Toutes les strates du tourisme ont été touchées par la crise, avec en tête de gondole, les médiatiques transporteurs aériens.
Depuis mars, les patrons des entreprises du ciel français et mondial, regardent moins la distribution de haut et se font petits tant les répercussions sont dramatiques.
"Merci d'écouter un transporteur aérien dans cette situation inédite, imprévisible et dramatique," s'excusait presque Marc Rochet, le président d'Air Caraïbes et de French Bee au moment de prendre la parole, lors de la visioconférence des EDV.
Une façon aussi de se mettre au niveau de son auditoire. Tout comme les agences de voyages, l'aérien a connu depuis mars 2020, trois phases.
La première modélisée par l'arrêt total de l'activité, en raison du danger sanitaire des pays du monde entier, "une phase désordonnée au niveau européen, français et même régional."
Une fois ce coup de massue passé, ce fut celui de la pomme de Blanche Neige.
D'avril à mi-juin, le ciel français a été plongé dans un long sommeil, tout en voyant le cash brûler plus vite que la neige au soleil.
Une situation obligeant les pouvoirs publics à répondre rapidement. Sauf que la phase deux n'est pas la plus dangereuse pour le secteur, estime le patron de la compagnie hexagonale.
Depuis mars, les patrons des entreprises du ciel français et mondial, regardent moins la distribution de haut et se font petits tant les répercussions sont dramatiques.
"Merci d'écouter un transporteur aérien dans cette situation inédite, imprévisible et dramatique," s'excusait presque Marc Rochet, le président d'Air Caraïbes et de French Bee au moment de prendre la parole, lors de la visioconférence des EDV.
Une façon aussi de se mettre au niveau de son auditoire. Tout comme les agences de voyages, l'aérien a connu depuis mars 2020, trois phases.
La première modélisée par l'arrêt total de l'activité, en raison du danger sanitaire des pays du monde entier, "une phase désordonnée au niveau européen, français et même régional."
Une fois ce coup de massue passé, ce fut celui de la pomme de Blanche Neige.
D'avril à mi-juin, le ciel français a été plongé dans un long sommeil, tout en voyant le cash brûler plus vite que la neige au soleil.
Une situation obligeant les pouvoirs publics à répondre rapidement. Sauf que la phase deux n'est pas la plus dangereuse pour le secteur, estime le patron de la compagnie hexagonale.
"Il n'y a pas de tourisme, c'est marginal, et le trafic affaires est vitriolé"
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Si des compagnies ont disparu, d'autres ont montré des signaux inquiétants de fébrilité, se plaçant pour certaines sous le régime du "Chapitre 11 de la loi des faillites" aux USA. Il y eut assez peu de faillites.
"Nous entrons dans la phase 3 du phénomène sur quatre, celle du démarrage, mais aussi la plus dangereuse," estime Marc Rochet.
En effet, après le profond sommeil, il est venu le temps de repositionner des avions, rouvrir des lignes, mais aussi engager des frais, des moyens humains, matériels.
Si les dépenses augmentent de façon significatives, en face dans le tableau des comptes, le produit de l'activité est plutôt discret.
"Devant nous, la demande est quand même très molle, alors que nous avons réengagé deux tiers de notre activité normale.
Nous nous estimons tout de même avantagés puisque nous desservons les Outre-mer," positive le patron d'Air Caraïbes et French Bee.
Ces lignes bénéficient donc d'une forte demande affinitaire, permettant de maintenir un taux de remplissage plutôt conséquent des avions.
Ainsi, sur le cœur de réseau en juillet et août le trafic est soutenu avec une baisse de l'activité de seulement moins 10% par rapport à 2019.
Toutefois, il ne convient pas de crier victoire trop vite.
"Il n'y a pas de tourisme, c'est marginal, et le trafic affaires est vitriolé. Les entreprises ne prennent pas de risque et ne veulent pas voir leurs employés bloqués à l'autre bout du monde.
Pour illustrer cela, Marc Rochet conte une histoire personnelle.
