Il n'existe quasiment aucune étude permettant d'évaluer de manière fiable et précise l'empreinte carbone de l'industrie spatiale et plus particulièrement celle du tourisme spatial. - Depositphotos.com Auteur EvgeniyShkolenko
Le débat "tourisme spatial écologie" ne date pas d’aujourd’hui.
Rappelons-nous que les propulseurs de la fusée américaine Saturn V qui envoya les premiers humains en direction de la Lune, le 16 juillet 1969, vidaient l’équivalent d’une piscine olympique à la seconde.
En un quart d'heure, 3.630.000 litres de carburant partaient ainsi en fumée. Une telle quantité de carburant permettrait à une voiture (sur une base de 7 litres aux 100 kilomètres) d'effectuer 51 850 000 km, soit 1 296 fois le tour de la Terre au niveau de l’Equateur !
Il faut le dire et le souligner : il n'existe quasiment aucune étude permettant d'évaluer de manière fiable et précise l'empreinte carbone de l'industrie spatiale et plus particulièrement celle du tourisme spatial.
Il s’agit encore d’un domaine peu documenté et souvent très confidentiel, donc inaccessible aux ONG et autres associations de défense de l’environnement. Un membre de la Secure World Foundation, ONG qui s’intéresse à "l’utilisation durable de l’espace", estime que « les émissions de vols habités sont aussi obscures pour nous, du moins pour l’instant, que l’était la pollution de l’espace par les débris spatiaux dans les années 1970 ».
Rappelons-nous que les propulseurs de la fusée américaine Saturn V qui envoya les premiers humains en direction de la Lune, le 16 juillet 1969, vidaient l’équivalent d’une piscine olympique à la seconde.
En un quart d'heure, 3.630.000 litres de carburant partaient ainsi en fumée. Une telle quantité de carburant permettrait à une voiture (sur une base de 7 litres aux 100 kilomètres) d'effectuer 51 850 000 km, soit 1 296 fois le tour de la Terre au niveau de l’Equateur !
Il faut le dire et le souligner : il n'existe quasiment aucune étude permettant d'évaluer de manière fiable et précise l'empreinte carbone de l'industrie spatiale et plus particulièrement celle du tourisme spatial.
Il s’agit encore d’un domaine peu documenté et souvent très confidentiel, donc inaccessible aux ONG et autres associations de défense de l’environnement. Un membre de la Secure World Foundation, ONG qui s’intéresse à "l’utilisation durable de l’espace", estime que « les émissions de vols habités sont aussi obscures pour nous, du moins pour l’instant, que l’était la pollution de l’espace par les débris spatiaux dans les années 1970 ».
Pollutions causées par les vols de fusées
A ce jour et malgré les efforts menés dans la recherche de carburants plus écologiques, pour un seul vol d’une dizaine de minutes, ce ne sont pas loin de 80 tonnes d’équivalents de CO2 qui sont émises dans l’atmosphère.
C’est plus de 6 fois la quantité de CO2 émises par un Français sur une année entière ou autant qu’un indien pendant 40 ans.
L’on pourrait multiplier les exemples en ce domaine, mais retenons sur ce point le témoignage du Dr Éloïse Marais professeure agrégée en géographie physique à l'University College de Londres, qui dans The Guardian explique :
« Un lancement de fusée pour quatre personnes représente entre 200 à 300 tonnes de CO2. Dans ce cas de figure, chaque passager dépense en moyenne 4,5 tonnes de CO2 au cours d’un seul vol ».
À ces émissions directes, il faudrait bien entendu y rajouter toutes les émissions indirectes (construction des fusées, construction des infrastructures, production des carburants…) et toutes les ressources qui y sont nécessaires.
C’est plus de 6 fois la quantité de CO2 émises par un Français sur une année entière ou autant qu’un indien pendant 40 ans.
