Interview de Nicolas Henin, le responsable commercial de Transavia - DR
TourMaG.com - Les destinations ont rouvert cet été, dont le Maroc. Globalement, comment s'est passée la saison estivale ?
Nicolas Henin : Juillet et août étaient super, sur toutes les destinations traditionnelles que sont l'Espagne, Portugal, Grèce et Maroc.
Nous avons beaucoup développé l'Algérie, avec les visites à des amis et à des parents (VFR), le succès a été au rendez-vous. Nous avons fait 45% de passagers en plus sur juillet et août par rapport à 2019.
Le plan de vol était ambitieux, mais le trafic a suivi nos capacités.
TourMaG.com - Donc le risque a payé pour Transavia ?
Nicolas Henin : Le risque était quand même calculé, car dès qu'une fenêtre s'ouvrait, les voyageurs répondaient présents.
Déjà nous avions observé cela en 2021, mais sur un temps plus réduit en raison des restrictions sanitaires, cette année les clients ont pu anticiper. La période de ventes n'a pas été trop escamotée.
Nicolas Henin : Juillet et août étaient super, sur toutes les destinations traditionnelles que sont l'Espagne, Portugal, Grèce et Maroc.
Nous avons beaucoup développé l'Algérie, avec les visites à des amis et à des parents (VFR), le succès a été au rendez-vous. Nous avons fait 45% de passagers en plus sur juillet et août par rapport à 2019.
Le plan de vol était ambitieux, mais le trafic a suivi nos capacités.
TourMaG.com - Donc le risque a payé pour Transavia ?
Nicolas Henin : Le risque était quand même calculé, car dès qu'une fenêtre s'ouvrait, les voyageurs répondaient présents.
Déjà nous avions observé cela en 2021, mais sur un temps plus réduit en raison des restrictions sanitaires, cette année les clients ont pu anticiper. La période de ventes n'a pas été trop escamotée.
Transavia : "Pour l'hiver, nous doublons nos capacités par rapport à 2019"
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TourMaG.com - Vous parliez surtout d'une belle reprise du loisir, mais qu'en est-il de la clientèle BtoB ? Alors que Transavia est bien souvent présentée comme la compagnie des tour-opérateurs.
Nicolas Henin : Le BtoB a presque retrouvé le niveau de 2019. Nous ne sommes pas encore en croissance, mais c'est plutôt satisfaisant.
Cette clientèle revient de loin, avec des niveaux d'activité très bas, durant la pandémie. Nous nous posions des questions sur la capacité des tour-opérateurs à s'engager.
Finalement, ils ont repris des risques. Le premier moteur au niveau de la croissance reste le trafic VFR, puis après le tourisme.
TourMaG.com - Tous les signaux semblent au vert. Qu'en est-il des mois à venir ?
Nicolas Henin : Pour l'instant nous n'avons pas de rupture de tendance sur septembre et octobre. Les taux de remplissage sont similaires à ceux de juillet et août, autour de 85%.
La dynamique reste bonne, avec de beaux engagements sur les vacances de la Toussaint. Pour l'instant aussi loin que nous pouvons voir, la demande reste bonne. Pas de signaux d'alerte.
Après la question demeure sur l'hiver, la visibilité n'est pas très forte. L'engagement va se décider un peu plus tard pour cette période. Pour l'hiver 2022/23 nous doublons nos capacités par rapport à 2019, nous sommes encore plus ambitieux.
Nous misons sur des relais de croissance, des nouvelles destinations, notamment l'Egypte que nous voyons repartir assez fortement. Nous renforçons le Cap Vert, la Turquie et la Jordanie, les destinations qui proposent du soleil l'hiver. Nous pensons qu'il y aura une demande.
Le 13 octobre prochain, nous allons ouvrir Antalya et Izmir.
Nous ajoutons 20 nouvelles destinations entre l'automne et l'hiver prochain.
Nicolas Henin : Le BtoB a presque retrouvé le niveau de 2019. Nous ne sommes pas encore en croissance, mais c'est plutôt satisfaisant.
Cette clientèle revient de loin, avec des niveaux d'activité très bas, durant la pandémie. Nous nous posions des questions sur la capacité des tour-opérateurs à s'engager.
Finalement, ils ont repris des risques. Le premier moteur au niveau de la croissance reste le trafic VFR, puis après le tourisme.
TourMaG.com - Tous les signaux semblent au vert. Qu'en est-il des mois à venir ?
Nicolas Henin : Pour l'instant nous n'avons pas de rupture de tendance sur septembre et octobre. Les taux de remplissage sont similaires à ceux de juillet et août, autour de 85%.
