Bien sûr il est facile d’entretenir le mythe qu’Air France est beaucoup trop stratégique pour que l’Etat la laisse tomber. Sauf que c’est tout simplement impossible. Non pas que les Gouvernements ne le souhaiteraient pas, mais les règles Communautaires s’y opposent. /photo AF
J’avais le choix entre plusieurs sujets d’éditoriaux cette semaine.
A savoir : la bagarre en Belgique entre Ryanair et Brussels Airlines, la farouche lutte qui s’annonce en France pour le contrôle des grands aéroports régionaux entre easyJet et Air France, l’entrée puissante des compagnies du Golfe dans les compagnies européennes.
Bref l’actualité était fournie. Mais c’est finalement le communiqué des syndicats d’Air France appelant à la grève pour le 30 mars prochain qui a retenu mon attention.
C’est d’abord une triste nouvelle. Pour les passagers - dirais-je les clients ?
Ils ne trouveront pas les transports sur lesquels ils comptaient. Pour les responsables des programmes de la Compagnie pour lesquels la remise en route des exploitations perturbées constitue un vrai casse-tête, surtout au moment du changement traditionnel des programmes avant la saison estivale.
Pour la compagnie Air France elle-même qui va encore perdre dans cette affaire un argent dont elle a bien besoin. Mais surtout pour le personnel de cette grande compagnie qui scie avec une grande constance et une énorme énergie la branche sur laquelle il est assis.
De quoi s’agit-il au fond ?
Si j’ai bien lu le communiqué, il s’agit de défendre une fois de plus les « privilèges acquis » d’ailleurs de haute lutte au fur et à mesure des conflits sociaux à répétition.
Le communiqué indique que les personnels d’Air France sont et restent très attachés à leur compagnie. C’est bien le moins qu’ils puissent faire car sans elle, finis les avantages, les salaires confortables, les horaires d’une grande souplesse.
A savoir : la bagarre en Belgique entre Ryanair et Brussels Airlines, la farouche lutte qui s’annonce en France pour le contrôle des grands aéroports régionaux entre easyJet et Air France, l’entrée puissante des compagnies du Golfe dans les compagnies européennes.
Bref l’actualité était fournie. Mais c’est finalement le communiqué des syndicats d’Air France appelant à la grève pour le 30 mars prochain qui a retenu mon attention.
C’est d’abord une triste nouvelle. Pour les passagers - dirais-je les clients ?
Ils ne trouveront pas les transports sur lesquels ils comptaient. Pour les responsables des programmes de la Compagnie pour lesquels la remise en route des exploitations perturbées constitue un vrai casse-tête, surtout au moment du changement traditionnel des programmes avant la saison estivale.
Pour la compagnie Air France elle-même qui va encore perdre dans cette affaire un argent dont elle a bien besoin. Mais surtout pour le personnel de cette grande compagnie qui scie avec une grande constance et une énorme énergie la branche sur laquelle il est assis.
De quoi s’agit-il au fond ?
Si j’ai bien lu le communiqué, il s’agit de défendre une fois de plus les « privilèges acquis » d’ailleurs de haute lutte au fur et à mesure des conflits sociaux à répétition.
Le communiqué indique que les personnels d’Air France sont et restent très attachés à leur compagnie. C’est bien le moins qu’ils puissent faire car sans elle, finis les avantages, les salaires confortables, les horaires d’une grande souplesse.
Rien à attendre de la part du Gouvernement
Depuis des années Air France a donné l’image d’une compagnie qui ne travaillait que pour son personnel. Chaque fois qu’il a fallu faire des baisses de charges, celles-ci ont été faites non pas à son détriment, mais à celui des clients et des fournisseurs.
Seulement, voilà, ce temps là est révolu.
Le produit a été dégradé au point qu’il est arrivé, tout au moins pour le court/moyen-courrier, au niveau des « Low Costs ».
Pas moyen dans ce contexte de gagner encore de ce côté-là. Difficile également de trouver des économies auprès des prestataires de services extérieurs, lesquels ont été suffisamment laminés au cours des dernières années.
Contrairement à beaucoup d’espoirs formulés par les salariés que l’on peut rencontrer, rien à attendre non plus de la part du Gouvernement.
Bien sûr il est facile d’entretenir le mythe qu’Air France est beaucoup trop stratégique pour que l’Etat la laisse tomber. Sauf que c’est tout simplement impossible. Non pas que les Gouvernements ne le souhaiteraient pas, mais les règles Communautaires s’y opposent.
Et la messe est dite comme ont pu s’en rendre compte les salariés de Malev récemment et même d’Alitalia il n’y a pas si longtemps, en dépit de tous les efforts faits par Mr Berlusconi pour recapitaliser le transporteur national italien.
Il est temps, plus que temps que les salariés d’Air France se rendent compte que leur avenir est uniquement en eux. Les charges salariales et les niveaux de productivité sont tout simplement incompatibles avec la survie de la compagnie.