"Chez Airbus, ils ne reçoivent plus des invités dans la maison en raison du risque de contagion.
Cela fait drôle quand vous apprêtez à faire un chèque de 100 millions de dollars," en sourit le président des compagnies régionales.
Un exemple démontrant que la reprise du business travel des grands groupes sera sans doute longue, très longue.
"Nous entrons dans la phase 3 du phénomène sur quatre, celle du démarrage, mais aussi la plus dangereuse," estime Marc Rochet.
En effet, après le profond sommeil, il est venu le temps de repositionner des avions, rouvrir des lignes, mais aussi engager des frais, des moyens humains, matériels.
Si les dépenses augmentent de façon significatives, en face dans le tableau des comptes, le produit de l'activité est plutôt discret.
"Devant nous, la demande est quand même très molle, alors que nous avons réengagé deux tiers de notre activité normale.
Nous nous estimons tout de même avantagés puisque nous desservons les Outre-mer," positive le patron d'Air Caraïbes et French Bee.
Ces lignes bénéficient donc d'une forte demande affinitaire, permettant de maintenir un taux de remplissage plutôt conséquent des avions.
Ainsi, sur le cœur de réseau en juillet et août le trafic est soutenu avec une baisse de l'activité de seulement moins 10% par rapport à 2019.
Toutefois, il ne convient pas de crier victoire trop vite.
"Il n'y a pas de tourisme, c'est marginal, et le trafic affaires est vitriolé. Les entreprises ne prennent pas de risque et ne veulent pas voir leurs employés bloqués à l'autre bout du monde.
Pour illustrer cela, Marc Rochet conte une histoire personnelle.
"Chez Airbus, ils ne reçoivent plus des invités dans la maison en raison du risque de contagion.
Cela fait drôle quand vous apprêtez à faire un chèque de 100 millions de dollars," en sourit le président des compagnies régionales.
Un exemple démontrant que la reprise du business travel des grands groupes sera sans doute longue, très longue.
"Les prix des billets vont chuter considérablement"
Alors que les charges flambent et les ventes se font timides, les équipes dirigeantes doivent se fixer un but ultime : réduire les coûts.
"Les prix des billets vont chuter considérablement, car prix du pétrole en baisse et moins de clients. Nous devons nous adapter pour accompagner les clients."
En mai, French Bee et Air Caraïbes ont fait neuf avec les "Accords de performance collective (APC)". Objectif : baisser les salaires de 10%. En échange le transporteur garde tout le monde.
Une fois allégé, il est plus facile d'aborder la dernière phase de la crise, à savoir s'adapter à un nouvel environnement, jusque-là totalement inconnu.
Avec un maître mot bien connu des agences de voyages.
"Les populations auront moins envie de voyager, le tout avec des contraintes sanitaires et économiques. Il faut s'adapter et surtout être flexible,sans cela nous n'y arriverons pas," prophétise Marc Rochet.
Il sera sans doute nécessaire que les compagnies comme les tour-opérateurs, deviennent acteurs de la question des tests PCR.
Aujourd'hui pour partir en Outre-mer, dans les trois destinations (Guadeloupe, Martinique et Réunion), il existe trois papiers différents, sans oublier de se faire tester.
"Les laboratoires sont tous saturés (test PCR) et je peux vous dire que si vous devez prendre l'avion un lundi ou un mardi, vous n'aurez pas le test avant."
Depuis Air Caraïbes et French Bee ont pris les devants en signant un partenariat avec un laboratoire.
Et aussi en installant sur place un dispositif pour tester les voyageurs directement sur le site de l'Aéroport d'Orly.
"J'ai mis 14 jours pour avoir l'autorisation de planter la tente. Tout ça a été d'une complexité inouïe et pour le client, c'est illisible. Je suis inquiet pour ça."
La flexibilité sera donc le nerf de la guerre pour l'ensemble de l'industrie et même pour IATA.
"Les prix des billets vont chuter considérablement, car prix du pétrole en baisse et moins de clients. Nous devons nous adapter pour accompagner les clients."
