"j'ai regardé sur internet pour confirmer, puis je me suis mise à pleurer, pleurer dans ma salle de bain. J'étais inconsolable" une salariée de Thomas Cook - DR
Dans la faillite de Thomas Cook, tout l'écosystème du tourisme a été passé en revue, ou presque.
Tout d'abord les médias, (TourMaG.com inclus), se sont focalisés sur les voyageurs, bloqués à l'autre bout du monde. Puis nous avons cherché à connaître les repreneurs et à consulter les offres.
De Nicolas Delord, aux syndicats de la profession, en passant par l'APST, tout le monde a pu s'exprimer, sauf... les salariés de Thomas Cook France.
Malgré les injonctions de la direction, demandant aux 800 employés de ne pas s'exprimer, quelques-uns ont pris le parti de se confier, pour livrer leur vision de ce drame économique.
Entre espoirs, colère et amertume, voici les témoignages de ceux qui ont vécu la crise, affronté les clients. Ils n'ont pas abandonné leurs postes par loyauté envers une institution qui se cherche un avenir.
Les salariés ont préféré conserver l'anonymat, par peur des représailles et pour ne pas se tirer une autre balle dans le pied, alors même qu'ils sont toujours en pleine incertitude concernant le devenir de leurs emplois...
Tout d'abord les médias, (TourMaG.com inclus), se sont focalisés sur les voyageurs, bloqués à l'autre bout du monde. Puis nous avons cherché à connaître les repreneurs et à consulter les offres.
De Nicolas Delord, aux syndicats de la profession, en passant par l'APST, tout le monde a pu s'exprimer, sauf... les salariés de Thomas Cook France.
Malgré les injonctions de la direction, demandant aux 800 employés de ne pas s'exprimer, quelques-uns ont pris le parti de se confier, pour livrer leur vision de ce drame économique.
Entre espoirs, colère et amertume, voici les témoignages de ceux qui ont vécu la crise, affronté les clients. Ils n'ont pas abandonné leurs postes par loyauté envers une institution qui se cherche un avenir.
Les salariés ont préféré conserver l'anonymat, par peur des représailles et pour ne pas se tirer une autre balle dans le pied, alors même qu'ils sont toujours en pleine incertitude concernant le devenir de leurs emplois...
Une responsable d'agence dans l'Est revient sur "les cassures entre les salariés et la direction"
"Bienvenue dans le royaume des coups bas. J'ai pris le parti de m'exprimer, pour faire entendre une autre voix que celle relayée sur les réseaux sociaux, les articles et dans les commentaires.
A l'heure actuelle, il existe deux camps, l'un pro direction qui rassemble les employés du siège Jet tours et le mien, sauf qu'il n'est pas le plus populaire dans les médias, car les gens ont peur des conséquences. Je ne dis pas que ma voix est majoritaire, mais elle existe. Elle est partagée par de nombreuses personnes.
Pour revenir à la journée du 23 septembre, ce fut une déflagration. La semaine précédente tous les salariés ont reçu des éléments de langage pour communiquer sereinement sur l'avenir de l'entreprise, de nombreux vendeurs ont très mal vécu cet épisode.
Une première cassure s'est produite à ce moment-là. La seconde s'est produite, le jour de la faillite, car nous avons été laissés dans la nature, sans consignes pendant un ou un jour et demi. Nous pouvons comprendre que la situation est exceptionnelle, mais ça n'a pas été fluide.
Pendant les semaines suivantes, il y a eu la gestion des dossiers, des clients, nous étions en plein stress. Puis après le 1er octobre et le dépôt de bilan, nous sommes entrés dans une autre phase, avec un changement d'état d'esprit et des horaires restreints, puis le 10 octobre la mise en place de la mesure des congés payés forcés.
De nombreuses personnes ont mal vécu cette obligation.
La direction actuelle a une spécialité : ce n'est jamais leur faute. Après Denis Wathier qui était fautif de tous les malheurs, la faute est maintenant rejetée sur les Anglais, alors que les gens oublient que le siège a subventionné pendant de nombreuses années la filiale française. Pourquoi les éléments extérieurs ont toujours des effets plus forts chez nous que chez les autres ?
