Garantie aérienne : "la Commission européenne est devenue favorable" selon Michel de Blust - Crédit photo : Depositphotos @SergeyNivens
La liste des compagnies aériennes ayant mis la clé sous la porte ces derniers mois s'allonge.
Une situation qui devient angoissante pour de nombreux agents de voyages ou passagers devant réserver un billet pour l'été prochain.
Pour se prémunir d'une surcharge de travail considérable et d'une mauvaise image auprès du grand public, le responsable de Bourse des Vols, Fabrice Dariot, réclame l'instauration "d'une APST européenne de l'aérien. La volonté politique n'est pas de l'instaurer, mais nous avons une occasion avec les élections européennes pour les contraindre à légiférer."
Il suffit de voir les noms des transporteurs qui ont disparu pour se rendre compte de la gravité de la situation : WOW Air (Islande) à Germania (Allemagne), en passant par Flybmi (Royaume-Uni), Primera Air ( Danemark), Small Planet (Lituanie), NextJet (Suède)...
La faillite de WOW Air, dernière en date, "intervient en basse saison dans le pays, et pour le secteur dans son ensemble, souligne Michel de Blust, le secrétaire général de l'association européenne des agents de voyages et des tour-opérateurs (ECTAA). J'espère juste que les tour-opérateurs qui font de l'affrètement auront pris des dispositions".
Son arrêt implique des milliers de passagers bloqués à travers le monde et des agences qui ont dû - ou vont devoir - aider leurs clients à rentrer à destination.
Une situation qui exaspère Fabrice Dariot : "ça n'a que trop duré. Il faut se rendre compte que ce n'est pas une petite compagnie régionale, mais qui était dans le Top 10 des compagnies les plus vendues des OTA."
Et les nouvelles du côté de Jet Airways ou encore de Norwegian ne permettent pas de regarder les prochains mois avec optimisme, car la liste pourrait prochainement s'allonger...
Une situation qui devient angoissante pour de nombreux agents de voyages ou passagers devant réserver un billet pour l'été prochain.
Pour se prémunir d'une surcharge de travail considérable et d'une mauvaise image auprès du grand public, le responsable de Bourse des Vols, Fabrice Dariot, réclame l'instauration "d'une APST européenne de l'aérien. La volonté politique n'est pas de l'instaurer, mais nous avons une occasion avec les élections européennes pour les contraindre à légiférer."
Il suffit de voir les noms des transporteurs qui ont disparu pour se rendre compte de la gravité de la situation : WOW Air (Islande) à Germania (Allemagne), en passant par Flybmi (Royaume-Uni), Primera Air ( Danemark), Small Planet (Lituanie), NextJet (Suède)...
La faillite de WOW Air, dernière en date, "intervient en basse saison dans le pays, et pour le secteur dans son ensemble, souligne Michel de Blust, le secrétaire général de l'association européenne des agents de voyages et des tour-opérateurs (ECTAA). J'espère juste que les tour-opérateurs qui font de l'affrètement auront pris des dispositions".
Son arrêt implique des milliers de passagers bloqués à travers le monde et des agences qui ont dû - ou vont devoir - aider leurs clients à rentrer à destination.
Une situation qui exaspère Fabrice Dariot : "ça n'a que trop duré. Il faut se rendre compte que ce n'est pas une petite compagnie régionale, mais qui était dans le Top 10 des compagnies les plus vendues des OTA."
Et les nouvelles du côté de Jet Airways ou encore de Norwegian ne permettent pas de regarder les prochains mois avec optimisme, car la liste pourrait prochainement s'allonger...
Une garantie aérienne vraiment inédite ?
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Si les professionnels du tourisme réclament ardemment la mise en place d'une garantie financière aérienne, les transporteurs freinent des deux pieds.
Le lobby des compagnies est puissant et IATA ne cesse de se plaindre pour faire infléchir les décideurs politiques de leur côté.
"IATA nous dit que ce serait difficilement réalisable, surtout que les grandes compagnies ont tendance à voir cela d'un mauvais œil, au contraire des petites," se lamente Michel de Blust.
Pourquoi une réticence si vivace de la part des boss de l'industrie ? Fabrice Dariot de répondre : "tout simplement, car elles ont peur de perdre un avantage qu'elles ont face à leurs plus modestes concurrentes."
