Nolinski Venezia : "Nous voulons développer une autre idée du luxe"

TourMaG : Pourquoi un hôtel Nolinski, à Venise ?

Emmanuel Sauvage : Pour Evok Collection, c’était une évidence que Venise soit sa première destination à l’international. Parce que c’est une ville d’histoire et d’émotions que des gens de tous les milieux et de tous les pays rêvent de voir dans leur vie. De toutes les marques de Evok Collection (1), Nolinski était celle qui correspondait le mieux à l’ADN de notre projet vénitien.

TourMaG : Que voulez-vous faire au Nolinski Venezia ?

Emmanuel Sauvage : Nous voulons en faire le nouvel hôtel de référence à Venise.

TourMaG : Rien que cela !

Emmanuel Sauvage : Dans la vie, il faut voir grand et être ambitieux ! Bien sûr, ce n’était pas évident de faire un nouvel hôtel à Venise où la règlementation a beaucoup évolué ces dernières années. Mais, nous avons désormais toutes les autorisations.

Notre projet remonte à plusieurs années en arrière, déjà. C’est en décembre 2017 que Evok Collection a fait l’acquisition du Palais vénitien dans lequel était, jusque-là, installée la Chambre de commerce de Venise, laquelle est partie à Mestre, sur la terre ferme.

Depuis, nous avons engagé d'importants travaux de rénovation. Nous voulons en faire un hôtel différent de ceux qui sont installés dans les palais vénitiens classiques. Le bâtiment du Nolinski Venezia n’est d’ailleurs pas de style baroque. Il est de style composite : il mixe le style Liberty, le style Art nouveau et des éléments plus récents mais cependant classés.

TourMaG : Ce sera un hôtel 5 étoiles ou un palace ?

Alexandro Caristo : Ce sera un 5 étoiles luxe. C’est à dire l’appellation la plus prestigieuse en Italie où, contrairement à la France, la distinction Palace n’existe pas.

Emmanuel Sauvage : Le projet d’Evok Collection, c’est d’être créateur de nouveaux styles de vie, de havre de bien-être discret au cœur de quartiers animés, de lieux qui bousculent les codes de l’hôtellerie de luxe. Nolinski joue avec les matières et les codes, des pièces iconiques côtoient un décor classique aux allures d’appartements privés.

Au Nolinski Venezia, nous avons cherché à mettre en scène un art de vivre italien.

Pour la rénovation, nous avons fait appel à des artisans qui maîtrisent les savoir-faire vénitiens typiques comme le marmorino, mais nous avons veillé aussi à introduire des éléments plus contemporains, quoique toujours raffinés et respectueux du design italien classique.

Quant à la décoration d’inspiration marine, elle s’harmonise avec l’architecture du palais.]i

TourMaG : Quelle clientèle visez-vous ?

Emmanuel Sauvage : La clientèle habituelle de ce genre d’établissements ! Cependant, si, d’une manière générale, la clientèle du luxe se développe, elle rajeunit aussi. Elle peut donc avoir plusieurs styles.

J’ai envie de dire : le palace, c’est le passé. Evok, c’est l’avenir. Au Nolinski Venezia, nous entendons proposer un luxe plus sobre, plus apaisant.

TourMaG : Concrètement, comment le Nolinski Venezia entend-il renouveler l’offre de luxe ?

Emmanuel Sauvage : Chez Evok Collection, nous sommes des créateurs de souvenirs.
Notre projet, c’est de proposer « une vie de rêve en plus ». Cette promesse a évidemment des traits communs avec l’hospitalité classique au service très attentionné.

Mais comme nous avons la chance de ne pas être héritiers d’un passé qui pourrait être pesant, nous avons une vision du luxe plus intimiste, plus feutrée, plus décontractée aussi comme notre clientèle !

Alessandro Caristo : Pour tous ceux qui viennent à Venise, la Place Saint-Marc, la Basilique, le Palais des Doges sont des expériences incontournables.

En même temps, notre clientèle aura aussi envie de vivre Venise autrement. Il faut donc avoir le courage de lui proposer quelque chose de différent. Notre idée, c’est de lui faire découvrir la Venise des Vénitiens.

Emmanuel Sauvage : Pour attirer la nouvelle clientèle de trentenaires et de quadras qui voyagent, qui font des achats dans les boutiques de luxe, il ne suffirait pas de lui proposer un hôtel différent. Il faut aussi une ville qui bouge.