L’on pourrait multiplier les exemples en ce domaine, mais retenons sur ce point le témoignage du Dr Éloïse Marais professeure agrégée en géographie physique à l'University College de Londres, qui dans The Guardian explique :
« Un lancement de fusée pour quatre personnes représente entre 200 à 300 tonnes de CO2. Dans ce cas de figure, chaque passager dépense en moyenne 4,5 tonnes de CO2 au cours d’un seul vol ».
À ces émissions directes, il faudrait bien entendu y rajouter toutes les émissions indirectes (construction des fusées, construction des infrastructures, production des carburants…) et toutes les ressources qui y sont nécessaires.
Pollutions causées par les débris spatiaux
Depuis le lancement de Spoutnik 1, le 4 octobre 1957, environ plus de 4 000 engins ont été expédiés dans l'espace, générant ainsi un grand nombre de débris spatiaux.
Selon les modèles statistiques, le nombre de débris spatiaux en orbite est estimé à : 36 500 objets de plus de 10 centimètres, 1 000 000 objets de plus de 1 centimètre, jusqu'à 10 centimètres, Et 330 millions d'objets de plus de 1 millimètre, jusqu'à 1 centimètre.
Parmi ceux-ci, se trouvent : les étages de lanceurs, les morceaux de boucliers thermiques, les fragments d'engins spatiaux utilisés, les satellites non utilisés, les divers éléments qui ont échappés des mains de l'homme comme par exemple les outils utilisés lors des réparations de l’ISS.
Pour illustrer une telle situation, prenons quelques exemples :
- Le 11 janvier 2007, la destruction volontaire d’un satellite chinois par un essai d’arme antimissile, entrainant à ce jour la formation de 3.527 débris identifiés toujours en orbite.
- Le 10 février 2009, la collision entre le satellite américain Iridium 33 et le satellite russe Cosmos 2251 a entrainé près de 10 000 débris de plus de 10 cm en orbite.
- En 2016, la caméra embarquée sur le satellite européen Sentinel 1A révélait aux yeux des opérateurs horrifiés, la présence sur un panneau solaire d'un trou d'une quarantaine de centimètres provoqué par le passage à travers lui d'un débris non détecté.
- En mars 2021, l’ISS a déversé 2,9 tonnes de batteries nickel-hydrogène dans l’Espace, soit son plus gros déchet spatial !
Selon Leah Cheshier, un des représentants de la NASA : « Les déchets seront en orbite autour de la Terre pendant au moins deux à quatre ans avant d’entrer dans l’atmosphère. Pas d’inquiétude cependant, les déchets éjectés par l’ISS devraient se consumer dans l’atmosphère lors de la rentrée dans l’atmosphère et seront suivis en permanence par l’U.S. Space Command ».
- Le 29 mai 2021, un débris venait percuter et mettre hors d'usage l'un des bras articulés de la Station spatiale internationale.
- En novembre 2021, un morceau de débris du défunt satellite météorologique Fengyun-1C, qui a été détruit en 2007 par un test de missile antisatellite chinois, a failli heurter la Station spatiale internationale.
- Le 4 mai 2022, un vieux moteur de fusée russe s’est brisé dans l’espace, générant au moins seize débris spatiaux, selon les informations du 18e Escadron de défense spatiale de l’US Space Force. Catalogué sous le numéro 32398, l’objet était un moteur Ullage Proton d’un remorqueur spatial qui a aidé à mettre trois satellites russes GLONASS en orbite en 2007.
Au cours des 23 dernières années l’ISS a enregistré environ 30 rencontres rapprochées avec des débris orbitaux qui tous ont nécessité une action d’évitement.
Trois de ces quasi-accidents, c’est à dire plus de 10% se sont produits en 2020, ce qui démontre l’accélération de ce phénomène et justifie le caractère d’urgence en ce domaine, d’autant plus que le tourisme spatial se développe rapidement.
