"Le management à distance repose sur la confiance. La performance ne se jauge pas sur le nombre d'heures passées à travailler, le présentéisme à la Française, mais de donner des objectifs. S'ils sont atteints en 2h ou 7h n'a pas d'importance. Le problème des managers qui ne supportent pas le télétravail est qu'ils ne savent pas déléguer" selon Gaël Chatelain-Berry - Crédit photo : Depositphotos @paulmaguire
TourMaG.com - Dans une première interview, vous parliez des bienfaits du télétravail. Pourtant ce n'est pas la panacée...
Gaël Chatelain-Berry : Je ne parle pas du télétravail contraint que nous avons connu lors des confinements. Le télétravail choisi n'a selon moi aucun inconvénient.
Ce qui se dessine dans les entreprises, c'est que les salariés restent chez eux 2 ou 3 jours par semaine, donc le lien social existe toujours. Dans le même temps pour ceux qui habitent dans les grandes villes, les salariés économisent entre 1h et 3h de transport par jour, etc.
TourMaG.com - Mais télétravail et management, est-ce réellement compatible ?
Gaël Chatelain-Berry : Complètement, vous pouvez très bien manager à distance et être bienveillant.
En ce moment j'écris beaucoup sur le management à distance, donc je baigne dans le sujet. Après, les directeurs commerciaux gérants des équipes sur le terrain, cela nécessite de la confiance et du management à distance.
La pandémie a juste mis en musique un certain nombre de choses qui existaient déjà, sauf que la prise de conscience a été radicale et généralisée. La pandémie, dans le milieu de l'entreprise, a été une opportunité extraordinaire.
Nous sommes entrés dans une phase où les entreprises redécouvrent une forme de normalité, mais le monde d'avant est bel et bien fini. Tant mieux qu'il soit fini, car le monde d'avant n'était pas chouette.
Après si tous les métiers ne peuvent pas être "télétravaillés", une récente étude démontre que 70% des emplois peuvent avoir une part de télétravail. C'est beaucoup.
Gaël Chatelain-Berry : Je ne parle pas du télétravail contraint que nous avons connu lors des confinements. Le télétravail choisi n'a selon moi aucun inconvénient.
Ce qui se dessine dans les entreprises, c'est que les salariés restent chez eux 2 ou 3 jours par semaine, donc le lien social existe toujours. Dans le même temps pour ceux qui habitent dans les grandes villes, les salariés économisent entre 1h et 3h de transport par jour, etc.
TourMaG.com - Mais télétravail et management, est-ce réellement compatible ?
Gaël Chatelain-Berry : Complètement, vous pouvez très bien manager à distance et être bienveillant.
En ce moment j'écris beaucoup sur le management à distance, donc je baigne dans le sujet. Après, les directeurs commerciaux gérants des équipes sur le terrain, cela nécessite de la confiance et du management à distance.
La pandémie a juste mis en musique un certain nombre de choses qui existaient déjà, sauf que la prise de conscience a été radicale et généralisée. La pandémie, dans le milieu de l'entreprise, a été une opportunité extraordinaire.
Nous sommes entrés dans une phase où les entreprises redécouvrent une forme de normalité, mais le monde d'avant est bel et bien fini. Tant mieux qu'il soit fini, car le monde d'avant n'était pas chouette.
Après si tous les métiers ne peuvent pas être "télétravaillés", une récente étude démontre que 70% des emplois peuvent avoir une part de télétravail. C'est beaucoup.
"Le problème des managers qui ne supportent pas le télétravail est qu'ils ne savent pas déléguer"
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France : la fin du pass vaccinal pour le 1er août 2022...
TourMaG.com - Comment manager avec le télétravail ? Faut-il tout revoir ?
Gaël Chatelain-Berry : Pas spécialement, il ne faut rien changer.
Après le mauvais manager en présentiel est devenu très mauvais en distanciel et le bon manager en présentiel, ne l'était pas spécialement en distanciel.
Il y a d'autres méthodes à adopter. Le manager doit être présent sans faire de macro-management. J'ai l'exemple d'un responsable qui pour garder le lien a demandé à ses équipes de se connecter en visio de 8h à 18h, pour donner l'impression d'être au bureau.
Il a tout simplement réinventé Big Brother. Cela partait d'un bon sentiment, il pensait bien faire.
