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Bretagne : BLB Tourisme lance ses « Bols d'Air » en FIT pour les agences de voyages

Entretien avec Bénédicte Le Brun, fondatrice de BLB Tourisme


Voilà 25 ans que Bénédicte Le Brun fait tourner son agence réceptive, spécialisée sur la Bretagne, la Normandie et le Val de Loire. BLB Tourisme est aujourd'hui une PME de 14 salariés, qui doit se réinventer, comme de nombreuses entreprises françaises, après la crise liée au Covid-19. Alors, sans attendre que les hôtels, les restaurants, les sites touristiques rouvrent leurs portes et que les Français soient autorisés à rayonner à plus de 100 km de chez eux, elle prend les devants et lance ses « Bols d'Air », en réadaptant son offre pour les clientèles individuelles de ses distributeurs partenaires. Éclairage.


Rédigé par le Jeudi 28 Mai 2020

BLB Tourisme emploie 14 salariés. Ici, de g. à dr., Soizic (service groupes), Bénédicte Le Brun, Mickaël (administratif), Nathalie (service groupes) et Camille (conseillère voyages) - DR : BLB Tourisme
BLB Tourisme emploie 14 salariés. Ici, de g. à dr., Soizic (service groupes), Bénédicte Le Brun, Mickaël (administratif), Nathalie (service groupes) et Camille (conseillère voyages) - DR : BLB Tourisme
TourMaG.com - BLB Tourisme, c'est à la fois une agence de voyages et une agence réceptive spécialiste de la France. Comment se portent ces deux activités, 15 jours après le début du déconfinement ?

Bénédicte Le Brun :
Nous employons 14 salariés. Notre agence de voyages a rouvert ses portes dans le respect des gestes barrière, avec port du masque, mise en place d'une zone d'attente - nous avons la chance d'avoir des locaux de 400 m2.

Nous ouvrons seulement 3 heures par jour et ne recevons pas plus de 3 clients à la fois. Nos conseillères ne travaillent qu'à temps partiel, deux jours par semaine.

Depuis la réouverture, nous n'avons reçu que trois clients, mais nous avons senti que c'était important pour eux. Ils étaient inquiets de voir l'agence fermée et cela a permis de les rassurer.

Nous avons aussi reçu quelques demandes de vols sur les Antilles, mais aucune demande de séjours ou de forfaits pour le moment. Mais nous profitons de ces échanges pour communiquer sur nos nouvelles offres.

A l'approche de la Fête des Mères, nous proposons notamment un coffret cadeau, créé par notre agence réceptive, baptisé « Iles précieuses ». Les clients ont le choix entre plus de 30 idées de week-ends pour 2 personnes sur 18 îles de Bretagne et de la Côte Atlantique, de Bréhat à Oléron.

Quant à l'agence réceptive, les collaboratrices ont commencé à revenir partiellement. Nous ne recevons pas de public, et retravaillons nos offres.

"Proposer un tourisme plus respectueux de l'humain, plus sain"

TourMaG.com - Vous anticipez de nouvelles pratiques touristiques...

Bénédicte Le Brun :
Depuis 25 ans, BLB Tourisme est spécialiste du tourisme de groupes. Aujourd'hui, nous sommes dans l'expectative et notre offre dépendra de nos prestataires.

Il nous faudra certainement nous adapter avec les autocaristes, les sites touristiques et des groupes de 20-25 personnes. Le tourisme de groupes sera certainement plus qualitatif, mais aussi plus cher.

Mais pour autant, il ne faudrait pas que cette crise redonne une connotation élitiste au tourisme, tout le monde a le droit de voyager. Il va donc falloir que l'on accorde qualité et prix, mais aussi qualité et services. Nous allons devoir réinventer des modèles économiques pour répondre à cela.

Et je trouve cela passionnant de se remettre en question, de proposer un tourisme plus respectueux de l'humain, plus sain finalement.

Mais tout en réfléchissant à ce tourisme de demain, notamment avec les Entreprises du Voyage, pour lesquelles je suis membre du bureau du conseil du voyage en France, il faut aussi penser au tourisme de cet été.

Nous avons donc décidé de remettre au goût du jour certaines de nos offres FIT pour nos partenaires agences de voyages. L'idée étant d'apporter un peu de vent du large à la clientèle française, étant donné que nous sommes en Bretagne et spécialistes du Grand Ouest : Normandie, Bretagne et Val de Loire.

Cela nous permet également de reprendre contact avec nos prestataires qui comme nous, se sont retrouvés du jour au lendemain, isolés. Tout ceci est très positif.

TourMaG.com - D'où la naissance des Bols d'Air. Pourriez-vous nous parler plus en détails de cette nouvelle offre ?