Selon les modèles statistiques, le nombre de débris spatiaux en orbite est estimé à : 36 500 objets de plus de 10 centimètres, 1 000 000 objets de plus de 1 centimètre, jusqu'à 10 centimètres, Et 330 millions d'objets de plus de 1 millimètre, jusqu'à 1 centimètre.
Parmi ceux-ci, se trouvent : les étages de lanceurs, les morceaux de boucliers thermiques, les fragments d'engins spatiaux utilisés, les satellites non utilisés, les divers éléments qui ont échappés des mains de l'homme comme par exemple les outils utilisés lors des réparations de l’ISS.
Pour illustrer une telle situation, prenons quelques exemples :
- Le 11 janvier 2007, la destruction volontaire d’un satellite chinois par un essai d’arme antimissile, entrainant à ce jour la formation de 3.527 débris identifiés toujours en orbite.
- Le 10 février 2009, la collision entre le satellite américain Iridium 33 et le satellite russe Cosmos 2251 a entrainé près de 10 000 débris de plus de 10 cm en orbite.
- En 2016, la caméra embarquée sur le satellite européen Sentinel 1A révélait aux yeux des opérateurs horrifiés, la présence sur un panneau solaire d'un trou d'une quarantaine de centimètres provoqué par le passage à travers lui d'un débris non détecté.
- En mars 2021, l’ISS a déversé 2,9 tonnes de batteries nickel-hydrogène dans l’Espace, soit son plus gros déchet spatial !
Selon Leah Cheshier, un des représentants de la NASA : « Les déchets seront en orbite autour de la Terre pendant au moins deux à quatre ans avant d’entrer dans l’atmosphère. Pas d’inquiétude cependant, les déchets éjectés par l’ISS devraient se consumer dans l’atmosphère lors de la rentrée dans l’atmosphère et seront suivis en permanence par l’U.S. Space Command ».
- Le 29 mai 2021, un débris venait percuter et mettre hors d'usage l'un des bras articulés de la Station spatiale internationale.
- En novembre 2021, un morceau de débris du défunt satellite météorologique Fengyun-1C, qui a été détruit en 2007 par un test de missile antisatellite chinois, a failli heurter la Station spatiale internationale.
- Le 4 mai 2022, un vieux moteur de fusée russe s’est brisé dans l’espace, générant au moins seize débris spatiaux, selon les informations du 18e Escadron de défense spatiale de l’US Space Force. Catalogué sous le numéro 32398, l’objet était un moteur Ullage Proton d’un remorqueur spatial qui a aidé à mettre trois satellites russes GLONASS en orbite en 2007.
Au cours des 23 dernières années l’ISS a enregistré environ 30 rencontres rapprochées avec des débris orbitaux qui tous ont nécessité une action d’évitement.
Trois de ces quasi-accidents, c’est à dire plus de 10% se sont produits en 2020, ce qui démontre l’accélération de ce phénomène et justifie le caractère d’urgence en ce domaine, d’autant plus que le tourisme spatial se développe rapidement.
Il faut contextualiser et relativiser les pollutions causées par les vols spatiaux
Pour être le plus objectif possible, il convient cependant de contextualiser cette situation et prendre conscience que les vols privés dans l’espace génèrent globalement relativement peu de pollution car ils restent encore très marginaux.
Cependant comme le craignent beaucoup de scientifiques et notamment trois physiciens français, Roland Lehoucq, Emmanuelle Rio et François Graner pour qui : « leurs conséquences environnementales augmenteraient considérablement si ce tourisme spatial devait faire l’objet d’un commerce plus large ».
Actuellement, à peine plus d’une centaine de vols ont lieu chaque année dans l’espace, la Nasa comptabilisant à elle seule 114 tentatives de lancements orbitaux à travers le monde pour l’année 2020.
Selon les estimations, 2021 a été une année record pour les lancements de fusées avec 160 tentatives et 146 réussites. On est bien loin des 100 000 vols quotidiens assurés par l’aviation civile, répertoriés par le Groupe d’action du transport aérien (ATAG).
