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Impact sur l'environnement : print ou numérique ? Le match ! 🔑

1er volet de notre série communication numérique ou papier : faut-il choisir ?


On nous le dit à longueur de journée : il faut éviter le papier et passer au tout numérique. Le Gouvernement a même fait de la numérisation une priorité pour les démarches administratives. Une bonne idée ? Pas forcément.


Rédigé par le Mardi 3 Janvier 2023

Entre la communication papier et la communication numérique, pas simple d'évaluer lequel a l'empreinte la plus élevée - DR : bank-phrom-unsplash
Entre la communication papier et la communication numérique, pas simple d'évaluer lequel a l'empreinte la plus élevée - DR : bank-phrom-unsplash
Aujourd’hui, on ne peut plus se passer du numérique. À l’inverse, le papier, lui, n’est plus indispensable. On le voit s’accumuler dans les poubelles, ne pas être toujours (bien) recyclé.

En revanche, on voit moins l’impact du numérique, dont on nous dit qu’il faut réduire le nombre de mails ou de pièces jointes.

Mais le papier est-il pour autant néfaste, et le numérique est-il, de son côté, préférable ? Doit-on privilégier l'un ou l'autre, voire remplacer l’un par l’autre ?

Se poser la question « papier ou numérique », c’est se poser la question de l’analyse du cycle de vie (ACV).

En quoi ça consiste ? Comme son nom l’indique, l’ACV s’intéresse à l’intégralité de la vie d’un produit, d’un service ou d’un procédé.

Depuis l’utilisation de matières premières, la fabrication, la logistique et le stockage, jusqu’à l’utilisation, le recyclage et enfin, la fin de vie du produit et sa destruction. Les méthodes de calculs de l’ACV sont régies par les normes ISO 14040 à 14043 depuis les années 90.

Pour l’ADEME, « l’analyse du cycle de vie est l'outil le plus abouti en matière d’évaluation globale et multicritère des impacts environnementaux ».

Quel est le poids du papier versus celui du numérique et, pour une entreprise, comment changer les habitudes ?


Le papier : une industrie très réglementée et des politiques RSE à l’oeuvre

Le papier représente 40% de l’exploitation forestière. Un chiffre énorme, qui transforme nos forêts riches en biodiversité en champs d’arbres en monoculture.

Cependant, le papier n’est pas responsable de la déforestation, qui est surtout due à l’agriculture intensive et au prélèvement de bois exotiques pour l’ameublement.

L’industrie est suffisamment surveillée et réglementée pour permettre de réduire considérablement son empreinte - du moins, en Europe : et l’ACV du papier est relativement facile à tracer.

Ainsi, la majorité des papetiers est certifiée en gestion durable des forêts, via les normes FSC ou PEFC. Ils doivent aussi répondre à des normes environnementales strictes dans le recyclage des eaux usées.

Depuis l’extraction de la cellulose de la fibre de bois jusqu’au blanchiment des feuilles, le papier est gourmand en eau. Mais l’obligation de recyclage des eaux usées permet à 90% des eaux prélevées d’être restituées dans les conditions environnementales déterminées par la loi - du moins en Europe.

Résultat : entre les années 80 et 2014, l’industrie du papier a réduit de 80% sa consommation d’eau, d'après les conclusions de l'étude « Gestion de l’eau par les industriels » de Sylvie Nivelon, ingénieure en recherche au Centre technique du papier.

Même l’énergie nécessaire à la fabrication du papier est désormais plutôt bien gérée : 50% de l’énergie provient de la biomasse (récupération des déchets du bois) et certains sont désormais en autosuffisance.

Ecofolio est l'organisme en charge de la collecte et du recyclage des papiers en France
Ecofolio est l'organisme en charge de la collecte et du recyclage des papiers en France
Un tableau qu’il faut cependant moduler : « La pâte à papier qui entre dans la fabrication de ces papiers est une ressource mondialisée, au même titre que le blé, le maïs ou le soja, explique le WWF dans un rapport récent.

Elle se transporte partout dans le monde et les producteurs de papier en importent de partout. Un produit “Fabriqué en France” ne garantit donc pas forcément que la pâte à papier soit française.»

De plus, « les normes environnementales de qualité pour les usines de pâte à papier et les imprimeries, très développées en Europe, ne le sont pas toujours autant ailleurs dans le monde ».

Ce sont les produits chimiques : colorants, vernis, résines, imperméabilisants ou biocides utilisés après la coupe pour conserver la pâte (notamment lorsqu’elle vient de loin) qui « coûtent » le plus à l’industrie. Le chlore pour le blanchiment est interdit en Europe, mais il est remplacé par d’autres agents qui, s’ils sont moins nocifs, ne sont pas anodins non plus. Enfin, les encres aussi utilisent des additifs, du pétrole et du plastique pour des cartouches trop peu recyclées.

