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Décarbonation : jusqu’où iront-ils ? 🔑

L’Édito de Christophe HARDIN


Parmi les « savants » qui s’intéressent à la décarbonation du transport aérien, il y a ceux comme Bertrand Picard qui avancent des solutions crédibles, aussi efficaces que respectueuses de la liberté de voyager. Il y a aussi les autres qui ne croient pas à ce qu’ils disent, mais qui multiplient les provocations en prônant un monde qui interdit et ne croit plus à la recherche comme garante du progrès. On avait eu droit il y a quelques semaines aux quotas de quatre vols dans une vie, mais au concours de bêtises un nouveau record vient d’être battu.


Rédigé par le Lundi 3 Juillet 2023

Crédit : Deposit Photos
Crédit : Deposit Photos
Quel dommage que le débat sur le rôle du transport aérien, son impact sur le réchauffement climatique, ses nuisances sonores, sa pertinence sur certaines lignes et les solutions à y apporter, soit régulièrement confisqué par des idéologues.

Loin de moi (quoi que…) l’idée de conseiller le SETO sur ses invités d’honneur lors de ses forums. Cependant quand je lis les déclarations du dénommé François Gemenne, ancien directeur du Conseil scientifique du candidat EELV l’année dernière et invité, cette année du SETO, les bras m’en tombent.

Lire aussi : Climat : "il n’y aura pas de retour à la normale".


À chacun ses « experts »

Avec l’emballement de l’actualité aéronautique et particulièrement le Salon du Bourget, ses déclarations semblent avoir été éclipsées, mais il faut revenir sur les énormités qu’il a osé proférer récemment.

C’est maintenant une tradition, presque une obligation, dans toutes les grandes messes ou on parle voyages, transport aérien, on se doit d’inviter « l’expert » le chercheur qui va secouer les consciences, et donner des solutions pour un avenir meilleur et décarboné.

À chacun ses choix. Au World Connect, organisé par APG, b[Bertrand Picard, passionnant, motivant, parfaitement conscient des enjeux et puis au SETO : François Gemenne.]b

À lire certains points forts de son intervention lors du forum organisé par le Syndicat des Entreprises du Tour Operating, mi-mai, je suis consterné.

YAKAFAUQUON...

Et ça va crescendo.

Il y’a d’abord ce conseil aux Français (François Gemenne est belge) « si j’étais ministre, en France, je fusionnerais Air France et la SNCF « . Passons sur cette idée géniale, magnifique, parangon du ‘’ YAKAFAUQUON » pour solutionner l’intermodalité.

Heureusement, François Gemenne ne sera jamais ministre en France.

Sa vision sur le bénéfice social d’un vol avec d’un côté les méchants qui « partent faire un week-end de shopping sur la 5e Avenue » et de gentils étudiants « qui vont faire une année d’échange pour leurs études » est aussi un cliché ridicule.

Cette conception du bénéfice social d’un vol est par ailleurs bien simpliste quand on la compare avec, par exemple, avec ce qu'en disait Jean François Rial dans une table ronde avec les acteurs de l’aérien au siège de la DGAC il y a quelques jours : "Communiquez sur l’utilité sociale de l’avion, parlez de la clientèle ethnique, celle qui n’est pas aisée.

Parlez aussi des pays dont les populations pauvres vivent grâce au tourisme comme la Tunisie, le Sri Lanka, le Sénégal. On ne dit pas assez que ces populations ne prennent pas l’avion, mais en bénéficient ».

Objectivement, le PDG de Voyageurs du Monde me parait plus crédible et moins démago sur ce sujet.

Lire aussi : https://www.tourmag.com/La-decarbonation-mere-de-toutes-les-batailles-du-transport-aerien_a118824.html?preview=1

Si François Gemenne s’était arrêté là, passe encore et on aurait juste regretté que ces déclarations aient éclipsé d’autres, plus intéressantes.

Quand la provocation tourne au mépris

Mais il a fallu, si j’en crois le compte rendu, qu’il ajoute sa grande idée pour que la France réduise encore plus ses émissions.

« Si la France veut vraiment réduire ses émissions, elle pourrait se séparer de tous les territoires et départements d’outre-mer. « À-il déclaré

voilà je vais répéter et en gras pour que vous soyez sûr d’avoir bien lu

« Si la France veut vraiment réduire ses émissions, elle pourrait se séparer de tous les territoires et départements d’outre-mer. «

Lorsqu’on va trop loin et que cela frise le mépris pour toute une partie de la population, on dépasse la ligne rouge et évidemment on ne sert plus la cause que l’on veut défendre.

Ce qui est choquant également, et sauf erreur, c’est qu’il n’y a pas eu beaucoup de réactions à ces propos. En tout cas je n’en ai pas vu.

J’espère quand même qu’à l’énoncé de cette idée, un petit vent de réprobation a soufflé dans l’assemblée et que quelques-uns ont proposé de recadrer ce monsieur.

Heureusement il y a eu le Bourget

Que les gens sincèrement désireux d’un monde de mobilité plus vertueux, moderne et libre se consolent un peu.
Le Salon du Bourget qui s’est achevé la semaine dernière a battu des records d’affluence.

La passion du vol, mais aussi les opportunités de carrière et l’envie de comprendre et de participer à la révolution technologique et culturelle de l’aérien, est bien là.

Chez les jeunes ingénieurs diplômés, Airbus se place désormais au premier rang des entreprises les plus attractives cette année et Safran qui construit ici en France des moteurs de moins en moins polluants fait son entrée dans le TOP 5.

Au salon du Bourget, les projets pour aller vers la décarbonation étaient partout : future implantation d’une usine de production de biocarburants (projet BioTJet) dans les Pyrénées-Atlantiques avec à la clé 800 emplois, Start up associées à Aéroport de Paris pour une aviation régionale décarbonée qui bientôt révolutionnera la mobilité et désenclavera les régions, présentation du « RISE » (Revolutionary Innovation for Sustainable Engines ) un moteur qui va encore gagner 20 % d’efficacité et donc plus économique.

Qui peut nier cette trajectoire vertueuse ?

Ce sont les ingénieurs de Safran, d’Universal Hydrogen et d’Airbus que Greenpeace devrait aller applaudir plutôt que les passagers des trains.

« Les nouveaux héros » disent certains. Rien que ça.

Tout n’est pas parfait. Le débat, la critique sont nécessaires, mais restons sérieux.
Ici comme dans d’autres domaines, des gens à priori réfléchis, bardés de titres, professeurs, conseillers auprès d’instances respectables, journalistes aussi hélas se radicalisent, et sont dans la course à qui proposera les solutions les plus farfelues.

Jusqu’où iront-ils ?

Christophe Hardin Publié par Christophe Hardin Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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