Futuroscopie - Les vacances plurielles des enfants 🔑

Ces séjours (colonies, camps scouts, stages sportifs, séjours linguistiques, etc.) sont même perçus comme une chance pour l’enfant, en particulier pour les 11-18 ans qui les plébiscitent à plus de 70%. Cette bonne opinion est d’autant plus fréquente que parents et enfants ont déjà expérimenté vacances et activités collectives. - Depositphotos.com Auteur karelnoppe

Premier mode de garde de nos jeunes vacanciers quand les parents ne sont pas disponibles : les grands parents (environ 30%) qui, soit assurent la garde dans leur domicile, soit dans une résidence secondaire, soit au domicile des parents et enfants, soit dans un lieu de vacances payant de type locations façon Pierre & Vacances, croisières comme tous les croisiéristes en proposent, villages-clubs comme Belambra ou n’importe quel village du tourisme associatif.

Mais, ces grands-parents assumant les fonctions de « papy-sitters » dans des structures marchandes sont peu nombreux, compte tenu des coûts que représente un séjour intergénérationnel. Ils préfèrent donc en général une garde à domicile ponctuée d’activités de loisirs extérieures et intérieures, favorisant par la même occasion une transmission de l’histoire familiale.

Certes, les gratuités et promotions existent et sont de plus en plus nombreuses de façon à rendre l’offre plus accessible et à fidéliser une clientèle qui, une fois adulte, pourra revenir vers des destinations et des formules de séjours expérimentées plus jeunes.

Si les grands parents constituent un mode de garde prisé à la fois par les jeunes et par leurs aînés, notons que celui-ci il convient plus à des moins de 10 ans qu’à des pré adolescents et adolescents en quête d’indépendance, liberté et surtout de conformisme social. Pour eux, les » papy sitters » constituent un pis-aller auquel ils se soumettent faute de mieux. Excepté quand il s’agit de les accompagner dans un voyage exotique : USA, Égypte, Chine… des destinations qui peuvent les faire saliver.

Le retour en grâce des séjours collectifs

Réalisée par le Crédoc, la troisième enquête pour l’Observatoire des Vacances et des Loisirs des Enfants et des Jeunes (Ovlej) qui s’est intéressée aux départs en vacances des 5-19 ans, démontre que 62 % des 5-19 ans sont partis en vacances au moins une fois au cours de l’année 2023.

Comme, depuis de nombreuses années, les 5-19 ans partent majoritairement avec leurs parents. Mais les séjours collectifs ne sont pas délaissés : un quart des jeunes ayant bénéficié de vacances est parti au moins une fois en séjour collectif, un taux en nette augmentation depuis 2022.

Ces séjours (colonies, camps scouts, stages sportifs, séjours linguistiques, etc.) sont même perçus comme une chance pour l’enfant, en particulier pour les 11-18 ans qui les plébiscitent à plus de 70%. Cette bonne opinion est d’autant plus fréquente que parents et enfants ont déjà expérimenté vacances et activités collectives. Contrairement aux apparences, la « colo » ne décline donc pas autant qu’elle a eu tendance à le faire, il y a quelques années. Déclin lié essentiellement à des problèmes de mœurs et de sécurité sur place et dans les modes de transports.

Sans compter l’écueil économique qui éloigne la classe-moyenne ne bénéficiant pas d’aides (C.E, CAF, chèques vacances, municipalités) de ces séjours objectivement coûteux : 714 euros pour 7 jours dans les Pyrénées ou 835 euros pour un séjour linguistique à Malte ! C’est beaucoup. C’est d’autant plus onéreux que, ne l’oublions pas que le budget moyen des vacances estivales pour un foyer s’élève à moins de 2300 euros en France. (Baromètre 2024 d’Europ Assistance).

Enfin, l’enquête du Crédoc démontre également que les enfants inscrits au cours de l’année à des activités collectives sont aussi ceux qui partent le plus souvent en vacances dans le cadre de séjours collectifs.

En 2023, 81 % des 5-19 ans sont partis avec leurs parents en vacances. Une proportion qui grimpe à 87 % chez les 5-7 ans.
Lorsqu’ils ne partent pas avec leurs parents, ce sont les vacances avec d’autres membres de la famille, comme les grands-parents, qui ont la faveur des Français.

35,0 % des enfants des foyers avec un seul enfant sont partis sans leurs parents, 44,8 % pour les foyers avec deux enfants et 50,4 % pour les foyers avec trois enfants.

Après la chute des années Covid, on dénombre en 2023 : 1.3 million de départs d’enfants et adolescents en « colos ». (Source : INJEP).

