Utopies a travaillé avec la CPME Réunion sur le développement économique de l’île en s’appuyant sur le local – crédit photo : Utopies
Dans le tourisme peut-être plus qu’ailleurs, la conversion à un modèle durable est aussi nécessaire que complexe.
La société évolue et le secteur, tourné vers l’humain évolue avec. Mais comment ?! Par où commencer ?
Quand on ne connait pas la direction, le mieux c’est encore de demander son chemin ! Et c’est le rôle d’Utopies, une agence de conseil en stratégie de développement durable.
La société évolue et le secteur, tourné vers l’humain évolue avec. Mais comment ?! Par où commencer ?
Quand on ne connait pas la direction, le mieux c’est encore de demander son chemin ! Et c’est le rôle d’Utopies, une agence de conseil en stratégie de développement durable.
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TourMaG.com - Pourriez-vous nous présenter Utopies ?
Elise Bonneau : Utopies a été créée en 1993 par Elisabeth Laville, au moment les enjeux de développement durable devenaient de plus en plus prégnants dans la société (ndlr : c'est l'époque du forum de Davos). Le but était de développer une offre de conseil auprès des entreprises.
L’une des missions est d’accompagner les entreprises pour mettre le développement durable au cœur des stratégies d’entreprises et des business models. Encore aujourd’hui c’est loin d’être une évidence pour tout le monde.
Depuis 2017, utopies s’adresse aussi aux marques (et pas uniquement au côté corporate). Nous voulons aller vers une intégration de plus en plus forte des enjeux de développement durable. On ne veut pas s’adresser qu’aux responsables RSE mais voir plus loin, plus large et viser la stratégie globale, traiter la RSE comme un enjeu qui intègre tous les métiers de l’entreprise et les parties prenantes.
Outre ces activités, 20% du temps des équipes est alloué à une activité de think tank et de veille, autour de thématiques de société, de consommation responsable etc.
Nous sommes la première entreprise française française à avoir été certifiée BCorp en 2014.
Elise Bonneau : Utopies a été créée en 1993 par Elisabeth Laville, au moment les enjeux de développement durable devenaient de plus en plus prégnants dans la société (ndlr : c'est l'époque du forum de Davos). Le but était de développer une offre de conseil auprès des entreprises.
L’une des missions est d’accompagner les entreprises pour mettre le développement durable au cœur des stratégies d’entreprises et des business models. Encore aujourd’hui c’est loin d’être une évidence pour tout le monde.
Depuis 2017, utopies s’adresse aussi aux marques (et pas uniquement au côté corporate). Nous voulons aller vers une intégration de plus en plus forte des enjeux de développement durable. On ne veut pas s’adresser qu’aux responsables RSE mais voir plus loin, plus large et viser la stratégie globale, traiter la RSE comme un enjeu qui intègre tous les métiers de l’entreprise et les parties prenantes.
Outre ces activités, 20% du temps des équipes est alloué à une activité de think tank et de veille, autour de thématiques de société, de consommation responsable etc.
Nous sommes la première entreprise française française à avoir été certifiée BCorp en 2014.
TourMaG.com – C’est du cas par cas : chacun a sa problématique propre et sa solution unique ?
Elise Bonneau : Oui, les attentes varient selon le contexte, par exemple une entreprise qui travaille exclusivement en France avec un public français n’aura pas les mêmes problématiques que quelqu’un qui a un établissement à l’étranger, il n’y a pas la même réglementation, pas les même habitudes, labels…
On s’appuie sur et on renforce l’ADN de la marque. Selon nous, il faut un vrai parti pris, et une posture claire. Sortir de la demande et aller vers l’offre : est-ce que je vais le faire juste parce que ma clientèle le demande ? Qu’est-ce que je propose de différent ?
C’est d’autant plus vrai dans la restauration : vais-je proposer des tomates en janvier et 1001 fromages ou bien vais-je me différencier en m’appuyant sur les producteurs locaux ?
