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Les aéroports vont-ils tuer le transport aérien ?

La chronique de Jean-Louis Baroux


La saison estivale ne fait que débuter et les pics de trafic aérien sont loin d’être atteints. Pourtant, il semble déjà que les aéroports soient débordés et impuissants à traiter la masse des clients qui se présentent... Dans cette nouvelle chronique, Jean-Louis Baroux s'interroge sur l’expérience du transport aérien actuelle et sur ses conséquences pour les passagers.


Rédigé par le Mardi 5 Juillet 2022

L’expérience du transport aérien actuelle ne va-t-elle pas décourager les clients de voyager ? - DR : DepositPhotos.com, amedeoemaja
L’expérience du transport aérien actuelle ne va-t-elle pas décourager les clients de voyager ? - DR : DepositPhotos.com, amedeoemaja
Ne nous voilons pas la face. La situation est actuellement dramatique et elle va le devenir plus encore dans les semaines qui viennent.

La cause principale réside dans les goulots d’étranglement qui ne permettent pas de rendre fluide l’accès aux avions pour les passagers.

Et on pourra prendre le sujet par où on veut, on se trouvera toujours devant la responsabilité des aéroports.

En fait, ce n’est bien évidemment pas le cas de toutes les plateformes, mais des plus importantes, en clair celles qui hébergent un hub de compagnie aérienne.

LIRE AUSSI : Grève, reprise : les aéroports dans un étau

Il faut avoir utilisé les services aéroportuaires récemment pour mesurer l’étendue des dégâts.

Mettre suffisamment d’effectifs et des installations adaptées

Il n’est pas question ici de nommer telle ou telle installation, le phénomène peut se constater quel que soit le pays.

En cause, l’absence d’anticipation des gestionnaires quant à la reprise de l’activité.

Echaudés par la triste expérience de 2020 où après un été en sérieuse reprise, le trafic s’est à nouveau effondré à l’automne, les décisionnaires se sont montrés plus que frileux devant les anticipations de reprise qui étaient pourtant largement prévisibles.

En fait le trafic est reparti d’une manière fulgurante, comme si on avait ouvert le couvercle d’une cocotte-minute dans laquelle on avait fait bouillir les impatiences des passagers.

Le problème est que pour faire fonctionner correctement un aéroport, il est indispensable de rendre fluide le cheminement des passagers dans un espace forcément réduit et où les obstacles sont nombreux à franchir.

Dans le désordre l’accès aux parkings, puis aux terminaux, puis aux filtres de sûreté primaires lorsqu’ils existent, puis aux comptoirs d’enregistrement, puis aux postes d’inspection filtrage, puis aux postes de douane et de contrôle des passeports, puis enfin aux embarquements, toutes ces barrières constituent des goulots d’étranglement potentiels.

La seule manière de les éviter consiste à mettre suffisamment d’effectifs à chacun d’entre eux, à la condition que les installations soient adaptées.

Vacances d’été : chronique d’une pagaille annoncée dans les aéroports ? 🔑

Nombre d’aéroports n’ont pas encore ouvert toutes leurs capacités

Dans l’ensemble, les aéroports sont équipés pour traiter les pics de trafic, à la condition que toutes les installations soient opérationnelles.

Ce n’est pas toujours le cas et nombre d’aéroports n’ont pas encore ouvert toutes leurs capacités, d’ailleurs pour une bonne raison, ils ne disposent pas du personnel nécessaire pour garnir tous les postes de travail.

L’affaire est d’ailleurs compliquée par le fait que les autorités sont différentes selon les fonctions entre les forces de police, les effectifs des sous-traitants, les salariés des compagnies et les employés des aéroports. Et la coordination entre elles n’est pas toujours aisée, chacun défendant ses prérogatives et ses propres conditions de travail.

Mais enfin il faut bien reconnaître une absence d’anticipation de la part des décideurs aéroportuaires.

Il était fort probable que le trafic aérien allait repartir très fortement à partir du moment où les populations étant en grande majorité vaccinées, les frontières allaient s’ouvrir et les contraintes sanitaires allaient tomber.

Or pendant la pandémie nombre de salariés, souvent spécialisés ont été amenés à quitter leur emploi volontairement ou non. Les remplacer n’était surement pas une mince affaire, d’autant plus que les conditions d’emploi et les salaires ne sont pas particulièrement attractifs.

Il est donc curieux que les recrutements n’aient pas démarré dès la fin de 2021, car la formation dans beaucoup de postes de travail est plutôt longue et que les agréments administratifs sont souvent nécessaires et difficiles à obtenir.

Après tout, un aéroport est un endroit particulièrement sensible.

La quasi impossibilité de traiter de manière normale les passagers

La conséquence est la quasi impossibilité de traiter de manière normale les passagers qui attendent avec une impatience qui peut bien se comprendre le moment béni où leur vol va décoller, avec eux à bord bien entendu.

Au lieu de cela, on leur propose actuellement plusieurs heures de stress, alors que beaucoup ont déjà l’appréhension de voler, dans des conditions de confort tout simplement inadmissibles.

Or nous ne sommes qu’au début de la saison d’été et les pics de trafic sont loin d’être atteints.

La question qu’ont peut alors se poser est la suivante : est-ce que l’expérience du transport aérien actuelle ne va pas décourager les clients de voyager ? Supporteront-ils de renouveler cette expérience ? Et puis, après le vol aller, il y a le retour souvent à partir d’un pays étranger où ni les langues, ni les habitudes, ni les cultures ne leur sont familières ?

On a la fâcheuse impression que les aéroports sont débordés et qu’ils sont impuissants à traiter la masse des clients qui se présentent. On souhaiterait beaucoup être démentis.

Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux - DR
Jean-Louis Baroux est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.

Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.

Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.


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Tags : Baroux
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Commentaires

1.Posté par xenon24 le 06/07/2022 09:08 | Alerter
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Article très factuel comme à l’habitude de son auteur. Le problème est que ce sont les compagnies qui sont montrées du doigt et tenues financièrement responsable vis-à-vis des passagers qui ne manqueront pas, (a juste titre), de réclamer les indemnités de retard au titre du règlement 264/2001. Air France va-t’elle saisir le tribunal contre ADP comme cela a déjà été le cas de KLM à Amsterdam? Ou contester les indemnisations réclamées par les passagers au titre de circonstances extraordinaires?

2.Posté par Lodenet Daniel le 12/07/2022 19:26 | Alerter
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Bonjour,
Il y a deux questions que me trottent dans la tête depuis un bout de temps :
1 - Pourquoi les compagnies aériennes mettent en vente plus d'avion que les aéroports sont capables de traiter ?
2 - Pourquoi les aéroports planifient plus de vols qu'ils sont capables de traiter ?
Car pour éviter cette grande pagaille, il suffirait tout simplement de mettre en adéquation nombre de vols et capacité de traitement de l'aéroport.
Un gestionnaire d'aéroport et un responsable de compagnie peuvent-ils répondre à ces questions ?
Merci d'avance.
Daniel Lodenet - Ekitour

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