Création agence de voyages : y'a-t-il une garantie possible ailleurs qu'à l'APST ?

Il est généralement admis dans le secteur du tourisme en France que les agences de voyages nouvellement créées n'ont aucune chance de trouver une garantie financière ailleurs qu'à l'APST.

Ces jeunes sociétés n'intéresseraient pas les compagnies d'assurance et les banques positionnées sur ce marché, car elles représenteraient un risque de défaillance trop important.

Dans un précédent article sur le sujet, un cadre d'une compagnie d'assurance nous expliquait que "de nombreuses études démontrent que les 3 ou 4 premières années de vie d'une société sont celles au cours desquelles elle a le plus de chances de disparaître".

C'est effectivement le cas. Mais cela ne signifie pas pour autant que les dossiers de nouvelles agences de voyages sont systématiquement rejetés par les garants privés.

Ainsi, début 2015, TropicMe.com, nouvelle agence de voyages en ligne basée en Martinique, a souscrit sa garantie financière chez Schneider Brothers and Partners.

Fabien Mignon, président de la société explique qu'il n'a "pas sollicité l'APST à cause des contre-garanties demandées.

Elles représentent environ 50% du montant de la garantie."

Il a fait appel aux service d'un courtier qui l'a mis en relation avec Schneider "car leur offre était plus accessible, au niveau des contre-garanties".

Le fondateur de l'agence ne regrette pas son choix et estime que son garant "répond parfaitement à [ses] besoins et à [ses] critères financiers."

Il n'est pas le seul à avoir opté pour cette solution. En effet, sur les 35 nouveaux immatriculés en janvier 2015 au Registre des Opérateurs de Voyages et de Séjours d'Atout France, 9 sont garantis par Schneider Brothers & Partners, soit plus de 25%.

Ce garant est présent sur le marché depuis 3 ans. A l'heure actuelle, 52 agences de voyages françaises y ont leur garantie financière obligatoire.

"Et nous espérons en accueillir de nouvelles en 2015", ajoute Quito Quinn, assistant en communication de Schneider Finance, filiale du groupe en France.

Fonds d'investissement privé, il a choisi de se spécialiser dans la garantie financière pour les agences de voyages nouvellement créées.

Pour cela, il propose des conditions commerciales adaptées. "Nous ne demandons jamais d'hypothèque, poursuit Quito Quinn. Généralement, nous demandons seulement un compte deposit et une caution solidaire de la part du propriétaire de l'agence.

Mais notre plus grand atout sur le marché est notre temps de réaction. Parfois, certains clients ont besoin d'une garantie dans les trois jours qui suivent leur demande.

Une fois que nous avons reçu leur dossier, nous analysons leur requête en 48 heures gratuitement et sans frais administratifs."

De quoi satisfaire les patrons pressés et désireux de décrocher une garantie financière ailleurs qu'à l'APST.

Mais, ceux-ci ont d'autres solutions. Ils peuvent également se tourner vers Atradius, comme l'affirme Bruno Pesché, Directeur Caution France de l'assureur.

Il ne reçoit pas énormément de dossiers de nouvelles agences mais assure qu'ils ont toutes leurs chances d'être acceptés chez Atradius. Cela a notamment été le cas d'Abala Travel en décembre 2014.

Encore faut-il remplir certaines conditions. "En premier lieu, nous étudions le parcours des dirigeants", explique Bruno Pesché.

Un patron d'une nouvelle agence qui aura une expérience d'encadrement ou commerciale dans une grande entreprise aura, par exemple, plus de chance d'obtenir une garantie financière.

"Nous nous penchons ensuite sur le business plan pour voir si le projet commercial est raisonnable, et surtout s'il a été mûri", poursuit le Directeur Caution.

L'assureur regarde ensuite si le capital de départ de l'entreprise est en adéquation avec son projet. "Nous essayons de voir si les moyens mis en œuvre sont suffisants. L'argent reste le nerf de la guerre", résume Bruno Pesché.

En résumé, pour espérer décrocher une garantie financière chez Atradius, le fondateur d'une nouvelle agence de voyages doit monter un dossier solide, avoir bien réfléchi à son modèle économique et, surtout, placer une mise de départ suffisante.

"Aujourd'hui, les opérateurs du secteur ne doivent pas avoir peur de l'évolution réglementaire. Nous les accompagnerons même avec la future garantie de l'ensemble des fonds déposés", conclut Bruno Peché.

La concurrence ne semble donc pas prête de faiblir sur le marché. Et c'est certainement une bonne nouvelle pour les professionnels du tourisme !