En mai, French Bee et Air Caraïbes ont fait neuf avec les "Accords de performance collective (APC)". Objectif : baisser les salaires de 10%. En échange le transporteur garde tout le monde.
Une fois allégé, il est plus facile d'aborder la dernière phase de la crise, à savoir s'adapter à un nouvel environnement, jusque-là totalement inconnu.
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Il sera sans doute nécessaire que les compagnies comme les tour-opérateurs, deviennent acteurs de la question des tests PCR.
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"Les laboratoires sont tous saturés (test PCR) et je peux vous dire que si vous devez prendre l'avion un lundi ou un mardi, vous n'aurez pas le test avant."
Depuis Air Caraïbes et French Bee ont pris les devants en signant un partenariat avec un laboratoire.
Et aussi en installant sur place un dispositif pour tester les voyageurs directement sur le site de l'Aéroport d'Orly.
"J'ai mis 14 jours pour avoir l'autorisation de planter la tente. Tout ça a été d'une complexité inouïe et pour le client, c'est illisible. Je suis inquiet pour ça."
La flexibilité sera donc le nerf de la guerre pour l'ensemble de l'industrie et même pour IATA.
"Nous remboursons à peine un million d'euros par semaine, les avoirs sont majoritaires"
Une fois la mise au point sur un secteur en danger, Marc Rochet est revenu sur l'avoir des compagnies aériennes.
Ces dernières contrairement aux agences de voyages, n'ont jamais réussi à faire bouger la Commission européenne à ce sujet.
"Vous avez été bons, en étant bien organisés, vous êtes rapidement montés au créneau. A ce sujet, nous avons été très mauvais, nous les transporteurs aériens," fustige Marc Rochet.
Cela vient aussi d'un secteur qui n'a jamais su placer l'intérêt collectif avant celui personnel.
"La profession a été divisée, avec des gros misant sur la disparition des petits, puis les politiques se sont abrités derrière le règlement européen," peste le patron du transporteur.
Alors tout le monde est parti à l'assaut de l'Europe, pour modifier le texte. Une fois de plus, la profession a attaqué en ordre dispersé.
"L'actiona été très mal menée, car nous avons mélangé la remise en cause de la directive 261-2004 avec la crise actuelle."
En voulant tout chambouler, au lieu d'obtenir une suspension temporaire, la Commission s'est braquée. La conséquence de tout ça étant qu'Air Caraïbes a pris la décision de rembourser les billets pour les clients qui le demandent.
Le raz-de-marée craint par les tour-opérateurs et les agences de voyages ne s'est pas passé.
"A notre grande surprise, nous n'avons pas été submergés par un flot de demandes.
Nous remboursons à peine un million d'euros par semaine (pour les deux compagnies, ndlr), les avoirs sont majoritaires."
Ces dernières contrairement aux agences de voyages, n'ont jamais réussi à faire bouger la Commission européenne à ce sujet.
"Vous avez été bons, en étant bien organisés, vous êtes rapidement montés au créneau. A ce sujet, nous avons été très mauvais, nous les transporteurs aériens," fustige Marc Rochet.
Cela vient aussi d'un secteur qui n'a jamais su placer l'intérêt collectif avant celui personnel.
"La profession a été divisée, avec des gros misant sur la disparition des petits, puis les politiques se sont abrités derrière le règlement européen," peste le patron du transporteur.
Alors tout le monde est parti à l'assaut de l'Europe, pour modifier le texte. Une fois de plus, la profession a attaqué en ordre dispersé.
"L'actiona été très mal menée, car nous avons mélangé la remise en cause de la directive 261-2004 avec la crise actuelle."
En voulant tout chambouler, au lieu d'obtenir une suspension temporaire, la Commission s'est braquée. La conséquence de tout ça étant qu'Air Caraïbes a pris la décision de rembourser les billets pour les clients qui le demandent.
Le raz-de-marée craint par les tour-opérateurs et les agences de voyages ne s'est pas passé.
"A notre grande surprise, nous n'avons pas été submergés par un flot de demandes.
