stations de ski française, et tant mieux.

Et puis il y a cette remarque et cette référence aux « indicateurs pertinents », comme un petit croc en jambes à ceux produits par Atout France. On a eu la semaine dernière une remarque sur la nécessité d’un VRAI plan stratégique pour le tourisme, on a cette semaine cette remarque sur de VRAIS indicateurs pertinents.

J’imagine que cette remarque avait pour objet de mettre en avant la production d’indicateurs pertinents, qui est celle de l’Alliance française, partagée dans un outil appelé pompeusement « l’observatoire économique du tourisme » qui observe et analyse la fréquentation des hôtels, soit environ …11 à 12% du total des nuitées touristiques françaises.

Notre secteur est suffisamment balkanisé pour ne pas finir éparpillé façon puzzle

L’hôtellerie, ça pèse dans l’économie touristique surtout en termes d’emplois, mais on ne peut réduire l’observation du tourisme à celle de ce secteur, si important soit-il.

S’il faut produire de nouveaux indicateurs, et il le faut, mais la priorité va plutôt vers la mise en place d’un Tableau de bord du tourisme durable, proposant des indicateurs complémentaires sur la consommation des ressources naturelles, la qualité, les mobilités, le niveau d’acceptabilité des résidents, le taux de départ en vacances des Français…

À l’heure où la ministre du Tourisme (de plein droit), se bat pour maintenir un opérateur national dédié à 100% à la filière tourisme, et nous avons besoin d’une filière qui se rassemble, en ce sens, le communiqué de presse de la Confédération des acteurs du Tourisme est une belle initiative qu’il faut saluer, et qui sera rejoint je n’en doute pas par l’Alliance Française du tourisme partenaire incontournable d’Atout France.

Jean Pinard - Mini Bio

Jean Pinard - DR
Jean Pinard - DR
Président de la société de conseils Futourism :

Forestier et géographe de formation, Jean Pinard a toujours travaillé dans le secteur des sports et du tourisme.
Moniteur de kayak, chauffeur de bus, guide, gestionnaire de sites touristiques, directeur de CDT et de CRT (Auvergne et Occitanie), Jean Pinard est redevenu consultant, son premier métier à la SCET, à la fin de ses études.


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Tags : jean pinard
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