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Ce que coûte la guerre en Ukraine à Air France 🔑

Pertes sèches, changements d'itinéraires, prix du baril...


La guerre en Ukraine et les fermetures d’espaces aériens qui en découlent sont un nouveau coup dur pour les compagnies aériennes et notamment pour Air France, déjà secouée par deux années de crise sanitaire. Décryptage.


Rédigé par le Jeudi 3 Mars 2022

Mardi 1er mars, un avion d'Air France a dû relier Tokyo à Paris en plus de 15h en raison de la guerre en Ukraine © AF
Mardi 1er mars, un avion d'Air France a dû relier Tokyo à Paris en plus de 15h en raison de la guerre en Ukraine © AF
Après les grèves de 2019 puis la crise sanitaire depuis 2020, la guerre entre la Russie et l’Ukraine est un nouveau coup dur pour les compagnies aériennes françaises, Air France en tête. Et ce, sur plusieurs aspects.

En premier lieu vient le manque à gagner sur les liaisons suspendues purement et simplement par le conflit : depuis Paris, Lyon et Nantes vers Kiev, depuis Paris vers Saint-Petersbourg, depuis Paris, Lyon, Biarritz, Nice, Marseille et Toulouse vers Moscou.

Des vols en moins

Sans oublier les vols en correspondance vers le reste de l’Ukraine et de la Russie, des lignes parfois très juteuses car alimentées par les trafics affaires.

Rappelons que 35 des 40 plus grandes entreprises françaises possèdent des filiales en Russie, et qu’elles sont le premier employeur étranger du pays, avec près de 160 000 salariés.

Des pertes sèches qui viennent s'ajouter à une situation déjà compliqué vers l'Asie où, en raison du Covid, les trafics étaient encore loin d’avoir repris. Le continent reste encore le principal point de difficulté des réseaux pour les compagnies aériennes, tant pour les trafics passagers que cargo.

Changements d'itinéraires

En réponse à la décision de la France, dimanche 27 février, de fermer son espace aérien aux avions russes, Moscou a également interdit le survol de son territoire aux avions européens. Une décision lourde de conséquences pour Air France, qui doit trouver des solutions pour ses vols vers la Chine, le Japon et la Corée du Sud.

Si un vol cargo a dû ces derniers jours faire escale à Vancouver en reliant Séoul à Paris, les vols passagers vers Séoul, Pékin et Tokyo Narita contournent pour l’instant l’espace aérien russe. Les vols vers Shanghai et Tianjin restent pour l’instant suspendus.

« Le changement d’itinéraire donne lieu à un allongement du temps de vol et peut entraîner des changements d’horaires », prévient la direction d’Air France.

Ce début de semaine, les vols se rendant en Asie du Nord-Est ont ainsi survolé l’Azerbaïdjan et le Kazakhstan avant d’aller se poser dans les capitales chinoises, coréennes ou japonaises, avec des retards pouvant aller jusqu’à 50 minutes sur l’horaire normal, d’après ce qu’indique la compagnie tricolore.

Des solutions qui ne sont que temporaires, Air France travaillant à trouver des nouvelles routes plus pérennes.

Plus impressionnant, le vol AF275, reliant Tokyo à CDG en Boeing 777-300ER, a effectué mardi 1er mars un trajet sans stop de plus de 15h30… Des re-routages qui impliquent des surcoûts conséquents en termes de consommation et donc d’emport et d’achat de kérosène.

Prix du baril

« N’oublions pas également l’impact environnemental consécutif à la surconsommation fuel pour les allongements de trajets. Mais dans les circonstances actuelles, tout devient très relatif… », glisse un expert du secteur aérien.

Dernier impact touchant directement le portefeuille d’Air France : le prix du pétrole. Alors que la guerre en Ukraine fait planer le doute sur l’approvisionnement de l’énergie, le baril de pétrole a dépassé, le 2 mars, la barre des 110 dollars, un niveau jamais atteint depuis 2014.

Si les compagnies aériennes négocient leurs achats de kérosène à l’avance, cette hausse des prix aura forcément un impact dans le futur pour leurs budgets fuel.

Pour chiffrer en détail toutes ces conséquences, la direction d’Air France se refuse pour l’instant à donner de chiffre exact et indique « suivre la situation en temps réel ».

Iata reste prudente

De son côté, l’Association internationale du transport aérien (Iata) n’a pour l’instant pas établi de prévisions sur les impacts opérationnels ou économiques du conflit sur l’ensemble du secteur aérien mondial.

Dans ses dernières prévisions de trafics, l'organisme genevois évoque la résilience du transport aérien en cas de conflits mais indique toutefois « qu’il y a des risques de détérioration, en particulier dans les marchés exposés au conflit ».

« L’impact sur les coûts assumés par les compagnies aériennes par suite des fluctuations des prix de l’énergie ou des changements d’itinéraires afin d’éviter l’espace aérien russe risque d’être plus important. La confiance des consommateurs et l’activité économique seront affectées, même en dehors de l’Europe de l’Est », indique aussi Iata.

Pierre Georges Publié par Pierre Georges Journaliste - TourMaG.com
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