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Les voyages deviennent-ils de plus en plus dangereux ?

La chronique de Josette Sicsic (Touriscopie)


Il n’est pas forcément facile de terminer l’année sur une note pessimiste. Pourtant, les faits sont là. Les derniers mois de 2019 n’ont pas brillé par leur sérénité, que ce soit sur le plan économique, géopolitique, climatique. Alors que les gourous de la « collapsologie » s’en donnent à cœur joie, une grande partie de la population se désole. Ce monde ne tourne décidément pas rond...


Rédigé par Josette SICSIC le Dimanche 8 Décembre 2019

Les destinations touristiques deviennent parfois des pièges, des guet-apens dans lesquels on risque sa santé, en tous cas ses illusions et ses rêves - DR : DepositPhotos, babenkodenis
Les destinations touristiques deviennent parfois des pièges, des guet-apens dans lesquels on risque sa santé, en tous cas ses illusions et ses rêves - DR : DepositPhotos, babenkodenis
Il tourne si mal qu’une nouvelle rumeur enfle : les voyages deviennent de plus en plus dangereux, privant les plus fragiles de la dernière échappatoire à laquelle confier leur existence.

Ainsi, France Info dans un article du 20 novembre 2019, publie la carte produite par International SOS qui dresse la liste des destinations les plus et les moins fréquentables. C’est la Travel Risk Map.

Une nouvelle venue facile à consulter mais qui n’apporte pas grand chose par rapport au site du Quai d’Orsay.

S’appuyant sur plusieurs catégories de critères, ses experts déconseillent par exemple le Niger sur le plan médical ou une grande partie de l’Afrique sur la qualité des routes…

En revanche, ils préconisent des séjours en Scandinavie, Suisse, Slovénie. Ce qui n’a rien de surprenant.

Sur le plan environnemental, les menaces augmentent

On ne court pas les mêmes risques, c’est vrai, en Islande qu’en Colombie.

Aussi louable que soit la stratégie d’International SOS, les vrais dangers ne sont pas signalés. Or, ils sont nombreux hélas, variés et pour certains nouveaux.

Sur le plan environnemental seul, les menaces augmentent. Les incendies en Californie et en Australie n’auront pas été que feux de paille. Ces régions sont bel et bien sous la menace de récidives et sont pour le moment jugées asphyxiées par les rejets de CO2.

En Sibérie, peu touristique, le paysage est tout aussi désolant : 1,3 million d’hectares de forêt étaient encore en feu en septembre !

En matière d’inondations, c’est bien sûr et malheureusement l’Italie qui a été le plus pénalisée et surtout Venise. Les images de ce joyau du patrimoine culturel mondial sous les flots, ont fait le tour de la planète et alarmé tous les amoureux de la Sérénissime qui ont bien compris les dommages subis et les risques à venir.

Mais, les tempêtes et ouragans et les inondations espagnoles en octobre n’étaient pas mal non plus : plusieurs morts et 50 routes coupées.

Et que dire du Sud de la France régulièrement victime de ces « épisodes méditerranéens » ? De plus, ces drames climatiques surviennent après des étés meurtriers. Ce qui peut faire craindre le pire pour l’avenir.

L’agitation sociale comme supplément de pittoresque

Encore plus spectaculaire, l’agitation sociale dans de nombreux pays que l’on croyait stabilisés.

En Amérique latine, le Chili et la Bolivie se sont ajoutés à la liste des destinations peu recommandables comme le Venezuela, tandis que Cuba asphyxié par l’embargo américain peine à sortir la tête de l’eau.

En séjournant sur l’île rouge, on peut y craindre les pénuries d’essence et de nourriture.

Évidemment, Hong-Kong, destination hautement touristique, est bannie des cartes pour un moment.

Mais, plus près c’est le Liban qui est entré dans la ronde des destinations où les peuples en lutte font entendre leur rejet des régimes corrompus et liberticides.

