Sommet spatial européen de Séville : les lanceurs confortés ! Pour les vols habités et le tourisme spatial, une fois encore, on attendra encore un peu… - Credits: ESA - S. Corvaja
Depuis le dernier sommet de Toulouse en février 2022, le spatial européen donnait déjà des signes d’inquiétude par rapport à la concurrence, d’où l’idée de commander un rapport à un groupe composé de 12 experts et connu sous le nom de « Groupe consultatif de haut niveau (HLAG, High Level Advisory Group). »
Celui-ci a présenté son rapport lors de la 315e session du Conseil de l'ESA (Agence Spatiale Européenne), qui s'est tenue au siège de l'ESA à Paris, le 23 mars 2023.
Lire aussi : Une fois de plus l’Europe et la France remettent à plus tard "le Tourisme Spatial"
De ce rapport, il ressortait trois faits majeurs :
- « L'Europe doit augmenter de manière significative ses investissements dans l'exploration humaine et développer ses propres capacités en matière de vols habités, afin de retirer tous les avantages d'une économie spatiale en plein essor. »
- « Les estimations actuelles de l'économie spatiale mondiale se situent entre 350 et 450 milliards d'euros, des prévisions indépendantes estiment que sa valeur atteindra 1.000 milliards d'euros avant 2040 (...) L'Europe ne peut évidemment plus se permettre de ne rien faire alors que les Américains, les Chinois, les Russes, et bientôt les Indiens, sont autonomes en matière de vol habité (...) Le coût de l'inaction dépasserait de loin l'investissement nécessaire pour faire de l'Europe un acteur spatial fort et indépendant. »
- « L'ESA ne doit plus distribuer le travail entre les sociétés européennes, selon des critères de retour géographique (redistribuer aux industries des États contributeurs à concurrence des sommes engagées), mais lancer des appels d'offres ouverts (ndlr notamment au privé) à l'image de ce que fait la NASA. »
Celui-ci a présenté son rapport lors de la 315e session du Conseil de l'ESA (Agence Spatiale Européenne), qui s'est tenue au siège de l'ESA à Paris, le 23 mars 2023.
Lire aussi : Une fois de plus l’Europe et la France remettent à plus tard "le Tourisme Spatial"
De ce rapport, il ressortait trois faits majeurs :
- « L'Europe doit augmenter de manière significative ses investissements dans l'exploration humaine et développer ses propres capacités en matière de vols habités, afin de retirer tous les avantages d'une économie spatiale en plein essor. »
- « Les estimations actuelles de l'économie spatiale mondiale se situent entre 350 et 450 milliards d'euros, des prévisions indépendantes estiment que sa valeur atteindra 1.000 milliards d'euros avant 2040 (...) L'Europe ne peut évidemment plus se permettre de ne rien faire alors que les Américains, les Chinois, les Russes, et bientôt les Indiens, sont autonomes en matière de vol habité (...) Le coût de l'inaction dépasserait de loin l'investissement nécessaire pour faire de l'Europe un acteur spatial fort et indépendant. »
- « L'ESA ne doit plus distribuer le travail entre les sociétés européennes, selon des critères de retour géographique (redistribuer aux industries des États contributeurs à concurrence des sommes engagées), mais lancer des appels d'offres ouverts (ndlr notamment au privé) à l'image de ce que fait la NASA. »
Conseil ministériel des 22 Etats membres de l’ESA
En toile de fond de ce Sommet, la crise sans précédent des fusées européennes : Ariane 6, en retard de quatre ans, ne volera pas avant 2024 et Vega C, la nouvelle version de la petite fusée italienne Vega, est indisponible jusqu'à la fin de l'année prochaine.
Compte tenu de l’arrêt de de la coopération avec la Russie et de ses Soyouz, l’Europe n’a donc plus d’accès indépendant à l'espace et ses lanceurs sont cloués au sol !
Si l’on rajoute à ce triste tableau, les velléités de l’Allemagne d'ouvrir le marché des lanceurs à la concurrence, Berlin voulant offrir à ses champions (Isar Aerospace, OHB et HyImpulse) l'occasion de ravir le leadership européen à ArianeGroup et les souhaits de l’Italie de reprendre son indépendance commerciale et donc de ne plus passer par Arianespace, qui commercialise les fusées européennes, on voit donc l’ambiance qui pouvait précéder à ce Sommet.
La première journée de ce Sommet était consacrée à un conseil ministériel des 22 Etats membres de l’ESA, dont l’objet était avant tout de régler le problème des lanceurs. Il ressort de ce sommet, quatre enseignements majeurs.