Bénédicte Le Brun :
Elle s'adresse principalement aux couples et aux familles au sens large avec parents et grands-parents, disons plus généralement aux tribus.

Nous savons que les gens ont besoin de se ressourcer et de se retrouver, et nous avons sélectionné des hébergements adaptés, des gîtes privatisés, dans un premier temps en Bretagne, et bientôt en Normandie.

Nous développons différentes gammes de produits, à différents tarifs. L'idée étant de pouvoir répondre à toutes les demandes. Par exemple, en Bretagne, nous avons réadapté des offres de tourisme durable élaborées pour le club Green Morbihan de l'ADT du Morbihan.

Nous déclinons également notre production d’affrètement de bateaux traditionnels, baptisée West-Avel, avec de petits gréements anciens, qui correspondent aux besoins des familles et des petits groupes.

Quant aux agences de voyages distributrices, nous leur proposons 15% de commission sur le montant TTC. Covid oblige, les séjours sont remboursables en numéraire jusqu’à J-8, si l'annulation est liée au Covid-19 (hors frais de dossier). Cela leur permet également de renouer le contact avec leurs clients et de garder le lien.

Zoom sur les Bols d'Air

Les Bols d'Air sont commercialisables par les agences entre le 15 mai 2020 et le 30 septembre 2020, avec 15% de commission sur le montant TTC pour les professionnels du tourisme.

Ils sont remboursables en numéraire jusqu’à J-8 si annulation pour cause COVID19 (hors frais de dossier)

Ces séjours sont « à consommer » impérativement avant le 31 octobre 2020 sous réserve des mesures de déconfinement et selon le calendrier d’ouverture des sites, liés au Covid-19.

Les Bols d’Air en Bretagne (séjours 3 jours/2 nuits combinables entre eux) :

- COTE D’EMERAUDE : Escapade plein air à Saint Malo
- COTE DE GRANIT ROSE : L’évasion nature à Trébeurden ou à Paimpol
- FINISTERE NORD : Caractère et produits de la mer à Roscoff
- FINISTERE SUD : Le Grand Ouest Breton à Quimper ou Douarnenez
- MORBIHAN : La douceur océane à Vannes

Les Bols d’Air en Morbihan (séjours 3 jours/2 nuits combinables entre eux) :

- PORT LOUIS : l’escapade maritime
- QUIBERON : L’évasion plein air
- SAINTE ANNE D’AURAY : calme et sérénité
- VANNES : LA DOUCEUR OCEANE
- LA GACILLY : séjour au vert « Green Morbihan »
- OPTION CULTURE : HISTOIRE, ART & ARCHITECTURE EN MORBIHAN

"Cette crise fait sortir les réceptifs France de l'anonymat"

Bénédicte Le Brun : "Cette crise est terrible, mais elle est aussi bénéfique pour les réceptifs spécialistes de la France : elle nous permet enfin de sortir de l'anonymat" - DR : BLB Tourisme :
Bénédicte Le Brun : "Cette crise est terrible, mais elle est aussi bénéfique pour les réceptifs spécialistes de la France : elle nous permet enfin de sortir de l'anonymat" - DR : BLB Tourisme :
TourMaG.com - Avez-vous enregistré des premières ventes sur les Bols d'Air ? Y a-t-il plus globalement une reprise, même légère de l'activité ?

Bénédicte Le Brun :
Non pas encore. Ces Bols d'Air ne sont pas encore consultables sur notre site Internet, ils le seront prochainement.

Pour l'heure, il y a encore la barrière des 100 kilomètres. Je ne pense pas qu'un client qui vit à 100 km autour de notre agence passera par nos services...

Quant aux clientèles internationales, tout est arrêté, annulé. Et paradoxalement, j'ai des partenaires autocaristes suisses qui aujourd'hui ont le droit de remplir leurs autocars, mais qui ne peuvent pas venir en France. Donc nous attendons, nous sommes face à un vrai dilemme.

En attendant, nous avons effectué la semaine dernière une visite test du site de Carnac, pour lequel nous sommes partenaires du Centre des Monuments Nationaux. Je pense que les groupes y seront sûrement limités à 20-25 personnes, avec respect de la distance physique, port du masque obligatoire pour le guide et fortement recommandé pour les clients.

Le plus difficile avec cette crise, c'est son côté carpe diem, où il est difficile de se projeter, où ce qui est vrai aujourd'hui ne le sera plus demain. Mais il faut garder le moral, penser de façon positive.

Le tourisme est un secteur qui est toujours en première ligne à chaque fois qu'arrive une catastrophe, mais en même temps, nous avons la chance de travailler dans un domaine fantastique, où les gens sont joyeux.