Ainsi, une compagnie aérienne leader dans un pays possède un avantage concurrentiel sur les autres. Une grande partie des consommateurs ira inévitablement vers le nom le plus ronflant pour éviter tout problème potentiel de transport, comme par exemple la faillite.
Et le patron de Bourse des Vols de poursuivre : "l'oligarchie des grandes compagnies ne veut pas perdre cet avantage. Elles savent mettre en avant le fait qu'elles ne seront jamais en faillite, car les Etats seront toujours là derrière elles."
Cette affirmation est de moins en moins le cas et surtout plus encadrée que par le passé.
Pendant que IATA et ses adhérents ne semblent pas vouloir bouger d'un iota, il existe en Europe un pays qui a réussi à contraindre les compagnies à cotiser pour se prémunir contre de telles situations.
"Le gouvernement danois, lassé de voir les compagnies se casser la figure, a décidé d'étendre le fonds de garantie des voyagistes pour couvrir les faillites des transporteurs" rapporte le secrétaire général de l'ECTAA.
Si cela n'a pas été facile à instaurer, le gouvernement a sévi et menacé de supprimer les droits de trafic. Cet exemple démontre bien qu'il est possible d'instaurer une garantie financière aérienne dans toute l'Europe.
Le lobby des compagnies est puissant et IATA ne cesse de se plaindre pour faire infléchir les décideurs politiques de leur côté.
"IATA nous dit que ce serait difficilement réalisable, surtout que les grandes compagnies ont tendance à voir cela d'un mauvais œil, au contraire des petites," se lamente Michel de Blust.
Pourquoi une réticence si vivace de la part des boss de l'industrie ? Fabrice Dariot de répondre : "tout simplement, car elles ont peur de perdre un avantage qu'elles ont face à leurs plus modestes concurrentes."
Ainsi, une compagnie aérienne leader dans un pays possède un avantage concurrentiel sur les autres. Une grande partie des consommateurs ira inévitablement vers le nom le plus ronflant pour éviter tout problème potentiel de transport, comme par exemple la faillite.
Et le patron de Bourse des Vols de poursuivre : "l'oligarchie des grandes compagnies ne veut pas perdre cet avantage. Elles savent mettre en avant le fait qu'elles ne seront jamais en faillite, car les Etats seront toujours là derrière elles."
Cette affirmation est de moins en moins le cas et surtout plus encadrée que par le passé.
Pendant que IATA et ses adhérents ne semblent pas vouloir bouger d'un iota, il existe en Europe un pays qui a réussi à contraindre les compagnies à cotiser pour se prémunir contre de telles situations.
"Le gouvernement danois, lassé de voir les compagnies se casser la figure, a décidé d'étendre le fonds de garantie des voyagistes pour couvrir les faillites des transporteurs" rapporte le secrétaire général de l'ECTAA.
Si cela n'a pas été facile à instaurer, le gouvernement a sévi et menacé de supprimer les droits de trafic. Cet exemple démontre bien qu'il est possible d'instaurer une garantie financière aérienne dans toute l'Europe.
Un fléchissement européen ?
Sauf que cette extension se heurte à un manque de volonté de nos politiques et celle-ci pourrait être facilitée par un allié que personne n'avait vu venir : le Brexit.
La révision du règlement des passagers aériens, le 261-2004, est bloqué depuis 3 ans à cause de l'aéroport de Gibraltar, pour des différends entre l'Espagne et le Royaume-Uni.
Une fois le divorce consommé, cela pourrait faire avancer la question du règlement, "d'autant que la Commission européenne me parait décidée à examiner la possibilité d'inclure dans cette révision une disposition réglementaire qui requerra des compagnies aériennes une couverture du risque d'insolvabilité", ajoute Michel de Blust.
Ce pressentiment n'est pas divulgué au hasard, l'ECTAA a rencontré des responsables de l'instance il y a deux semaines, pour discuter de cette éventualité. A la grande surprise du syndicat des voyagistes européens, la position des décideurs européens a évolué.
"Il y a eu une prise de conscience avec WOW Air et Air Berlin", indique Michel de Blust. Il est dommage que seuls les drames fassent changer les avis des politiques et motivent l'opinion publique à réagir.
Avec ces récentes déconvenues, la Commission va, dans le cadre de la reprise de la révision du règlement, réaliser une étude partielle d'impact, pour évaluer les dégâts des débâcles financières.
Les résultats pourraient donner du grain à moudre aux défenseurs de la garantie européenne.
