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Les agences de voyages vont reprendre la main sur le BtoC

Interview d'Emmanuel Bourgeat, directeur général de Travelport France


Les compagnies aériennes régulières, afin de retrouver de la rentabilité, ont cherché à imiter les compagnies low cost, en déstructurant la valeur du billet. L’objectif est de vendre des services additionnels optionnels à l’unité ou bien de re –packager des offres avec une échelle variable de service. Cette évolution a pour conséquence de grandement complexifier la vente. Une plus large place se dégage pour le conseil. Une opportunité pour les agences de voyages. Emmanuel Bourgeat, directeur général de Travelport France, nous donne son point de vue.


le Jeudi 11 Février 2016

Emmanuel Bourgeat, directeur général Travelport France - © Travelport
Emmanuel Bourgeat, directeur général Travelport France - © Travelport
i-tourisme - Les compagnies low cost, passent désormais par le canal GDS, les services ancillaires aussi… pour les agences de voyages, c’est un changement radical ?

Emmanuel Bourgeat : "Plus encore que vous le croyez. Pour moi, c’est même une petite révolution."

i-tourisme - A ce point ?

Emmanuel Bourgeat : "Oui, car non seulement les agences peuvent désormais revendre des vols sur les compagnies low cost mais aussi leurs services additionnels et leurs derniers tarifs packagés.

Il est intéressant de noter que les compagnies régulières se sont lancées dans la démarche inverse de « de-package » pour afficher des tarifs compétitifs.

L’ensemble du mouvement s’accompagnant de très nombreuses nouvelles informations disponibles.

Dans ce contexte, le challenge consiste à mettre entre les mains des agents de voyages une information synthétique et des outils de comparaison graphiques à la lecture immédiate pour permettre à l’Expert Voyages de répondre aux mieux attentes et questions exprimées par son client."

i-tourisme - Mais avant, c’était bien aussi un travail d’expert ?

Emmanuel Bourgeat : "Sauf que les compagnies aériennes jusqu’à encore récemment n’ont eu de cesse de simplifier l’accès à leur offre au point qu’il était devenu très simple, pour tout un chacun, d’acheter un billet d’avion.

Quid de la valeur ajoutée de l’agence ?"

i-tourisme - Ça va changer ?

Emmanuel Bourgeat : "Assurément, car les compagnies dans leurs efforts de différentiation les unes vis-à-vis des autres, rendent l’offre riche et sa revente plus complexe devant les multiples combinaisons et formules désormais offertes.

Le grand public aura bien du mal à s’y retrouver, et une partie recherchera la réassurance du professionnel."

i-tourisme - Mais vous les GDS, vous n’étiez pas très partant pour intégrer des services « plus » dans vos flux ?

Emmanuel Bourgeat : La question n’est pas de vouloir ou pas, mais d’être en mesure de s’adapter à ce tournant majeur amorcé par les propriétaires de contenus que sont les compagnies aériennes.

Intégrer la vente de services supplémentaires, d’offre packagées et surtout de les restituer de façon synthétique et graphique était le challenge pour Travelport.

Pour y parvenir, nous avons beaucoup investi dans une technologie qui accepte, sur notre nouvelle plateforme Smartpoint, des flux pas nécessairement normés de la part des compagnies aériennes.

A cet égard, pas de dilemme pour notre part, Travelport dispose d’activités de hosting limitées."

i-tourisme - Dès lors comment fonctionne votre plateforme ?

Emmanuel Bourgeat : "La réservation de vols repose sur l’exploitation de normes extrêmement structurées et établies depuis des années. Ce sont ces mêmes normes qui limitent les compagnies dans leurs efforts de différenciation.

Nous avons donc vu émerger de nouvelles informations techniques accompagnant les contenus des ventes additionnelles ce qui rend complexe leur intégration."

i-tourisme - Alors ?

Emmanuel Bourgeat : "Alors avec notre plateforme Travelport Smartpoint, nous acceptons d’autres flux, ce qui rend possible de traiter la totalité d’une réservation avec des services et des informations dans un dossier GDS qui s’intègre avec les environnements mid et back office garants de la productivité de l’Agence. "

i-tourisme - Comment, techniquement cela fonctionne ?

Emmanuel Bourgeat : "Ce sont des API, qui nous permettent de traiter les demandes, sans qu’il n’ait été nécessaire de toucher à la structure de base. C’est ce qui nous a permis d’avancer très vite.

De plus notre nouvelle plateforme, avec une présentation graphique, rend la lecture plus facile pour les agences, car d’un simple coup d’œil, elles visualisent l’ensemble des produits et permet la comparaison des offres entre elles. "

i-tourisme - Mais le particulier peut le faire aussi sur le site des compagnies aériennes.

Emmanuel Bourgeat : "Il peut le faire et pourra tenter de continuer à le faire, mais pour lui le challenge est proportionnel à la croissance exponentielle de la diversité de l’offre et des combinaisons, ce sera pour lui de plus en plus difficile…"

i-tourisme - Vous pensez que les agences vont accepter de vouloir quitter le mode cryptique ?

Emmanuel Bourgeat : "Pour moi il n’y a pas d’opposition entre les modes graphique et cryptique. Il y a juste des modes qui sont adaptés à la tâche que vous devez réaliser.

Notre plateforme Smartpoint à cet égard, combine harmonieusement les deux comme nous le rappellent nos clients.

Le mode graphique, par sa dimension synthétique, est particulièrement adapté pour présenter exhaustivement des offres riches en informations et notamment les comparer entre elles. Ainsi, les agences vont faire cette évolution. De plus tout est exploitable dans leur back office.

Nous sommes ici au cœur du sujet et de la raison d’être d’une agence de voyages, son information et sa productivité.

Le périmètre du terrain de jeu s’élargit un peu plus chaque jour donnant aux agences un peu plus l’opportunité faire valoir leur expertise !"

i-tourisme - Un périmètre plus vaste ?

Emmanuel Bourgeat : "Oui, car la croissance des "pure-players" est en bout de course, le segment est désormais à maturité. La compétition des prix a rendu moins probants les avantages compétitifs.

Le prix le moins cher était leur principal argument. Ce sera sur les services que les gains de part de marché vont pouvoir se faire."

i-tourisme - Il n’en reste pas moins que ça reste compliqué de revendre les compagnies aériennes low cost !

Emmanuel Bourgeat : "C’est certain. Avec le BSP, tout est automatisée : on appuie sur un bouton et tout remonte, pas de ressaisie et il n’y a rien à rajouter comme moyen de paiement.

Pour gérer les compagnies low cost, c’est une autre histoire en effet, ne serait-ce que par les questions de sécurité qu’implique la gestion des cartes bancaires.

C’est pour cette raison que nous avons racheté la société eNett afin de simplifier et sécuriser la gestion financière des ventes notamment des compagnies low-cost

La solution fonctionne sur tous les GDS et permet le rapprochement comptable automatisé (comme pour le BSP) ainsi que le proposent déjà IGA et Viaxoft sur le marché français.

Comme vous pouvez le constater le terrain de jeu regorge d’opportunités de développement et d’adaptation pour l’Agent de Voyage curieux, mais là je crois que l’on est dans le pléonasme !"

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