Savoie-Mont Blanc : un hiver qui s'annonce prometteur

Malgré un léger repli des budgets consacrés par les Français à la restauration et aux activités, l'été a été "bon". Et, mardi 19 septembre 2023 à Paris, lors du Workshop organisé pour lancer la saison hivernale, l'Agence Savoie Mont Blanc, entité chargée de la promotion touristique des deux départements savoyards, s'est montrée confiante pour les mois à venir.

En attendant les premiers flocons, l'Agence met l'accent sur la saison automnale.

« L’idée, c’est de montrer que la montagne se vit différemment chaque saison », précise Christelle Ferrière, directrice générale adjointe et directrice du marketing. Elle mise sur le « triptyque nature, culture et gastronomie, qui est très porteur pour doper la fréquentation pendant les ailes de saison ».

Quant à l'hiver, il s'annonce pour l'instant sous d'heureux auspices. Car "la saison 2023/24, démarre plus fort que l'année dernière".

Toutefois, selon les données citées par Christelle Ferrière, un Français sur deux envisage de réduire "un peu" les dépenses. Sachant que les Français représentent 72 % de la clientèle des stations savoyardes, ces inquiétudes sur le budget des ménages sont tout sauf secondaires.

Malgré l'engouement toujours bien présent, la montagne doit songer au futur.

L'agence Savoie-Mont Blanc et les élus savoyards l'ont bien compris : la réflexion menée en 2021, dans la période post-Covid, dans le cadre de 26 ateliers thématiques et territoriaux avec les acteurs de la destination, enrichis d'éléments d'études clients, avait abouti à un premier "Livre Blanc". Un deuxième "Livre blanc" vient d'être rédigé. Et la réflexion va se poursuivre.

A l'ouverture du Workshop, Vincent Rolland, député (LR) de Savoie et co-président de Savoie Mont Blanc, a d'ailleurs invité "à préparer l'avenir de cette destination qui est fabuleuse", mais aussi "plurielle".

En effet, les deux départements de Savoie comptent 20 domaines skiables reliés et 110 stations qui "ne se ressemblent pas". Et, les enjeux financiers sont énormes : l'année dernière, les retombées économiques des sports d'hiver se sont chiffrées à 6 milliards d'euros.

Or, le changement climatique s'accélère (pic de température de 10,4 degrés enregistré en 2022 au sommet du Mont-Blanc) et b[les tendances sociétales poussent à une envie accrue de nature, de déconnection, de découvertes variées, de tourisme plus responsable alors que "s'installe une dure réalité financière".
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Il n'est donc pas étonnant que Vincent Rolland appelle à "des évolutions qui répondent aux contraintes climatiques mais aussi aux aspirations de la société et de la clientèle. Neige ou pas", a-t-il ajouté, "il faut que l'on trouve autre chose".

Pour l'heure, les changements balbutient encore. Peut-il en être autrement ? Alors même qu'un enneigement satisfaisant n'a pas toujours été au rendez-vous ces dernières années, "le ski demeure le déclencheur de la décision de venir à la montagne l'hiver dans 99 % des cas", a fait valoir Michaël Ruysschaert, l’ancien directeur de l’ASMB,

Et, une fois sur place, le ski reste l'activité principale de 64 % des vacanciers, même si l'expérience prouve qu'ils skient moins longtemps qu'avant (4 heures par jour). Seulement 48 % pratiquent la randonnée ou font des balades sur des chemins damés, 25 % de la raquette, 13 % du ski de fond, 12 % du ski de randonnée et 11 % du snowboard.

Toutefois, a ajouté Christelle Ferrière, "on voit pointer un peu plus fort les demandes culturelles et gastronomiques".

Une fois ces constats faits, comment valoriser touristiquement la montagne tout en "maintenant l’équilibre entre performances économiques et nouvelles aspirations sociétales", s'interroge Christelle Ferrière.

C'est bel et bien pour montrer que "la dynamique collective est engagée" que le deuxième "Livre blanc" est entièrement dédié à des "exemples d'acteurs de Savoie et Haute-Savoie qui impulsent le mouvement".

Dans ce contexte, l'Agence Savoie Mont Blanc qui va créer une boutique en ligne, compte actionner différents leviers marketing et digitaux. Ainsi, pour dynamiser les moments creux, un nouveau site sera dédié aux séjours en groupes, comités d’entreprises, séjours scolaires et autres colonies de vacances pour dynamiser les moments creux.

Par ailleurs, elle entend, tout à la fois, "inciter à des mobilités décarbonées", "soutenir des initiatives d'intérêt général" et "raconter la destination avec un regard différent", ceci en allant aussi "chercher de nouveaux outils".

Déjà, le dispositif Go Savoie Mont Blanc, développé par la start-up savoyarde Antidots, permet désormais de trouver, grâce à son moteur de réservations multimodal, le mode de transport le plus décarboné possible pour se rendre jusqu'aux Alpes depuis tout point de départ en France comme à l'étranger.