Selon "Everyday Astronaut", ces vols représentaient en effet environ 0,0000059 % de toutes les émissions de CO2 en 2018, contre environ 2,4 % des émissions mondiales de CO2 pour l’industrie du transport aérien.
Christophe Bonnal, expert du CNES, acquiesce cette analyse : « avec un vol tous les deux ou trois mois, la pollution est gérable. S’il y avait plusieurs milliers de vols par an, elle deviendrait beaucoup trop importante et inacceptable ».
Cependant comme le craignent beaucoup de scientifiques et notamment trois physiciens français, Roland Lehoucq, Emmanuelle Rio et François Graner pour qui : « leurs conséquences environnementales augmenteraient considérablement si ce tourisme spatial devait faire l’objet d’un commerce plus large ».
Actuellement, à peine plus d’une centaine de vols ont lieu chaque année dans l’espace, la Nasa comptabilisant à elle seule 114 tentatives de lancements orbitaux à travers le monde pour l’année 2020.
Selon les estimations, 2021 a été une année record pour les lancements de fusées avec 160 tentatives et 146 réussites. On est bien loin des 100 000 vols quotidiens assurés par l’aviation civile, répertoriés par le Groupe d’action du transport aérien (ATAG).
Selon "Everyday Astronaut", ces vols représentaient en effet environ 0,0000059 % de toutes les émissions de CO2 en 2018, contre environ 2,4 % des émissions mondiales de CO2 pour l’industrie du transport aérien.
Christophe Bonnal, expert du CNES, acquiesce cette analyse : « avec un vol tous les deux ou trois mois, la pollution est gérable. S’il y avait plusieurs milliers de vols par an, elle deviendrait beaucoup trop importante et inacceptable ».
Notre Consultant spécialiste en "Tourisme Spatial", Michel Messager va très prochainement sortir après "Le Tourisme Spatial 1954 – 2020", un nouvel ouvrage intitulé : "’Tourisme Spatial et Ecologie".
Aujourd’hui avec le développement des lancements et du tourisme spatial, la pollution de l’espace est un véritable enjeu écologique. Quand on sait que 9 000 tonnes de débris spatiaux tournent au-dessus de nos têtes - et que l’industrie spatiale et son corollaire le tourisme n’en sont qu’au début de l’aventure - il y là de nombreuses questions à se poser.
L’industrie spatiale consciente de la nécessité écologique a donc, depuis plus d’une dizaine d’années, multiplié les recherches que ce soit au niveau des carburants, des moteurs, du nettoyage de l’espace ou de la conception des fusées.
Au travers de son ouvrage Michel Messager a voulu faire le point en toute impartialité sur ce débat qui alimente, quasi quotidiennement les médias : Tourisme Spatial et Ecologie.
Durant ce mois d’août et tous les lundis jusqu’à la première semaine de septembre, nous vous présenterons et en exclusivité pour TourMag les bonnes "feuilles" de : Tourisme Spatial et Ecologie.
Aujourd’hui avec le développement des lancements et du tourisme spatial, la pollution de l’espace est un véritable enjeu écologique. Quand on sait que 9 000 tonnes de débris spatiaux tournent au-dessus de nos têtes - et que l’industrie spatiale et son corollaire le tourisme n’en sont qu’au début de l’aventure - il y là de nombreuses questions à se poser.
L’industrie spatiale consciente de la nécessité écologique a donc, depuis plus d’une dizaine d’années, multiplié les recherches que ce soit au niveau des carburants, des moteurs, du nettoyage de l’espace ou de la conception des fusées.
Au travers de son ouvrage Michel Messager a voulu faire le point en toute impartialité sur ce débat qui alimente, quasi quotidiennement les médias : Tourisme Spatial et Ecologie.
Durant ce mois d’août et tous les lundis jusqu’à la première semaine de septembre, nous vous présenterons et en exclusivité pour TourMag les bonnes "feuilles" de : Tourisme Spatial et Ecologie.