Crédit : Deposit photo
L’ Ademe, l’Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie a publié récemment et comme chaque année son baromètre sur la place de l'environnement dans les préoccupations des Français et dont notre journal a fait écho.
Résultats : « nous sommes pessimistes, mais volontaires. »
Mis en exergue, parmi les réponses aux questions, revoilà donc le transport aérien en première ligne qui devrait selon les Français et comme l’indique le sondage être encore plus taxé qu’il ne l’est. Mon avis diverge quant à l’interprétation des résultats de ce baromètre : nous sommes pessimistes oui assurément et d’accord avec ce point, mais aussi mal informés et l’Ademe n’a pas posé les bonnes questions.
Résultats : « nous sommes pessimistes, mais volontaires. »
Mis en exergue, parmi les réponses aux questions, revoilà donc le transport aérien en première ligne qui devrait selon les Français et comme l’indique le sondage être encore plus taxé qu’il ne l’est. Mon avis diverge quant à l’interprétation des résultats de ce baromètre : nous sommes pessimistes oui assurément et d’accord avec ce point, mais aussi mal informés et l’Ademe n’a pas posé les bonnes questions.
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Pour une mise a contribution de l’aérien pour financer une mobilité verte
Revenons d’abord sur le titre présentant le résultat de ce baromètre : « 67% des Français favorables à la taxation de l'aérien « . Qui n’est pas d’accord pour que le transport aérien comme toutes les autres industries ne soit pas mis à contribution via une taxe pour financer une mobilité plus verte ? Certainement pas moi. Oui à la contribution de l’aérien.
Mais à bien regarder le sondage, la question posée par l’Ademe n’est pas tout à fait celle-là. On demande s’il faut taxer davantage le transport aérien.
Et là c’est différent et le parti pris de cet édito est de dire non…et de tenter d’expliquer pourquoi.
Le transport aérien français, même s’il repart énergiquement, est entré dans la crise en étant fragile. Après la crise, c’est le même constat, les prêts à rembourser en plus.
"Tous nos maux, les excès de taxes, de redevances, de règlementation et de fiscalité ne se sont pas envolés hélas avec le Covid " avait rappelé Pascal de Izaguirre, Président de la FNAM en début d’année.
Parlons des taxes. Objectivement, elles sont très nombreuses : taxe d’aéroport, taxe de l’Aviation Civile (TAC), taxe de Solidarité sur les billets d’avion , taxe sur le transport aérien de marchandises, taxe sur les nuisances sonores aériennes… Les ponctions de l’État sont déjà très fortes et représentent déjà plus de la moitié du prix d'un billet d'avion en France.
Ce que le grand public ne sait pas c’est qu’une taxe supplémentaire est venue s’ajouter en 2020. Proposée par Elisabeth Borne alors ministre des Transports, "l’éco Contribution" a justement été créée pour financer l’Agence de Financement des Infrastructures de France (AFIT France) dont le périmètre couvre l’ensemble des projets d’intérêt national dans le domaine des transports et notamment le train.
En année pleine, elle rapporte 200 millions d’euros.
S’il savait, s’il connaissait ces faits, l’homme de la rue, celui à qui l’Ademe pose la question, serait-il si prompt à rajouter encore une taxe ?
Mais à bien regarder le sondage, la question posée par l’Ademe n’est pas tout à fait celle-là. On demande s’il faut taxer davantage le transport aérien.
Et là c’est différent et le parti pris de cet édito est de dire non…et de tenter d’expliquer pourquoi.
Le transport aérien français, même s’il repart énergiquement, est entré dans la crise en étant fragile. Après la crise, c’est le même constat, les prêts à rembourser en plus.
"Tous nos maux, les excès de taxes, de redevances, de règlementation et de fiscalité ne se sont pas envolés hélas avec le Covid " avait rappelé Pascal de Izaguirre, Président de la FNAM en début d’année.
Parlons des taxes. Objectivement, elles sont très nombreuses : taxe d’aéroport, taxe de l’Aviation Civile (TAC), taxe de Solidarité sur les billets d’avion , taxe sur le transport aérien de marchandises, taxe sur les nuisances sonores aériennes… Les ponctions de l’État sont déjà très fortes et représentent déjà plus de la moitié du prix d'un billet d'avion en France.
