FUTUROSCOPIE - Tendances 2022 - F. comme flexibilité : quand le « roseau pensant » devient un roseau penchant 🔑

Flexibilité, agilité, réactivité, souplesse, adaptabilité, élasticité… les synonymes sont nombreux. Mais, tous désignent cette qualité devenue indispensable à tous ceux qui souhaitent vivre à peu près normalement en période de pandémie et continuer à « danser sous la pluie ».

Elle fait de nous des « roseaux penchants », soit, mais toujours « pensants ».

Nous vivions jusqu’à présent dans un univers relativement stable, où les acteurs économiques (tous secteurs confondus) pouvaient planifier leur développement, préparer leurs investissements, programmer leur marketing et commercialiser leurs produits à des dates données. Parfois autour de grandes messes, parfois autour d’événementiels plus simples capables de leur assurer un relais médiatique.

C’était le cas du secteur touristique qui lançait ses brochures deux fois par an, ouvrait les portes de ses agences, enregistrait ses réservations… et entrevoyait plus ou moins clairement les résultats à attendre de sa saison.

Quant au consommateur, il n’avait qu’à couler son emploi du temps, ses achats, ses sorties en fonction d’un calendrier plus ou moins établi à l’avance, composé de rendez-vous personnels, professionnels, nationaux, voire internationaux (fêtes, commémorations, événements sportifs…) lui fixant les repères indispensables à son équilibre ! Le choix des vacances et leur destination faisaient partie de ces délicieux moments programmés à l’avance, discutés en famille autour d’un écran ou d’un catalogue en papier…

Malgré une tendance à la dernière minute, chacun savait plus ou moins où il allait. Et les sondages cherchant à prévoir le bilan de la saison avant la saison, avaient beau aller bon train, ils ne faisaient que confirmer ce que les professionnels savaient déjà plus ou moins !

Mais, en 2020, en quelques jours, coup de tonnerre : cet édifice pourtant solide dans lequel nous vivions s’est craquelé puis effondré sous les coups de butoir d’un virus qui a tardé à dire son nom puis s’est muté en une spectaculaire pandémie que je ne décrirai pas. Tout le monde a son idée là-dessus…

Finis les prévisionnels, finies les projections sur l’avenir… Nous venions d’entrer dans un monde chaotique, totalement incertain, fait d’un nombre incalculable d’alertes, de rumeurs, de fausses informations, d’excès de pessimisme ou d’optimisme, de « stop and go » invitant chacun à suivre de nouvelles règles, nouveaux gestes, nouveaux rites, fixant de nouveaux objectifs … permettant à chacun de survivre.

Et, pour combattre l’adversité et sortir de l’état de sidération dans lequel plus d’un se sont trouvés, il a fallu faire appel à la seule arme possible : la flexibilité.

Les crises servent à cela. Elles obligent tout un chacun à mettre en place des mécanismes de défense, parfois simples, parfois moins, susceptibles de les transcender. Avec une difficulté majeure : faire vite. Non seulement au niveau de la décision mais au niveau de la mise en place de la décision. Pas toujours facile !

C’est ainsi que les voyagistes et autres opérateurs de croisières ou de séjours de vacances ont dû d’une part comprendre, d’autre part réfléchir, puis agir… le tout en jonglant avec des incertitudes récurrentes liées aux errements de nos gouvernants et de tous les gouvernants du monde, fermant leurs frontières, fixant des couvre-feux, imposant des confinements, annulant tout ce qui pouvait l’être, dans une ambiance de panique amplifiée par le déluge des contaminations et des décès !

Obligatoire du côté des professionnels, cette flexibilité l’a aussi été du côté des populations désemparées, jeunes et moins jeunes obligées de se couler dans des rythmes, des modes de vie et des habitudes inédites.

Et qui s’en sont, à leur grand étonnement, pas trop mal sorties, démontrant l’adaptabilité de l’humanité à toute nouvelle situation.

Une bonne leçon pour l’avenir. Et finalement une bonne nouvelle, car la flexibilité est « une qualité qui permet de plier sans se rompre » (définition du Larousse). En fait, elle fait de nous des roseaux, des roseaux « penchants » soit, mais des roseaux « pensants » comme l’avait constaté Pascal.

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

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