La communication du président la semaine dernière, sur les offres, est la 3e cassure. Les agences ont appris par la presse les détails des points de vente repris, sans aucune communication en interne, de nombreuses personnes sont tombées des nues. Ils ont pris cela comme une trahison.
Puis l'histoire des primes versées au Comex est un autre coup dur porté à la confiance entre les dirigeants et les salariés. Dans les 50 boutiques qui seraient reprises par Thomas Cook, les joyaux de la couronne. Il y en a plusieurs qui ne veulent pas faire partie du lot et ne peuvent plus voir Delord.
D'ailleurs je me demande comment le projet sera viable demain, sans distribution externe et avec un tel Comex. A part Delord, les autres sont arrivés, il y a 6 mois ou deux ans maximum. Je pose la question, demain avec qui allons-nous travailler ? Nous devons de l'argent à de nombreux fournisseurs, il (Nicolas Delord, ndlr) se trouve dans une bulle, sans mesurer les conséquences de son comportement.
Depuis quelques jours, nous ne faisons rien, cette situation est insoutenable et l'administrateur veut faire durer le plaisir en demandant le report. Qui peut croire qu'au mois de janvier tout va repartir comme si de rien n'était ? Nicolas Delord a souvent vanté les mérites des start-up, et bien il risque de repartir avec cela, reste à savoir si les équipes vont accepter d'être plus souples, malléables.
Je trouve que nous sommes très cool, très dociles, nous ne sommes pas véhéments, à l'image de la profession. Ce qui ressort beaucoup actuellement, c'est le sentiment de peur des gens, avec la publication de la liste des agences, le ton a changé.
Continuez votre travail (la presse professionnelle, ndlr), même si les commentaires sont virulents, ce n'est pas le ressenti de tout le monde, mais vos articles alimentent le débat, nous nous sentons moins seuls."
A l'heure actuelle, il existe deux camps, l'un pro direction qui rassemble les employés du siège Jet tours et le mien, sauf qu'il n'est pas le plus populaire dans les médias, car les gens ont peur des conséquences. Je ne dis pas que ma voix est majoritaire, mais elle existe. Elle est partagée par de nombreuses personnes.
Pour revenir à la journée du 23 septembre, ce fut une déflagration. La semaine précédente tous les salariés ont reçu des éléments de langage pour communiquer sereinement sur l'avenir de l'entreprise, de nombreux vendeurs ont très mal vécu cet épisode.
Une première cassure s'est produite à ce moment-là. La seconde s'est produite, le jour de la faillite, car nous avons été laissés dans la nature, sans consignes pendant un ou un jour et demi. Nous pouvons comprendre que la situation est exceptionnelle, mais ça n'a pas été fluide.
Pendant les semaines suivantes, il y a eu la gestion des dossiers, des clients, nous étions en plein stress. Puis après le 1er octobre et le dépôt de bilan, nous sommes entrés dans une autre phase, avec un changement d'état d'esprit et des horaires restreints, puis le 10 octobre la mise en place de la mesure des congés payés forcés.
De nombreuses personnes ont mal vécu cette obligation.
La direction actuelle a une spécialité : ce n'est jamais leur faute. Après Denis Wathier qui était fautif de tous les malheurs, la faute est maintenant rejetée sur les Anglais, alors que les gens oublient que le siège a subventionné pendant de nombreuses années la filiale française. Pourquoi les éléments extérieurs ont toujours des effets plus forts chez nous que chez les autres ?
La communication du président la semaine dernière, sur les offres, est la 3e cassure. Les agences ont appris par la presse les détails des points de vente repris, sans aucune communication en interne, de nombreuses personnes sont tombées des nues. Ils ont pris cela comme une trahison.
Puis l'histoire des primes versées au Comex est un autre coup dur porté à la confiance entre les dirigeants et les salariés. Dans les 50 boutiques qui seraient reprises par Thomas Cook, les joyaux de la couronne. Il y en a plusieurs qui ne veulent pas faire partie du lot et ne peuvent plus voir Delord.