Le management à distance repose sur la confiance. La performance ne se jauge pas sur le nombre d'heures passées à travailler, le présentéisme à la Française, mais de donner des objectifs. S'ils sont atteints en 2h ou 7h n'a pas d'importance.
Le problème des managers qui ne supportent pas le télétravail est qu'ils ne savent pas déléguer. Ils doivent passer sur un mode par objectif, comme les commerciaux.
Nous avons un vrai problème en France sur cette méthode qui est la plus logique. Un salarié impliqué est un salarié qui atteint ses objectifs, pas qui cumule les heures supplémentaires.
TourMaG.com - La confiance en l'autre est un manque qui existe en France. Vous le relevez souvent ?
Gaël Chatelain-Berry : Et pas qu'un peu.
Vous savez le retour de bâton va être très violent. Les réelles conséquences seront observables en début d'année prochaine. Les patrons qui n'auront pas compris que le télétravail n'est plus une option, mais un acquis définitif, ils vont voir leurs salariés partir.
Les tensions observables dans certains segments ne vont faire que s'amplifier. Il y aura le mouvement des démissions.
Gaël Chatelain-Berry : Pas spécialement, il ne faut rien changer.
Après le mauvais manager en présentiel est devenu très mauvais en distanciel et le bon manager en présentiel, ne l'était pas spécialement en distanciel.
Il y a d'autres méthodes à adopter. Le manager doit être présent sans faire de macro-management. J'ai l'exemple d'un responsable qui pour garder le lien a demandé à ses équipes de se connecter en visio de 8h à 18h, pour donner l'impression d'être au bureau.
Il a tout simplement réinventé Big Brother. Cela partait d'un bon sentiment, il pensait bien faire.
Le management à distance repose sur la confiance. La performance ne se jauge pas sur le nombre d'heures passées à travailler, le présentéisme à la Française, mais de donner des objectifs. S'ils sont atteints en 2h ou 7h n'a pas d'importance.
Le problème des managers qui ne supportent pas le télétravail est qu'ils ne savent pas déléguer. Ils doivent passer sur un mode par objectif, comme les commerciaux.
Nous avons un vrai problème en France sur cette méthode qui est la plus logique. Un salarié impliqué est un salarié qui atteint ses objectifs, pas qui cumule les heures supplémentaires.
TourMaG.com - La confiance en l'autre est un manque qui existe en France. Vous le relevez souvent ?
Gaël Chatelain-Berry : Et pas qu'un peu.
Vous savez le retour de bâton va être très violent. Les réelles conséquences seront observables en début d'année prochaine. Les patrons qui n'auront pas compris que le télétravail n'est plus une option, mais un acquis définitif, ils vont voir leurs salariés partir.
Les tensions observables dans certains segments ne vont faire que s'amplifier. Il y aura le mouvement des démissions.
Télétravail : "une entreprise qui n'a pas compris que le télétravail est confortable, va perdre des salariés"
TourMaG.com - Ce mouvement existe déjà dans le tourisme. Il y a eu une importante vague de démissions de personnes qui ne voyaient plus d'avenir au secteur. Selon vous cela va s'étendre à toute l'économie française ?
Gaël Chatelain-Berry : Il n'y a aucune raison que cela s'arrête.
L'INSEE a revu à la hausse les prévisions de croissance. Réjouissons-nous que le chômage de masse se réduise en France, que les salariés soient importants.
Tout ce dont nous parlons, c'est ce que je dis depuis des années. Il aura fallu une pandémie, pour que les entreprises réalisent que leurs employés sont centraux. Certains découvrent cela avec surprise, alors que c'est une évidence.
Nous sommes sur un marché de l'offre et de la demande, pour recruter il sera nécessaire d'être à la hauteur des exigences des salariés.
TourMaG.com - S'il y a eu des difficultés avec la mise en place du télétravail, l'économie française ne s'est pas effondrée. L'épidémie a donc permis une prise de conscience généralisée ?
Gaël Chatelain-Berry : Dans un très grand quotidien, il y avait par le passé un accord de télétravail qui n'était absolument pas appliqué.
La pandémie est passée par là et maintenant les salariés demandent que l'accord soit appliqué, alors que cela a fonctionné pendant un an et demi. Le télétravail est confortable de temps en temps, pour éviter les heures de transport, de faire des pauses quand on veut, etc.
Une entreprise qui n'a pas compris cela perdra tous ses salariés pour conserver ceux qui n'ont pas trouvé ailleurs.