Compte tenu de l’arrêt de de la coopération avec la Russie et de ses Soyouz, l’Europe n’a donc plus d’accès indépendant à l'espace et ses lanceurs sont cloués au sol !
Si l’on rajoute à ce triste tableau, les velléités de l’Allemagne d'ouvrir le marché des lanceurs à la concurrence, Berlin voulant offrir à ses champions (Isar Aerospace, OHB et HyImpulse) l'occasion de ravir le leadership européen à ArianeGroup et les souhaits de l’Italie de reprendre son indépendance commerciale et donc de ne plus passer par Arianespace, qui commercialise les fusées européennes, on voit donc l’ambiance qui pouvait précéder à ce Sommet.
La première journée de ce Sommet était consacrée à un conseil ministériel des 22 Etats membres de l’ESA, dont l’objet était avant tout de régler le problème des lanceurs. Il ressort de ce sommet, quatre enseignements majeurs.
Que retenir de la première journée du Sommet spatial européen de Séville
L’avenir d’Ariane 6 est assuré.
Ariane 6 bénéficiera d’un financement de 340 millions d’euros par an à partir de 2026, en ligne avec la politique de soutien public des grandes puissances spatiales et se verra confier un minimum de quatre missions institutionnelles européennes par an. Comme l’a exprimé Bruno Lemaire dans sa conférence de presse : «au-delà des 27 lancements déjà contractualisés, 15 lancements complémentaires, soit 42 lancements d’ici à 2030. Ces 42 lancements garantissent la solidité du modèle économique d’Ariane 6 pour la décennie. »
Ouverture à la concurrence.
Le choix des futurs lanceurs se fera désormais sur la base d’une compétition entre lanceurs, conformément à la décision prise par le président de la République lors du lancement du plan d’investissement ‘’France 2030’’. Ce choix ouvre le marché à la concurrence des nouveaux lanceurs à des TPE et PME des trois nations.
Kourou demeure le spaceport spatial privilégié de l’Europe.
Le centre spatial guyanais sera mis au service de cette stratégie d’accès indépendant de l’Europe à l’espace. L’ancien pas de tir de Soyouz sera notamment rétrocédé à la France pour accueillir deux futurs lanceurs légers.
Le vol habité et le tourisme spatial… le minimum du minimum.
Dans le communiqué de Bruno Lemaire concernant le vol habité, le moins que l’on puisse dire, c’est que sur ce sujet, c’est le minimum du minimum que l’on pouvait faire : « Allemagne, Italie et la France réaffirment l’ambition européenne dans le domaine de l’exploration spatial… Ils souhaitent préparer les futures étapes d’exploration robotique et habitées de la Lune et de Mars ».
Pas de surprises, les jeux semblaient d’ailleurs déjà faits puisque quelques jours avant le Sommet, Joseph Aschbacher, le Directeur général de l’ESA, avait déclaré : « L’Europe ne dispose actuellement pas de moyens propres pour envoyer des astronautes dans l’espace, dépendant d’un système de troc utilisé jusqu’ici avec Moscou ou Washington. Cela suppose d’importants investissements, or nous ne sommes pas dans une situation économique porteuse. »
Celui-ci a donc obtenu le feu vert des 22 Etats membres de l’agence pour lancer dès cet hiver une compétition européenne pour encourager le développement de vaisseaux spatiaux, pour le moment encore "cargo", capables de voyager entre la Terre et l’orbite basse pour disposer d’un nouveau service à l’horizon… 2028 !
Ariane 6 bénéficiera d’un financement de 340 millions d’euros par an à partir de 2026, en ligne avec la politique de soutien public des grandes puissances spatiales et se verra confier un minimum de quatre missions institutionnelles européennes par an. Comme l’a exprimé Bruno Lemaire dans sa conférence de presse : «au-delà des 27 lancements déjà contractualisés, 15 lancements complémentaires, soit 42 lancements d’ici à 2030. Ces 42 lancements garantissent la solidité du modèle économique d’Ariane 6 pour la décennie. »
Ouverture à la concurrence.
Le choix des futurs lanceurs se fera désormais sur la base d’une compétition entre lanceurs, conformément à la décision prise par le président de la République lors du lancement du plan d’investissement ‘’France 2030’’. Ce choix ouvre le marché à la concurrence des nouveaux lanceurs à des TPE et PME des trois nations.
Kourou demeure le spaceport spatial privilégié de l’Europe.