D'ailleurs je me demande comment le projet sera viable demain, sans distribution externe et avec un tel Comex. A part Delord, les autres sont arrivés, il y a 6 mois ou deux ans maximum. Je pose la question, demain avec qui allons-nous travailler ? Nous devons de l'argent à de nombreux fournisseurs, il (Nicolas Delord, ndlr) se trouve dans une bulle, sans mesurer les conséquences de son comportement.
Depuis quelques jours, nous ne faisons rien, cette situation est insoutenable et l'administrateur veut faire durer le plaisir en demandant le report. Qui peut croire qu'au mois de janvier tout va repartir comme si de rien n'était ? Nicolas Delord a souvent vanté les mérites des start-up, et bien il risque de repartir avec cela, reste à savoir si les équipes vont accepter d'être plus souples, malléables.
Je trouve que nous sommes très cool, très dociles, nous ne sommes pas véhéments, à l'image de la profession. Ce qui ressort beaucoup actuellement, c'est le sentiment de peur des gens, avec la publication de la liste des agences, le ton a changé.
Continuez votre travail (la presse professionnelle, ndlr), même si les commentaires sont virulents, ce n'est pas le ressenti de tout le monde, mais vos articles alimentent le débat, nous nous sentons moins seuls."
Un vendeur d'agence de voyages intégrée "nous sommes aussi des victimes"
"Il y a un problème de communication en interne, le CSE a été réuni la semaine dernière et depuis nous n'avons plus aucune information, et à chaque fois que nous demandons des nouvelles, la direction nous répond la même chose : il est trop tôt.
Pour revenir sur la fin du mois de septembre, il faut savoir que jusqu'au dimanche 22 septembre au soir, les équipes ont continué à vendre des produits. Suite à la faillite, les clients nous ont pris pour des voleurs et des escrocs.
Au début, nous avions un sentiment de honte, puis après nous nous sommes relevés pour devenir plus combatifs.
Le 23 septembre, je ne devais pas travailler, mais dès 8h du matin, je me suis rendu à l'agence et il y avait déjà 25 personnes devant les grilles. Pendant les deux ou trois premiers jours, nous gérions les urgences, la situation était très confuse. Nous ne nous sommes pas laissés abattre. Nous avons affronté la situation sans rechigner.
A aucun moment nous n'avons pensé à nos boulots, mais seulement à nos clients, nous nous sommes battus pour eux.
C'est très dur à vivre, nous sommes comme des pions. Actuellement, tout ce que nous faisons dans les agences, c'est assurer la présence, répondre aux demandes des clients, des passants et donner les procédures de l'APST, etc. Notre moral varie beaucoup, nous passons de moments avec énormément d'espoir à d'autres sans aucun, cela dépend des articles de la presse.
Dans une situation aussi inédite, comment auraient réagi les autres ? Je ne sais pas s'ils auraient fait mieux. Ces deux premières semaines furent un enfer, c'est le mot.
Tout n'est pas clair dans le dossier Thomas Cook, nous avons l'impression d'être roulés dans la farine. Il y a un manque criant de communication. Nous parlons beaucoup entre nous, la plupart des employés ont peur. L'incertitude nous pèse beaucoup.
Si Jérôme Delente (directeur du réseau de distribution, ndlr) nous fait des points réguliers, les DRH donnent l'impression d'être dépassés. Ils ne savent pas toujours quoi nous répondre. Concernant les offres, les 50 grosses agences réalisant des bons chiffres d'affaires sont valorisées à 1 000 euros, cela signifie que nous ne valons rien. Ce n'est pas vraiment valorisant.
J'aimerais que l'offre de l'équipe managériale tienne la route, je le leur souhaite, mais je pense qu'elle est capable de bluffer.
Pour tout vous dire, recommencer à zéro n'est peut être pas plus mal, nous sommes prêts et nous avons envie. Tout ce que nous voulons c'est reprendre le travail. Nous sommes de très bons vendeurs, de très bons petits soldats.
Nous sommes prêts pour la reprise, mais pas à n'importe quel prix. Nous voulons des équipes plus humaines. Il faut que les magouilles sur la finance soient mises de côté.