Quant à l’Iran qui avait commencé à conquérir de nouvelles clientèles touristiques avec succès, le voilà de nouveau plongé dans les ténèbres où le cantonne un pouvoir archaïque…

L’Irak pour sa part, a depuis longtemps renoncé à son tourisme, tout comme ces pays promis à un destin radieux telle la Syrie qui, cependant, essaie d’attirer quelques visiteurs dans ses champs de ruine.

Pour leur part, les destinations du Maghreb redressent la tête mais ne sont pas forcément rassurantes. La Tunisie gouvernée par des islamistes va-t-elle jouer le jeu du tourisme ?

L’Égypte saura-t-elle calmer les ardeurs des bandes terroristes toujours en embuscade ? Le Mali, le Burkina Faso sont pour leur part condamnés…

Mais, quid de la France et de ces scènes d’émeutes qu’elle renvoie au monde, des grèves qui y sont programmées et de celles qui sont spontanées ?

Le tourisme a mauvaise presse

La journée du 5 décembre très médiatisée dans la presse étrangère est évoquée quasi unanimement à travers des scènes de violence et l’on y évoque un « long hiver de conflit » (The Times), « un gouvernement qui perd sa crédibilité » (CNN), « un pays menacé par la paralysie » (Gosc Niedzielny)…

Des phrases assassines pour le tourisme national qui en pâtira, c’est certain.

Mais, pendant que quelques uns préfèrent renoncer à leur voyage dans des régions turbulentes, d’autres souvent plus jeunes, plus éduqués, plus politisés, en profitent pour vivre « deux voyages en un » : le folklore traditionnel ajouté à l’actualité : voilà qui met un peu de piquant dans des destinations standardisées et enrichira au retour le « story telling » !

Non, tout cela n’est pas nouveau. Mais, la nouveauté consiste dans l’accumulation des catastrophes donc dans les menaces de plus en plus nombreuses qui complètent la liste déjà longue des menaces traditionnelles liées au voyage.

Elle consiste aussi dans l’empressement des médias à dramatiser de façon à rendre les déplacements encore plus anxiogènes qu’ils le sont déjà.

Le tourisme a mauvaise presse, a-t-on souligné dans un précédent éditorial. Le tourisme a d’autant plus mauvaise presse, peut-on ajouter, qu’il est pris pour cible par la presse alors que pendant des décennies, il avait fait l’objet d’articles laudatifs vantant ses capacités à dépayser, distraire, instruire, comprendre l’altérité.

Les destinations touristiques deviennent parfois des pièges, des guet-apens dans lesquels on risque sa santé, en tous cas ses illusions et ses rêves.

Présent sous toutes les formes, le danger est partout. D’où l’embarras de certains...

Josette Sicsic - DR
Josette Sicsic - DR
Les résultats de l'étude « Perspectives des risques de voyage 2020 » (Ipsos Mori) pour International SOS, révèlent les principales raisons de modification des itinéraires de voyage.

Que disent-ils ? 51% des interviewés estiment que les risques pour la santé et la sécurité ont augmenté au cours de la dernière année et 47% prévoient une augmentation des risques au cours de l'année à venir.

Que faire ? Quelques initiatives se précisent. Mais, sur le plan climatique, l’on peut légitimement se demander si la COP25 de Madrid va servir ou pas à quelque chose.

A l’heure où nous bouclons ce journal, la porte est ouverte à toutes les incertitudes et déconvenues.

Mais, première bonne nouvelle, un personnage emblématique comme Yann Arthus Bertrand qui a bâti sa réputation en photographiant la terre depuis le ciel, annonce qu’il renonce à prendre l’avion !

Une attitude qui pourrait faire des émules beaucoup plus rapidement qu’on ne le pense, malgré les efforts que les compagnies aériennes font pour prouver leur volonté de rendre la planète plus propre.

Pour en savoir plus, abonnez-vous à Touriscopie www.touriscopie.fr

Contact : touriscopie@gmail.com

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