On ne dira jamais assez tout ce que l’on doit aux délégués des 54 pays créateurs de la Convention de Chicago. Ils avaient même anticipé la nécessité des futures contraintes écologiques ! - Depositphotos.com, postmodernstudio
Je me souviens avoir lu au début des années 1990 un article très alarmiste sur le devenir du transport aérien.
Il faisait suite à une suite désastreuse d’accidents intervenus en peu de temps.
L’article en question évoquait une réaction probable de la clientèle qui, effrayée par le taux d’accidents, déserterait ce mode de transport, au moment où la voie ferrée faisait de très gros progrès aussi bien quant à la vitesse qu’à son confort.
Or, en 1990 seuls, dirait-on, 1,1 milliard de passagers avaient utilisé ce moyen de transport, mais ils étaient 1,8 milliard en 2000, 2,5 milliards en 2010 et en 2019 un peu plus de 4 milliards.
Autrement dit, alors que les pessimistes et peut-être même les réalistes prévoyaient une décroissance du secteur, on a assisté à une énorme envolée, à tel point même qu’on peut se demander si on n’est pas allé trop vite.
Comment expliquer ce phénomène ?
Il faisait suite à une suite désastreuse d’accidents intervenus en peu de temps.
L’article en question évoquait une réaction probable de la clientèle qui, effrayée par le taux d’accidents, déserterait ce mode de transport, au moment où la voie ferrée faisait de très gros progrès aussi bien quant à la vitesse qu’à son confort.
Or, en 1990 seuls, dirait-on, 1,1 milliard de passagers avaient utilisé ce moyen de transport, mais ils étaient 1,8 milliard en 2000, 2,5 milliards en 2010 et en 2019 un peu plus de 4 milliards.
Autrement dit, alors que les pessimistes et peut-être même les réalistes prévoyaient une décroissance du secteur, on a assisté à une énorme envolée, à tel point même qu’on peut se demander si on n’est pas allé trop vite.
Comment expliquer ce phénomène ?
L’OACI, formidable vision et organisation mise en place
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Il faut remonter aux origines du transport aérien moderne, c’est-à-dire à la Convention de Chicago qui le 7 décembre 1944, en pleine guerre mondiale, a posé les bases de sa gestion future par la création de l’OACI (Organisation de l’Aviation Civile Internationale), ICAO en anglais.
Les délégués des 54 pays ont posé comme principe que le transport aérien futur appliquerait les mêmes règles dans tous les pays, y compris d’ailleurs les pays vaincus. Formidable vision et exceptionnelle organisation mise en place.
Je me suis plongé sur le texte de cette fameuse Convention et je suis frappé par la clarté avec laquelle les participants ont couvert la quasi-totalité des composantes qui permettent jusqu’à nos jours d’opérer un transport aérien si efficace.
Je note en particulier comment ont été décrits les objectifs que se fixait la Convention. Ils sont au nombre de 9 seulement mais il faudrait les lire avec attention pour voir comment ils ont pu guider le développement de l’aviation commerciale.
Tous sont fondamentaux. Les voici :
a) Assurer le développement ordonné et sûr de l’aviation civile internationale dans le monde entier ;
b) Encourager les techniques de conception et d’exploitation des aéronefs à des fins pacifiques ;
c) Encourager le développement des voies aériennes, des aéroports, des installations et services de navigation aérienne pour l’aviation civile internationale ;
d) Répondre aux besoins des peuples du monde en matière de transport aérien sûr, régulier, efficace et économique ;
e) Prévenir le gaspillage économique résultant d’une concurrence déraisonnable ;
f) Assurer le respect intégral des droits des Etats contractants et une possibilité égale pour chaque Etat contractant d’exploiter des entreprises de transport aérien international ;
g) Eviter la discrimination entre les Etats contractants ;
h) Promouvoir la sécurité de vol dans la navigation aérienne internationale ;
i) Promouvoir, en général, le développement de l’aéronautique civile internationale sous tous ses aspects.
Les délégués des 54 pays ont posé comme principe que le transport aérien futur appliquerait les mêmes règles dans tous les pays, y compris d’ailleurs les pays vaincus. Formidable vision et exceptionnelle organisation mise en place.
Je me suis plongé sur le texte de cette fameuse Convention et je suis frappé par la clarté avec laquelle les participants ont couvert la quasi-totalité des composantes qui permettent jusqu’à nos jours d’opérer un transport aérien si efficace.