Ce qui nous met du baume au cœur en ce moment, ce sont les réactions des clients. Parfois nous avons des petits cadeaux, certains viennent mêmes nous faire un câlin. D'autres veulent savoir quand nous allons repartir pour déjà réserver, dans quelle agence je serai. Chaque jour, au moins, une personne vient pour un devis.
En ce moment nous sommes seuls dans les agences, ce n'est pas facile à vivre. Le traitement médiatique n'a pas arrangé les choses, ça a été l'horreur. Les journalistes se faisaient passer pour des clients ou des commerciaux, mais personne ne s'est soucié de nous, nous sommes des victimes aussi. Les clients seront remboursés, mais nous n'aurons peut-être pas de travail, nous perdons tout.
Nous ne pouvons rien faire d'autre qu'attendre. Nous sommes prêts à repartir de l'avant, nous sommes une grande force de vente. Je tiens à remercier nos fidèles clients pour leur soutien.
Pour revenir sur la fin du mois de septembre, il faut savoir que jusqu'au dimanche 22 septembre au soir, les équipes ont continué à vendre des produits. Suite à la faillite, les clients nous ont pris pour des voleurs et des escrocs.
Au début, nous avions un sentiment de honte, puis après nous nous sommes relevés pour devenir plus combatifs.
Le 23 septembre, je ne devais pas travailler, mais dès 8h du matin, je me suis rendu à l'agence et il y avait déjà 25 personnes devant les grilles. Pendant les deux ou trois premiers jours, nous gérions les urgences, la situation était très confuse. Nous ne nous sommes pas laissés abattre. Nous avons affronté la situation sans rechigner.
A aucun moment nous n'avons pensé à nos boulots, mais seulement à nos clients, nous nous sommes battus pour eux.
C'est très dur à vivre, nous sommes comme des pions. Actuellement, tout ce que nous faisons dans les agences, c'est assurer la présence, répondre aux demandes des clients, des passants et donner les procédures de l'APST, etc. Notre moral varie beaucoup, nous passons de moments avec énormément d'espoir à d'autres sans aucun, cela dépend des articles de la presse.
Dans une situation aussi inédite, comment auraient réagi les autres ? Je ne sais pas s'ils auraient fait mieux. Ces deux premières semaines furent un enfer, c'est le mot.
Tout n'est pas clair dans le dossier Thomas Cook, nous avons l'impression d'être roulés dans la farine. Il y a un manque criant de communication. Nous parlons beaucoup entre nous, la plupart des employés ont peur. L'incertitude nous pèse beaucoup.
Si Jérôme Delente (directeur du réseau de distribution, ndlr) nous fait des points réguliers, les DRH donnent l'impression d'être dépassés. Ils ne savent pas toujours quoi nous répondre. Concernant les offres, les 50 grosses agences réalisant des bons chiffres d'affaires sont valorisées à 1 000 euros, cela signifie que nous ne valons rien. Ce n'est pas vraiment valorisant.
J'aimerais que l'offre de l'équipe managériale tienne la route, je le leur souhaite, mais je pense qu'elle est capable de bluffer.
Pour tout vous dire, recommencer à zéro n'est peut être pas plus mal, nous sommes prêts et nous avons envie. Tout ce que nous voulons c'est reprendre le travail. Nous sommes de très bons vendeurs, de très bons petits soldats.
Nous sommes prêts pour la reprise, mais pas à n'importe quel prix. Nous voulons des équipes plus humaines. Il faut que les magouilles sur la finance soient mises de côté.
Ce qui nous met du baume au cœur en ce moment, ce sont les réactions des clients. Parfois nous avons des petits cadeaux, certains viennent mêmes nous faire un câlin. D'autres veulent savoir quand nous allons repartir pour déjà réserver, dans quelle agence je serai. Chaque jour, au moins, une personne vient pour un devis.
En ce moment nous sommes seuls dans les agences, ce n'est pas facile à vivre. Le traitement médiatique n'a pas arrangé les choses, ça a été l'horreur. Les journalistes se faisaient passer pour des clients ou des commerciaux, mais personne ne s'est soucié de nous, nous sommes des victimes aussi. Les clients seront remboursés, mais nous n'aurons peut-être pas de travail, nous perdons tout.
