Crise du recrutement : "les salaires n'attirent plus les candidats sur-diplômés et expérimentés..."

TourMaG.com - Comment évolue l’activité de la rubrique TourMaGJOBS ?

Valérie Dufour : Nous sommes à 5% d'offres d'emplois en plus par rapport à 2017, soit 900 annonces diffusées sur l'année 2018.

Les secteurs qui ont le plus recruté en 2018 via TourMaGJOBS sont les voyagistes (35%), les agences de voyages (34%), les agences en ligne (13%) et les réceptifs (17%).

La fréquentation et la notoriété du média permettent d'avoir des candidatures plus spécialisées et de meilleure qualité que sur les job boards traditionnels et réseaux sociaux.

TourMaG.com - De manière générale, comment se porte le marché de l’emploi dans le tourisme ?

V.D. : L'industrie du tourisme se portant bien, elle recrute. Et comme il y a de nombreuses opportunités d'emploi sur le marché, il y a plus de turn-over dans les entreprises, le marché étant en faveur des candidats.

TourMaG.com - Quels sont les types de postes à pourvoir ?

V.D. : Dans le top 5, via TourMaGJOBS, nous retrouvons des annonces pour des postes de commerciaux et forfaitistes groupes, des conseillers voyages et responsables d'agences expérimentés, des conseillers spécialistes de destinations, conseillers forfaitistes voyages à la carte.

Les recruteurs recherchent de plus en plus de gens polyvalents, qui maîtrisent la vente et la conception de voyages sur-mesure, ainsi que les destinations vendues.

TourMaG.com - Des postes difficiles à pourvoir. Les difficultés ne sont pas nouvelles, pour quelles raisons cela n’évolue-t-il pas ?

V.D. : Les postes sont toujours aussi difficiles à pourvoir en raison des salaires qui n'attirent pas les candidats sur-diplômés et expérimentés et des formations non adaptées aux besoins des professionnels du tourisme.

Les écoles forment trop de managers et pas assez de techniciens et commerciaux...

TourMaG.com - Quelles sont les tendances en matière de recrutement en 2019 ?

V.D. : Là encore, ce seront plutôt les candidats qui mèneront la danse du recrutement en 2019. Les entreprises devront donc redoubler d’ingéniosité pour être choisies par les talents.

Cette tendance est renforcée par la recrudescence de candidats « passifs », c’est-à-dire des personnes déjà en poste qui, sans être activement en recherche d’emploi, sont à l’écoute d’opportunités. Ces derniers sont susceptibles de prendre leur temps ou d’être plus exigeants.

TourMaG.com - Comment faire la différence parmi les nombreux employeurs ?

V.D. : Dans ce contexte, la marque employeur se fait donc de plus en plus décisive.

Qu’il s’agisse de travailler sur l’expérience du candidat ou sur celle du collaborateur, son rôle est déterminant pour faire pencher la balance en faveur de son entreprise ou fidéliser son personnel.

Il faudra faire du recrutement un sport d’équipe, parce qu’il constitue un formidable moyen d’impliquer ses équipes et de faciliter l’intégration de nouvelles recrues, le recrutement collectif sera la star de l’année 2019.

TourMaG.com - Les recruteurs vont également devoir s’adapter à l’arrivée massive de la génération Z sur le marché du travail...

V.D. : La génération Z, née à partir de 1997, attend à son entrée sur le marché du travail de pouvoir évoluer, s’épanouir et comprendre pourquoi on s’investit dans une vie professionnelle.

Les jeunes recherchent la possibilité de se développer personnellement et de gagner en maturité, grâce au cumul d’expériences professionnelles. La seule volonté de réussite sociale et de sécurité professionnelle ne suffit plus.

Cette nouvelle génération recherche davantage une expérience enrichissante et valorisante. Plutôt que devenir leader, elle cherche à avoir des responsabilités et la confiance des autres.

C'est pourquoi ces jeunes cherchent à apprendre de leurs aînés, afin d'acquérir le maximum de compétences. L'entraide et l'écoute entre toutes les générations de travailleurs permettra d'améliorer les performances des entreprises.

