Futuroscopie - La rugby... mania devient contagieuse ! 🔑

… On les voit d’ores et déjà défiler en petits groupes dans les rues de la capitale enflammée par une canicule sans précédent.

Déambuler, s’affaler sur les sièges des innombrables bars et brasseries parisiennes histoire d’assécher quelques monumentaux bocs de bière, voilà le programme des supporters qui font le voyage pour assister aux premiers matches de la Coupe du monde et soutenir leurs équipes.

Des supporteurs essentiellement masculins (encore) mais apparemment bien différents des fans de ballons ronds.

Car, quand on parle de rugby, on ne peut se passer de faire la comparaison entre les deux sports. Une comparaison utile car les deux publics ne se ressemblent pas.

Est-ce de ces lointaines origines aristocratiques dans la cour de la célèbre public-school de Rugby que le public des matches de rugby tire une certaine modération alors que le sport est particulièrement violent ? Sans doute.

Les chercheurs qui ont travaillé sur le sujet sont formels sur ce paradoxe. Ainsi, dans un article du magazine The Conversation., on peut lire que : « l’engouement pour le rugby témoigne à la fois de notre fascination pour la violence et de notre conscience qu’elle ne doit pas se déployer sans bornes ni garde-fous ».

Mieux, conclut l’article : « Puisqu’il nous faut composer avec la violence, le rugby offre précisément le spectacle d’une violence mise en examen ».

De plus, il convient de considérer que le rugby reste un sport bien plus confidentiel que le foot. Ne compte-t-il pas infiniment moins de supporters donc moins de risques de drainer des hordes de hooligans ?

Près de 5 milliards d’individus composent le public du foot, selon les estimations les plus répandues.

Près de 300 millions de joueurs sont dénombrés. La France seule compte environ 2.1 millions de licenciés du ballon rond contre environ 300 000 pour le rugby.

L’engouement pour le football est donc indéniablement largement supérieur à celui du rugby qui totalise environ 800 millions de supporteurs dans le monde dont 338 millions se définissent comme de vrais fans (Étude Nielsen 2018), ce qui représente une hausse de 24 % depuis 2013.

Cependant, précise la même étude : l'augmentation de fans est plus importante (+50 %) au sein de pays où le rugby n'est pas le sport le plus populaire comme le Brésil, la Chine, l'Inde, le Mexique et les USA.

Ainsi, la Chine et les USA comptent 33 millions de fans et l'Inde 25 millions. Quant au Japon qui organisa la Coupe du monde de rugby en 2019, il a connu la croissance la plus forte avec 14 millions de fans qui, d’une façon générale ont été contaminés par la passion de ce jeu via le rugby à 7.

Lire aussi : Coupe du Monde Rugby : Atout France lance Bienvenue en France

Parmi ces millions d’individus assidus des matches, Paris ne devrait pourtant accueillir que 600 000 d’entre eux dont un quart environ seront français et issus des régions traditionnellement passionnées de rugby, soit le grand sud-ouest, avec Toulouse notamment, la Nouvelle Aquitaine avec La Rochelle et l’île de France…

1. Football (3,5 milliards de fans) – popularité : Europe, Afrique, Asie et Amérique
2. Cricket (2,5 milliards de fans) – popularité : Asie, Australie et Royaume-Uni
3. Basketball (2,2 milliards de fans) – popularité : USA, Canada, Chine et Philippines
4. Hockey sur gazon (2 milliards de fans) – popularité : Europe, Afrique, Asie et Australie
5. Tennis (1 milliard de fans) – popularité : Europe, Amériques et Asie
6. Volley-ball (900 millions de fans) – popularité : Asie, Europe, Amériques et Australie
7. Tennis de table (850M de fans) – popularité : Asie, Europe, Afrique et Amériques
8. Baseball (500M de fans) popularité : États-Unis, Japon, Cuba et République dominicaine
9. Rugby/Football américain (410M de fans) : France, Angleterre, Nouvelle-Zélande, Afrique du Sud (rugby) et USA principalement (football américain)
10. Golf (390M de fans) – popularité : Europe, Asie, Amérique, Canada
Sources Rugby actu

Autres éléments ? L’âge moyen du supporter de ballon ovale a été estimé à 36 ans, soit deux ans de moins qu’il y a quelques années. Mais, il est d’autres éléments qui le caractérisent.

Premièrement, l’ovaliste tel qu’on le baptise désormais, vient principalement (outre la France) des pays qui ont inventé puis développé ce sport. Lesquels sont avant tout des pays anglophones, Afrique du sud en tête.

Suivent Irlande, l’Angleterre, Pays de Galles, Ecosse, Afrique du sud, Australie, Nouvelle Zélande… Et bien sûr la France où ce sport s’est développé dés 1870 et continue de se développer grâce à l’arrivée, entre autres, des « joueuses ».

On a donc affaire à un public plutôt européen où les codes de la civilité s’accordent et pour lesquels la segmentation suivante est plutôt valable allant des amateurs « pros » (ils ne ratent aucun match et pratiquent eux-mêmes le rugby), aux dilettantes (ils regardent les matches mais à la télévision seulement) et les opportunistes (ils ont eu un billet pas trop cher ou gratuit).

Avec entre les trois profils, toutes les nuances.

En matière de dépenses, donc de recettes pour la France, ces publics donnent des espérances immenses à la France en termes de recettes : on espère bien quelque 2 milliards d’euros de retombées économiques.

En se basant sur la dernière compétition internationale française : l’Euro 2016, le visiteur étranger avait dépensé 125 euros en moyenne par jour. Selon une étude BVA de 2022, outre les Français, le supporteur international devrait dépenser quotidiennement durant la Coupe du monde deux fois plus.

Quand on voit les tarifs des hôtels parisiens qui atteignent des pics faisant craindre le pire pour les prochains J.O, il est clair que des records de dépenses seront battus. Ils le seront d’autant plus que ces amateurs de festivités, sont des amateurs invétérés de bière qui, lors de la Coupe du Monde de 2015 en Angleterre, ont ingurgité six fois plus de bière que lors d’une rencontre de finale de football, souligne un économiste du sport cité par le journal 20 Minutes.

Quant au Japon en 2019, il a produit 70% de bière supplémentaire. Tandis qu’un patron de bar confirme : oui, les amateurs de rugby boivent 2 ou 3 fois plus que ceux de foot !

Sachant qu’une Coupe du monde de rugby est moins chère à organiser qu’une Coupe du monde de foot, le ballon ovale a toutes les chances de trouver acquéreur pour les prochaines compétitions.

Si l’on en croit la plateforme de marketing digitale Sojerm citée par notre confrère du Quotidien du tourisme, les demandes de vols vers la France ont connu une forte augmentation : +366 % sur la réservation de vols intérieurs, +267 % sur les vols européens et +127 % sur les vols internationaux dès l’ouverture de la billetterie

A l’appui de ce constat : en prenant en compte les pays des anciens vainqueurs du trophée Webb Ellis qui sont la Nouvelle Zélande, l’Angleterre, Australie, Afrique du sud, on obtient un revenu moyen par habitant de 40.500 dollars.

Rajoutez en favoris de cette édition 2023 l’Irlande (100.000 dollars par tête) et la France (43.000) et l’on obtient un portefeuille moyen nettement plus généreux que celui d’un amateur de foot, soit un Brésilien (7500 dollars) ou d’un Argentin (10.500 dollars).

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

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