Nous sommes les plus chanceux du monde, alors quand il y a des crises, nous sommes obligés de faire face parce qu'on a pas le choix, mais aussi parce que l'on sait que les beaux jours reviendront et qu'on a la chance d’œuvrer à cela.

TourMaG.com - Vous avez choisi de voir le côté positif de la crise.

Bénédicte Le Brun :
Cette crise est terrible, mais elle est aussi bénéfique pour les réceptifs spécialistes de la France : elle nous permet enfin de sortir de l'anonymat.

Cela fait plus de 25 ans que je travaille dans ce domaine, c'est mon cœur de métier, et que je me bagarre dans les instances - je suis adhérente aux Entreprises du Voyage et au CEDIV - pour faire reconnaître ce métier qui a toujours été considéré comme le parent pauvre du tourisme, celui qui fait moins rêver, qui est moins exotique. Et pourtant, c'est très valorisant pour la France d'avoir de bons réceptifs...

Mais cette crise a aussi un effet pervers pour nous : tout le monde pense aujourd'hui qu'il peut faire du réceptif France, mais personne n'a pris conscience que c'est un vrai métier !

Il faut connaître son territoire, ses partenaires, son offre et savoir l'adapter aux différentes clientèles. Et là, je suis un peu affolée de voir que tout le monde veut faire du réceptif, contacter les Offices du tourisme, cela me fait bondir !

Là aussi, il y a un gros problème : un OT n'est pas une agence de voyages, il est là pour faire la promotion d'un territoire, l'accueil, mais la préparation et la commercialisation du séjour doivent rester l'apanage des réceptifs professionnels.

Aujourd'hui, les OT vivent grâce à des subventions, à des taxes de séjour, que nous n'avons pas. Donc à la limite, s'ils veulent commercialiser, puisqu'on leur en a donné le droit, qu'ils le fassent mais en prenant zéro commission, comme une participation à l'effort de guerre.

Mais s'ils se mettaient à produire, ce serait la pire des choses ! Je vous donne un exemple : un réceptif a un numéro d'urgence en cas de problème. Par contre, un OT, à 17h, est fermé.

Et puis je trouve dommageable qu'en France, nous ayons dévalorisé la notion d'accueil, car c'est primordial et les mieux placés pour le mettre en avant ce sont les OT. Et au lieu de ça, certains ce sont mis à produire et à vendre et ça n'est par leur job ! Qu'ils nous fassent de la promotion et derrière, nous saurons faire les bonnes offres.

TourMaG.com - Que pensez-vous des aides mises en place par le gouvernement ? Êtes-vous satisfaite ?

Bénédicte Le Brun :
Je souhaiterais que les aides mises en place pour le chômage partiel aillent jusqu'en décembre 2020 et même au-delà, et non jusqu'en septembre, car les clientèles étrangères vont mettre plus de temps à revenir.

Quant au Prêt garanti par l'État (PGE), j'ai lu que de nombreuses agences de voyages se sont vu refuser ce prêt. Comme je vous le disais, nous sommes toujours en première ligne, bon nombre d'agences ont été fragilisées en 2019.

Mon autre inquiétude porte sur les guides-conférenciers, car leur situation est catastrophique et il faut absolument qu'ils obtiennent quelque chose. Ceux qui ont un statut d'auto-entrepreneur bénéficient des aides, mais pour ceux qui sont salariés en CDD d'usage ou en vacation, la situation est très compliquée.

Et nous, en tant qu'agences, ne pouvons pas faire n'importe quoi. On nous a demandé d'en déclarer certains en chômage partiel, mais ça ne dépend pas de nous. Nous n'avons pas les mêmes relations avec un CDD d’usage ou un vacataire qu'avec un salarié en CCD ou en CDI.

Mais je trouve qu'il serait normal que les guides puissent bénéficier d'un dispositif qui leur permettrait de faire perdurer leurs allocations chômage, qu'ils perçoivent durant la basse saison. Étant donné que cette année, il n'y a pas de haute saison...

Car le risque est bien de voir les guides changer de métier et ne plus avoir les compétences pour accueillir et faire visiter aux clientèles étrangères quand elles seront de retour.

Ce serait aussi dramatique en terme d'accueil et d'image pour notre tourisme. Les guides-conférenciers sont pourtant l'élément central d'un séjour réussi. Il faut les aider.

J'ai fait en ce sens une demande aux Entreprises du Voyage, qui ont adressé un courrier au Ministère du travail et nous attendons un retour pour répondre aux guides qui nous interrogent et sont inquiets.

Anaïs Borios Publié par Anaïs Borios Journaliste - TourMaG.com
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