Nous remboursons à peine un million d'euros par semaine (pour les deux compagnies, ndlr), les avoirs sont majoritaires."
"IATA est un vieux truc ayant l'obligation de s'adapter et moderniser"
Et si la profession a été divisée, elle le doit aussi à son organe de représentation.
"Le transport aérien ne sortira pas de cette crise sans une réforme. IATA est un vieux truc ayant l'obligation de s'adapter et moderniser," peste Marc Rochet.
C'est peu dire que le patron des compagnies était remonté contre l'association. Cette dernière est venue frapper aux portes des compagnies pour exiger des règles de sécurité financière.
"J'ai demandé des critères de calcul de la garantie financière, ma question est restée sans réponse. Et application intégrale à tous les acteurs et équitables, là aussi toujours pas de réponse."
Un flou qui ne joue pas en faveur des compagnies aériennes au sujet de la garantie aérienne, alors que la Commission aérienne se penche sur le sujet depuis quelque temps.
Sauf que la priorité de la IATA ne serait pas là, elle cherche surtout à sauver ses membres.
"Des petits disparaîtront, sans dévoiler de noms, car ils font du transport aérien sans avoir les moyens, avec du leasing, etc," se veut fataliste, le transporteur, tout en voyant un pique à un concurrent direct.
Sauf que les gros vont trinquer aussi, ils auront plus de mal à s'adapter, notamment en baissant les coûts.
Et à ce petit jeu de la contraction budgétaire, la grande gagnante pourrait bien être la compagnie que tout le monde pointe du doigt.
"A la sortie de crise, les deux compagnies qui sortiront grandies sont Wizzair et Ryanair, ce ne sont pas des enfants de chœur, mais ils sont efficaces."
Le transport aérien va-t-il retrouver son niveau de 2019 un jour, alors qu'il connaissait un doublement de son trafic tous les 15 ans, rien n'est moins sûr.
Toutefois, le patron croit au rebond, car le loisir et les affinitaires sont une base solide et cette clientèle représente 80% du trafic.
"Le besoin de se déplacer et d'explorer est dans nos gènes. Je suis un optimiste et j'y crois !" conclut Marc Rochet.
"Le transport aérien ne sortira pas de cette crise sans une réforme. IATA est un vieux truc ayant l'obligation de s'adapter et moderniser," peste Marc Rochet.
C'est peu dire que le patron des compagnies était remonté contre l'association. Cette dernière est venue frapper aux portes des compagnies pour exiger des règles de sécurité financière.
"J'ai demandé des critères de calcul de la garantie financière, ma question est restée sans réponse. Et application intégrale à tous les acteurs et équitables, là aussi toujours pas de réponse."
Un flou qui ne joue pas en faveur des compagnies aériennes au sujet de la garantie aérienne, alors que la Commission aérienne se penche sur le sujet depuis quelque temps.
Sauf que la priorité de la IATA ne serait pas là, elle cherche surtout à sauver ses membres.
"Des petits disparaîtront, sans dévoiler de noms, car ils font du transport aérien sans avoir les moyens, avec du leasing, etc," se veut fataliste, le transporteur, tout en voyant un pique à un concurrent direct.
Sauf que les gros vont trinquer aussi, ils auront plus de mal à s'adapter, notamment en baissant les coûts.
Et à ce petit jeu de la contraction budgétaire, la grande gagnante pourrait bien être la compagnie que tout le monde pointe du doigt.
"A la sortie de crise, les deux compagnies qui sortiront grandies sont Wizzair et Ryanair, ce ne sont pas des enfants de chœur, mais ils sont efficaces."
Le transport aérien va-t-il retrouver son niveau de 2019 un jour, alors qu'il connaissait un doublement de son trafic tous les 15 ans, rien n'est moins sûr.
Toutefois, le patron croit au rebond, car le loisir et les affinitaires sont une base solide et cette clientèle représente 80% du trafic.
"Le besoin de se déplacer et d'explorer est dans nos gènes. Je suis un optimiste et j'y crois !" conclut Marc Rochet.