La dynamique reste bonne, avec de beaux engagements sur les vacances de la Toussaint. Pour l'instant aussi loin que nous pouvons voir, la demande reste bonne. Pas de signaux d'alerte.
Après la question demeure sur l'hiver, la visibilité n'est pas très forte. L'engagement va se décider un peu plus tard pour cette période. Pour l'hiver 2022/23 nous doublons nos capacités par rapport à 2019, nous sommes encore plus ambitieux.
Nous misons sur des relais de croissance, des nouvelles destinations, notamment l'Egypte que nous voyons repartir assez fortement. Nous renforçons le Cap Vert, la Turquie et la Jordanie, les destinations qui proposent du soleil l'hiver. Nous pensons qu'il y aura une demande.
Le 13 octobre prochain, nous allons ouvrir Antalya et Izmir.
Nous ajoutons 20 nouvelles destinations entre l'automne et l'hiver prochain.
Transavia : "la flotte va passer de 61 à 71 avions en 2023"
TourMaG.com - L'hiver est pour Transavia une période un peu plus creuse du fait de son modèle court et moyen-courrier. Quels sont les enjeux ?
Nicolas Henin : Nous avons toujours un peu moins d'activité l'hiver que l'été, c'est structurel.
Néanmoins, nous avons de plus en plus d'avions et de plus en plus gros, donc nous devons trouver un moyen de nous en servir toute l'année. Pour l'hiver nos relais de croissance sont les VFR, avec les communautés portugaises, marocaines et algériennes. Le 2e levier que nous actionnons concerne les destinations touristiques.
Les City Break ne sont pas mis de côté, mais nous cherchons des pays un peu plus lointains, comme le Sénégal que nous avons ouvert depuis Nantes et Lyon. Par exemple le Cap Vert a très bien marché chez nous l'année dernière.
TourMaG.com - Le Sénégal est un peu nouveau pour vous, allez-vous regarder d'autres pays presque long-courriers ?
Nicolas Henin : L'avantage du Sénégal, c'est qu'il y a le trafic affinitaire, mais aussi touristique. C'est un marché très intéressant. Le démarrage Nantes - Dakar a été très bon, nous en sommes contents.
Avec le développement de la flotte, nous cherchons de nouvelles opportunités, tout en gardant notre modèle. Nous pouvons arriver sur des marchés où les low cost n'ont pas l'habitude d'opérer.
Pour défricher ces nouvelles lignes, nous nous appuyons sur nos partenaires professionnels, à savoir les tour-opérateurs.
TourMaG.com - Les accords avec les pilotes ont permis de faire sauter la limitation de la flotte. Cette dernière est-elle vouée à se développer ?
Nicolas Henin : Cet été nous avions opéré 61 avions et l'été prochain ce sera 71, à partir d'avril 2023. Dès le 3e trimestre 2023, nous allons faire entrer le 1er A320 dans notre flotte.
Elle doit à terme totalement être composée d'Airbus. Et surtout que d'ici 2030, notre flotte va être entièrement composée d'avions de nouvelle génération qui consomment 15% de carburant en moins.
C'est une véritable nouvelle étape pour la compagnie, même si le modèle reste le même.
Nicolas Henin : Nous avons toujours un peu moins d'activité l'hiver que l'été, c'est structurel.
Néanmoins, nous avons de plus en plus d'avions et de plus en plus gros, donc nous devons trouver un moyen de nous en servir toute l'année. Pour l'hiver nos relais de croissance sont les VFR, avec les communautés portugaises, marocaines et algériennes. Le 2e levier que nous actionnons concerne les destinations touristiques.
Les City Break ne sont pas mis de côté, mais nous cherchons des pays un peu plus lointains, comme le Sénégal que nous avons ouvert depuis Nantes et Lyon. Par exemple le Cap Vert a très bien marché chez nous l'année dernière.
TourMaG.com - Le Sénégal est un peu nouveau pour vous, allez-vous regarder d'autres pays presque long-courriers ?
Nicolas Henin : L'avantage du Sénégal, c'est qu'il y a le trafic affinitaire, mais aussi touristique. C'est un marché très intéressant. Le démarrage Nantes - Dakar a été très bon, nous en sommes contents.
Avec le développement de la flotte, nous cherchons de nouvelles opportunités, tout en gardant notre modèle. Nous pouvons arriver sur des marchés où les low cost n'ont pas l'habitude d'opérer.
Pour défricher ces nouvelles lignes, nous nous appuyons sur nos partenaires professionnels, à savoir les tour-opérateurs.
TourMaG.com - Les accords avec les pilotes ont permis de faire sauter la limitation de la flotte. Cette dernière est-elle vouée à se développer ?