Elise Bonneau : Oui, les attentes varient selon le contexte, par exemple une entreprise qui travaille exclusivement en France avec un public français n’aura pas les mêmes problématiques que quelqu’un qui a un établissement à l’étranger, il n’y a pas la même réglementation, pas les même habitudes, labels…
On s’appuie sur et on renforce l’ADN de la marque. Selon nous, il faut un vrai parti pris, et une posture claire. Sortir de la demande et aller vers l’offre : est-ce que je vais le faire juste parce que ma clientèle le demande ? Qu’est-ce que je propose de différent ?
C’est d’autant plus vrai dans la restauration : vais-je proposer des tomates en janvier et 1001 fromages ou bien vais-je me différencier en m’appuyant sur les producteurs locaux ?
TourMaG.com - Très concrètement, ça se passe comment ?
Elise Bonneau : Très concrètement, nous posons d’abord un diagnostic avec l’entreprise. Nous voyons où elle en est, quels sont ses besoins et quelles sont les attentes de sa clientèle.
Nous observons quelles sont les bonnes pratiques du secteur dans lequel l’entreprise évolue, en nous appuyant notamment sur BCorp.
En prenant toujours en compte la définition de la marque, son ADN, nous élaborons ensemble une stratégie avec des axes d’engagements et des priorités.
Ensuite l’entreprise n’est pas lâchée dans la nature, elle est dirigée puis simplement accompagnée dans l’opérationnel : on créé une feuille de route pour qu’ensuite, l’entreprise prenne la main.
Elise Bonneau : Très concrètement, nous posons d’abord un diagnostic avec l’entreprise. Nous voyons où elle en est, quels sont ses besoins et quelles sont les attentes de sa clientèle.
Nous observons quelles sont les bonnes pratiques du secteur dans lequel l’entreprise évolue, en nous appuyant notamment sur BCorp.
En prenant toujours en compte la définition de la marque, son ADN, nous élaborons ensemble une stratégie avec des axes d’engagements et des priorités.
Ensuite l’entreprise n’est pas lâchée dans la nature, elle est dirigée puis simplement accompagnée dans l’opérationnel : on créé une feuille de route pour qu’ensuite, l’entreprise prenne la main.
TourMaG.com – Quand ils viennent vers vous, vos clients savent-ils déjà vers où ils veulent tendre ?
Elise Bonneau : Les entreprises sont souvent un peu perdues. Elles se cherchent, avec la technique du doigt mouillé, mais sans avoir de vrais indicateurs.
Elles ont des intuitions mais qui ne sont pas forcément les bonnes. Par exemple, certains se focalisent sur les gobelets en plastique, plus visibles, mais n’ont pas conscience que leur principal impact, que nous étudions, est plutôt dans l’emballage de leurs produits par exemple.
On pense à immédiatement visible, le déchet mais souvent, le sujet de fond est plutôt dans le sourcing responsable, la question du bâtiment, qui revient de manière forte dans le tourisme.
Elise Bonneau : Les entreprises sont souvent un peu perdues. Elles se cherchent, avec la technique du doigt mouillé, mais sans avoir de vrais indicateurs.
Elles ont des intuitions mais qui ne sont pas forcément les bonnes. Par exemple, certains se focalisent sur les gobelets en plastique, plus visibles, mais n’ont pas conscience que leur principal impact, que nous étudions, est plutôt dans l’emballage de leurs produits par exemple.
On pense à immédiatement visible, le déchet mais souvent, le sujet de fond est plutôt dans le sourcing responsable, la question du bâtiment, qui revient de manière forte dans le tourisme.
TourMaG.com – Il y a 1001 manières d’aborder le secteur du tourisme, c’est très vaste ?
Elise Bonneau : Le secteur est à la croisée des chemins, et il est particulièrement impacté et impactant. On peut traiter de la problématique du bâtiment qui est vraiment très en retard, mais aussi de l’alimentation, le volet social et territorial aussi… Le tourisme est relié à beaucoup de sujets.
Pour moi le meilleur angle c’est le local. Le réseau d’hôtels indépendants Brit Hotels joue à fond la carte locavore par exemple. Ils créent des rencontres avec les producteurs, ils s’engagent et ça fonctionne.