Heureusement, Venise n’est pas la belle endormie que l’on croit parfois. La municipalité a fait un travail formidable pour changer son image, pour limiter le tourisme de masse et lui substituer un tourisme plus responsable, plus qualitatif, plus haut de gamme, plus intéressant pour les habitants que le simple tourisme de passage.

Venise est ainsi devenue une ville très dynamique qui regorge d’art contemporain, d’expositions en tous genres, de culture, de boutiques de luxe.

TourMaG : Pourquoi avoir choisi Alessandro Caristo pour diriger le Nolinski Venezia ?

Emmanuel Sauvage : Chez Evok Collection, nous estimons que les directeurs généraux de nos hôtels doivent incarner les lieux qu’ils dirigent.

Le nom d’Alessandro Caristo s’est imposé, parce qu’il a une grande expérience de l’hôtellerie de luxe, parce qu’il est italien et aussi parce qu’il maîtrise parfaitement la culture de Venise où il fait ses études et a travaillé de nombreuses années.

Dans le contexte de renouveau de Venise que je viens de vous décrire, de nouvelles marques de luxe et de nouveaux acteurs y arrivent. Alessandro Caristo fera partie de cette nouvelle génération qui permet à la ville de se renouveler.

TourMaG : Alessandro Caristo, pourquoi avoir accepté le challenge que constitue l’ouverture d’un hôtel nouveau et qui se veut différent ?

Alessandro Caristo : J’avais déjà vécu à Venise plusieurs expériences dans le domaine du luxe. Mais, vous savez, pour garder sa fraîcheur, sa curiosité, il faut tenter de nouvelles expériences. Le projet du Nolinski Venezia m’a donné envie de tenter quelque chose de différent.

TourMaG : Pouvez-vous nous présenter l’offre hôtelière du Nolinski Venezia ?

Alessandro Caristo : L’hôtel offre 43 chambres, dont 8 suites juniors et 12 grandes suites. Les prix s’échelonnent de 850 € la nuit jusqu’à 10 000 € pour la plus grande suite (82M2) qui est dotée d’une terrasse privée.

Installé à peine 400 mètres de la place Saint-Marc, le Nolinski Venezia permettra de vivre des expériences typiquement vénitiennes. Ses chambres offrent toutes des vues sur les rues de la ville ou sur ses toits.

Au sixième étage a été installé, à l’intérieur du bâtiment, le seul bassin de Venise intra muros. Il offre une vue panoramique extraordinaire à 360 degrés sur la ville. C’est l’endroit idéal pour se relaxer le soir, avant d’aller prendre l’apéritif au troisième étage.

TourMaG : L’équipe du Nolinski est-elle déjà constituée ?

Alessandro Caristo]b : L’équipe -140 collaborateurs- sera au complet en mai. Une « soft opening » (ouverture douce) est prévue ce mois-là, l’ouverture officielle, elle, est fixée au 1er juin.

J’ai évidemment commencé par recruter les responsables de l’hébergement, de la restauration, les responsables techniques.

Nous avons déjà un chef exécutif cuisine. Philip Chronopoulos qui est le chef du restaurant Palais Royal de Paris (2 étoiles au Michelin) et aussi du restaurant du Nolinski Paris, sera également le chef du Palais Royal Restaurant Venise, installé au sein du Nolinski Venezia.

TourMaG : Privilégiez-vous les Italiens dans vos recrutements ? Et connaissez-vous, comme d’autres, des difficultés pour recruter ?

Emmanuel Sauvage : Bien que les conditions de travail soient plus faciles aujourd’hui qu’autrefois, tous les métiers de service connaissent actuellement des difficultés de recrutement, sur tous les continents.

Cependant, contrairement à beaucoup d’autres hôtels de Venise, nous ne proposons pas de contrats saisonniers, seulement des contrats à l’année. Parce que le Nolinski Venezia, lui, sera ouvert toute l’année.

Dans l’idéal, le personnel devrait être vénitien. En pratique, comme Venise est une ville-monde, une ville de passage, nous aurons des collaborateurs d’origines différentes.

(1) Nolinski, Brach, Sinner, Cour des Vosges, et enfin le restaurant gastronomique Palais royal dont le chef est le Grec Philip Chronopoulos.