Les contrôleurs sont perpétuellement contraints à pratiquer un chantage morbide du genre : si on nous déstabilise, il va y avoir de la casse. Traduisez : des crashs. Même pour des esprits forts, c’est lourd à porter - DR : ADP - LUIDER, Emile - LA COMPANY
Je trouve qu’on est très injuste avec les contrôleurs aériens.
Tout le monde les considère comme l’expression du corporatisme le plus scandaleux ; comme des égoïstes, des planqués, des profiteurs, des sortes d’ogres du jusqu’au-boutisme.
D’accord, c’est la réalité. Mais il faut les comprendre, ces pauvres travailleurs en souffrance. Ils ont leurs raisons. Je vais vous les expliquer.
D’abord cette profession est basée sur un reniement personnel. Dans les années 60 les contrôleurs aériens ont renoncé à leur droit de grève en échange de conditions salariales exceptionnelles. C’était leur droit.
En 1985 (ou 86, Baroux corrigera), ils se sont reniés, ont repris leur droit de grève sans lâcher les avantages acquis. (Quel est le c… de ministre qui a accepté ?). Conséquence : faut assumer. N’est pas Judas qui veut.
De plus les gars se sont fait nommer ingénieurs. Pour des bac+2 c’est un beau coup. Seulement ils savent bien qu’ils ne sont pas ingénieurs. Quand ils rencontrent un vrai ingénieur, leur surmoi tire la sonnette d’alarme. Toute une vie d’usurpateur. C’est dur à porter. Demandez à un psy...
Après ils bossent 100 jours par an. Je sais qu’ils disent plus. Mais c’est les gros méchants de la Cour des Comptes qui font les comptes et qui leur en veulent. Donc 100, voire 130 jours.
Ça ne leur laisse pas beaucoup de temps pour socialiser dans l’entreprise. Ça autorise peu de causettes à la machine à café. On comprend qu’ils souffrent d’exclusion.
Tout le monde les considère comme l’expression du corporatisme le plus scandaleux ; comme des égoïstes, des planqués, des profiteurs, des sortes d’ogres du jusqu’au-boutisme.
D’accord, c’est la réalité. Mais il faut les comprendre, ces pauvres travailleurs en souffrance. Ils ont leurs raisons. Je vais vous les expliquer.
D’abord cette profession est basée sur un reniement personnel. Dans les années 60 les contrôleurs aériens ont renoncé à leur droit de grève en échange de conditions salariales exceptionnelles. C’était leur droit.
En 1985 (ou 86, Baroux corrigera), ils se sont reniés, ont repris leur droit de grève sans lâcher les avantages acquis. (Quel est le c… de ministre qui a accepté ?). Conséquence : faut assumer. N’est pas Judas qui veut.
De plus les gars se sont fait nommer ingénieurs. Pour des bac+2 c’est un beau coup. Seulement ils savent bien qu’ils ne sont pas ingénieurs. Quand ils rencontrent un vrai ingénieur, leur surmoi tire la sonnette d’alarme. Toute une vie d’usurpateur. C’est dur à porter. Demandez à un psy...
Après ils bossent 100 jours par an. Je sais qu’ils disent plus. Mais c’est les gros méchants de la Cour des Comptes qui font les comptes et qui leur en veulent. Donc 100, voire 130 jours.
Ça ne leur laisse pas beaucoup de temps pour socialiser dans l’entreprise. Ça autorise peu de causettes à la machine à café. On comprend qu’ils souffrent d’exclusion.
Les Anglais traitent 4 fois plus de clients qu'eux
La solitude du contrôleur. C’est pire dans l’autre sens : 265 jours de congés. Et pas moyen de partager avec des gens normaux.
Vous avez déjà rencontré un contrôleur aérien dans un dîner en ville ? Moi, jamais ! Le malheureux qui se dévoilerait déclencherait immédiatement une bronca des convives qui ont tous une dent contre sa profession.
Là encore, quel poids de culpabilité sur leurs épaules. Je parle même pas des femmes de contrôleurs aériens. « Votre mari, il fait quoi ? Il est ingénieur dans l’aviation », genre il construit des Airbus. Une vie de mensonges.
Prenez leur productivité. Les Anglais traitent 4 fois plus de clients qu’eux. Les Allemands 3 fois plus. Nickel chrome.
C’est un peu comme si Hamilton faisait 4 tours de piste quand Grosjean en boucle un... Vous ne seriez pas envahi de doutes à propos de votre ego, vous ?
Et puis ces types dans leur tour de contrôle qui font partir des avions pour tous les coins du monde. Et qui n’ont même pas droit aux GP. Vous imaginez le syndrome de frustration. Obligés de mendier des réducs auprès des compagnies.
On devrait leur garantir un quota de GP par an. Ça coûterait toujours moins cher pour la compagnie que 5 minutes d’attente en bout de piste.
Last but not least, les contrôleurs sont perpétuellement contraints à pratiquer un chantage morbide du genre : si on nous déstabilise, il va y avoir de la casse. Traduisez : des crashs.
Même pour des esprits forts, c’est lourd à porter. L’équilibre mental supporte peu de badiner la mort.
Vous avez déjà rencontré un contrôleur aérien dans un dîner en ville ? Moi, jamais ! Le malheureux qui se dévoilerait déclencherait immédiatement une bronca des convives qui ont tous une dent contre sa profession.