La révision du règlement des passagers aériens, le 261-2004, est bloqué depuis 3 ans à cause de l'aéroport de Gibraltar, pour des différends entre l'Espagne et le Royaume-Uni.
Une fois le divorce consommé, cela pourrait faire avancer la question du règlement, "d'autant que la Commission européenne me parait décidée à examiner la possibilité d'inclure dans cette révision une disposition réglementaire qui requerra des compagnies aériennes une couverture du risque d'insolvabilité", ajoute Michel de Blust.
Ce pressentiment n'est pas divulgué au hasard, l'ECTAA a rencontré des responsables de l'instance il y a deux semaines, pour discuter de cette éventualité. A la grande surprise du syndicat des voyagistes européens, la position des décideurs européens a évolué.
"Il y a eu une prise de conscience avec WOW Air et Air Berlin", indique Michel de Blust. Il est dommage que seuls les drames fassent changer les avis des politiques et motivent l'opinion publique à réagir.
Avec ces récentes déconvenues, la Commission va, dans le cadre de la reprise de la révision du règlement, réaliser une étude partielle d'impact, pour évaluer les dégâts des débâcles financières.
Les résultats pourraient donner du grain à moudre aux défenseurs de la garantie européenne.
Vers une DNCG de l'aérien ?
Les mentalités changent, les politiques avancent. En attendant les résultats de l'étude, quelle forme pourrait prendre la garantie financière ?
Dans le cadre de cette prospective, regardons l'unique pays ayant mis en place le filet de sécurité pour les agences de voyages.
Au Danemark, sur chaque billet vendu, les compagnies payent une prime, de Ryanair à Emirates. Les sommes récoltées alimentent le fonds de garantie pour couvrir les défaillances.
Fabrice Dariot partage cette volonté, tout en abordant l'idée d'une caution que déposeraient les transporteurs pour obtenir le droit de voler en Europe.
Mais le responsable de Bourse des Vols aimerait que IATA aille plus loin. "Elle devrait trier les compagnies, car elle ne filtre personne, alors que certaines compagnies représentent des risques majeurs pour les clients ou les agences. J'aimerais que IATA exerce un contrôle financier sur ses membres, elle pourrait les noter et signaler ceux qui sont en difficulté", espère Fabrice Dariot.
Si l'opaque milieu du football français a réussi à instaurer la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), en charge de contrôler la santé financière des clubs, l'industrie aérienne pourrait allègrement s'en inspirer.
Et l'optimisme est de mise du côté de l'ECTAA sur l'adoption d'un tel mécanisme : "je pense que le Parlement européen sera favorable, il y a enfin une opportunité politique de voir le Conseil voter pour ça. Il serait alors mis en oeuvre dans chaque Etat membre, selon une forme particulière."
Si personne ne peut empêcher une compagnie de déposer le bilan, l'Europe a les cartes en mains pour sécuriser les voyages des passagers et le travail des agents de voyages.
Dans le cadre de cette prospective, regardons l'unique pays ayant mis en place le filet de sécurité pour les agences de voyages.
Au Danemark, sur chaque billet vendu, les compagnies payent une prime, de Ryanair à Emirates. Les sommes récoltées alimentent le fonds de garantie pour couvrir les défaillances.
Fabrice Dariot partage cette volonté, tout en abordant l'idée d'une caution que déposeraient les transporteurs pour obtenir le droit de voler en Europe.
Mais le responsable de Bourse des Vols aimerait que IATA aille plus loin. "Elle devrait trier les compagnies, car elle ne filtre personne, alors que certaines compagnies représentent des risques majeurs pour les clients ou les agences. J'aimerais que IATA exerce un contrôle financier sur ses membres, elle pourrait les noter et signaler ceux qui sont en difficulté", espère Fabrice Dariot.
Si l'opaque milieu du football français a réussi à instaurer la Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), en charge de contrôler la santé financière des clubs, l'industrie aérienne pourrait allègrement s'en inspirer.
Et l'optimisme est de mise du côté de l'ECTAA sur l'adoption d'un tel mécanisme : "je pense que le Parlement européen sera favorable, il y a enfin une opportunité politique de voir le Conseil voter pour ça. Il serait alors mis en oeuvre dans chaque Etat membre, selon une forme particulière."
Si personne ne peut empêcher une compagnie de déposer le bilan, l'Europe a les cartes en mains pour sécuriser les voyages des passagers et le travail des agents de voyages.