Les manifestations populaires liées à la musique et la danse sont porteuses de tourisme, notamment les carnavals, comme ceux des Caraïbes et les brésiliens, qui constituent des locomotives au niveau international tout en restant des rendez-vous festifs préparés et organisés par les autochtones. Ici, le carnaval de Rio - DR : JDL
TourMaG.com - Vous venez de publier un ouvrage intitulé « En avant la musique : les relations complexes entre musique et tourisme », pour quelles raisons ?
Josette Sicsic : D’une part, parce que j’aime la musique. Tous les genres musicaux. Et cela, à l’exemple de la grande majorité de l'Humanité.
La pratique et l’écoute musicales sont en effet les loisirs les plus partagés dans le monde.
Par ailleurs, mes observations sur le secteur touristique m’ont permis de constater que la musique, quand elle était bien exploitée, était porteuse de développement touristique. C’est le cas pour certains pays.
Mais, la France pour sa part, ne valorise pas beaucoup ses talents musicaux, notamment cet atout formidable qu’est la chanson !
TourMaG.com - Pourtant, il y a les festivals !
J.S. : Oui, nous avons beaucoup de festivals de musique, musique actuelle, jazz, électro, musique classique… Mais, la plupart des festivals ont été plutôt créés pour la population locale que pour la population touristique. Ce qui est bien normal.
Généralement, le public de proximité représente plus de 80% des spectateurs de festivals, bien que la programmation soit d’une qualité internationale.
En fait, nous avons beaucoup de festivals et nous ne savons pas forcément les commercialiser au-delà de nos frontières… Mais, ce n’est pas seulement là que le bât blesse.
Josette Sicsic : D’une part, parce que j’aime la musique. Tous les genres musicaux. Et cela, à l’exemple de la grande majorité de l'Humanité.
La pratique et l’écoute musicales sont en effet les loisirs les plus partagés dans le monde.
Par ailleurs, mes observations sur le secteur touristique m’ont permis de constater que la musique, quand elle était bien exploitée, était porteuse de développement touristique. C’est le cas pour certains pays.
Mais, la France pour sa part, ne valorise pas beaucoup ses talents musicaux, notamment cet atout formidable qu’est la chanson !
TourMaG.com - Pourtant, il y a les festivals !
J.S. : Oui, nous avons beaucoup de festivals de musique, musique actuelle, jazz, électro, musique classique… Mais, la plupart des festivals ont été plutôt créés pour la population locale que pour la population touristique. Ce qui est bien normal.
Généralement, le public de proximité représente plus de 80% des spectateurs de festivals, bien que la programmation soit d’une qualité internationale.
En fait, nous avons beaucoup de festivals et nous ne savons pas forcément les commercialiser au-delà de nos frontières… Mais, ce n’est pas seulement là que le bât blesse.
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TourMaG.com - Où blesse-t-il ?
J.S. : Dans certains pays, la musique épouse et structure totalement l’image du pays. Elle en est synonyme.
C’est le cas du tango en Argentine, de la samba et la bossa nova au Brésil. D'ailleurs, l’aéroport de Rio porte le nom d’un immense musicien : Antônio-Carlos Jobim, le célébrissime auteur de « The girl from Ipanema ».
C’est le cas du reggae en Jamaïque où un hommage permanent est rendu à Bob Marley à travers des circuits et des événements. C’est le cas des routes du flamenco en Andalousie.
C’est surtout le cas de Liverpool qui, autour des Beatles, a créé une sorte de musée à ciel ouvert dans ses rues, ce qui lui permet d’attirer près de 300 000 visiteurs par an, dans des bars, musées, discothèques consacrés à la musique des quatre garçons dans le vent.
Les Anglo-saxons sont nettement plus habiles que les Français pour exploiter leur patrimoine musical. Inutile en effet de revenir sur New Orleans et le jazz ou sur Memphis et Graceland et la mémoire du King !
Que dire encore du musée consacré au rock à Cleveland qui attire 500 000 visiteurs par an ! Mais, les musées sont loin d’incarner les immenses possibilités de la musique. On peut aussi se contenter d’utiliser une chanson comme outil de promotion…
TourMaG.com - Comment ?
J.S. : Paris a été chantée par des centaines de chanteurs et a donné lieu à de magnifiques textes dont certains sont connus à l’étranger.
Pourquoi ne pas utiliser ces mélodies sur un site Internet pour donner une dimension supplémentaire à l’information touristique ?
Les touristes étrangers connaissent quelques chanteurs français. Ils seraient charmés de reconnaître une musique et de pouvoir traverser Paris sur leurs traces…
D’autant que des spécialistes du sujet existent et sont prêts à les guider comme le font les Britanniques, toujours eux, à Londres dans Abbey Road.
