Grève Lufthansa : les pilotes veulent leur part du gâteau

La grève se poursuit au sein de la compagnie Lufthansa.

Après une semaine de conflit, les pilotes et la direction ne sont toujours pas parvenus à se mettre d’accord sur la réforme du système de départ en retraite anticipé et les augmentations de salaire.

Le syndicat Vereinigung Cockpit s’inquiète également de l’embauche de pilotes à des conditions de rémunérations inférieures pour opérer les avions d’Eurowings, la filiale lowcost loisirs.

Il dénonce surtout l’absence d’augmentation salariale depuis cinq ans, et ceci en dépit des excellents résultats financiers de l’entreprise.

Lufthansa a engrangé 1,7 milliard d'euros de résultat net en 2015, contre 55 millions d'euros l'année précédente.

Les pilotes aimeraient ainsi avoir une partie du gâteau et réclament une hausse rétroactive de 3.66% sur cette période.

De son coté, la direction a proposé, mercredi 30 novembre 2016, une augmentation de rémunération de 4,4% en deux étapes, d'abord 2,4% pour 2016 et 2% supplémentaires pour 2017.

“Nous voulons retourner à la table des négociations le plus rapidement possible", assure dans un communiqué Bettina Volkens, la directrice des ressources humaines.

Sur son compte Twitter, le syndicat se réjouit d’avoir reçu de nombreux soutiens européens, comme celui de l’association des pilotes islandais et de l’association des pilotes britanniques BALPA.

Ils ont également reçu un message des sections américaines et tchèques du syndicat ALPA, ainsi que l’union policière de Croatie (étonnant !).

Ove Heilmann Groden, le président de la section danoise du syndicat ALPA leur a envoyé un long message.

« Nos négociations avec Air Greenland ont échoué. Ils nous ont offert une augmentation de salaire symbolique, après six ans sans aucune solution et encore plus de journées de travail.

Les responsables n’ont pourtant aucun problème pour obtenir des augmentations, et ils nous disent qu’augmenter les pilotes couterait trop cher, car nos salaires sont déjà très élevés (...) ».

Une direction qui s’augmente sans en faire profiter ses salariés ? La situation est similaire chez Lufthansa.

En effet, si on examine les salaires des trois membres les mieux payés du directoire, on remarque que tous ont été augmentés entre 2014 et 2015.

Le PDG, Carsten Spohr, a gagné 2,674 millions d’euros l'an passé, contre 2,07 millions d’euros en 2014. Soit une hausse de 29%.

Simone Menne, la directrice financière, a gagné 1,91 million d’euros en 2015 contre 1,535 en 2014. Soit une croissance de 24%.

Bettina Volkens, responsable des ressources humaines et des affaires juridiques, a gagné 1,842 million d’euros contre 1,481 million d’euros en 2014. Soit également 24% supplémentaires.

Certes, ces salaires incluent une part variable, liée à la valorisation boursière de l’entreprise.

Mais même si on enlève cette donnée, la rémunération « basique » des trois dirigeants a quand même pris 16% pour le PDG et 5% pour les deux autres membres du directoire, dont le salaire net est similaire.

Au final, ce bras de fer entre la direction et les pilotes a déjà entraîné l’annulation de 4 450 vols et a touché 525 000 voyageurs. Il s’agit du 15e mouvement social au sein de la compagnie depuis le printemps 2014.