South African Tourism : "Les Français sont des touristes comme on les aime, prêts à sortir des sentiers battus"

TourMaG - Pouvez-vous nous rappeler l’organisation de la promotion de la destination en Europe chez South African Tourism ?

Ian Utermohlen : En 2017, nous avons modifié notre représentation en Europe en regroupant le bureau d’Italie, sous la même ombrelle du bureau de Paris en France, qui couvrait déjà l’Espagne et le Portugal.

Il apparait qu’il y a des similitudes dans l’approche de ces marchés d’Europe du Sud qui nous permet de mutualiser les moyens et d’être plus efficace.

La mise en place est opérationnelle depuis 2019, juste avant la crise sanitaire de la Covid, qui a été une année exceptionnelle, notamment en provenance de France.

Par ailleurs, depuis septembre de l’an passé, nous avons confié la mission à Interface Tourism d’être notre interlocuteur auprès des partenaires de l’industrie touristique.

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TourMaG - L’année 2022 a marqué un premier redressement spectaculaire après la crise sanitaire. En avez-vous bénéficié ?

Ian Utermohlen : L’impact de la Covid a été particulièrement violent en ce qui nous concerne en provenance d’Europe du Sud. La réaction a été assez similaire et notamment la mise en place de restrictions gouvernementales pour limiter les voyages vers l’Afrique du Sud.

Pour ne parler que du marché français, nous recevions 165 000 visiteurs en 2019 et seulement 20 000 en 2021.

Il faut savoir que les dernières restrictions n’ont été levées qu’à l’été 2022. Nous avons souffert pendant six mois d'avoir été montrés comme la destination qui produisait le nouveau variant Omicron, ce qui a provoqué une grande défiance de la part du marché européen.

Avec plus de 76 000 visiteurs français en 2022, nous sommes particulièrement satisfaits car nous n’avons été réellement ouverts que la moitié de l’année. L’agence de marketing a fait un très bon travail en si peu de temps.

Et si l’on regarde le 1er trimestre de 2023, les chiffres sont très prometteurs avec déjà 31 000 touristes en provenance de France. La France se place en 4e position européenne, juste derrière les Pays-Bas avec 34 000 visiteurs et l’Allemagne et la Grande-Bretagne dans le peloton de tête.

TourMaG - Votre objectif annoncé est de franchir la barre des 185 000 visiteurs français en 2025. Êtes-vous confiant dans la réalisation de cet objectif ?

Ian Utermohlen : Si aucun autre événement dramatique ne se produit entre temps, je suis tout à fait optimiste pour atteindre et dépasser cet objectif.

Nous avons un problème important à résoudre qui est celui de la desserte aérienne et des prix des billets d’avions qui ont explosé.

Une fois sur place, nous avons un rapport qualité/prix pour les produits proposés qui est très compétitif avec les autres destinations concurrentes. La bonne nouvelle pour nous est que vos compatriotes sont conscients de cette valeur.

TourMaG - En reprenant les données qui ont été publiées, il en ressort que le budget moyen d’un visiteur français a beaucoup augmenté…

Ian Utermohlen : C’est tout à fait vrai, nous avons dépassé un budget moyen de 1 000 euros par visiteur français alors qu’il était autour de 800 euros en 2019.

Le comportement de vos compatriotes est très favorable à notre économie touristique. Ils sont très curieux, désireux d’explorer davantage les nouvelles destinations, la rencontre avec les Sud-Africains.

Je dis souvent à mes interlocuteurs sud-africains : « Si vous voulez connaître votre pays, demandez à des Français qui sont déjà venus plusieurs fois, ils vous parleront d’endroits que même vous ne connaissez pas ! ».

Les Français ont davantage tendance à vouloir sortir des sentiers battus que les autres nations. Et c’est une attitude qui nous convient tout à fait.

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TourMaG - Quels sont les axes de vos actions marketing pour atteindre cet objectif ambitieux de 2025 ?

Ian Utermohlen : Nous avons déjà voulu savoir à qui s’adresser. Juste en sortie de Covid, nous nous sommes adressés en priorité aux « repeaters », ceux qui ont une forte prédilection pour notre pays et qui étaient anxieux de pouvoir y retourner. Ils ont été les premiers à redresser le trafic vers l’Afrique du Sud.

Désormais, nous voulons envoyer un message à d’autres populations, que nous avons baptisées les « Considerers », ceux qui sont ouverts mais ont besoin d’être séduits.

Ils ont l’esprit aventureux et les budgets de leurs envies. Nous avons lancé en leur direction la campagne « Live again ». Elle s’adresse à ceux qui veulent s’échapper du quotidien, des contraintes, d’un certain enfermement pour s’ouvrir sur de nouveaux horizons.

TourMaG - Allez-vous profiter de la Coupe du Monde de Rugby pour accentuer le message ?

Ian Utermohlen : C’est une opportunité formidable d’utiliser notre équipe nationale comme l’ambassadrice de ce message.

Les Springboks sont les champions en titre et de nombreux joueurs sud-africains jouent dans les clubs français. Il y a des liens très forts entre nos deux pays et si j’en crois les échos que j’ai des « expatriés », ils ont fait le bon choix de qualité de vie.

Nous sommes en train de définir le partenariat avec l’équipe nationale pour utiliser cette opportunité.

TourMaG - Le ministère du Tourisme a initié un Plan national de relance depuis 2021, en voyez-vous déjà les effets ?

Ian Utermohlen : Quand les objectifs du Plan ont été distribués par région, l’Europe combinée (Nord, Sud, Est) s’est vu attribuer un objectif de 663 000 visiteurs en 2022. Notre « team » Europe est parvenue à dépasser les 900 000 arrivées.

L’autre défi était d’atteindre 14 milliards de rands (700 M€) en 2022. Nous avons passé la marque des 21 milliards (1,05 milliard€). Nous continuons sur notre lancée pour faire de 2023 l’année d’un retournement complet.

TourMaG - La conférence sur l’Investissement Touristique en Afrique, qui doit se tenir dans la région de Northern Cape, donne le sentiment que vous voulez diversifier encore votre offre, qu’en est-il ?

Ian Utermohlen : Nous voulons effectivement favoriser le développement touristique dans le Nord et l’Ouest de l’Afrique du Sud. Ce sont des régions au potentiel très intéressant mais qui manquent d’infrastructures correctes en matière d’hébergement et de liaisons.

Il y aura un nouvel aéroport à Upington Northern Cape et nous essayons d’attirer les investisseurs privés pour enrichir l’offre. C’est aussi un signe de coopération transfrontalière avec le Botswana et la Namibie.

Le parc Kgalagadi est déjà à cheval sur nos trois pays et nous savons que des touristes comme les Français seront les premiers à vouloir expérimenter ces nouveaux lieux.

Il y a notamment un site, le Namaqualand qui se transforme en quelques semaines l’été d’un univers désertique à un jardin d’Eden couvert de marguerites et autres fleurs. C’est un phénomène incroyable qui n’existe que dans cette partie du pays.

Le Kalahari est juste à ses portes avec des expériences tout aussi intenses.