Là encore, quel poids de culpabilité sur leurs épaules. Je parle même pas des femmes de contrôleurs aériens. « Votre mari, il fait quoi ? Il est ingénieur dans l’aviation », genre il construit des Airbus. Une vie de mensonges.
Prenez leur productivité. Les Anglais traitent 4 fois plus de clients qu’eux. Les Allemands 3 fois plus. Nickel chrome.
C’est un peu comme si Hamilton faisait 4 tours de piste quand Grosjean en boucle un... Vous ne seriez pas envahi de doutes à propos de votre ego, vous ?
Et puis ces types dans leur tour de contrôle qui font partir des avions pour tous les coins du monde. Et qui n’ont même pas droit aux GP. Vous imaginez le syndrome de frustration. Obligés de mendier des réducs auprès des compagnies.
On devrait leur garantir un quota de GP par an. Ça coûterait toujours moins cher pour la compagnie que 5 minutes d’attente en bout de piste.
Last but not least, les contrôleurs sont perpétuellement contraints à pratiquer un chantage morbide du genre : si on nous déstabilise, il va y avoir de la casse. Traduisez : des crashs.
Même pour des esprits forts, c’est lourd à porter. L’équilibre mental supporte peu de badiner la mort.
Des enfants gâtés qui se sentent obligés de crier leur souffrance
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Donc les contrôleurs qui sont payés par les voyageurs font grève. Pourquoi ? On ne va pas les licencier. Ils sont fonctionnaires.
Il est possible que quelques-uns en province aient à déménager. La réorganisation permettrait de rationaliser le trafic. D’économiser du kérosène. Intelligent et écolo.
La DGAC s’occupe de tout. Les aides, les primes, le déménagement. Ce n’est quand même pas le bagne. A 6 000 euros par mois en travaillant 100 jours, on se lève le matin pour 720 euros. En province, on survit correctement à ces tarifs-là.
Alors pourquoi font-ils grève ? Parce qu’ils ont besoin de s’exprimer, ces névrosés de la tour. Trop de refoulement. Ils veulent exister, faire entendre leur parole.
D’ailleurs on voit bien que c’est irrationnel comme attitude : ils perturbent leurs clients, donc ceux qui les payent. Il n’y a pas une profession normale qui agirait ainsi.
Vous vous imaginez tout faire pour enquiquiner vos clients ? Voilà qui doit faire des ravages dans leur psychisme déjà bien malmené. Et dire qu’on leur confie nos vies.
A quand un psy à côté de chaque contrôleur avant que l’un d’eux, précipité dans la psychose par tant de privilèges dans un monde en crise, ne craque ?
Franchement on est en face d’un profond malaise, qui frise la manifestation hystérique chère au docteur Freud. C’est ce que j’expliquais cette semaine en salle d’attente à Orly à cette maman et ses deux enfants qui attendaient depuis 3 heures un avion sans savoir s’ils auraient la chance de partir.
Elle était infirmière. Une profession sous payée mais admirable et admirée par tous. Du coup elle ne peut pas comprendre la problématique de ces enfants tellement gâtés qu’ils se sentent obligés de crier leur souffrance.
Mon avion à moi est parti quasiment à l’heure. C’est ce qui m’amène à être indulgent dans cette chronique.
Pour terminer en toute franchise je plains sincèrement les contrôleurs non-grévistes. Ceux qui savent qu’ils font un beau métier, ceux qui auraient tout pour être heureux et admirés hormis des collègues irascibles.
Il est possible que quelques-uns en province aient à déménager. La réorganisation permettrait de rationaliser le trafic. D’économiser du kérosène. Intelligent et écolo.
La DGAC s’occupe de tout. Les aides, les primes, le déménagement. Ce n’est quand même pas le bagne. A 6 000 euros par mois en travaillant 100 jours, on se lève le matin pour 720 euros. En province, on survit correctement à ces tarifs-là.
Alors pourquoi font-ils grève ? Parce qu’ils ont besoin de s’exprimer, ces névrosés de la tour. Trop de refoulement. Ils veulent exister, faire entendre leur parole.
D’ailleurs on voit bien que c’est irrationnel comme attitude : ils perturbent leurs clients, donc ceux qui les payent. Il n’y a pas une profession normale qui agirait ainsi.
Vous vous imaginez tout faire pour enquiquiner vos clients ? Voilà qui doit faire des ravages dans leur psychisme déjà bien malmené. Et dire qu’on leur confie nos vies.
A quand un psy à côté de chaque contrôleur avant que l’un d’eux, précipité dans la psychose par tant de privilèges dans un monde en crise, ne craque ?
Franchement on est en face d’un profond malaise, qui frise la manifestation hystérique chère au docteur Freud. C’est ce que j’expliquais cette semaine en salle d’attente à Orly à cette maman et ses deux enfants qui attendaient depuis 3 heures un avion sans savoir s’ils auraient la chance de partir.
Elle était infirmière. Une profession sous payée mais admirable et admirée par tous. Du coup elle ne peut pas comprendre la problématique de ces enfants tellement gâtés qu’ils se sentent obligés de crier leur souffrance.
Mon avion à moi est parti quasiment à l’heure. C’est ce qui m’amène à être indulgent dans cette chronique.
Pour terminer en toute franchise je plains sincèrement les contrôleurs non-grévistes. Ceux qui savent qu’ils font un beau métier, ceux qui auraient tout pour être heureux et admirés hormis des collègues irascibles.