Chaque année, le trait de côte recule de 2,50 mètres en Gironde, 1,70 mètres dans les Landes et que d’ici à 2050, l'océan devrait avancer de 50 mètres ! - Depositphotos.com Auteur OceanProd
Parmi les multiples images qui, quotidiennement, envahissent nos écrans : la destruction du Signal me semble mériter un débat. Emblème de la frénésie de construction des années soixante, Le Signal, cet immeuble de 78 appartements n’avait qu’un tort : celui d’être situé trop près de l’océan donc trop près des menaces d’érosion.
Édifié en 1967, évacué en 2014, il incarnait une époque euphorique au cours de laquelle le littoral s’équipait de nombreux hébergements destinés à accueillir les nouveaux vacanciers libérés quelques semaines d’été par les usines des Trente Glorieuses.
Attraction principale, la plage voyait sa fréquentation exploser. Tout allait bien puisqu’à la même époque étaient lancés les grands projets d’aménagement de la côte Aquitaine par la Miaca et ceux de la côte Languedoc-Roussillon par la mission Racine.
Comme l’Espagne, la France avait un rôle à jouer dans la course aux vacances que le vingtième siècle promettait sûr, prospère, glorieux. Pourtant malgré l’insouciance des années d’après-guerre, les experts savaient que la côte aquitaine était vulnérable. « Le trait de côte évoluait, explique l’un d’eux, chahuté en hiver par les grandes marées et la dilatation thermique des océans engendrant une élévation de leur niveau accentuée par la fonte des glaces polaires et continentales »…
Et, ces experts savent aussi aujourd’hui que ce n’est pas fini puisqu’en moyenne, chaque année, le trait de côte recule de 2,50 mètres en Gironde, 1,70 mètres dans les Landes et que d’ici à 2050, l'océan devrait avancer de 50 mètres !
Dans une autre région par exemple, à Wissant dans les Hauts de France, on n’a pas encore abattu d’habitations. Mais, une habitante explique qu’il y a dix ans, la mer était à 200 mètres de chez elle alors qu’aujourd’hui, elle n’est qu’à 60 mètres, et que seulement une petite dune sépare désormais sa maison de la plage, puis de la mer.
Mais, elle n’est pas la seule dans ce cas : 200 autres habitations sont menacées et selon la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), près de 400 000 personnes vivent sous le niveau de la mer dans la région.
A la pelle, les exemples de montée du niveau des eaux font trembler les populations côtières qui voient leur eldorado et le rêve de toute une vie parfois se lézarder.
Édifié en 1967, évacué en 2014, il incarnait une époque euphorique au cours de laquelle le littoral s’équipait de nombreux hébergements destinés à accueillir les nouveaux vacanciers libérés quelques semaines d’été par les usines des Trente Glorieuses.
Attraction principale, la plage voyait sa fréquentation exploser. Tout allait bien puisqu’à la même époque étaient lancés les grands projets d’aménagement de la côte Aquitaine par la Miaca et ceux de la côte Languedoc-Roussillon par la mission Racine.
Comme l’Espagne, la France avait un rôle à jouer dans la course aux vacances que le vingtième siècle promettait sûr, prospère, glorieux. Pourtant malgré l’insouciance des années d’après-guerre, les experts savaient que la côte aquitaine était vulnérable. « Le trait de côte évoluait, explique l’un d’eux, chahuté en hiver par les grandes marées et la dilatation thermique des océans engendrant une élévation de leur niveau accentuée par la fonte des glaces polaires et continentales »…
Et, ces experts savent aussi aujourd’hui que ce n’est pas fini puisqu’en moyenne, chaque année, le trait de côte recule de 2,50 mètres en Gironde, 1,70 mètres dans les Landes et que d’ici à 2050, l'océan devrait avancer de 50 mètres !
Dans une autre région par exemple, à Wissant dans les Hauts de France, on n’a pas encore abattu d’habitations. Mais, une habitante explique qu’il y a dix ans, la mer était à 200 mètres de chez elle alors qu’aujourd’hui, elle n’est qu’à 60 mètres, et que seulement une petite dune sépare désormais sa maison de la plage, puis de la mer.
Mais, elle n’est pas la seule dans ce cas : 200 autres habitations sont menacées et selon la DREAL (Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement), près de 400 000 personnes vivent sous le niveau de la mer dans la région.
A la pelle, les exemples de montée du niveau des eaux font trembler les populations côtières qui voient leur eldorado et le rêve de toute une vie parfois se lézarder.
Le conservatoire du littoral voit le jour en 1975 seulement !
Construire un immeuble à 200 mètres de la côte dans les années soixante était donc parfois une aberration.
