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Tourisme durable : chassez le naturel, il revient au galop !

L'Editorial de Jean da Luz


Le débat sur le tourisme durable est de retour. Après des mois de crise, la profession aimerait passer au monde d'après qui est en fait celui d'avant la pandémie. Je ne sais pas si vous me suivez toujours... Il va falloir arrêter d'opposer tourisme et durable et biffer le "et" qui les sépare pour mieux les rapprocher. C'est sibyllin mais loin d'être une formule de style.


Rédigé par le Dimanche 10 Octobre 2021

Tourisme durable : c’est globalement l’industrie du voyage qui doit prendre cette problématique à bras le corps. Oui, c’est elle qui qui devra porter cette métamorphose. Et qu’on le veuille ou non, elle n'y échappera pas./crédit DepositPhoto
Tourisme durable : c’est globalement l’industrie du voyage qui doit prendre cette problématique à bras le corps. Oui, c’est elle qui qui devra porter cette métamorphose. Et qu’on le veuille ou non, elle n'y échappera pas./crédit DepositPhoto
Le compte rendu de TourMaG.com sur la conférence "Comment réenchanter les agences de voyages ?" qui se tenait à l’IFTM-Top Resa, a causé un certain émoi dans le Landerneau.

Et pour cause. On y a vu et entendu certains professionnels jeter par dessus les orties les principes mêmes de voyages plus respectueux de l’environnement.

S’en laver les mains au nom du principe qu’il ne fallait pas imposer au client ce qu’il devait acheter. Que ce n’était pas aux agents de voyages de faire en sorte que leurs clients adoptent un comportement plus respectueux… (sic)

C’est à se demander s’ils savent que Les Entreprises du Voyage a remonté une Commission sur le tourisme durable et soutien d'autres initiatives en la matière ?

Au plus fort de la pandémie, beaucoup de personnalités du secteur ont pris la plume pour expliquer pourquoi après la Covid-19 les choses ne seraient jamais plus comme avant.

Patatras ! La nature et le portefeuille ayant horreur du vide, le voyage dans le monde d’après risque de ressembler furieusement à celui du monde d’avant.

Tourisme durable : qui payera pour des voyages plus respectueux ?

Mais après des mois de pénurie, d’agences désertes, de visios désincarnées, de caisses vides, de chômage partiel, de vies ruinées (il y en a) peut-on vraiment leur en vouloir de regoûter au “paradis” perdu ?

Personnellement, je crois qu’il est tout à fait légitime au moment où le tourisme annonce un retour fracassant dans les résas, d’observer une trêve.

D’attendre que la profession se remplume et de ne pas opposer économie et écologie, ce qui serait une erreur historique. Les entreprises vertes et vert-ueuses gagnent davantage d’argent que les autres, c’est bien connu.

Ceci étant, il reste des questions de fond qu’il ne faudrait pas éluder et qui fâchent. Par exemple, qui va payer pour des voyages plus respectueux de l'environnement, moins impactants et prenant en compte toutes ces questions ?

Certes, les agences de voyage ne sont que des distributeurs. On pourrait donc légitimement penser que c’est aux producteurs, aux transporteurs et aux réceptifs de faire l’effort de garnir les rayons de leur boutiques avec des produits estampillés vert.

Mais ce serait aller un peu vite en besogne et oublier que la plupart des distributeurs organisent des voyages de Groupe, vendent du business travel et du voyage sur mesure qu’ils assemblent.

Environnement :responsabilité historique pour l'industrie

Compte tenu de ces éléments je dirais que c’est globalement l’industrie du voyage qui doit prendre cette problématique à bras le corps. Oui, c’est elle qui qui devra porter cette métamorphose. Et qu’on le veuille ou non, elle n'y échappera pas.

La pandémie et la gestion parfois catastrophique des rapatriements par les grandes plateformes en ligne ont ramené des clients internet vers les agences. Il serait dommage de rater une nouvelle fois la “réintermédiation” parce que nous ne serions pas prêts ou n’aurions pas compris les enjeux de demain ?

Je ne suis pas dupe de ce que cela représente. Le voyage est un mécanisme complexe, l’une des plus grandes industries de service au monde et dont la chaîne exige l’intervention de nombreux métiers et compétences.

La compagnie aérienne doit optimiser son trajet pour qu’il soit le moins impactant possible, le réceptif travailler dans le même esprit pour proposer au producteur des établissements et des excursions respectueux de l’environnement.

Mais il faut y ajouter d’autres paramètres pour changer la donne. Le partenariat avec les populations locales, les méthodes de production, les guidages et leurs modalités, les transferts…

Le dernier maillon de la chaîne entre l’industrie et le consommateur

La plupart des acteurs (producteurs, compagnies, croisiéristes…) ont déjà intégré la dimension du durable dans leurs stratégies et politiques d’investissement. Pas suffisamment ? Certes, on peut toujours faire mieux. Mais le mouvement est amorcé. Pourquoi n’en irai-t-il pas de même chez les distributeurs ?