Et puis, une simple mélodie suffit à promouvoir une région ou une ville… N’oubliez pas l’immense succès de « Connemara » de Michel Sardou que l’Irlande a parfaitement exploité tandis que Rome, Venise, Naples, Moscou, Marseille, Bruxelles, Montréal et même Vesoul et Maubeuge bénéficient en permanence de la promotion faite par des chansons internationalement connues.
Charlebois s’est même étonné de ne pas être payé par Tourisme Montréal pour la publicité que sa chanson fétiche fait à la ville québécoise !
De plus, certains chansons consacrées à une ville peuvent contribuer à en modifier le tracé. C’est le cas de Nantes où l’on a fini par créer une « Rue de la grange aux loups », pour répondre à la demande des touristes de passage qui, fans de Barbara, recherchaient cette rue…
J.S. : Dans certains pays, la musique épouse et structure totalement l’image du pays. Elle en est synonyme.
C’est le cas du tango en Argentine, de la samba et la bossa nova au Brésil. D'ailleurs, l’aéroport de Rio porte le nom d’un immense musicien : Antônio-Carlos Jobim, le célébrissime auteur de « The girl from Ipanema ».
C’est le cas du reggae en Jamaïque où un hommage permanent est rendu à Bob Marley à travers des circuits et des événements. C’est le cas des routes du flamenco en Andalousie.
C’est surtout le cas de Liverpool qui, autour des Beatles, a créé une sorte de musée à ciel ouvert dans ses rues, ce qui lui permet d’attirer près de 300 000 visiteurs par an, dans des bars, musées, discothèques consacrés à la musique des quatre garçons dans le vent.
Les Anglo-saxons sont nettement plus habiles que les Français pour exploiter leur patrimoine musical. Inutile en effet de revenir sur New Orleans et le jazz ou sur Memphis et Graceland et la mémoire du King !
Que dire encore du musée consacré au rock à Cleveland qui attire 500 000 visiteurs par an ! Mais, les musées sont loin d’incarner les immenses possibilités de la musique. On peut aussi se contenter d’utiliser une chanson comme outil de promotion…
TourMaG.com - Comment ?
J.S. : Paris a été chantée par des centaines de chanteurs et a donné lieu à de magnifiques textes dont certains sont connus à l’étranger.
Pourquoi ne pas utiliser ces mélodies sur un site Internet pour donner une dimension supplémentaire à l’information touristique ?
Les touristes étrangers connaissent quelques chanteurs français. Ils seraient charmés de reconnaître une musique et de pouvoir traverser Paris sur leurs traces…
D’autant que des spécialistes du sujet existent et sont prêts à les guider comme le font les Britanniques, toujours eux, à Londres dans Abbey Road.
Et puis, une simple mélodie suffit à promouvoir une région ou une ville… N’oubliez pas l’immense succès de « Connemara » de Michel Sardou que l’Irlande a parfaitement exploité tandis que Rome, Venise, Naples, Moscou, Marseille, Bruxelles, Montréal et même Vesoul et Maubeuge bénéficient en permanence de la promotion faite par des chansons internationalement connues.
Charlebois s’est même étonné de ne pas être payé par Tourisme Montréal pour la publicité que sa chanson fétiche fait à la ville québécoise !
De plus, certains chansons consacrées à une ville peuvent contribuer à en modifier le tracé. C’est le cas de Nantes où l’on a fini par créer une « Rue de la grange aux loups », pour répondre à la demande des touristes de passage qui, fans de Barbara, recherchaient cette rue…
Josette Sicsic - DR
TourMaG.com - Existe-t-il d’autres moyens d’exploiter la musique à des fins touristiques ?
J.S. : Bien entendu. Les lieux de mémoire ont bel et bien leur mot à dire sur la palette du tourisme musical.
Nul ne doute que la tombe de Johnny Halliday à Saint-Bart deviendra, au fil des années, un haut lieu du tourisme de la Caraïbe comme celle de Claude François dans le petit village de Dannemois.
Ce sont cependant sans doute les Italiens et les grands maîtres de l’opéra qui ont su tirer le meilleur parti de leurs défunts.
De Giacomo Puccini à Rossini, expositions, programmes de concerts, circuits ravivent la musique des « maestro » tandis que le plus illustre d’entre eux, Guissepe Verdi, fait l’objet d’un culte parfaitement bien organisé depuis sa maison natale jusqu’à sa tombe en passant par Milan et la Scala où il a connu ses plus grands succès.
Et que dire de la tombe monumentale de Carlos Gardel à Buenos Aires alors que nul ne sait vraiment où est enterrée Edith Piaf !
TourMaG.com - Les musiques traditionnelles sont-elles aussi porteuses de tourisme ?