Le recyclage du papier réduit considérablement les dépenses en eau, en énergie et en agents blanchissants. Un papier peut être recyclé en moyenne 5 fois sans que la fibre ne soit abimée… Encore faut-il que les entreprises intègrent le recyclage du papier et des cartouches dans leur politique RSE.

Le numérique : une empreinte environnementale et sociale en pleine croissance

Le numérique aussi a une empreinte. Il dépense de l’énergie, et pas qu’un peu. Au global et selon les derniers rapports du GIEC, le numérique, c’est 4 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde (2.5 % en France).

En cause, la circulation et le stockage de nos données, dans une moindre mesure, l’énergie dépensée lors de l’usage, mais aussi et surtout les appareils (smartphones, écrans, ordinateurs, datacenters...) qui représentent environ 80 % des dépenses liées au numérique dans le monde (70 % en France).

Des chiffres qui sont appelés à augmenter avec la multiplication des usages, l’augmentation du nombre d’utilisateurs et l’avancée des technologies.

La 5G, par exemple, rend, de fait, obsolètes les modèles de smartphones qui n’en sont pas équipés, mais aussi les infrastructures qui ne lui sont pas dédiées. Plus rapide, elle augmente le nombre de données qui circulent et donc, d’énergie et de stockage.
illustration DR Green IT
illustration DR Green IT

« Selon le pré-rapport de la mission d’information sur l’empreinte environnementale du numérique du Sénat, les émissions en GES du numérique pourrait augmenter de manière significative si rien n’est fait pour en réduire l’empreinte : + 60 % d’ici à 2040, soit 6,7 % des émissions de GES nationales » indique l’Arcep (l’Autorité de régulation des communications électroniques des postes et de la distribution de la presse).

De son côté, Green IT, l’association de référence sur la question élargit l’impact du numérique.

Dans une étude sur l’évolution des usages entre 2010 et 2025 l’association note une pression sur les sources d’eau douce (essentiellement dans la fabrication des équipements) et l’épuisement des ressources en minerais.

Des données qui nous impactent directement : « D’un point de vue social / sociétal, le quintuplement du poids du numérique en 15 ans ne peut qu’augmenter les tensions sur les matières premières et notamment renforcer le rôle des minerais dans le financement des conflits armés en Afrique et en Asie, d’où l’appellation de "minerais des conflits" ».

Un exemple concret pour la communication des entreprises

scénarios proposés par l'étude Quantis pour La Poste
scénarios proposés par l'étude Quantis pour La Poste
Alors qu’elle développe largement ses outils numériques, La Poste a voulu comparer de manière plus précise les problématiques des entreprises pour leur communication.

Pour une étude comparative objective, elle s’est appuyé sur Quantis, un cabinet de conseil en développement durable indépendant, qui a travaillé à partir des normes ISO de calcul de l’ACV.

16 critères ont été évalués pour comparer 5 scénarios (voir photos ci-dessous) dont les résultats sont sans appel : l’empreinte environnementale et humaine de la solution numérique est plus forte que celle de la solution « print » dans 4 scénarios sur 5.

Deux scénarios pourraient concerner plus particulièrement le tourisme, puisqu’ils concernent la création de catalogues.

indicateurs proposés par l'étude Quantis pour La Poste
indicateurs proposés par l'étude Quantis pour La Poste
Avec 13 indicateurs sur 16 favorables au papier, préférez un imprimé en format A5 de 16 pages sur un papier de qualité (grammage important) à un emailing (photo et texte court) renvoyant vers un site vitrine avec vidéos HD.

Avec 12 indicateurs sur 16 favorables au numérique, préférez un emailing (photo et texte court) renvoyant vers un e-shop sans vidéo à un catalogue en format A4 de 36 pages sur un papier au grammage très fin.

Pour résumer : Pour un catalogue qui marque l'esprit, préférez le papier ; pour un catalogue à portée informative, préférez le numérique sans vidéo.

Pourquoi ne pas créer un support papier de qualité qui sera marquant, avec un QR code renvoyant vers une version en ligne de votre catalogue ?

Le choix vous revient !

À lire prochainement...

Il existe des solutions toutes simples pour réduire l’impact de votre communication, qu’elle soit imprimée ou numérique. On vous livre quelques trucs et astuces d’écoconception à mettre en place dans deux prochains articles !

A lire : Communication print : l’écoconception pour les nuls 🔑


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