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Désaffection des colonies : une histoire de finances, plus qu'une perte de confiance

La chronique de Josette Sicsic (Touriscopie)


La nouvelle a fait d’autant plus de bruit qu’elle a été annoncée par l’Elysée. Désireux de redorer le blason terni des colos, en lançant une campagne incitative à l’intention des parents et enfants, François Hollande a probablement eu le bon réflexe vis-à-vis des professionnels du secteur, aux abois depuis quelques années devant une désaffection problématique...


Rédigé par Josette Sicsic le Mardi 21 Avril 2015

Les bonnes ou les mauvaises affaires des professionnels des vacances pour jeunes ne sont pas le seul sujet de préoccupation.

Le sujet majeur concerne les enfants, dont malheureusement 3 millions, soit un quart, ne partent pas du tout en vacances et dont 2 millions, soit 15%, n’ont accès à aucune mobilité, selon les chiffres de l’Observatoire des vacances et des loisirs des enfants et des jeunes (OVLEJ).

Une situation dramatique qui, pour 67% des parents, est liée à des motifs financiers et non pas, comme les médias ont bien voulu l’affirmer, à une perte de confiance.

Certes, les quelques accidents et autres affaires de mœurs de ces dernières années n’ont pas joué un rôle positif sur une opinion publique plus rapide à voir le mal que le bien et à se lancer dans des diatribes contre l’organisation des séjours pour jeunes.

Alors qu’en général, ceux qui dénigrent les colonies de vacances sont ceux qui n’y ont jamais envoyé leurs enfants !

Un double handicap pour la colo à la française

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Et, « comme les chiens ne font pas des chats », les enfants qui refusent de partir en « colo » sont à l’unisson ceux qui n’y ont jamais mis les pieds et, que l’on a convaincus de « passer les vacances chez Mamy et Papy ».

Là, pas de risques de mal manger, de se lever tôt et, bien pire, de devoir se déconnecter !

En fait, la « colo » à la française, telle qu’elle a été conçue au siècle dernier, souffre d’un handicap : elle compte parmi ces produits touristiques éminemment liés à un « story telling » ou plutôt à deux types de story-tellings.

Celui des parents d’une part, de leur scepticisme, de leur inquiétude ou de leurs réelles difficultés financières.

Et celui des enfants d’autre part, pour qui l’influence du récit est majeure : l’enfant a généralement envie d’aller au même endroit que ses copains.

Conformiste et peu imaginatif en matière de destinations touristiques, surtout quand il est jeune, il veut faire comme les autres et se conforme aux référents ambiants dans sa cour de récréation.

Désireux de s’amuser avant tout, dés l’âge de 7 à 8 ans, il sait que c’est avec ses copains qu’il profitera le plus de ses vacances.

La colo souffre bel et bien de la cherté de ses tarifs

Désaffection des colonies : une histoire de finances, plus qu'une perte de confiance
Bien évidemment, les choses ne vont pas en s’améliorant puisqu’à la préadolescence et adolescence, la compagnie des parents devient pour lui de plus en plus encombrante.

A moins que ceux-ci n’aient les moyens d’offrir à leur famille, un séjour en village club avec mini et ado clubs garantis !

En fait, seuls les tout petits souffrent de la séparation familiale et préfèrent rester dans les jupes de leurs mamans ou de leurs grands mamans.

Ces dernières, soit dit en passant, étant généralement beaucoup plus heureuses de jouer un rôle de « baby sitter » que ne le prétend une rumeur médiatique fondée sur les observations approximatives de comportements « boboisants » !

Un story telling positif parmi les jeunes et leurs parents est donc le principal moteur de décision ou indécision.

Mais attention, la « colo », aussi jolie soit-elle, souffre bel et bien de la cherté de ses tarifs.

Quand on sait que le budget moyen des vacances familiales par ménage, avoisine les 2 000 euros, il n’est pas difficile de comprendre qu’une famille non aidée par un comité d'entreprise, la Caisse d'Allocations Familiales ou une collectivité locale, ne peut se permettre de financer un séjour pour un ou deux enfants, dont le coût moyen est de 500 euros pour une petite semaine !

D’ailleurs, une étude de la Jeunesse au Plein Air (JPA) confirme que 88 % des familles ayant fait partir leur enfant en séjour collectif n’auraient pu le faire sans aides financières.

Une exception touristique à la française

Cette année encore, en France, un pays plutôt riche malgré ses doutes, les vacances des jeunes vont donc faire polémique, alors que les « colonies » à la française comptent sans doute parmi les exceptions touristiques nationales les plus réussies.

Évoluant au gré des attentes et des goûts, les « colos » se sont adaptées à toutes les modes, offrant aussi bien des sports de glisse que des stages de musique afro, tout en sauvegardant les activités favorites de nos « petits » : le foot, l’équitation, la voile, le cirque…

Un luxe que beaucoup de pays nous envient. Et une expérience exceptionnelle pour les enfants qui, pour mémoire, sont seulement 7% à goûter aux plaisirs des séjours « sans les parents ».

Une incitation officielle suffira-t-elle à réhabiliter un produit en panne d’image ? On peut malheureusement en douter.

Pour en savoir plus, abonnez-vous à Touriscopie - version papier et www.touriscopie.biz

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Tags : colonies, sicsic
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