Ce que le grand public ne sait pas c’est qu’une taxe supplémentaire est venue s’ajouter en 2020. Proposée par Elisabeth Borne alors ministre des Transports, "l’éco Contribution" a justement été créée pour financer l’Agence de Financement des Infrastructures de France (AFIT France) dont le périmètre couvre l’ensemble des projets d’intérêt national dans le domaine des transports et notamment le train.
En année pleine, elle rapporte 200 millions d’euros.
S’il savait, s’il connaissait ces faits, l’homme de la rue, celui à qui l’Ademe pose la question, serait-il si prompt à rajouter encore une taxe ?
L’impact du transport aérien surestimé
68% des personnes interrogées dans le monde perçoivent le secteur du transport aérien comme un contributeur majeur aux émissions de CO2. Les Français en sont les plus convaincus (Etude Roland Berger, décembre 2021)
« Taxer davantage le transport aérien pour favoriser le transport par le train » Avec une telle question, alors que cette taxe existe déjà, récolte-t-on vraiment une donnée statistique probante ?
Les Français, nous l’avons déjà dit, ne connaissent pas précisément l’impact du transport aérien dans les changements climatiques. Ils le surestiment.
Il y a quelques mois, une étude du cabinet Roland Berger démontrait que 68% des personnes interrogées dans le monde perçoivent le secteur du transport aérien comme un contributeur majeur aux émissions de CO2. Les Français en sont les plus convaincus (77%). Un sur deux croit même que les avions génèrent plus de 8% des émissions de CO2, alors que le chiffre qui fait consensus est compris entre 2,5 et 3%.
C’est moins que le secteur numérique, moins que le transport maritime. Pourquoi donc l’Ademe ne pose-t-elle pas non plus la question des taxes sur ces deux secteurs. Pourquoi l’aérien seulement ?
Les Français, nous l’avons déjà dit, ne connaissent pas précisément l’impact du transport aérien dans les changements climatiques. Ils le surestiment.
Il y a quelques mois, une étude du cabinet Roland Berger démontrait que 68% des personnes interrogées dans le monde perçoivent le secteur du transport aérien comme un contributeur majeur aux émissions de CO2. Les Français en sont les plus convaincus (77%). Un sur deux croit même que les avions génèrent plus de 8% des émissions de CO2, alors que le chiffre qui fait consensus est compris entre 2,5 et 3%.
C’est moins que le secteur numérique, moins que le transport maritime. Pourquoi donc l’Ademe ne pose-t-elle pas non plus la question des taxes sur ces deux secteurs. Pourquoi l’aérien seulement ?
Et le nucléaire, et les SAF ?
Il y a autre chose qui me gêne dans cette photographie décidément très floue de l’opinion des Français sur les mesures destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre
On leur demande s’ils sont favorables au développement des énergies renouvelables, mais rien quant à celui de l’énergie nucléaire alors qu’elle peut jouer un rôle majeur pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Bizarre.
Toujours dans ce registre, pour le secteur aérien, on ne propose aux Français que de taxer.
Et pourquoi ne pas leur demander s’ils sont d’accord pour des primes aux compagnies aériennes pour remplacer leurs vieux appareils pour des avions plus propres ? Ou encore s’ils seraient favorables à favoriser le développement rapide de filières de bio carburant pour le transport aérien ?
Rien de tout cela dans le questionnaire alors que ce sont des sujets majeurs.
Le type de questions, l’occultation du développement du nucléaire et des carburants durables d’aviation comme mesures à développer me font sérieusement douter de ce baromètre.
L’agence est d’ailleurs souvent critiquée pour son militantisme écologique très antinucléaire et pro décroissance.
En septembre de l’année dernière et suite à son rapport « Élaboration de scénarios de transition écologique du secteur aérien » elle publiait une étude prospective avec des scénarios pour décarboner le transport aérien et dans laquelle on peut lire : « La réduction du trafic est un levier majeur de réduction des émissions de CO2. C’est le seul disponible à court terme, qui peut être appliqué rapidement, à grande échelle et produire des résultats immédiats. »
On leur demande s’ils sont favorables au développement des énergies renouvelables, mais rien quant à celui de l’énergie nucléaire alors qu’elle peut jouer un rôle majeur pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Bizarre.
Toujours dans ce registre, pour le secteur aérien, on ne propose aux Français que de taxer.
Et pourquoi ne pas leur demander s’ils sont d’accord pour des primes aux compagnies aériennes pour remplacer leurs vieux appareils pour des avions plus propres ? Ou encore s’ils seraient favorables à favoriser le développement rapide de filières de bio carburant pour le transport aérien ?
