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FUTUROSCOPIE - Tendances 2022 : M… comme nouvelles Mobilités et immobilité 🔑

« Des signaux, des mots et des maux »


Pour vous éclairer sur l’année à venir, Futuroscopie et TourMaG.com ont choisi une trentaine de mots caractéristiques de l’année passée. On pourrait bel et bien parler de tendances… De "A" comme Anxiété à "W" comme Woke, en passant par "C" comme Croisières, "T" comme télétravail ou "R" comme recrutement, c’est parti ! Voici, nos analyses, qui seront réunies dans un E-book récapitulatif.


Rédigé par le Mercredi 19 Janvier 2022

Fondamentales pour le secteur touristique, les mobilités devraient prendre un coup de jeune plutôt en se coulant dans les moules du passé (train de nuit, vélo, marche à pied), la technologie en plus - DR : DepositPhotos.com, PinkBadger
Fondamentales pour le secteur touristique, les mobilités devraient prendre un coup de jeune plutôt en se coulant dans les moules du passé (train de nuit, vélo, marche à pied), la technologie en plus - DR : DepositPhotos.com, PinkBadger
Les avions cloués au sol, les trains à l’arrêt, les voitures particulières contraintes de ne pas dépasser les 10 km… Il est clair que la mobilité, signe de progrès et de liberté, a été amplement affectée par les années Covid.

Transformée parfois en « immobilité », elle a aussi pris le visage de nouvelles mobilités à l’affût de lenteur et de douceur, permettant à un autre monde de se développer sous nos yeux.

Un monde plus coulé dans les moules du passé que dans ceux d’un futur hyper technologique !

Premier point : l’immobilité à laquelle nous étions condamnés nous a considérablement affectés.

Assignés à résidence, la plus grande partie de la journée, nous avons appris à rester coincés dans nos mètres carrés pour le plus grand bénéfice de nos écrans et de tous les opérateurs en ligne.

Pour autant, doit-on estimer que ce nouveau mode de vie « immobile » a été un bien ? Pas sûr.

L’immobilité, catalyseur de la réflexion

Quatre réponses plus ou moins contradictoires sont possibles :

- D’une part, sur le plan psychologique, l’immobilité a été un bien en tant que catalyseur de la réflexion. Ayant favorisé la lecture, la recherche, l’écoute de débats, conférences, le spectacle de programmes éducatifs, elle a stimulé la pensée. Et, on ne peut que s’en féliciter.

- Sans compter que cette immobilité a constitué une pause pour la nature et la biodiversité en général, enfin préservées d’un trafic dont nul n’ignore à quel point il est émetteur de gaz à effets de serre.

- Mais, d’autre part, l’immobilité a aussi été un traumatisme pour tous ceux qui se sont retrouvés dans l’impossibilité de se dégourdir les jambes. Une situation totalement contraire aux préconisations habituelles sur la nécessité de bouger et de marcher plusieurs dizaines de minutes par jour. Et totalement contraires à la condition humaine qui, dotée de deux pieds, s’en sert généralement pour se déplacer.

- Cette entrave à la mobilité a aussi constitué une énorme frustration pour tous ceux qui ont dû renoncer à leurs déplacements de loisirs et professionnels. Frustration ayant généré de l’angoisse, voire de la colère, voire de la violence…

Les changements à l’aune de la nostalgie

Sur un plan plus général, économique et sociologique, venons-en aux changements. Une tout autre affaire.

En effet, si tous les transports notamment l’aérien et le rail, ont payé le prix fort des mesures de confinement, des modes de transport ont confirmé leur progression.

C’est le cas, malgré ses pertes, du rail et notamment des fameux trains de nuit qui ont l’air de s’inscrire à merveille dans une iconographie du voyage tel qu’on le rêve : confortable, lent, luxueux et vertueux.

Tandis que les TER, tels qu’ils ont été redéployés en Nouvelle-Aquitaine (par exemple) sont en train de fournir la preuve de leurs capacités à faire découvrir les atouts d’une région touristique, en circulant lentement, en reliant de petites gares les unes aux autres, et en désengorgeant les stations et autres sites « sur touristisés ». Le tout à petits prix.

Mais, s’il est un grand gagnant, c’est le vélo. La petite reine a refait une entrée fracassante dans le quotidien des Occidentaux.

Massivement présente dans les villes, elle est même déjà devenue l’ennemi numéro 1 des piétons et des automobilistes.

Avec une progression de près de 2% (25% en CA), dopés par l’efficacité du vélo électrique, les deux roues ont conquis le cœur de toutes les couches de la société (jeunes et moins jeunes) et affirmé leurs fonctions majeures, totalement d’actualité : dépolluer, consommer sobrement, ralentir, rendre accessible la proximité et le local et maintenir en bonne santé les usagers.

D’ailleurs, l’État ne s’y est pas trompé qui a annoncé 50 millions d’euros supplémentaires pour les infrastructures cyclables afin de participer au financement des aménagements (passerelles, pistes, carrefours, stationnement) des collectivités territoriales (533 projets d’aménagements cyclables répartis sur 323 territoires pour un montant total de 215 millions d’euros de subvention » ont déjà été actés).

Quant aux « vélo routes » qui traversent la France et l’Europe, en pratiquant un tourisme de découverte, elles sont d’ores et déjà au nombre de 10 en France et 19 en Europe.

Mêmes fonctions gagnantes pour la marche à pied qui, pour sa part, concerne déjà une bonne moitié des millions des Français. Tandis que le « running » se révèle une discipline de plus en plus populaire, y compris en centre-ville, permettant de combiner découvertes touristiques, sports et convivialité.

Un changement durable de paradigme

Doit-on pour autant conclure à un changement durable de paradigme dans nos modèles de société ? Bien évidemment.

Les nouvelles mobilités amplifiées par la pandémie contribuent indéniablement à l’accélération d’un changement de paradigme dont nous avions le plus grand besoin.

Tout donne à penser que le phénomène sera durable même si aujourd’hui, le vélo ne représente que 4% du marché des transports.

Tandis que la voiture, et ses capacités à transporter ses passagers de porte à porte reste largement gagnante.

En Île-de-France, une étude récente a même montré que le trafic routier dépassait le niveau pré-pandémique. Mais, la bonne nouvelle réside dans les progrès de la voiture électrique.

Elle devrait devenir obligatoire en 2035
. Ce qui signifie concrètement l’interdiction des moteurs thermiques, y compris sur des véhicules hybrides, dans moins de 14 ans. Si tout va bien !

Si la Commission européenne, entre autres, parvient à réaliser son plan d’installation de 3,5 millions de bornes de recharge. Et surtout si les lobbys ne mettent pas de bâtons dans les roues de ces voitures !

Dernier point : la voiture, les navettes, les transports en commun sans chauffeurs présentés comme les parangons du progrès poursuivent leur progression mais ne seront probablement pas de sitôt aux rendez-vous annoncés dans l’euphorie des années pré-pandémiques. Alors que le covoiturage lui, continuera de se développer.

Les voyages dans l’espace qui, pour leur part, ont démontré leurs capacités à se développer, resteront évidemment marginaux et réservés à une élite.

In fine, fondamentales pour le secteur touristique, les mobilités prendront un coup de jeune plutôt en se coulant dans les moules du passé (train de nuit, vélo, marche à pied), la technologie en plus.

Ce qui explique combien le futur n’est pas linéaire. Il avance parfois, et il recule et stagne souvent…

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com

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