En moins de 7 ans, Kingfisher a aligné 2 milliards de dollars de pertes soit tout de même 782.000 euros par jour - DR : Wikipédia
La première et sans doute la faute majeure de Vijay Mallya, le fondateur et propriétaire de Kingfisher Airlines, a été de perdre très vite le sens des réalités.
Pensez donc : la compagnie a effectué son premier vol le 9 mai 2005 et dès le salon du Bourget suivant, c’est-à-dire en juin de la même année, Vijay Mallya commandait sans sourciller 5 Airbus 380, 5 A 350 dont il était le client de lancement, 5 A 330-200 suivis au salon de Dubaï de 2005 toujours de 5 A 340-500, de 30 A 319/320 et de 20 ATR 72-500.
De quoi constituer une flotte certes logée chez seulement deux constructeurs, mais déjà totalement compliquée à opérer puisqu’elle mélangeait des jets courts et long-courriers et des turbopropulseurs en quantité.
Et bien évidemment Mr Vijay Mallya est devenu presque instantanément une vedette mondiale ce que son statut de brasseur ne lui permettait certainement pas d’atteindre.
Bref, il n’y en avait que pour lui dans les médias, de quoi « péter les plombs » comme on dit vulgairement.
Et en Inde la compagnie est rapidement devenue incontournable, allant jusqu’à racheter Air Deccan qui opérait des destinations domestiques en ATR, ce qui a fait de Kingfisher le plus gros utilisateur d’ATR au monde.
Pensez donc : la compagnie a effectué son premier vol le 9 mai 2005 et dès le salon du Bourget suivant, c’est-à-dire en juin de la même année, Vijay Mallya commandait sans sourciller 5 Airbus 380, 5 A 350 dont il était le client de lancement, 5 A 330-200 suivis au salon de Dubaï de 2005 toujours de 5 A 340-500, de 30 A 319/320 et de 20 ATR 72-500.
De quoi constituer une flotte certes logée chez seulement deux constructeurs, mais déjà totalement compliquée à opérer puisqu’elle mélangeait des jets courts et long-courriers et des turbopropulseurs en quantité.
Et bien évidemment Mr Vijay Mallya est devenu presque instantanément une vedette mondiale ce que son statut de brasseur ne lui permettait certainement pas d’atteindre.
Bref, il n’y en avait que pour lui dans les médias, de quoi « péter les plombs » comme on dit vulgairement.
Et en Inde la compagnie est rapidement devenue incontournable, allant jusqu’à racheter Air Deccan qui opérait des destinations domestiques en ATR, ce qui a fait de Kingfisher le plus gros utilisateur d’ATR au monde.
2 milliards de dollars de pertes en 7 ans
Curieusement, personne chez les constructeurs tout au moins, ne s’est soucié de la capacité réelle de la compagnie à réaliser son plan de développement.
Qui a vérifié si les prévisions de recette et surtout de coûts étaient réalistes ? Qui s’est interrogé sur la capacité opérationnelle technique et commerciale ?
Trop contents d’engranger des commandes mirobolantes, les constructeurs et les leaseurs ne se sont occupés que d’obtenir des garanties bancaires, ce que les banques se sont d’ailleurs empressées de fournir.
Tout pour des produits et des effets d’annonce à court terme. Or les analystes se sont dès le début posé des questions quant à la viabilité du modèle, mais il ne faut pas tenir compte des oiseaux de mauvais augure.
Alors et tout naturellement la compagnie s’est enfoncée dans des pertes d’autant plus importantes qu’elles étaient masquées par des dettes auprès des autorités aéronautiques et aéroportuaires indiennes et par une fuite en avant devenue incontrôlée, mais qui assurait à la marque une formidable notoriété. Le résultat est connu.
En moins de 7 ans, Kingfisher a aligné 2 milliards de dollars de pertes soit tout de même 782.000 euros par jour ! Oui vous avez bien lu. Et pendant ce temps-là, la compagnie subventionnait une écurie de Formule 1 et Mr Mallya voyageait dans son A 319 privé.