TourMaG.com - Les DRH doivent-ils se remettre en question ?

V.D. : Les Ressources Humaines doivent prendre une place centrale dans l’entreprise afin d’anticiper la révolution du monde du travail qui est en marche à travers la génération Z.

Lors des recrutements, des critères traditionnels ou hard skills (expériences, diplômes, écoles spécifiques) comptent toujours mais sont de plus en plus accompagnés par des critères moins objectifs : les « soft skills ».

Bon nombre de jeunes arriveront sur le marché de l’emploi avec des « hard skills » plus ou moins équivalents. Ce ne sont plus le curriculum vitae ou la lettre de motivation qui comptent, mais bien le candidat dans son entièreté.

Le défi des ressources humaines sera donc de découvrir les talents de demain. Aujourd’hui, 52% des DRH accordent autant d'importance aux soft skills qu'aux hard skills, en tenant compte de l'autonomie, la créativité, l’ouverture d’esprit, la positivité et la polyvalence du candidat.

TourMaG.com - Il y a également le problème du turn over à régler...

V.D. : En effet, les RH font face à un défi majeur : un recrutement réussi.

La génération Z veut une relation plus humaine dans l’entreprise comme dans le recrutement. Les entreprises doivent à la fois proposer un projet percutant qui fait sens et innover afin de retenir les talents.

Pour attirer la génération Z, les entreprises doivent intégrer de nouveaux processus de recrutement fondés sur la culture d’entreprise et le bien-être au travail, sans omettre d’adapter leur écosystème à la culture numérique dans laquelle elle a baigné.

De nouveaux codes de l’emploi et un nouveau style de management se forment avec la génération Z.

Les entreprises doivent être prêtes à ce changement qui risque d’être majeur. Ces jeunes ont des convictions et des envies différentes pour lesquelles ils ne feront pas de concessions.

Conseiller voyages sur-mesure
La profession s’automatise, mais dans certains marchés de niche, l’humain reste essentiel pour cibler les besoins et accompagner les clients. Aujourd’hui, la clientèle recherche une prestation de qualité et personnalisée.

Chef de projets - Tourisme d’affaires
Le tourisme d’affaires a particulièrement été impacté par les nouvelles technologies. Les chargés de clientèle se sont peu à peu vus remplacer par des logiciels de SBT (Self Booking Tools). Le voyageur d'affaires vit une expérience 100% digitalisée et personnalisée. Le métier de chef de projet est aujourd’hui particulièrement recherché par les recruteurs.

Yield Manager/Revenue Manager
Adopté dans un premier temps par les compagnies aériennes, ce métier a aujourd’hui explosé. Avec la montée en puissance du Big Data, le Yield Manager est désormais très utilisé par tous les acteurs du e-tourisme. Il a pour mission de définir la politique tarifaire, d’optimiser le taux de remplissage et de garantir la rentabilité de l’entreprise.

Data Analyst
Après les grands acteurs du retail, c’est au tour de ceux du tourisme d’analyser les comportements de leurs clients. La mission du Data Analyst est de comprendre les habitudes et les envies des clients, afin de proposer des offres ciblées.

Web marketing et Communication digitale
Pour les hôtels et tour-opérateurs, le web est devenu un canal de vente incontournable, voire l'unique. À l’heure du digital et de la guerre du référencement naturel sur la toile, les postes en communication et web marketing sont eux aussi très recherchés.

Dans le cadre de la 15e édition du DITEX, les 27 et 28 mars à Marseille au Palais du Pharo, l’Emploi et la Formation dans le tourisme seront particulièrement mis en exergue le jeudi 28 à partir de 11h.

Outre la conférence du CFET, dirigée par Georges Rudas, patron d’Amadeus France, une table ronde avec Valérie Dufour, responsable du département Emploi chez TourMaG.com, aura lieu de 14h à 15h sur la conjoncture, les tendances et la formation tourisme. Le tout sera suivi d’un Job dating.

A lire : Ditex 2019 : "Nous organisons une table ronde CFET sur l'emploi avec de nombreuses personnalités" (Georges Rudas)