J.S. : Absolument. C’est encore le cas de l’Italie et des bals qui, l’été, fleurissent sur toutes les places, contribuant grandement à l’attractivité de certains villages, des fêtes populaires, des chants choraux, des processions et des « sagre » dont la tradition est soigneusement entretenue par la population locale.
C’est le cas bien entendu de la merveilleuse Irlande où la musique coule à flots, comme la bière !
On pourrait enfin citer dans ce chapitre d’autres manifestations populaires liées à la musique et la danse, parfaitement porteuses sur le plan touristique. Ce sont les carnavals, notamment ceux des Caraïbes et les carnavals brésiliens qui constituent des locomotives au niveau international tout en restant avant tout des rendez-vous festifs préparés et organisés par les autochtones. Ce qui garantit leur succès.
Nous avons, selon moi, un immense champ à explorer. Dans un pays qui a enfanté tant de chanteurs majeurs, nous pourrions faire mieux…
J.S. : Bien entendu. Les lieux de mémoire ont bel et bien leur mot à dire sur la palette du tourisme musical.
Nul ne doute que la tombe de Johnny Halliday à Saint-Bart deviendra, au fil des années, un haut lieu du tourisme de la Caraïbe comme celle de Claude François dans le petit village de Dannemois.
Ce sont cependant sans doute les Italiens et les grands maîtres de l’opéra qui ont su tirer le meilleur parti de leurs défunts.
De Giacomo Puccini à Rossini, expositions, programmes de concerts, circuits ravivent la musique des « maestro » tandis que le plus illustre d’entre eux, Guissepe Verdi, fait l’objet d’un culte parfaitement bien organisé depuis sa maison natale jusqu’à sa tombe en passant par Milan et la Scala où il a connu ses plus grands succès.
Et que dire de la tombe monumentale de Carlos Gardel à Buenos Aires alors que nul ne sait vraiment où est enterrée Edith Piaf !
TourMaG.com - Les musiques traditionnelles sont-elles aussi porteuses de tourisme ?
J.S. : Absolument. C’est encore le cas de l’Italie et des bals qui, l’été, fleurissent sur toutes les places, contribuant grandement à l’attractivité de certains villages, des fêtes populaires, des chants choraux, des processions et des « sagre » dont la tradition est soigneusement entretenue par la population locale.
C’est le cas bien entendu de la merveilleuse Irlande où la musique coule à flots, comme la bière !
On pourrait enfin citer dans ce chapitre d’autres manifestations populaires liées à la musique et la danse, parfaitement porteuses sur le plan touristique. Ce sont les carnavals, notamment ceux des Caraïbes et les carnavals brésiliens qui constituent des locomotives au niveau international tout en restant avant tout des rendez-vous festifs préparés et organisés par les autochtones. Ce qui garantit leur succès.
Nous avons, selon moi, un immense champ à explorer. Dans un pays qui a enfanté tant de chanteurs majeurs, nous pourrions faire mieux…
TourMaG.com - Quels sont les freins ?
J.S. : Je pense tout simplement que nous ne faisons pas encore assez confiance au patrimoine sonore.
Nous vivons dans une société où l’œil et la vue sont privilégiés par rapport aux autres sens.
Nous faisons encore peu de cas du toucher, de l’odorat, du son. Or, selon moi, la prise en compte et la valorisation du patrimoine sonore constituent un excellent moyen de diversifier et améliorer l’offre touristique.
Nous devons mieux utiliser le chant des oiseaux, celui des vagues et des forêts et les musiques dans toutes leurs composantes.
A l’avenir, le touriste écoutera autant qu’il regarde aujourd’hui. Enfin, quand on sait à quel point l’écoute musicale, surtout quand elle est pratiquée collectivement crée du plaisir, de la joie et du lien, on ne devrait se priver ni de musique, ni de chansons…
J.S. : Je pense tout simplement que nous ne faisons pas encore assez confiance au patrimoine sonore.
Nous vivons dans une société où l’œil et la vue sont privilégiés par rapport aux autres sens.
Nous faisons encore peu de cas du toucher, de l’odorat, du son. Or, selon moi, la prise en compte et la valorisation du patrimoine sonore constituent un excellent moyen de diversifier et améliorer l’offre touristique.
Nous devons mieux utiliser le chant des oiseaux, celui des vagues et des forêts et les musiques dans toutes leurs composantes.
A l’avenir, le touriste écoutera autant qu’il regarde aujourd’hui. Enfin, quand on sait à quel point l’écoute musicale, surtout quand elle est pratiquée collectivement crée du plaisir, de la joie et du lien, on ne devrait se priver ni de musique, ni de chansons…
Lire : En avant la musique. Les relations complexes entre musique et tourisme. Josette Sicsic avec la contribution de Roberto Lavarini. Editions L’Harmattan.
Pour en savoir plus, abonnez-vous à Touriscopie www.touriscopie.fr
Contact : touriscopie@gmail.com
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