Nous ne pouvons rien faire d'autre qu'attendre. Nous sommes prêts à repartir de l'avant, nous sommes une grande force de vente. Je tiens à remercier nos fidèles clients pour leur soutien.
Barabara Genovese, agent de voyages à Montélimar "je me suis mise à pleurer, pleurer dans ma salle de bain."
"Le 23 septembre 2019 fut un choc pour nous tous, d'ailleurs je me demande encore si tout cela est bien réel.
Le jour de la faillite, un ami m'a envoyé un texto à 5h du matin pour me prévenir, j'ai regardé sur internet pour confirmer, puis je me suis mise à pleurer, pleurer dans ma salle de bain. J'étais inconsolable, c'était surréaliste.
Nous nous sommes pris un mur en pleine tête, nous étions, je pense, tous dans le déni. Puis, il a fallu se rendre à l'agence. j'étais un robot. Il y avait une cohorte de clients devant la devanture.
Par chance, nous n'avons eu que des gens compatissants, à l'écoute, de nombreux messages de soutiens, des gâteaux, des chocolats, c'était impressionnant, j'ai encore beaucoup d'émotion en vous en parlant. Depuis nous ne faisons plus rien, il y a quelques visites, mais c'est rare, nous délivrons des carnets de voyages.
Nous avons des informations qui arrivent au compte-gouttes, les salariés se plaignent car le temps est long, mais la situation est inédite. Nous n'avons jamais été abandonnés, sauf peut-être lundi 28 octobre 2019, car dans la liste des repreneurs notre agence ne figure nulle part.
Nous sommes surprises, car nous sommes très dynamiques. Nous travaillons bien, nous finissons sur une croissance de 4%, nous nous mettons toujours des petits défis.
Pourquoi personne ne veut de nous ? Il y a une forme d'incompréhension.
Nous attendons le 19 novembre 2019 avec impatience. Actuellement nous sommes seules en agence, c'est un peu un moment de flottement, l'agence est vide. J'ai l'impression de vivre un mauvais rêve.
Thomas Cook fait partie de ma vie, je porte cette société dans mon cœur. Elle m'a apporté l'amour, car mon mari est un client de l'agence. J'ai aussi pu voyager dans une foultitude de lieux. Je ne peux pas remettre en question cela, je suis fière de cette partie de ma vie et actuellement je suis triste.
En 15 ans, je ne suis jamais venue en traînant les pieds à l'agence. Quand mardi, j'ai ouvert l'agence, en sachant que nous n'étions pas sur les listes des repreneurs, je me suis dit que c'était peut-être l'une des dernières fois que je me retrouvais à ouvrir mon point de vente. Je me suis mise à pleurer.
Je n'ai jamais eu un doute sur la marque Jet tours, le produit n'est pas remis en question. Les problèmes sont annexes, sont autres, cela me dépasse. J'ai une vie humble, modeste, je ne cherche pas des explications. De toute façon ça ne changera rien au problème.
Je ne veux pas être en colère contre Nicolas Delord, ils ont fait ce qu'ils ont pu, et je ne veux pas cultiver ce sentiment. C'est une perte d'énergie qui ne sert à rien. Depuis quelques jours, les gens se rebellent sur Workplace, cela bouge négativement, ils posent les questions sur les congés payés.
Il faut aussi se mettre à la place des dirigeants : ils ont essayé de sauver les meubles, puis il ne faut pas oublier que nous sommes payés à ne rien faire.
Il y a un réseau pour lequel j'aurais aimé travailler, c'est Salaün. Je voulais terminer ma carrière, dans un groupe plus petit, avec des valeurs et un esprit familial. Ce n'est pas le cas, ce n'est pas grave. Pour le moment, nous nous renseignons et réfléchissons pour reprendre l'agence avec ma responsable.
Nos clients nous attendent. Tous les jours, ils viennent se renseigner pour savoir quand nous allons relancer l'activité. Il ne faut pas se laisser aller..."