Je note en particulier comment ont été décrits les objectifs que se fixait la Convention. Ils sont au nombre de 9 seulement mais il faudrait les lire avec attention pour voir comment ils ont pu guider le développement de l’aviation commerciale.
Tous sont fondamentaux. Les voici :
a) Assurer le développement ordonné et sûr de l’aviation civile internationale dans le monde entier ;
b) Encourager les techniques de conception et d’exploitation des aéronefs à des fins pacifiques ;
c) Encourager le développement des voies aériennes, des aéroports, des installations et services de navigation aérienne pour l’aviation civile internationale ;
d) Répondre aux besoins des peuples du monde en matière de transport aérien sûr, régulier, efficace et économique ;
e) Prévenir le gaspillage économique résultant d’une concurrence déraisonnable ;
f) Assurer le respect intégral des droits des Etats contractants et une possibilité égale pour chaque Etat contractant d’exploiter des entreprises de transport aérien international ;
g) Eviter la discrimination entre les Etats contractants ;
h) Promouvoir la sécurité de vol dans la navigation aérienne internationale ;
i) Promouvoir, en général, le développement de l’aéronautique civile internationale sous tous ses aspects.
La sécurité des vols n’a cessé de s’améliorer
Voilà, tout est dit. Il ne restait plus qu’à appliquer ces résolutions et c’est bien ce qui a été fait et continue d’ailleurs à être opéré dans les 193 Etats membres de cette organisation.
En fait l’OACI a délégué aux Etats membres le soin d’assurer l’application des résolutions tout en se réservant le droit d’auditer les services de chaque Etat en s’assurant qu’ils sont en capacité d’exercer leur mission.
C’est ainsi que les compagnies aériennes installées dans des pays considérés comme peu ou pas fiables par les audits de l’OACI sont immédiatement placés sur la liste noire du transport aérien international.
En fait l’application de cette charte a donné de formidables résultats. La sécurité des vols n’a cessé de s’améliorer car chaque accident a fait l’objet d’une enquête et on n’en a jamais reproduit la ou les mêmes causes.
C’est ainsi que plus il se développait, et plus le transport aérien s’améliorait. Le taux de tués pour 100 millions de passagers/kilomètres est passé par exemple de 0,050 en 1996 à 0,005 en 2004, soit 10 fois moins.
Comparés aux autres moyens de transport les résultats sont encore plus édifiants. Toujours pour 100 millions de passagers kilomètre le taux de mortalité est de 13,8 pour les motocycles, 6,4 pour les piétons, 5,4 pour les bicyclettes, 0,70 pour la voiture, 0,25 pour les ferries, 0,07 pour les bus et il descend même à 0,035 pour l’aviation civile, tout comme pour le train.
En fait l’OACI a délégué aux Etats membres le soin d’assurer l’application des résolutions tout en se réservant le droit d’auditer les services de chaque Etat en s’assurant qu’ils sont en capacité d’exercer leur mission.
C’est ainsi que les compagnies aériennes installées dans des pays considérés comme peu ou pas fiables par les audits de l’OACI sont immédiatement placés sur la liste noire du transport aérien international.
En fait l’application de cette charte a donné de formidables résultats. La sécurité des vols n’a cessé de s’améliorer car chaque accident a fait l’objet d’une enquête et on n’en a jamais reproduit la ou les mêmes causes.
C’est ainsi que plus il se développait, et plus le transport aérien s’améliorait. Le taux de tués pour 100 millions de passagers/kilomètres est passé par exemple de 0,050 en 1996 à 0,005 en 2004, soit 10 fois moins.
Comparés aux autres moyens de transport les résultats sont encore plus édifiants. Toujours pour 100 millions de passagers kilomètre le taux de mortalité est de 13,8 pour les motocycles, 6,4 pour les piétons, 5,4 pour les bicyclettes, 0,70 pour la voiture, 0,25 pour les ferries, 0,07 pour les bus et il descend même à 0,035 pour l’aviation civile, tout comme pour le train.
On ne dira jamais assez tout ce que l’on doit aux délégués des 54 pays créateurs de la Convention de Chicago.
Ils avaient même anticipé la nécessité des futures contraintes écologiques, ce que d’ailleurs l’aérien et les constructeurs en particulier se sont acharnés à poursuivre.
Un seul mot de conclusion : bravo !
Ils avaient même anticipé la nécessité des futures contraintes écologiques, ce que d’ailleurs l’aérien et les constructeurs en particulier se sont acharnés à poursuivre.
Un seul mot de conclusion : bravo !
Pour télécharger le texte de la Convention de Chicago :
Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.