Seulement, voilà, ce temps là est révolu.
Le produit a été dégradé au point qu’il est arrivé, tout au moins pour le court/moyen-courrier, au niveau des « Low Costs ».
Pas moyen dans ce contexte de gagner encore de ce côté-là. Difficile également de trouver des économies auprès des prestataires de services extérieurs, lesquels ont été suffisamment laminés au cours des dernières années.
Contrairement à beaucoup d’espoirs formulés par les salariés que l’on peut rencontrer, rien à attendre non plus de la part du Gouvernement.
Bien sûr il est facile d’entretenir le mythe qu’Air France est beaucoup trop stratégique pour que l’Etat la laisse tomber. Sauf que c’est tout simplement impossible. Non pas que les Gouvernements ne le souhaiteraient pas, mais les règles Communautaires s’y opposent.
Et la messe est dite comme ont pu s’en rendre compte les salariés de Malev récemment et même d’Alitalia il n’y a pas si longtemps, en dépit de tous les efforts faits par Mr Berlusconi pour recapitaliser le transporteur national italien.
Il est temps, plus que temps que les salariés d’Air France se rendent compte que leur avenir est uniquement en eux. Les charges salariales et les niveaux de productivité sont tout simplement incompatibles avec la survie de la compagnie.
Sont-ils conscients que les clients disposent de solutions alternatives ?
Les comptes sont suffisamment explicites sur ce constat.
Cela signifie que les sacrifices, car sacrifices il y aura certainement, sont maintenant à faire par eux. Ce n’est pas agréable à entendre, mais plus tôt le constat sera fait, moins douloureuse sera l’addition.
Oh, certes, la fin d’Air France n’est pas pour tout de suite, ni même pour demain. La compagnie dispose encore de liquidités importantes et d’une ligne de crédit de plus d’un milliard d’Euros.
Ce n’est pas rien et ce ne sera pas trop pour passer le cap difficile, à la condition que la nouvelle direction trouve un peu de compréhension de la part de ses salariés.
Les syndicats espèrent, je cite, que « les voyageurs, conscients des risques qui pèsent sur le personnel d’Air France, seront solidaires du mouvement ». Alors là les bras m’en tombent !
Les responsables syndicaux sont-ils à ce point obtus pour imaginer que la complicité des clients leur sera encore acquise pour défendre leurs privilèges, alors qu’ils se fichent éperdument d’eux ?
Sont-ils conscients que ces mêmes clients disposent de solutions alternatives ? Pourquoi donc seraient-ils solidaires de personnes qui affichent sans vergogne un égoïsme à ce point arrogant ?
Ce qui se passe n’est pas bien, ni pour le transport aérien français, ni pour ses clients, ni même pour ceux que les syndicats sont censés défendre, alors qu’ils feraient beaucoup mieux d’expliquer la situation et la nécessité de faire, enfin, les efforts qui n’ont pas été accomplis alors qu’il était encore temps.
Le nouveau Président de la compagnie a des jours difficiles devant lui. Le moins qu’il puisse espérer est d’avoir la complicité des personnes dont au final il sauvera l’emploi, quitte à ce que les conditions de travail soient revues.
Nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance.
Cela signifie que les sacrifices, car sacrifices il y aura certainement, sont maintenant à faire par eux. Ce n’est pas agréable à entendre, mais plus tôt le constat sera fait, moins douloureuse sera l’addition.
Oh, certes, la fin d’Air France n’est pas pour tout de suite, ni même pour demain. La compagnie dispose encore de liquidités importantes et d’une ligne de crédit de plus d’un milliard d’Euros.
Ce n’est pas rien et ce ne sera pas trop pour passer le cap difficile, à la condition que la nouvelle direction trouve un peu de compréhension de la part de ses salariés.
Les syndicats espèrent, je cite, que « les voyageurs, conscients des risques qui pèsent sur le personnel d’Air France, seront solidaires du mouvement ». Alors là les bras m’en tombent !
Les responsables syndicaux sont-ils à ce point obtus pour imaginer que la complicité des clients leur sera encore acquise pour défendre leurs privilèges, alors qu’ils se fichent éperdument d’eux ?
Sont-ils conscients que ces mêmes clients disposent de solutions alternatives ? Pourquoi donc seraient-ils solidaires de personnes qui affichent sans vergogne un égoïsme à ce point arrogant ?
Ce qui se passe n’est pas bien, ni pour le transport aérien français, ni pour ses clients, ni même pour ceux que les syndicats sont censés défendre, alors qu’ils feraient beaucoup mieux d’expliquer la situation et la nécessité de faire, enfin, les efforts qui n’ont pas été accomplis alors qu’il était encore temps.
Le nouveau Président de la compagnie a des jours difficiles devant lui. Le moins qu’il puisse espérer est d’avoir la complicité des personnes dont au final il sauvera l’emploi, quitte à ce que les conditions de travail soient revues.
Nous ne pouvons que lui souhaiter bonne chance.
Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com