Le jour de la faillite, un ami m'a envoyé un texto à 5h du matin pour me prévenir, j'ai regardé sur internet pour confirmer, puis je me suis mise à pleurer, pleurer dans ma salle de bain. J'étais inconsolable, c'était surréaliste.
Nous nous sommes pris un mur en pleine tête, nous étions, je pense, tous dans le déni. Puis, il a fallu se rendre à l'agence. j'étais un robot. Il y avait une cohorte de clients devant la devanture.
Par chance, nous n'avons eu que des gens compatissants, à l'écoute, de nombreux messages de soutiens, des gâteaux, des chocolats, c'était impressionnant, j'ai encore beaucoup d'émotion en vous en parlant. Depuis nous ne faisons plus rien, il y a quelques visites, mais c'est rare, nous délivrons des carnets de voyages.
Nous avons des informations qui arrivent au compte-gouttes, les salariés se plaignent car le temps est long, mais la situation est inédite. Nous n'avons jamais été abandonnés, sauf peut-être lundi 28 octobre 2019, car dans la liste des repreneurs notre agence ne figure nulle part.
Nous sommes surprises, car nous sommes très dynamiques. Nous travaillons bien, nous finissons sur une croissance de 4%, nous nous mettons toujours des petits défis.
Pourquoi personne ne veut de nous ? Il y a une forme d'incompréhension.
Nous attendons le 19 novembre 2019 avec impatience. Actuellement nous sommes seules en agence, c'est un peu un moment de flottement, l'agence est vide. J'ai l'impression de vivre un mauvais rêve.
Thomas Cook fait partie de ma vie, je porte cette société dans mon cœur. Elle m'a apporté l'amour, car mon mari est un client de l'agence. J'ai aussi pu voyager dans une foultitude de lieux. Je ne peux pas remettre en question cela, je suis fière de cette partie de ma vie et actuellement je suis triste.
En 15 ans, je ne suis jamais venue en traînant les pieds à l'agence. Quand mardi, j'ai ouvert l'agence, en sachant que nous n'étions pas sur les listes des repreneurs, je me suis dit que c'était peut-être l'une des dernières fois que je me retrouvais à ouvrir mon point de vente. Je me suis mise à pleurer.
Je n'ai jamais eu un doute sur la marque Jet tours, le produit n'est pas remis en question. Les problèmes sont annexes, sont autres, cela me dépasse. J'ai une vie humble, modeste, je ne cherche pas des explications. De toute façon ça ne changera rien au problème.
Je ne veux pas être en colère contre Nicolas Delord, ils ont fait ce qu'ils ont pu, et je ne veux pas cultiver ce sentiment. C'est une perte d'énergie qui ne sert à rien. Depuis quelques jours, les gens se rebellent sur Workplace, cela bouge négativement, ils posent les questions sur les congés payés.
Il faut aussi se mettre à la place des dirigeants : ils ont essayé de sauver les meubles, puis il ne faut pas oublier que nous sommes payés à ne rien faire.
Il y a un réseau pour lequel j'aurais aimé travailler, c'est Salaün. Je voulais terminer ma carrière, dans un groupe plus petit, avec des valeurs et un esprit familial. Ce n'est pas le cas, ce n'est pas grave. Pour le moment, nous nous renseignons et réfléchissons pour reprendre l'agence avec ma responsable.
Nos clients nous attendent. Tous les jours, ils viennent se renseigner pour savoir quand nous allons relancer l'activité. Il ne faut pas se laisser aller..."
Un responsable d'agence dans le sud : "Nous étions dans la cage aux lions !"
"Le plus traumatisant dans cette affaire a été d'apprendre la faillite, comme tout un chacun, dans la presse.
J'ai le sentiment de n'avoir reçu aucun soutien de la part de la Direction, du moins dans les premières heures. La Direction nous a simplement dit de gérer au mieux la situation. Nous étions dans la cage aux lions, avec aucune aide, ni message.
La première semaine a été la pire, avec énormément de choses à gérer, puis après, la direction nous a demandé de poser des congés payés, pour réduire la masse salariale.
J'ai l'impression d'être le dindon de la farce, car on nous a demandé d'annuler les dossiers, ce qui a fait diviser par 3 nos primes, alors que pendant ce temps la direction s'est adjugé des primes très importantes.