Par ailleurs, l'Agence Savoir Mont Blanc a lancé son propre fonds de mécénat, Fonds Demain Savoie Mont-Blanc, avec l’appui d’Essentiem. Ainsi, des opérations de sensibilisation à la ressource en eau, de ramassage des déchets et de plantation d’arbres ont eu lieu ou se tiendront d’ici à cet hiver via ce dispositif.

Grâce à un partenariat avec l'entreprise Les 2 Marmottes (spécialiste des infusions, tisanes & thés naturels 100% plantes sans arômes ajoutés), sera réalisé un livret pour les familles sur la préservation de la biodiversité et bien sûr des marmottes.

A noter aussi, sur un tout autre registre, le souci de rendre la montagne "plus inclusive". En témoigne le choix d'un film nouveau promotionnel -très poignant- qui met en scène un père et son fils porteur d'un handicap.

Ou encore la réflexion sur les jours d'arrivée dans les stations. Aujourd'hui, 71 % des vacanciers arrivent le samedi, provoquant souvent des embouteillages. Cependant, 93 % se déclarent prêts à arriver un autre jour.

Destinée à favoriser les séjours flexibles, en décalé, en dehors du schéma traditionnel samedi/samedi, l’opération Ski M’Arrange avait permis de réaliser 6 millions d’euros de chiffre d’affaires sur ce segment l’hiver dernier. Cette opération est reconduite cette année.

"Il y a un pas de côté intéressant à travailler. Quand il y a l'offre, ça marche", fait valoir Christelle Ferrière.

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Avant de relever tous ces défis, Savoie Mont Blanc devra toutefois nommer un nouveau directeur ou une nouvelle directrice. Michaël Ruysschaert, directeur général et excellent communicant, bien que présent hier, a en effet démissionné au printemps dernier, en dénonçant le "manque de vision" de ses présidents et "l'absence de visibilité" autour d’un "vrai" projet touristique bi-départemental.

Cette année encore, les stations savoyardes annoncent pas mal de nouveautés. Logiquement, beaucoup reflètent les évolutions sociétales en cours : recherche du bien-être, de sensations fortes, de contacts au plus près de la nature, d'authenticité...

Quelques exemples : à Tignes, les amateurs pourront pratiquer l'apnée sous la glace. En revanche, à Samoëns, on court sur la neige lors de demi-journées encadrées tandis qu'aux Contamines (et aussi à Samoëns mais, ici, chaussés de raquettes), on pratique le "ruisseling" qui consiste à remonter les torrents gelés munis de crampons et piolets.

Enfin, à Chamonix, la Compagnie des guides propose aux skieurs aguerris de dévaler 20 km et 2000 m de dénivelé au pied du mont-Blanc, avant de partager un dîner revigorant dans un refuge et de passer la nuit en bivouac sur le glacier du Géant.

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Aux Thermes d'Evian-les-Bains, les vacanciers pourront s'offrir des soins qui, grâce au froid, stimulent le métabolisme, booste l'oxygénation et l'activité cellulaire, etc.. A Morzine-Avoriaz mais aussi à Megève, ils pourront se ressourcer au contact des arbres lors d'un bain de forêt et, aux Menuires, à Val Cenis et à Val d'Isère, pratiquer l'Ice floating, c'est à dire des expériences de méditation comme en Laponie.

Aux Saisies, ce sont des balades douces en raquettes avec méditation guidée qui sont organisées au crépuscule, tandis qu'à Pralognan-la-Vanoise, les balades se font sous le ciel étoilé et des ateliers ludiques sont proposés pour apprendre à repérer les étoiles.... Et ainsi de suite.

Par ailleurs, l'offre d'hébergements continue de se diversifier et de s'améliorer. D'un côté des hébergements insolites, par exemple des igloos à construire soi-même ou des dômes translucides en forme de bulles. De l'autre, la recherche d'un confort accru et la multiplication des chalets individuels permettant néanmoins de bénéficier de services hôteliers haut de gamme.

L'année 2024 sera marquée par de nombreux anniversaires. Ainsi, le domaine skiable Paradski va-t-il fêter ses 20 ans. De son côté, la station de Valmenier (Maurienne) soufflera ses 50 bougies tandis que les stations des Saisies et des Habères fêteront leur 60 ans.

Ce seront aussi les 100 ans des Jeux Olympiques organisés pour la première fois à Chamonix-Mont Blanc en 1924. Pour rappeler ce qui fut un vrai succès populaire (plus de 250 athlètes de 16 nations s'étaient affrontés dans 6 disciplines devant près de 10 000 spectateurs), deux expositions vont refaire l'histoire.

"Chamonix 1924 : l'invention des Jeux Olympiques d'hiver", est organisée à la Maison de la Mémoire et du Patrimoine, du 2 décembre au 15 mars prochain. D'autre part, une exposition sur les champions olympiques est prévue à la Maison de village d'Argentière, du 2 décembre au 4 mars prochains.