P. Pourbaix (MSC) : "Nous avons placé l’environnement au cœur de nos préoccupations"

TourMaG.com - Avec la montée en puissance de "l’avion bashing", avez-vous honte de prendre l’avion cet été ?

Patrick Pourbaix : Pourquoi avoir honte de prendre l’avion ? C’est un plaisir de prendre l’avion. J’ai le profond sentiment que, comme dans l’industrie de la croisière, l’avion bashing vient de la méconnaissance que le transport aérien a depuis longtemps pris conscience des enjeux environnementaux.

Les efforts fournis, les progrès soutenus depuis des années visant à l’amélioration de l’efficacité énergétique des avions ou des systèmes perfectionnés mis en place à bord des navires ont certainement été mal mis en évidence par le passé.

Stabiliser ou réduire les émission de CO2 dans le transport aérien ne s’effectue pas en un claquement de doigt. Pour la croisière, même combat. Les technologies et innovations actuelles nous permettent de proposer aujourd’hui un produit durable et respectueux de l’environnement.

Mais nous n’avons pas attendu d’être critiqués pour entreprendre des initiatives, puisque chez MSC Croisières, nous avons placé depuis nos débuts l’environnement au cœur de nos préoccupations.

TourMaG.com - Sur-tourisme, pollution du transport aérien, des croisières… Le tourisme a été pointé du doigt cette année. Pensez-vous que 2019 est une année charnière en matière de prise de conscience du grand public et des professionnels ?

Patrick Pourbaix : Il est peut-être délicat de dire que la prise de conscience s’est faite cette année seulement, elle s’est néanmoins ouvertement manifestée. Les professionnels du tourisme sont conscients de ces problématiques depuis un bon moment et il va de leur responsabilité d’éduquer les clients sur ces sujets.

Le grand public a surtout besoin d’être rassuré et de comprendre ce qui est entrepris pour avoir la conscience tranquille lorsqu’ils choisissent un mode de vacances et c’est tout à fait légitime.

Pour revenir au « bashing », je trouve cela bien facile de pointer du doigt certaines industries surtout lorsque que l’on connait le faible poids des émissions polluantes (1%) émanant de l’industrie de la croisière dans la pollution totale de notre planète…

TourMaG.com - En quoi le réchauffement climatique est-il un sujet majeur pour vous ?

Patrick Pourbaix : C’est un sujet majeur pour nous et à tout niveau, tous les maillons de la chaîne sont importants. Aujourd’hui, nous sommes tous concernés. Petites et grandes structures du secteur touristique et au-delà, doivent avoir les mêmes objectifs pour favoriser et créer un système plus viable à long terme.

TourMaG.com - Pensez-vous qu’il faille revoir la façon dont on consomme « le tourisme » ?

Patrick Pourbaix : Le mode de consommation touristique a déjà bien évolué depuis plusieurs décennies et va continuer à progresser ces prochaines années. Aujourd’hui, il est indispensable pour les acteurs du tourisme de proposer un produit en adéquation avec les attentes des voyageurs, reflet de leur mode de vie et de leur volonté de mieux consommer et c’est déjà ce qu’il se passe aujourd’hui.

Pour l’avenir, c’est à nous de dessiner les tendances du voyage de demain avec des initiatives respectueuses.

TourMaG.com - Et comment l’appliquez-vous ou qu’envisagez-vous pour votre entreprise ?

Patrick Pourbaix : A horizon 2027, notre flotte sera composée de 29 navires et les 5 derniers de celle-ci seront propulsés au Gaz Naturel Liquéfié (GNL).

Les navires dont la construction est plus ancienne sont tous progressivement mis en cale sèche pour être équipés de scrubbers, système de nettoyage des gaz d’échappement. Fin 2019, 11 navires sur 17 seront pourvus de scrubbers. Quant aux 6 autres, ils auront recours à d’autres alternatives comme l’utilisation de combustibles à faible teneur en soufre.

Dans la croisière, le grand saut c’est le GNL, qui permet de réduire les émissions de particules fines de 100% par rapport au fuel lourd. Sa combustion fait diminuer les rejets de CO2 de 20%, et les rejets d’oxydes d’azote de près de 80%. Ceci étant dit, le GNL c’est bien mais ce qui est fondamental de souligner c’est que si nous sommes seuls à faire le nécessaire nous ne pourrons avancer, car au-delà de l’industrie entière, c’est un écosystème entier qui doit bouger dans la même direction.

Par exemple, pour que les navires propulsés au GNL puissent être opérationnels il faut que les ports soient équipés de pompes à GNL, sinon ce n’est tout simplement pas viable.

Retrouvez tous les témoignages des pros du tourisme de notre série (verte) de l'été 2019 en cliquant sur ce lien.