Elise Bonneau : Le secteur est à la croisée des chemins, et il est particulièrement impacté et impactant. On peut traiter de la problématique du bâtiment qui est vraiment très en retard, mais aussi de l’alimentation, le volet social et territorial aussi… Le tourisme est relié à beaucoup de sujets.
Pour moi le meilleur angle c’est le local. Le réseau d’hôtels indépendants Brit Hotels joue à fond la carte locavore par exemple. Ils créent des rencontres avec les producteurs, ils s’engagent et ça fonctionne.
TourMaG.com – Le touriste veut découvrir un nouveau territoire lorsqu’il voyage, quelque part s’appuyer sur le local c’est totalement dans l’ADN du secteur tourisme ?
Elise Bonneau : Complètement. Ça passe aussi par le levier expérientiel et émotionnel. En cohérence avec l’ADN de la marque, on va proposer de découvrir le patrimoine, le rendre désirable, il y a un vrai enjeu à prendre en compte le local.
Pour moi l’axe local est prioritaire.
Elise Bonneau : Complètement. Ça passe aussi par le levier expérientiel et émotionnel. En cohérence avec l’ADN de la marque, on va proposer de découvrir le patrimoine, le rendre désirable, il y a un vrai enjeu à prendre en compte le local.
Pour moi l’axe local est prioritaire.
TourMaG.com – A quel titre est-il prioritaire, mis à part « donner envie » et attirer les touristes ?
Elise Bonneau : On est passé du "less bad" au "more good" : avant on essayait de réduire son impact, désormais on veut créer des opportunités. Et ça passe par le local.
Le secteur du tourisme a un rôle moteur dans l’économie du territoire. Il va créer des emplois pérennes en s’impliquant dans le tissu économique local, et c’est valorisant aussi pour les salariés.
La valorisation du territoire ça passe par les activités, l’alimentation mais il y a aussi la rénovation des bâtis ou les sous-traitants même s’ils ne sont pas visibles il faut le faire et en parler, être très transparent sur toutes les actions.
Elise Bonneau : On est passé du "less bad" au "more good" : avant on essayait de réduire son impact, désormais on veut créer des opportunités. Et ça passe par le local.
Le secteur du tourisme a un rôle moteur dans l’économie du territoire. Il va créer des emplois pérennes en s’impliquant dans le tissu économique local, et c’est valorisant aussi pour les salariés.
La valorisation du territoire ça passe par les activités, l’alimentation mais il y a aussi la rénovation des bâtis ou les sous-traitants même s’ils ne sont pas visibles il faut le faire et en parler, être très transparent sur toutes les actions.
TourMaG.com – La transparence aussi, c’est une priorité ?
Elise Bonneau : C’est même la base. Même s’il s’agit de déclaratif une étude de 2018 montre que l’empreinte du voyagiste, ou des transports avec l’émergence du flyskam … Ces sujets ont un vrai rôle dans ses choix et que le client cherche à limiter son impact.
Elise Bonneau : C’est même la base. Même s’il s’agit de déclaratif une étude de 2018 montre que l’empreinte du voyagiste, ou des transports avec l’émergence du flyskam … Ces sujets ont un vrai rôle dans ses choix et que le client cherche à limiter son impact.
Et puis à titre de citoyen nous faisons chacun des choses chez nous : si je trie mes déchets ou que je limite mon impact carbone, j’attends a minima que le voyagiste fasse de même.
C’est pourquoi il faut décomplexer sa communication.
L’entreprise doit être honnête, dire ce qui va, ce qui va moins, ce sur quoi elle travaille et les engagements qu’elle prend. L’exemple des baskets Veja est parlant : la marque fait de la transparence totale, y compris dans ce qui ne va pas, elle explique ses difficultés et ses partis pris.
C’est important aussi en termes de communication interne : on préconise d’afficher la raison d’être de son entreprise (une réflexion menée par les fondateurs sur leur vision), de plus en plus on consulte les équipes qui expriment leurs difficultés… Au-delà de l’image de l’entreprise, la transparence créée de l’engagement et de la fierté d’appartenance avec les salariés qui sont plus impliqués.
C’est pourquoi il faut décomplexer sa communication.