Rien de tout cela dans le questionnaire alors que ce sont des sujets majeurs.
Le type de questions, l’occultation du développement du nucléaire et des carburants durables d’aviation comme mesures à développer me font sérieusement douter de ce baromètre.
L’agence est d’ailleurs souvent critiquée pour son militantisme écologique très antinucléaire et pro décroissance.
En septembre de l’année dernière et suite à son rapport « Élaboration de scénarios de transition écologique du secteur aérien » elle publiait une étude prospective avec des scénarios pour décarboner le transport aérien et dans laquelle on peut lire : « La réduction du trafic est un levier majeur de réduction des émissions de CO2. C’est le seul disponible à court terme, qui peut être appliqué rapidement, à grande échelle et produire des résultats immédiats. »
D'autres leviers disponibles
Non, il y’a d’autres leviers disponibles dès à présent
À l’heure qu’il est, des avions de nouvelle génération arrivent quotidiennement dans les flottes des compagnies aériennes et permettent des diminutions d’émissions de CO2 jusqu’à 15% à chaque vol. Également, l'optimisation de la trajectoire des avions permettrait dès aujourd'hui de réduire jusqu’à 10% les émissions de CO2 des trajets aériens.
Depuis la sortie de son baromètre annuel en octobre 2022, l’Ademe a connu une petite révolution. La gouvernance de l’agence a changé pour voir arriver à sa tête un proche du Président Emmanuel Macron : Boris Ravignon, ayant fait ses armes aux côtés de Jean Louis Borloo sur le Grenelle de l’environnement.*
« Un adepte de l’écologie positive avec de solides compétences » pour certains, « Un pronucléaire au profil controversé » pour d’autres.
Coup de théâtre cependant à l’heure où j’écris ces lignes. Auditionné comme le veut la procédure le 12 avril dernier par les parlementaires, Boris Ravignon a vu sa candidature rejetée par les parlementaires. Une première concernant un candidat proposé par l’Élysée, à l’Ademe ou ailleurs.
Moi et quel que soit la nouvelle équipe, j’attendrais de voir si l’Ademe évolue dans le bon sens quant à sa méthode pour mesurer l’opinion sur les mesures destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Sur certains sujets, et celui-ci en fait partis, l’avis des Français ne vaut que s’il est éclairé. Pas influencé.
* Initiative du président de la République Nicolas Sarkozy, à la suite des engagements pris lors de la campagne électorale de 2007, le Grenelle Environnement a été principalement conduit par le ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo.
À l’heure qu’il est, des avions de nouvelle génération arrivent quotidiennement dans les flottes des compagnies aériennes et permettent des diminutions d’émissions de CO2 jusqu’à 15% à chaque vol. Également, l'optimisation de la trajectoire des avions permettrait dès aujourd'hui de réduire jusqu’à 10% les émissions de CO2 des trajets aériens.
Depuis la sortie de son baromètre annuel en octobre 2022, l’Ademe a connu une petite révolution. La gouvernance de l’agence a changé pour voir arriver à sa tête un proche du Président Emmanuel Macron : Boris Ravignon, ayant fait ses armes aux côtés de Jean Louis Borloo sur le Grenelle de l’environnement.*
« Un adepte de l’écologie positive avec de solides compétences » pour certains, « Un pronucléaire au profil controversé » pour d’autres.
Coup de théâtre cependant à l’heure où j’écris ces lignes. Auditionné comme le veut la procédure le 12 avril dernier par les parlementaires, Boris Ravignon a vu sa candidature rejetée par les parlementaires. Une première concernant un candidat proposé par l’Élysée, à l’Ademe ou ailleurs.
Moi et quel que soit la nouvelle équipe, j’attendrais de voir si l’Ademe évolue dans le bon sens quant à sa méthode pour mesurer l’opinion sur les mesures destinées à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Sur certains sujets, et celui-ci en fait partis, l’avis des Français ne vaut que s’il est éclairé. Pas influencé.
* Initiative du président de la République Nicolas Sarkozy, à la suite des engagements pris lors de la campagne électorale de 2007, le Grenelle Environnement a été principalement conduit par le ministre de l'Écologie, Jean-Louis Borloo.
Publié par Christophe Hardin
Journaliste AirMaG - TourMaG.com
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