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Aérien : vers une inflation durable des billets ?

Selon la DGAC court et long-courrier (+11,6%) sont en forte hausse en janvier 2022


Le tourisme est de retour et avec lui une forte reprise de la demande. Les Français se projettent à court terme, mais pas seulement, ils regardent aussi vers l'été. Alors qu'en 2021, la Grèce avait connu une réelle flambée des prix des billets d'avion, avec des niveaux rarement atteints, la reprise actuelle laisse craindre le pire. Observons-nous un phénomène de rattrapage et de hausse soutenu des prix dans l'aérien ? Eléments de réponse ici.


Rédigé par le Jeudi 24 Février 2022

Selon la DGAC court et long-courrier (+11,6%) sont en forte hausse en janvier 2022 - Depositphotos @AndreyPopov
Selon la DGAC court et long-courrier (+11,6%) sont en forte hausse en janvier 2022 - Depositphotos @AndreyPopov
La reprise est bel et bien là, les voyagistes s'en félicitent.

"Les gens ont la tête à partir en voyage et ils le veulent.

Les prises de commandes sont bonnes, ça repart vraiment bien, mais ce n'est pas pour autant que nous allons rattraper les 6 derniers mois,
" tempère un René Marc Chikli, enthousiaste au moment d'aborder les chiffres de février 2022.

Cette poussée n'a que quelques jours, semaines au mieux, elle pourrait être rapidement stoppée au regard des tensions géopolitiques induites par le conflit provoqué par la Russie en Ukraine.

Malgré tout, le tourisme va mieux et les entreprises en profitent, à commencer par les compagnies aériennes.

Ces dernières se sont lancés n'ont pas dans une guerre des prix, mais une inflation ayant de multiples raisons. Sur le mois de janvier 2022, selon la DGAC, les prix de billets d’avion au départ de France ont augmenté de 5,5 %, toutes destinations confondues.

A noter que l'année passée, le 1er mois avait été déjà plus haut qu'en... 2019.

Aérien : un retour 5 ans en arrière sur les prix ?

L'accroissement à cette époque avait été de 13,4%.

Après des années de baisse des montants sur les billets, l'indice de la DGAC étant plus bas en 2019 et 2021 que celui de 2017, toujours pour le mois de janvier, les transporteurs soigneraient alors leur trésorerie.

C'est en tout cas ce qui est observable aussi dans les agences en ligne.

"La valse des tarifs est dure à suivre. Il existe une volonté des grandes compagnies de réviser à la hausse les tarifs en classe économique. A fortiori sur les dates chaudes," analyse Fabrice Dariot, le président et fondateur de Bourse des Vols.

Pour son concurrent Misterfly, la dynamique est clairement à la hausse.

En janvier 2022, comparativement au même mois de l'année 2019, le prix moyen a affiché une augmentation de 16 %. Le ticket moyen passant de 394 euros à 458 euros.

Un constat basé sur des mises en rayon faites le mois dernier, mais sans ses plus grosses étiquettes, puisqu'une partie du long-courrier est toujours indisponible, à commencer par l'Asie.
Le secteur assiste malgré tout à une valse des prix.

Toujours en s'appuyant sur les données de la DGAC, reposant sur 180 000 tarifs aériens relevés chaque mois auprès de Travelport et des sites Internet des transporteurs, ce sont justement les vols lointains qui flambent à la caisse.

La hausse pour les long-courriers s'élève à 11,7 %, avec un ticket moyen qui dépasse légèrement celui constaté en 2017 pour ce segment.

"Le yield management tourne à plein régime, la demande est forte, les capacités pas encore rétablies au niveau de 2019 , donc les prix montent, c'est assez mécanique," croit savoir Raphaël Torro, le président de Resaneo.

Aérien : le long-courrier flambe et ça devrait durer

Du côté de Misterfly, le long-courrier est lui aussi pris d'un vent de panique haussier.

Les prix moyens sont passés de 517 euros à 580, en l'espace de deux ans, soit une hausse de 23%.