L’entreprise doit être honnête, dire ce qui va, ce qui va moins, ce sur quoi elle travaille et les engagements qu’elle prend. L’exemple des baskets Veja est parlant : la marque fait de la transparence totale, y compris dans ce qui ne va pas, elle explique ses difficultés et ses partis pris.
C’est important aussi en termes de communication interne : on préconise d’afficher la raison d’être de son entreprise (une réflexion menée par les fondateurs sur leur vision), de plus en plus on consulte les équipes qui expriment leurs difficultés… Au-delà de l’image de l’entreprise, la transparence créée de l’engagement et de la fierté d’appartenance avec les salariés qui sont plus impliqués.
TourMaG.com – Compliqué de parler de transparence quand le secret reste ancré dans la culture d’entreprise ?
Elise Bonneau : Notre rôle c’est de faire de la pédagogie. Qu’on le veuille ou non, l’information va sortir, et la transparence existe notamment via des applications mobiles. Mieux vaut que l’information vienne d’eux pour ne pas la déformer et savoir comment parler de ses points faibles.
La réalité du changement climatique change la donne, il va falloir y aller, là! On sait désormais que le niveau de la mer augmente plus vite que prévu et l’impact est direct sur le tourisme. De même pour l’aérien, il doit se rendre compte que le changement climatique aura un vrai impact sur l’industrie, notamment à cause des vents qui changent de direction ou qui se renforcent.
Il faut réinventer l’industrie, et c’est justement un moment enthousiasmant.
Elise Bonneau : Notre rôle c’est de faire de la pédagogie. Qu’on le veuille ou non, l’information va sortir, et la transparence existe notamment via des applications mobiles. Mieux vaut que l’information vienne d’eux pour ne pas la déformer et savoir comment parler de ses points faibles.
La réalité du changement climatique change la donne, il va falloir y aller, là! On sait désormais que le niveau de la mer augmente plus vite que prévu et l’impact est direct sur le tourisme. De même pour l’aérien, il doit se rendre compte que le changement climatique aura un vrai impact sur l’industrie, notamment à cause des vents qui changent de direction ou qui se renforcent.
Il faut réinventer l’industrie, et c’est justement un moment enthousiasmant.
"Like a local" sur l'île Maurice
Dans le domaine du tourisme, Utopies accompagne les hôtels Mauriciens Hotels Attitudes
Hautement touristique mais pas toujours dans un sens durable, Maurice est un parfait terrain de jeu pour passer d’un tourisme classique et ultra luxe à une version plus respectueuse de l’environnement et de la population locale.
Avec Utopies, le groupe a mis en place depuis 2016 une série d’eductour « like a local » (« comme un local » en bon français) qui proposent des expériences mettant en avant la culture locale. Otentik Cuisine pour apprendre à cuisiner mauricien, mais aussi Otentik diner, Otentik music, Otentik bazar et Otentik discovery, une application géolocalisée pour découvrir Port Louis et le patrimoine naturel de l’île.
Au-delà de faire découvrir la culture, la démarche vise en pratique à valoriser les habitants par leur travail et à les payer dignement. Une démarche que l’agence de conseil n’hésite pas à décrire comme « particulièrement inspirante en matière de développement local et de retombées positives pour les habitants ».
Hautement touristique mais pas toujours dans un sens durable, Maurice est un parfait terrain de jeu pour passer d’un tourisme classique et ultra luxe à une version plus respectueuse de l’environnement et de la population locale.
Avec Utopies, le groupe a mis en place depuis 2016 une série d’eductour « like a local » (« comme un local » en bon français) qui proposent des expériences mettant en avant la culture locale. Otentik Cuisine pour apprendre à cuisiner mauricien, mais aussi Otentik diner, Otentik music, Otentik bazar et Otentik discovery, une application géolocalisée pour découvrir Port Louis et le patrimoine naturel de l’île.
Au-delà de faire découvrir la culture, la démarche vise en pratique à valoriser les habitants par leur travail et à les payer dignement. Une démarche que l’agence de conseil n’hésite pas à décrire comme « particulièrement inspirante en matière de développement local et de retombées positives pour les habitants ».