Gaël Chatelain-Berry : Il n'y a aucune raison que cela s'arrête.
L'INSEE a revu à la hausse les prévisions de croissance. Réjouissons-nous que le chômage de masse se réduise en France, que les salariés soient importants.
Tout ce dont nous parlons, c'est ce que je dis depuis des années. Il aura fallu une pandémie, pour que les entreprises réalisent que leurs employés sont centraux. Certains découvrent cela avec surprise, alors que c'est une évidence.
Nous sommes sur un marché de l'offre et de la demande, pour recruter il sera nécessaire d'être à la hauteur des exigences des salariés.
TourMaG.com - S'il y a eu des difficultés avec la mise en place du télétravail, l'économie française ne s'est pas effondrée. L'épidémie a donc permis une prise de conscience généralisée ?
Gaël Chatelain-Berry : Dans un très grand quotidien, il y avait par le passé un accord de télétravail qui n'était absolument pas appliqué.
La pandémie est passée par là et maintenant les salariés demandent que l'accord soit appliqué, alors que cela a fonctionné pendant un an et demi. Le télétravail est confortable de temps en temps, pour éviter les heures de transport, de faire des pauses quand on veut, etc.
Une entreprise qui n'a pas compris cela perdra tous ses salariés pour conserver ceux qui n'ont pas trouvé ailleurs.
"Plein d'entreprises pensaient que le travail légitimait tout, ce n'est pas le cas"
"Avant la pandémie plein d'entreprises pensaient que le travail légitimait tout, ce n'est pas le cas. J'ai conscience des épreuves traversées par les entreprises, mais cela ne légitime pas que les responsables baissent les bras et de se défouler sur ses salariés" selon Gaël Chatelain-Berry - DR
TourMaG.com - Est-ce qu'il n'y a pas un problème de communication en France ?
Gaël Chatelain-Berry : Non plutôt de management.
Bien souvent, un manager pense que son seul titre légitime des comportements qui ne sont pas acceptables. Le management bienveillant se résume en une phrase : ne pas faire à ses salariés ou collaborateurs, ce que nous n'aimerions pas qu'un manager nous fasse.
Ce n'est que du bon sens, sauf qu'avant la pandémie plein d'entreprises pensaient que le travail légitimait tout, ce n'est pas le cas.
J'ai conscience des épreuves traversées par les entreprises, mais cela ne légitime pas que les responsables baissent les bras et de se défouler sur ses salariés.
Au-delà de toute considération politique, nous pouvons quand même remercier l'Etat, sans lui, il y aurait beaucoup moins de restaurants et hôtels encore debout.
Nous nous en sommes bien sortis grâce au gouvernement français et ce n'est pas le cas ailleurs. Maintenant s'ouvre une période juste géniale, avec un monde différent.
Je suis fondamentalement optimiste, je ne dis pas que je vois tout en rose. Un optimiste c'est une personne qui fasse à une difficulté, il va chercher des solutions.
Gaël Chatelain-Berry : Non plutôt de management.
Bien souvent, un manager pense que son seul titre légitime des comportements qui ne sont pas acceptables. Le management bienveillant se résume en une phrase : ne pas faire à ses salariés ou collaborateurs, ce que nous n'aimerions pas qu'un manager nous fasse.
Ce n'est que du bon sens, sauf qu'avant la pandémie plein d'entreprises pensaient que le travail légitimait tout, ce n'est pas le cas.
J'ai conscience des épreuves traversées par les entreprises, mais cela ne légitime pas que les responsables baissent les bras et de se défouler sur ses salariés.
Au-delà de toute considération politique, nous pouvons quand même remercier l'Etat, sans lui, il y aurait beaucoup moins de restaurants et hôtels encore debout.
Nous nous en sommes bien sortis grâce au gouvernement français et ce n'est pas le cas ailleurs. Maintenant s'ouvre une période juste géniale, avec un monde différent.
Je suis fondamentalement optimiste, je ne dis pas que je vois tout en rose. Un optimiste c'est une personne qui fasse à une difficulté, il va chercher des solutions.
Anti pass sanitaire : "Quel est l'alternative ? Je n'ai jamais entendu de proposition..."
TourMaG.com - La RSE va dans ce sens d'ailleurs, d'un management plus humain et de la qualité de vie au travail...
Gaël Chatelain-Berry : Je n'ai pas de doute sur le fait que cette nouvelle ère va être bien, j'en suis sûr.