D’autant que les scientifiques prévenaient que l’on pourrait protéger temporairement mais pas indéfiniment. Ce fut d’ailleurs l’une des raisons de la création du Conservatoire du littoral en 1975 dont la mission était de protéger les zones côtières des dégâts provoqués non pas par le changement climatique mais par l’urbanisation excessive des littoraux. Le véritable problème de l’époque.
Exceptionnel en Europe, le Conservatoire acquiert des sites, les gère et les anime grâce à un millier de « gardes du littoral » à qui incombe aussi la mission de guider une clientèle de visiteurs estimée à 40 millions !
Aujourd’hui, 750 sites sont détenus par le Conservatoire soit plus de 200 000 hectares, ce qui préserve 13 % du linéaire côtier
Quant à la Loi littoral, autre preuve de la prise de conscience environnementale, elle a dû attendre une dizaine d’années pour exercer son pouvoir. Entrée en vigueur en janvier 1986, elle était destinée à limiter les espaces constructibles au sein des communes littorales en distinguant les zones urbanisées (agglomérations et villages) des zones peu ou pas urbanisées. (A noter que la Loi Elan l’a modifiée pour intégrer une nouvelle catégorie d’espaces constructibles entre agglomérations, villages et zones d’urbanisation diffuse).
D’autant que les scientifiques prévenaient que l’on pourrait protéger temporairement mais pas indéfiniment. Ce fut d’ailleurs l’une des raisons de la création du Conservatoire du littoral en 1975 dont la mission était de protéger les zones côtières des dégâts provoqués non pas par le changement climatique mais par l’urbanisation excessive des littoraux. Le véritable problème de l’époque.
Exceptionnel en Europe, le Conservatoire acquiert des sites, les gère et les anime grâce à un millier de « gardes du littoral » à qui incombe aussi la mission de guider une clientèle de visiteurs estimée à 40 millions !
Aujourd’hui, 750 sites sont détenus par le Conservatoire soit plus de 200 000 hectares, ce qui préserve 13 % du linéaire côtier
Quant à la Loi littoral, autre preuve de la prise de conscience environnementale, elle a dû attendre une dizaine d’années pour exercer son pouvoir. Entrée en vigueur en janvier 1986, elle était destinée à limiter les espaces constructibles au sein des communes littorales en distinguant les zones urbanisées (agglomérations et villages) des zones peu ou pas urbanisées. (A noter que la Loi Elan l’a modifiée pour intégrer une nouvelle catégorie d’espaces constructibles entre agglomérations, villages et zones d’urbanisation diffuse).
L’euphorie des années soixante : le tout tourisme !
Si les années soixante-dix ont donc commencé à réaliser l’ampleur des menaces posées par le littoral, on ne peut en dire autant de la décennie précédente. Certes, on était conscient d’une menace, mais le responsable de la mission Racine qui a vu éclore toutes les stations du Languedoc-Roussillon dès la fin des années cinquante évoquait un autre problème, celui de la transformation d’une zone habitée par des locaux en une zone touristique.
Dans ses mémoires, Jean Racine s’est bel et bien interrogé : « Fallait-il transformer ce paysage étrange, si beau dans sa solitude et son dénuement presque sauvage ? » Pourtant, ajoutait-il : « le littoral était déjà gravement menacé au sud »…
Et, il regrettait également que tous ces moyens aient été mis uniquement sur le développement touristique, faisant passer la région du « tout viticole » au « tout tourisme » ! Ou presque ! Même le réseau routier « interplages » empruntant les fragiles lidos qui séparent les étangs de la Méditerranée n’avait pas été réfléchi en termes environnementaux !
Quant à la Miaca ( créée en 1967) elle accouchait sur la côte Aquitaine de stations destinées à des classes populaires de vacanciers dont la conception était elle aussi innovante pour l’époque : Seignosse, Cap Breton... Sauf qu’on ne s’est pas soucié non plus de les construire loin de l’eau mais les pieds dans l’eau, avant d’ajouter de secondes et troisièmes rangées d’habitations.
Dans ses mémoires, Jean Racine s’est bel et bien interrogé : « Fallait-il transformer ce paysage étrange, si beau dans sa solitude et son dénuement presque sauvage ? » Pourtant, ajoutait-il : « le littoral était déjà gravement menacé au sud »…
Et, il regrettait également que tous ces moyens aient été mis uniquement sur le développement touristique, faisant passer la région du « tout viticole » au « tout tourisme » ! Ou presque ! Même le réseau routier « interplages » empruntant les fragiles lidos qui séparent les étangs de la Méditerranée n’avait pas été réfléchi en termes environnementaux !
Quant à la Miaca ( créée en 1967) elle accouchait sur la côte Aquitaine de stations destinées à des classes populaires de vacanciers dont la conception était elle aussi innovante pour l’époque : Seignosse, Cap Breton... Sauf qu’on ne s’est pas soucié non plus de les construire loin de l’eau mais les pieds dans l’eau, avant d’ajouter de secondes et troisièmes rangées d’habitations.