Nicolas Henin : Cet été nous avions opéré 61 avions et l'été prochain ce sera 71, à partir d'avril 2023. Dès le 3e trimestre 2023, nous allons faire entrer le 1er A320 dans notre flotte.
Elle doit à terme totalement être composée d'Airbus. Et surtout que d'ici 2030, notre flotte va être entièrement composée d'avions de nouvelle génération qui consomment 15% de carburant en moins.
C'est une véritable nouvelle étape pour la compagnie, même si le modèle reste le même.
Transavia : "Les arbitrages ont changé entre le TGV et l'avion"
TourMaG.com - Transavia a récemment récupéré des lignes intérieures qui étaient desservies par Hop. Quel bilan tirez-vous ?
Nicolas Henin : C'est assez contrasté.
Il y a eu une évolution majeure de comportement des clients avant et après le covid, sur le réseau domestique. Le trafic business n'est pas revenu au même niveau.
Certaines destinations fonctionnent très bien, d'autres moins, comme Brest.
Nous revoyons régulièrement les performances des lignes, pour nous adapter. L'ensemble des lignes que nous devions reprendre au départ d'Orly a été finalisé, cet été, maintenant nous nous adaptons en fonction des résultats.
TourMaG.com - La Bretagne jouit d'une insuffisance au niveau de ses infrastructures de transport. Comment expliquer le flop de Brest ?
Nicolas Henin : Il y a le TGV entre Paris et Brest. Les deux villes sont éloignées de 3h30 et comme je l'ai dit un peu plus haut, les arbitrages ont changé, le curseur a bougé.
Air France a malgré tout des bonnes performances sur le Brest - Charles de Gaulle. A l'inverse, elle va augmenter ses fréquences.
Globalement la transition du réseau domestique s'est bien passée. La réussite des lignes intérieures dépend d'un bon mix VFR et loisir, mais aussi d'une plus mauvaise accessibilité avec Paris par le train.
TourMaG.com - Le contexte est économique est inflationniste. L'ensemble des coûts augmentent, avec un pétrole qui reste sur un plateau haut. Est-ce que l'environnement va vous pousser à revoir vos prix et modèle ?
Nicolas Henin : Nous sommes exposés comme les autres.
Le prix est encore deux fois plus élevé qu'en début d'année, cela a un impact toujours très fort sur nos coûts. Nécessairement pour équilibrer, cette augmentation doit se retrouver dans nos recettes.
Nous avons plusieurs leviers pour agir : opérer un arbitrage dans le réseau et quand la demande est là, les prix augmentent mécaniquement. Les tarifs étaient globalement plus élevés qu'en 2019, de l'ordre de 15% pour nous.
En tant que compagnie low cost qui garantit des prix accessibles, nous allons conserver cette accessibilité. Malgré tout, nous allons devoir d'une manière ou d'une autre augmenter le prix moyen, nous n'avons pas le choix, sinon nous allons tous mettre la clé sous la porte.
Nicolas Henin : C'est assez contrasté.
Il y a eu une évolution majeure de comportement des clients avant et après le covid, sur le réseau domestique. Le trafic business n'est pas revenu au même niveau.
Certaines destinations fonctionnent très bien, d'autres moins, comme Brest.
Nous revoyons régulièrement les performances des lignes, pour nous adapter. L'ensemble des lignes que nous devions reprendre au départ d'Orly a été finalisé, cet été, maintenant nous nous adaptons en fonction des résultats.
TourMaG.com - La Bretagne jouit d'une insuffisance au niveau de ses infrastructures de transport. Comment expliquer le flop de Brest ?
Nicolas Henin : Il y a le TGV entre Paris et Brest. Les deux villes sont éloignées de 3h30 et comme je l'ai dit un peu plus haut, les arbitrages ont changé, le curseur a bougé.
Air France a malgré tout des bonnes performances sur le Brest - Charles de Gaulle. A l'inverse, elle va augmenter ses fréquences.
Globalement la transition du réseau domestique s'est bien passée. La réussite des lignes intérieures dépend d'un bon mix VFR et loisir, mais aussi d'une plus mauvaise accessibilité avec Paris par le train.
TourMaG.com - Le contexte est économique est inflationniste. L'ensemble des coûts augmentent, avec un pétrole qui reste sur un plateau haut. Est-ce que l'environnement va vous pousser à revoir vos prix et modèle ?
Nicolas Henin : Nous sommes exposés comme les autres.
Le prix est encore deux fois plus élevé qu'en début d'année, cela a un impact toujours très fort sur nos coûts. Nécessairement pour équilibrer, cette augmentation doit se retrouver dans nos recettes.
Nous avons plusieurs leviers pour agir : opérer un arbitrage dans le réseau et quand la demande est là, les prix augmentent mécaniquement. Les tarifs étaient globalement plus élevés qu'en 2019, de l'ordre de 15% pour nous.