Lors des conf call avec les managers, on nous demande de ne pas poser de question, seulement d'écouter. Je suis contente de ne pas faire partie de l'offre de reprise de la direction actuelle, je n'ai plus confiance. Nous n'avons jamais eu aucun signe de reconnaissance.
Il faut quand même dire que ce n'est pas avec nos salaires que Thomas Cook a fait faillite, mais en raison d'une gestion hasardeuse.
Personne ne peut être surpris par la faillite... elle était annoncée. Les salariés n'osent pas parler par peur des représailles de la Direction. Sur Workplace, quand nous mettons des commentaires qui ne plaisent pas aussitôt, nous avons un message des responsables pour nous signifier qu'ils vont nous appeler, et ils nous recadrent.
Il ne faut pas oublier que nous sommes le maillot fort de l'entreprise, mais que nous sommes considérés comme une variable d'ajustement. Je pense que Monsieur Delord est plus attaché au TO qu'aux agences de voyages.
Toutefois, j'espère que Jet tours va repartir du moins pour nos collègues et les salariés des fournisseurs. Le pire dans tout ça, étant que nos clients viennent en agence pour s'inscrire. Les responsables ne se rendent pas compte de notre valeur. Depuis le 23 septembre, nos nuits sont courtes, nous avons le sentiment d'être des laissés pour compte.
Nous avions l'habitude d'exécuter sans rien dire, mais à l'avenir nous serons plus réactifs. Nous avons été marqués au fer rouge. Nous ne sommes pas dans le monde des Bisounours, mais nous voulons plus de respects et d'humain.
Je suis combative, j'aime mon métier, malgré le ressenti négatif que j'ai, je reste corporate, pour laisser une bonne image de Thomas Cook à nos clients."
J'ai le sentiment de n'avoir reçu aucun soutien de la part de la Direction, du moins dans les premières heures. La Direction nous a simplement dit de gérer au mieux la situation. Nous étions dans la cage aux lions, avec aucune aide, ni message.
La première semaine a été la pire, avec énormément de choses à gérer, puis après, la direction nous a demandé de poser des congés payés, pour réduire la masse salariale.
J'ai l'impression d'être le dindon de la farce, car on nous a demandé d'annuler les dossiers, ce qui a fait diviser par 3 nos primes, alors que pendant ce temps la direction s'est adjugé des primes très importantes.
Lors des conf call avec les managers, on nous demande de ne pas poser de question, seulement d'écouter. Je suis contente de ne pas faire partie de l'offre de reprise de la direction actuelle, je n'ai plus confiance. Nous n'avons jamais eu aucun signe de reconnaissance.
Il faut quand même dire que ce n'est pas avec nos salaires que Thomas Cook a fait faillite, mais en raison d'une gestion hasardeuse.
Personne ne peut être surpris par la faillite... elle était annoncée. Les salariés n'osent pas parler par peur des représailles de la Direction. Sur Workplace, quand nous mettons des commentaires qui ne plaisent pas aussitôt, nous avons un message des responsables pour nous signifier qu'ils vont nous appeler, et ils nous recadrent.
Il ne faut pas oublier que nous sommes le maillot fort de l'entreprise, mais que nous sommes considérés comme une variable d'ajustement. Je pense que Monsieur Delord est plus attaché au TO qu'aux agences de voyages.
Toutefois, j'espère que Jet tours va repartir du moins pour nos collègues et les salariés des fournisseurs. Le pire dans tout ça, étant que nos clients viennent en agence pour s'inscrire. Les responsables ne se rendent pas compte de notre valeur. Depuis le 23 septembre, nos nuits sont courtes, nous avons le sentiment d'être des laissés pour compte.
Nous avions l'habitude d'exécuter sans rien dire, mais à l'avenir nous serons plus réactifs. Nous avons été marqués au fer rouge. Nous ne sommes pas dans le monde des Bisounours, mais nous voulons plus de respects et d'humain.
Je suis combative, j'aime mon métier, malgré le ressenti négatif que j'ai, je reste corporate, pour laisser une bonne image de Thomas Cook à nos clients."