"Nous observons que l'offre de vol a diminué et nous assistons à un changement de comportement de la part des clients, avec énormément d'achats de dernière minute," nous confie Frédéric Pilloud, directeur digital de Misterfly.

Cette reprise de la demande serait-elle confrontée à des capacités aériennes trop justes sur certains segments ?

En tout cas sur janvier 2022, le trafic aérien apparait en hausse de 6,66% par rapport au même mois de l'année précédente, lui-même en chute libre de 65%.

En tout 153 687 mouvements d'avion ont été enregistrés sur les 4 premières semaines de l'année, selon la DGAC.

Le point de comparaison est compliqué par rapport aux niveaux prépandémiques, mais nous savons qu'en décembre 2021 l'activité atteignait 62,5% de celle constatée deux ans plus tôt.

Les voyageurs font peut-être face sur certaines routes à un phénomène d'entonnoir.


"Sur les capacités, ce n'est pas uniquement la décision de chaque compagnie, c'est tout le marché qu'il convient d'observer. Avec la pandémie, beaucoup d'acteurs ont disparu et il n'existe plus vraiment d'offre low-cost long-courrier," témoigne le patron de Resaneo.

Si vous ajoutez à cela, les achats compulsifs, dès que la fenêtre sanitaire s'ouvre, le volatil baril de pétrole et les contraintes environnementales européennes, vous arrivez à ce mix détonant.

"La question à se poser en ce moment : si les prix sont déjà aussi hauts sur janvier qu'est-ce que cela va donner pour la suite ?

Ils devraient continuer à monter encore
cela d'autant plus que le pétrole ne devrait pas baisser à court terme,
" précise le responsable de Misterfly.

Janvier et février sont traditionnellement, les périodes de l'année les plus basses en terme de trafic et donc de prix dans l'aérien, contrairement à juillet, août ou encore en décembre.

Aérien : une hausse durable ?

Si cette explosion des prix est palpable dans une moindre mesure pour les vols intérieurs (6,4 %), le moyen-courrier bénéficie grandement de la présence des low costs qui mènent une véritable bataille pour attirer les voyageurs.

Ainsi le segment a vu le montant sur son billet moyen chuter de 6,1 % en janvier 2022, par rapport à janvier 2021. La DGAC pointe du doigt les low cost, fortement présentes sur ce segment.

"Le stock de places sur les compagnies à bas cout est si important que la régularisation par la baisse tarifaire est la norme. Quitte à vendre à perte ponctuellement pour tenir ses slots et sa chaine logistique," nous précise Fabrice Dariot.

Une dynamique possible donc sur le moyen-courrier, mais qui sera difficilement observable pour les vols longues distances. La crise sanitaire a mis fin aux velléités des transporteurs à bas coûts sur ces destinations.

Au sein des outils de Resaneo, la courbe tarifaire ne fléchit pas bien au contraire, puisque l'inflation atteint maintenant 20% en février 2022 par rapport à 2019.

"Ce n'est pas une action de notre fait, mais bien des compagnies aériennes.

Là tout de suite, nous observons le jeu de l'offre et demande, mais le pétrole monte et ça impacte quasi immédiatement les prix de l'aérien
" tient à clarifier Raphaël Torro.

Malheureusement , les derniers signaux à ce niveau ne peuvent qu'inquiéter.

En effet, les évènements en Ukraine, avec le conflit armé provoqué par la Russie, provoquent d'ores et déjà une hausse du prix du baril (5,20% à 18h20, jeudi 24 février 2022).

Un embrasement (tarif) qui se répercute un peu partout dans l'écosystème touristique, avec un accroissement observable même dans l'hôtellerie, alors que le pétrole n'est pas l'explication.

Après deux années de crise, la trésorerie des entreprises du secteur a été réduite comme peau de chagrin, il est donc normal d'assister à ce phénomène reste à savoir jusqu'où le consommateur acceptera la correction.

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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