Lire aussi : Lien social en vacances : illusion ou réalité ? 🔑

Restent heureusement les centres aérés

Pour éviter l’usage abusif de la télévision et l’ordinateur, les jeux vidéo et les réseaux sociaux qui empoisonnent la vie des jeunes et de leurs parents, le centre aéré  dépanne beaucoup des 8 millions de familles avec enfants que compte  l’Hexagone puisque l’on recense dans ces structures, près de 4 millions  d’enfants accueillis. 

Mais, ces centres dépannent surtout les populations les plus fragiles dont les enfants du même coup ont tendance à se sentir en  situation d’exclusion. Cette situation d’exclusion est aussi vécue par les enfants ne partant en vacances que par le biais d’un séjour en  « colo » ! 

Cohabitant avec des jeunes de milieux aisés combinant vacances  en familles et « colos », certains d’entre eux vivent mal la confrontation avec un univers auquel ils n’appartiennent pas !

Lire aussi : Colos, un retour aux fondamentaux 🔑

Vacances en familles : sympas mais pas sans risques de conflit

Et puis enfin, il y a les heureux qui peuvent partir avec leurs parents.  Quand on sait que plus de 40% de nos compatriotes – de plus de 15 ans‐ ne partiront pas cette année et que plus de 40% des partants, ne partiront qu’une fois, les petits privilégiés qui prennent des vacances  plusieurs fois par an, ne sont donc pas les plus nombreux. Loin s’en faut. 

Par  ailleurs, contrairement aux apparences habilement façonnées par des  médias toujours promptes à enjoliver le bonheur des retrouvailles ressenti par les  familles en vacances, la réalité est parfois plus terne. Non seulement en amont, au  moment du choix de la destination. Mais aussi durant le trajet, assez mal  vécu par les enfants. Puis, sur place, où les activités, l’ambiance, la nourriture peuvent générer des conflits.
 
Parmi les sujets épineux : une enquête de Tripadvisor notait que la nourriture est bel et bien un thème récurrent de plainte : 56% des enfants se  montreraient difficiles et exigeants par rapport à leur assiette contre un  petit quart d’adultes. 

Les activités ne se partagent pas non plus sans heurts d’autant que les téléphones portables constituent un ennemi redoutable des loisirs traditionnels sportifs ou culturels.

Certes, un bon ballon de football, une piscine, une paire de ski, de la musique sont toujours appréciés des plus jeunes et des adolescents. Mais n’oublions pas qu’alors que la consommation de smartphones ne devrait pas excéder 2 heures quotidiennes, nombreux sont les enfants « scrollant » indéfiniment sur leurs réseaux. D’où la nécessité de proposer un maximum d’activités de plein air à des jeunes enclins à l’obésité, la dépression, la déconcentration.

Les enfants des « autres » ! 

Autres articles

Enfin et surtout, alors que, dans le cadre d’une enquête traditionnelle, il  est rare que l’on stigmatise la proximité d’enfants en bas âge, dans les  enquêtes en ligne, ceux‐ci sont plus faciles à critiquer. Si Tripadvisor évalue à 43% le nombre de Français agacés par les petits, le pourcentage n’est probablement pas surfait. 

Les  cris, les galopades dans les couloirs, les coups de pieds sur le siège arrière  de l’avion, les plongeons dans la piscine... comptent parmi les principales sources d’agacement. Mais,  les parents sont aussi un sujet de plainte récurrent. Même les plus polis et les plus calmes ont en effet tendance à se révéler aussi insupportables  que leur progéniture, dans l’adversité, ou au contraire, totalement  impassibles et indifférents aux nuisances causées par leurs enfants ! 
 
A tel point que 48% des voyageurs sans enfants, seraient prêts à payer  plus cher pour accéder à une destination interdite aux enfants ou à un espace isolé des petits dans un avion, un train, un paquebot. Ce sont donc bien nos chérubins qu’il s’agit d’occuper pour protéger la paix des voyageurs ! 

Bravo le vivre ensemble et la mixité sociale et générationnelle !      
 
Sources : Credoc : octobre 2024. « Après la crise sanitaire, les séjours collectifs gardent leur attrait ».

Josette Sicsic - DR

Journaliste, consultante, conférencière, Josette Sicsic observe depuis plus de 25 ans, les mutations du monde afin d’en analyser les conséquences sur le secteur du tourisme.

Après avoir développé pendant plus de 20 ans le journal Touriscopie, elle est toujours sur le pont de l’actualité où elle décode le présent pour prévoir le futur. Sur le site www.tourmag.com, rubrique Futuroscopie, elle publie plusieurs fois par semaine les articles prospectifs et analytiques.

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