Vous savez je vois des entreprises qui pleurent, car elles voient des talents partir. Ce sont ces mêmes sociétés qui ont voulu revenir au monde d'avant et qui ont demandé à ses employés de rattraper le retard pris à cause de la pandémie.
Aucun salarié n'accepte ça. Ce nouveau monde serait encore mieux si le coronavirus disparaissait.
TourMaG.com - Ce fameux pass sanitaire imposé dans les entreprises du tourisme n'est pas toujours évident à mettre en place, car il est obligatoire pour certains métiers et pas pour d'autres. Comment gérer cette question du pass sanitaire en entreprise ? Et comment gérer aussi les personnes qui ne veulent pas se faire vacciner ?
Gaël Chatelain-Berry : S'il n'y avait pas de vaccin et de pass sanitaire, nous serions confinés aujourd'hui. C'est aussi simple.
Je n'ai rien contre les gens qui sont anti-vaccin et/ou anti-pass sanitaire, mais j'aimerais qu'ils me disent : quelle est l'alternative ? Je n'ai pas entendu de proposition. Le fait de dire non ce n'est pas dérangeant, mais il faut une solution constructive.
La réalité est que nous devons comparer la rentrée 2021 à celle de 2020.
En septembre 2020, les signaux étaient déjà négatifs, avec des mesures prises pour limiter la propagation de l'épidémie en métropole et les médias parlaient déjà d'un reconfinement.
Gaël Chatelain-Berry : Je n'ai pas de doute sur le fait que cette nouvelle ère va être bien, j'en suis sûr.
Vous savez je vois des entreprises qui pleurent, car elles voient des talents partir. Ce sont ces mêmes sociétés qui ont voulu revenir au monde d'avant et qui ont demandé à ses employés de rattraper le retard pris à cause de la pandémie.
Aucun salarié n'accepte ça. Ce nouveau monde serait encore mieux si le coronavirus disparaissait.
TourMaG.com - Ce fameux pass sanitaire imposé dans les entreprises du tourisme n'est pas toujours évident à mettre en place, car il est obligatoire pour certains métiers et pas pour d'autres. Comment gérer cette question du pass sanitaire en entreprise ? Et comment gérer aussi les personnes qui ne veulent pas se faire vacciner ?
Gaël Chatelain-Berry : S'il n'y avait pas de vaccin et de pass sanitaire, nous serions confinés aujourd'hui. C'est aussi simple.
Je n'ai rien contre les gens qui sont anti-vaccin et/ou anti-pass sanitaire, mais j'aimerais qu'ils me disent : quelle est l'alternative ? Je n'ai pas entendu de proposition. Le fait de dire non ce n'est pas dérangeant, mais il faut une solution constructive.
La réalité est que nous devons comparer la rentrée 2021 à celle de 2020.
En septembre 2020, les signaux étaient déjà négatifs, avec des mesures prises pour limiter la propagation de l'épidémie en métropole et les médias parlaient déjà d'un reconfinement.
Qui est Gaël Chatelain-Berry ?
Après plus de 20 ans passées en entreprise en tant que manager d'équipes de 20 à 200 personnes, chez TF1, CANAL+, NRJ, iConcerts ou l'INA, Gaël Chatelain-Berry s'est tourné vers l'écriture et les conférences.
Son objectif est de faire évoluer le management en intégrant la notion de bienveillance dans celui-ci pour arriver au Feelgood Management !
Il est l'auteur de "Mon boss est nul, mais je le soigne" est sorti chez Hachette Marabout en 2017 et "Le bien-être pour les Nuls," dans la célèbre collection noire et jaune
Depuis, chaque année il publie 2 livres avec comme objectif de rendre le quotidien en entreprise plus agréable ! De plus Gaël Chatelain-Berry anime le podcast Happy Work pour LCI, le podcast francophone le plus écouté sur le bien-être au travail.
Son objectif est de faire évoluer le management en intégrant la notion de bienveillance dans celui-ci pour arriver au Feelgood Management !
Il est l'auteur de "Mon boss est nul, mais je le soigne" est sorti chez Hachette Marabout en 2017 et "Le bien-être pour les Nuls," dans la célèbre collection noire et jaune
Depuis, chaque année il publie 2 livres avec comme objectif de rendre le quotidien en entreprise plus agréable ! De plus Gaël Chatelain-Berry anime le podcast Happy Work pour LCI, le podcast francophone le plus écouté sur le bien-être au travail.