Qui a vérifié si les prévisions de recette et surtout de coûts étaient réalistes ? Qui s’est interrogé sur la capacité opérationnelle technique et commerciale ?
Trop contents d’engranger des commandes mirobolantes, les constructeurs et les leaseurs ne se sont occupés que d’obtenir des garanties bancaires, ce que les banques se sont d’ailleurs empressées de fournir.
Tout pour des produits et des effets d’annonce à court terme. Or les analystes se sont dès le début posé des questions quant à la viabilité du modèle, mais il ne faut pas tenir compte des oiseaux de mauvais augure.
Alors et tout naturellement la compagnie s’est enfoncée dans des pertes d’autant plus importantes qu’elles étaient masquées par des dettes auprès des autorités aéronautiques et aéroportuaires indiennes et par une fuite en avant devenue incontrôlée, mais qui assurait à la marque une formidable notoriété. Le résultat est connu.
En moins de 7 ans, Kingfisher a aligné 2 milliards de dollars de pertes soit tout de même 782.000 euros par jour ! Oui vous avez bien lu. Et pendant ce temps-là, la compagnie subventionnait une écurie de Formule 1 et Mr Mallya voyageait dans son A 319 privé.
Une fin tragique
Hélas, tout à une fin, et celle-ci est tout simplement tragique.
D’abord il y a les salariés qui n’ont pas été payés depuis le début 2012. Il y a ensuite les aéroports qui devront s’asseoir sur des créances de l’ordre de 1,2 milliard d’euros.
Et bien entendu tous les autres créanciers dont bien entendu les malheureux passagers qui ont acheté des billets non revalidables, non remboursables, bien évidemment et dont ils pourront simplement faire encadrer le dossier électronique une fois celui-ci imprimé.
Et on ira après cela réclamer des garanties bancaires aux agents de voyages alors que IATA ne se préoccupe pas de la viabilité de ses membres dont Kingfisher a fait partie si j’en crois le très officiel OAG.
Très curieusement, d’ailleurs, le site E Bookers continue à vanter les mérités de cette compagnie, bien qu’il ne soit plus possible de faire une réservation et c’est heureux car la compagnie n’a plus sa licence de vol. Les agences en ligne dont on vante la réactivité seraient bien inspirées de mettre leurs fichiers à jour.
Mr Mallya est en fuite avec un mandat d’arrêt à ses trousses pour un chèque sans provision de 1,5 million d’euros, les leaseurs devront bien récupérer leurs avions et les replacer dans le marché et les pauvres clients resteront avec leurs yeux pour pleurer.
D’abord il y a les salariés qui n’ont pas été payés depuis le début 2012. Il y a ensuite les aéroports qui devront s’asseoir sur des créances de l’ordre de 1,2 milliard d’euros.
Et bien entendu tous les autres créanciers dont bien entendu les malheureux passagers qui ont acheté des billets non revalidables, non remboursables, bien évidemment et dont ils pourront simplement faire encadrer le dossier électronique une fois celui-ci imprimé.
Et on ira après cela réclamer des garanties bancaires aux agents de voyages alors que IATA ne se préoccupe pas de la viabilité de ses membres dont Kingfisher a fait partie si j’en crois le très officiel OAG.
Très curieusement, d’ailleurs, le site E Bookers continue à vanter les mérités de cette compagnie, bien qu’il ne soit plus possible de faire une réservation et c’est heureux car la compagnie n’a plus sa licence de vol. Les agences en ligne dont on vante la réactivité seraient bien inspirées de mettre leurs fichiers à jour.
Mr Mallya est en fuite avec un mandat d’arrêt à ses trousses pour un chèque sans provision de 1,5 million d’euros, les leaseurs devront bien récupérer leurs avions et les replacer dans le marché et les pauvres clients resteront avec leurs yeux pour pleurer.
Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com