Les agences de voyages, dernier maillon de la chaîne entre l’industrie et le consommateur, ont un rôle fondamental. Par leurs conseils et la confiance déposée par le client en leur expertise, elles sont à même de donner à ces derniers une véritable conscience écologique en matière de voyage durable.

De ce point de vue, elles portent une responsabilité historique. Prétendre que le consommateur n’a pas de conscience et ne s’inquiète nullement de l’impact et de l’empreinte de son voyage est un non-sens.

Le consommateur paye et donc il estime que c’est de votre responsabilité et non de la sienne de le conseiller au mieux de ses intérêts et de veiller à ce que toutes les cases soient remplies lors du contrat.

Vendre des voyages responsables cela ne signifie pas paupériser la relation avec votre client bien au contraire. Ce dernier sera agréablement surpris que vous lui fassiez prendre conscience d’éléments auquels il n’avait pas forcément pensé et qui sont aujourd’hui juste un pré-requis incontournable.

Le tourisme durable n’est pas un gadget, un effet de mode “pandémique” qui partira à vau-l’eau avec le coronavirus. Le durable est là pour durer... qu’on se le dise !

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Jean Da Luz L'éditorial de Jean Da Luz Directeur de la rédaction - TourMaG.com
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Commentaires

1.Posté par Rick Sailor le 11/10/2021 11:51 | Alerter
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Cher Monsieur Jean

La différence entre dogmatisme et la réalité porte un nom : le prix.

On peut toujours parier sur l'intelligence humaine, mais on est fréquemment déçu. Du moins souvent.

Le prix a été, est et restera la mesure du voyage. D'autant que face à la concurrence, les TO comme les réceptifs répondront aux demandes des consommateurs qui veulent trouver des séjours économiques, animés et ensoleillés.... Le reste, comme le disait Chirac "est une pure branlette de l'esprit".

Cela ne veut pas dire que le sujet n'a pas d'importance, au contraire, mais plus simplement que le distributeur est un commerçant qui vend ce qu'on lui demande. Il n'est ni la conscience du client, ni son moralisateur. Les voyages "verts" se vendront sur internet par des jeunes, pour des jeunes et des urbains sensibilisés. Les autres, c’est-à-dire 60% de la population vieillissante resteront lucides et conscients de leurs possibilités financières.

Bref, on peut penser et agir pour offrir ce que ce "nouveau" public demande à peine, mais à condition de disposer également de ce que les autres veulent acheter.

Le sujet est flatteur pour l'esprit et donne aux acteurs du durable une bonne conscience de l'avenir… A condition d'être en accord sur ce qui dure. En 2017, la France pesait 0,9 % d'émissions de CO2 dans le monde. La Chine 28,2%. Les USA, nos alliés, 14,5%. L'écologie est importante, mais c'est un sujet de pays riches. Le sommes-nous toujours ?

Alors oui, les efforts sont indispensables mais prudemment, avec du temps, de la logique et de vrais produits. Ne pas changer quotidiennement les serviettes d'un bateau de croisière peut, sans doute, améliorer les choses, mais le problème restera le bateau, l'avion, la voiture.

Croire qu'en les restreignent on s'ouvre sur le monde est une position dangereuse. Chaque fois que l'homme s'est replié sur lui-même et sa proximité… Les guerres sont venues bousculer son quotidien. Connaître le monde, c'est l'apprivoiser. Connaître les autres, c'est se respecter. Voyager restera la meilleure manière de s'écouter d'un bout à l'autre de la planète…. Si elle ne disparait pas par les excès humains.

Votre très dévoué
Rick

2.Posté par Sebastien Le Caro le 11/10/2021 12:19 | Alerter
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Je l'écrivais déjà en commentaire d'un article en mai 2020 : "on va s'abreuver de belles paroles et se réveiller avec une belle gueule de bois" ou encore "l'écologie sera sacrifiée sur l'autel de la reprise économique". Mais trêve de lamentation cassandresques.

Tout le monde est favorable à un tourisme positif, mais qui va payer ?
A priori pas les clients :
https://www.ifop.com/publication/les-francais-et-le-tourisme-durable/

Alors pourquoi pas les entreprises dans leur politique RSE, en abondant de manière plus importante les participations pour les voyages réservés par leur collaborateurs auprès de leur CSE. Donc le voyage de groupe peut devenir un vecteur de voyages responsables ; si tant est qu'il y ait une offre derrière, tant au niveau des TO que des réceptifs.

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