Le centre spatial guyanais sera mis au service de cette stratégie d’accès indépendant de l’Europe à l’espace. L’ancien pas de tir de Soyouz sera notamment rétrocédé à la France pour accueillir deux futurs lanceurs légers.
Le vol habité et le tourisme spatial… le minimum du minimum.
Dans le communiqué de Bruno Lemaire concernant le vol habité, le moins que l’on puisse dire, c’est que sur ce sujet, c’est le minimum du minimum que l’on pouvait faire : « Allemagne, Italie et la France réaffirment l’ambition européenne dans le domaine de l’exploration spatial… Ils souhaitent préparer les futures étapes d’exploration robotique et habitées de la Lune et de Mars ».
Pas de surprises, les jeux semblaient d’ailleurs déjà faits puisque quelques jours avant le Sommet, Joseph Aschbacher, le Directeur général de l’ESA, avait déclaré : « L’Europe ne dispose actuellement pas de moyens propres pour envoyer des astronautes dans l’espace, dépendant d’un système de troc utilisé jusqu’ici avec Moscou ou Washington. Cela suppose d’importants investissements, or nous ne sommes pas dans une situation économique porteuse. »
Celui-ci a donc obtenu le feu vert des 22 Etats membres de l’agence pour lancer dès cet hiver une compétition européenne pour encourager le développement de vaisseaux spatiaux, pour le moment encore "cargo", capables de voyager entre la Terre et l’orbite basse pour disposer d’un nouveau service à l’horizon… 2028 !
La France et l’Europe auront laissé passer le coche
Certes si l’on a sauvé les meubles ou plutôt les lanceurs, pour ce qui est du vol habité et du tourisme spatial, on reviendra… C’est d’ailleurs ce qu’avait envisagé, quelques jours avant Séville, Michel Cabirol fin connaisseur du secteur spatial et journaliste à La Tribune : « Alors que l'Inde s'apprête à devenir le quatrième pays à envoyer un homme dans l'espace, l'Europe, elle, se refrène, se limite, se bride... et est en train de passer à côté du train de la nouvelle conquête spatiale, dont les fruits seront partagés par les grandes puissances spatiales. Elles en ont compris l'intérêt stratégique et... économique. Mais pas l'Europe, malheureusement. »
On est donc encore loin, des recommandations du HLAG (Groupe consultatif de haut niveau) qui avait affirmé que « l'exploration humaine de l'espace connaît une révolution que l'Europe ne peut se permettre de manquer. »
On est encore plus loin des grandes ambitions manifestées pour doter l'Europe d'une capsule habitable lui permettant d'envoyer seule ses astronautes dans l'espace, comme le font les Etats-Unis, la Chine, la Russie et bientôt l’Inde.
Certes la porte n’est pas fermée, mais une fois de plus, la France et l’Europe auront laissé passer le coche, se privant de centaines de milliers d’emplois, en ignorant ces nouveaux marchés induits par le tourisme spatial et qui s’offrent à nous.
Dommage.
… et pendant ce temps-là, SpaceX vient de battre son propre record de réutilisation de fusées, puisqu’une Falcon 9, chargée de libérer un nouveau lot de satellites Internet Starlink, a effectué sa 18e mission. Jamais un premier étage n’avait autant volé.
Cherchez l’erreur.
On est donc encore loin, des recommandations du HLAG (Groupe consultatif de haut niveau) qui avait affirmé que « l'exploration humaine de l'espace connaît une révolution que l'Europe ne peut se permettre de manquer. »
On est encore plus loin des grandes ambitions manifestées pour doter l'Europe d'une capsule habitable lui permettant d'envoyer seule ses astronautes dans l'espace, comme le font les Etats-Unis, la Chine, la Russie et bientôt l’Inde.
Certes la porte n’est pas fermée, mais une fois de plus, la France et l’Europe auront laissé passer le coche, se privant de centaines de milliers d’emplois, en ignorant ces nouveaux marchés induits par le tourisme spatial et qui s’offrent à nous.
Dommage.
… et pendant ce temps-là, SpaceX vient de battre son propre record de réutilisation de fusées, puisqu’une Falcon 9, chargée de libérer un nouveau lot de satellites Internet Starlink, a effectué sa 18e mission. Jamais un premier étage n’avait autant volé.
Cherchez l’erreur.
Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.
Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, "Tourisme Spatial et Ecologie" en 2022 et "Tourisme Spatial de 1950 à 2022" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.
Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.
Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, "Tourisme Spatial et Ecologie" en 2022 et "Tourisme Spatial de 1950 à 2022" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.
Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.