Et puis, le changement climatique s’est manifesté
Il aura donc fallu attendre les premières catastrophes climatiques comme la tempête Xynthia pour mesurer l’ampleur des erreurs réalisées à une époque insouciante et se résoudre à l’évidence concernant la corrélation entre changement climatique et montée des eaux.
Si bien que les élus, pris au dépourvu pour certains, n’ont plus qu’à chercher des solutions capables de protéger les populations locales et touristiques, aidés par des cohortes de scientifiques dont les experts du GIP Aquitaine qui étudient sans relâche les évolutions du trait de côte et esquissent des projets de toutes sortes : protection des plages, réaménagement des stations, préservation des abords des lacs… (Lire le projet intitulé « Littoral 2030 »).
Si bien que les élus, pris au dépourvu pour certains, n’ont plus qu’à chercher des solutions capables de protéger les populations locales et touristiques, aidés par des cohortes de scientifiques dont les experts du GIP Aquitaine qui étudient sans relâche les évolutions du trait de côte et esquissent des projets de toutes sortes : protection des plages, réaménagement des stations, préservation des abords des lacs… (Lire le projet intitulé « Littoral 2030 »).
La délocalisation est-elle une solution ?
Mais, les solutions sont loin d’être évidentes. D’abord, elles sont souvent dérisoires comme le montrent les amoncellements de sacs de sable censés jouer le rôle de digues. De plus et surtout, l’idée de délocaliser les populations côtières est non seulement longue sur le plan juridique et catastrophique sur le plan humain.
Dix ans de procédure pour Le Signal. C’est beaucoup et quasiment infaisable. Comment démonter des stations entières et les remonter à l’intérieur des terres ? Lesquelles pourraient venir à leur tour à être inondées !
Sur la Côte d’Opale d’ailleurs, le chef de service commun de défense contre la mer du Pôle métropolitain de la Côte d'Opale (PMCO) explique : « S'il y a un risque dans les zones inondables, on devra revoir les choses, mais on ne va pas non plus déplacer Dunkerque à l'intérieur des terres » !
Dix ans de procédure pour Le Signal. C’est beaucoup et quasiment infaisable. Comment démonter des stations entières et les remonter à l’intérieur des terres ? Lesquelles pourraient venir à leur tour à être inondées !
Sur la Côte d’Opale d’ailleurs, le chef de service commun de défense contre la mer du Pôle métropolitain de la Côte d'Opale (PMCO) explique : « S'il y a un risque dans les zones inondables, on devra revoir les choses, mais on ne va pas non plus déplacer Dunkerque à l'intérieur des terres » !
Une inversion immobilière inédite
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… En tout cas, pour le moment, certains agents immobiliers continuent à vendre des biens pourtant menacés. « Les clients veulent acheter une carte postale », expliquent-ils. Alors pourquoi les contrarier ?
Pourtant, si l’on saute de l’autre côté de l’Atlantique en Floride, la situation comparable fournit une vision du futur. D’une part, on attend une montée des eaux d’ici 2050 d’encore 150 cm et on estime qu’environ 5 millions de la population vit déjà à plus d’un mètre au-dessous du niveau de l’eau.
Un phénomène qui pousse les populations les plus nanties à quitter les bords de mer pour s’installer dans les hauteurs des villes, là où elles seront le mieux protégées. Ce n’est donc plus en bord de mer que les prix de l’immobilier flambent. Une révolution !
.. Mais, une révolution qui, là comme ailleurs, doit être prise très au sérieux car elle ne touchera pas que la Floride. Les 250 millions de réfugiés climatiques que l’on prévoit déferleront alors partout où ils peuvent. Et certains parleront peut-être le français !
Pourtant, si l’on saute de l’autre côté de l’Atlantique en Floride, la situation comparable fournit une vision du futur. D’une part, on attend une montée des eaux d’ici 2050 d’encore 150 cm et on estime qu’environ 5 millions de la population vit déjà à plus d’un mètre au-dessous du niveau de l’eau.
Un phénomène qui pousse les populations les plus nanties à quitter les bords de mer pour s’installer dans les hauteurs des villes, là où elles seront le mieux protégées. Ce n’est donc plus en bord de mer que les prix de l’immobilier flambent. Une révolution !
.. Mais, une révolution qui, là comme ailleurs, doit être prise très au sérieux car elle ne touchera pas que la Floride. Les 250 millions de réfugiés climatiques que l’on prévoit déferleront alors partout où ils peuvent. Et certains parleront peut-être le français !
Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.
Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.
Contact : 06 14 47 99 04
Mail : touriscopie@gmail.com
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