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Quand Airbnb se prend pour le site officiel de destinations françaises...

Airbnb s'est substituée aux sites des offices de tourisme de Val-d'Isère ou encore Saint-Tropez


Internet, mais surtout ses géants ne nous épargnent jamais de surprises et autres découvertes stupéfiantes. En tapant le nom de la station de ski pour laquelle, il est le directeur général, Christophe Lavaut a découvert qu'Airbnb se faisait passer pour... le site officiel de la ville. Après quelques recherches le cas : idem pour Saint-Tropez et même pour Megève avec un degré moindre. Mais qu'est-ce qui a piqué Airbnb pour prendre la place aux offices de tourisme des destinations françaises ? Est-ce une erreur ? Eléments de réponses ou débuts d'explications.


Rédigé par le Lundi 4 Octobre 2021

Airbnb tel David Copperfield a su faire disparaître Val-d'Isère pour se substituer en site officiel de la station - Crédit photo : Dépositphotos @studiostoks
Airbnb tel David Copperfield a su faire disparaître Val-d'Isère pour se substituer en site officiel de la station - Crédit photo : Dépositphotos @studiostoks
Décidément le web ne cessera jamais de nous surprendre.

Alors que le RGPD (Règlement Général de Protection des Données) devait mettre fin au "Far West de la donnée" selon Sylvain Staub, du cabinet d'avocats Staub & Associés, l'Europe a encore bien des combats à mener pour remettre dans le droit chemin les acteurs digitaux.

Si les comportements borderline sont nombreux et parfois condamnés, Airbnb vient faire preuve d'une grande confiance et de couardise, ces derniers jours.

En effet, en début de semaine dernière Christophe Lavaut, le directeur général de Val-d’Isère Tourisme fait le tour digital de sa station. Il tape tout simplement dans Google le nom de sa destination et se retrouve avec une réponse qui l'a estomaqué.

Airbnb : quel comportement dénonce Val-d'Isère ?

Capture écran sur la requête Val d'Izère, où Airbnb apparait comme site officiel de la station de ski
Capture écran sur la requête Val d'Izère, où Airbnb apparait comme site officiel de la station de ski
Sans surprise ou presque, Airbnb arrive en premier dans les requêtes du moteur de recherche, mais surtout le site de location de logements de particuliers prend la dénomination de "site officiel" de Val-d'Isère.

L'opération a été faite sur différents ordinateurs et aussi destinations touristiques, comme Megève et Saint-Tropez avec le même résultat.

Les stations visées par Airbnb qu'elles soient de montagne ou du littoral semblent avoir un même dénominateur commun à savoir : des destinations exclusives ou premium.

Ce n'est sans doute pas tout. Jusqu'à peu, Val-d'Isère n'avait pas protégé sa marque dans Google Adwords, la régie publicitaire de Google.

Ainsi, en achetant au prix fort le mot-clé "val d'isère" et sans doute avoir demandé auprès du manitou du web mondial, Airbnb s'est fait passer pour le site de la station et a détourné pendant un certain temps son trafic vers sa propre plateforme de location.

C'est en tout cas la théorie de Christophe Lavaut, le directeur général de Val-d’Isère Tourisme.

"Je reste assez surpris qu’un acteur majeur du tourisme comme Airbnb emploie ce genre de procédés webmarketing au détriment de potentiels partenaires que sont les destinations touristiques françaises," nous a déclaré, Christophe Lavaut, le directeur général de Val-d’Isère Tourisme.

Depuis la divulgation du procédé et après avoir écrit à la plateforme américaine, le géant ne se substitut plus aux sites des stations mentionnées...

Pourquoi Airbnb a t-elle fait ça ?

"Nous parlons là, d'une pratique commerciale déloyale, en particulier une pratique commerciale trompeuse.

Il s'agit des pratiques commerciales qui contiennent (ou véhiculent) des éléments faux (ici le caractère "officiel" du site), susceptibles d'induire en erreur le consommateur moyen, ou bien des éléments vrais, mais présentés de telle façon qu'ils conduisent au même résultat,
" explique Chloé Rezlan, avocate en droit du tourisme pour Alkemist Avocats.

Du côté de Val-d'Isère, le directeur général a décidé de déposer à l'Institut national de la propriété industrielle (INPI) la marque pour ne plus qu'elle soit usurpée par d'autres acteurs.

Pour un expert du digital, si la pratique est condamnable, ce n'est pas vraiment une surprise.

"Un grand classique de l'achat de pub sur Google... Cela veut clairement dire que si c'est arrivé à Val-d'Isère, c'est que les équipes média d'Airbnb utilisent cette pratique pour doper la perf de leur campagne SEM."

Le Search Engine Marketing correspond au marketing des moteurs de recherche, au contraire du SEO.

Ici l'objectif est de tirer profit "des énormes volumes de requêtes effectuées sur les moteurs de recherche qui représentent un enjeu financier et marketing très important," rapporte le site internet, définitions-marketing.com.

Google que nous avons contacté n'a pas souhaité apporter de précision par rapport au problème soulevé. L'équipe du moteur de recherche a préféré nous renvoyer à sa page expliquant le système de "position et classement des annonces".

Le moteur de recherche pourrait donner l'impression de rejeter la faute sur Airbnb.

Val-d'Isère vs Airbnb : A qui la faute ?

Pour classer telle ou telle réponse achetée par les marques, Google Ads examine également la pertinence et l'utilité de l'annonce (et du site Web associé) pour l'utilisateur qui la verra.

Vous pouvez payer à la fin, le moteur de recherche décide.

D'ailleurs, la qualité de la réponse rejoint une problématique nouvelle que de nombreux experts du SEO ont relevée ces derniers temps : Google n'en ferait qu'à sa tête avec les titres des requêtes.

Le grand manitou du web mondial a décidé de qualifier à loisir les titres des pages comme il le souhaite, à partir du moment où il sent qu'il peut faire mieux que les professionnels du digital.

Concrètement, en plus de mettre en avant un mauvais site, il trompe la personne qui effectue une recherche sur le web, un peu comme notre histoire avec Val d'Isère.

Sauf que pour la station des Alpes, il est bien spécifié que non seulement Airbnb est bien "le site officiel", mais que cette réponse est une "Annonce" (voir photo). Google n'y serait donc pour rien...

Nous nous sommes donc dirigés vers Airbnb que nous avons contacté pour avoir une réponse. L'explication fournie est plus que saugrenue, même si la personne interrogée reconnait que la présentation de Google peut étonner.

La firme de San Francisco avance qu'elle procède de cette façon pour rassurer les clients, alors que de nombreuses annonces frauduleuses sont en ligne.

Morale de l'histoire que ce soit avec Google, Airbnb ou n'importe quel géant du numérique, il ne faut pas mettre tous ses oeufs dans le même panier...

Romain Pommier Publié par Romain Pommier Journaliste - TourMaG.com
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