En tant que compagnie low cost qui garantit des prix accessibles, nous allons conserver cette accessibilité. Malgré tout, nous allons devoir d'une manière ou d'une autre augmenter le prix moyen, nous n'avons pas le choix, sinon nous allons tous mettre la clé sous la porte.
Transavia : "Fatalement, les prix vont augmenter, cela parait inéluctable"
TourMaG.com - Allons-nous vers une hausse durable des prix, si le prix du pétrole reste sur ce plateau haut ?
Nicolas Henin : Structurellement et graduellement, le prix du pétrole va rester cher.
A cela vous ajoutez l'incorporation du carburant d'aviation durable (SAF), avec un tarif aujourd'hui 3 fois plus élevé que le kérosène et la décarbonation.
Fatalement, les prix vont augmenter, cela parait inéluctable. Après nous devons garantir des prix accessibles par rapport aux autres. Notre enjeu est de maintenir cet équilibre. Les consommateurs comprennent cette hausse.
TourMaG.com - Vous avez fait un vol test avec 30% de SAF. Quels sont les enjeux pour Transavia sur ce sujet ?
Nicolas Henin : L'enjeu n'étant pas vraiment le prix, mais plutôt la production et l'acheminement jusqu'aux aéroports.
Au sein du groupe nous avons l'ambition d'incorporer 10% de SAF en 2030, puis à plus de 40% en 2050. Le problème n'est pas technologique, mais bien sa production et la logistique. La contrainte se situe surtout sur ces 2 axes.
Nous espérons que les lois et des obligations d'incorporation fixés par les autorités européennes et françaises vont permettre à cette industrie d'accélérer.
Nous sommes très demandeurs.
TourMaG.com - Le modèle low-cost est-il toujours adapté à la réalité économique de notre monde ?
Nicolas Henin : Notre modèle est un peu hybride, puisque nous offrons des tarifs accessibles, avec néanmoins une qualité de service. Nous ne sommes pas à l'extrême sur l'échelle des low cost.
Ce qui va se jouer, c'est de proposer un bon rapport qualité-prix, au regard du marché. Nous sommes dans une tendance, où tout le monde va devoir augmenter les prix, tout l'enjeu sera de maintenir ce positionnement.
Je pense que nous allons pouvoir maintenir cette promesse, par rapport à l'environnement concurrentiel. Ce modèle a une bonne carte à jouer.
Nicolas Henin : Structurellement et graduellement, le prix du pétrole va rester cher.
A cela vous ajoutez l'incorporation du carburant d'aviation durable (SAF), avec un tarif aujourd'hui 3 fois plus élevé que le kérosène et la décarbonation.
Fatalement, les prix vont augmenter, cela parait inéluctable. Après nous devons garantir des prix accessibles par rapport aux autres. Notre enjeu est de maintenir cet équilibre. Les consommateurs comprennent cette hausse.
TourMaG.com - Vous avez fait un vol test avec 30% de SAF. Quels sont les enjeux pour Transavia sur ce sujet ?
Nicolas Henin : L'enjeu n'étant pas vraiment le prix, mais plutôt la production et l'acheminement jusqu'aux aéroports.
Au sein du groupe nous avons l'ambition d'incorporer 10% de SAF en 2030, puis à plus de 40% en 2050. Le problème n'est pas technologique, mais bien sa production et la logistique. La contrainte se situe surtout sur ces 2 axes.
Nous espérons que les lois et des obligations d'incorporation fixés par les autorités européennes et françaises vont permettre à cette industrie d'accélérer.
Nous sommes très demandeurs.
TourMaG.com - Le modèle low-cost est-il toujours adapté à la réalité économique de notre monde ?
Nicolas Henin : Notre modèle est un peu hybride, puisque nous offrons des tarifs accessibles, avec néanmoins une qualité de service. Nous ne sommes pas à l'extrême sur l'échelle des low cost.
Ce qui va se jouer, c'est de proposer un bon rapport qualité-prix, au regard du marché. Nous sommes dans une tendance, où tout le monde va devoir augmenter les prix, tout l'enjeu sera de maintenir ce positionnement.
Je pense que nous allons pouvoir maintenir cette promesse, par rapport à l'environnement concurrentiel. Ce modèle a une bonne carte à jouer.
Publié par Romain Pommier
![Futuroscopie - Crise de la presse, crise du réel, fatigue informationnelle [ABO]](https://www.tourmag.com/photo/art/large_16_9/85025254-60665965.jpg?v=1734537945 "Futuroscopie - Crise de la presse, crise du réel, fatigue informationnelle [ABO]")
