Nous nous contentons de rénover à minima des infrastructures inadaptées au lieu de créer des terminaux dignes de ce nom. Nous avons les espaces à Roissy. Pourquoi ne les utilisons-nous pas ? - DR : Emile LUIDER, LA COMPANY pour Aéroports de Paris
OSEZ ! Depuis des années, je regarde l’évolution du transport aérien français, mais aussi européen et même mondial.
Pardonnez-moi ce qui peut passer pour de l’arrogance, mais il est vrai qu’au sein d’APG, dirigée depuis plusieurs années par Sandrine de Saint Sauveur, nous avons une vision planétaire du transport aérien avec 200 compagnies clientes et un réseau présent dans 105 pays.
Tout cela pour dire que nous avons de bons éléments de comparaison.
Eh bien, finalement, lorsque je regarde la France dans cet environnement, je suis frappé par la timidité dont nous faisons preuve dans ce secteur d’activité.
Pour tout dire, nous « jouons petit jeu ». En voulez-vous des exemples ?
Pardonnez-moi ce qui peut passer pour de l’arrogance, mais il est vrai qu’au sein d’APG, dirigée depuis plusieurs années par Sandrine de Saint Sauveur, nous avons une vision planétaire du transport aérien avec 200 compagnies clientes et un réseau présent dans 105 pays.
Tout cela pour dire que nous avons de bons éléments de comparaison.
Eh bien, finalement, lorsque je regarde la France dans cet environnement, je suis frappé par la timidité dont nous faisons preuve dans ce secteur d’activité.
Pour tout dire, nous « jouons petit jeu ». En voulez-vous des exemples ?
Le 2ème transporteur français est britannique...
Allez, parlons des aéroports.
Au moment où les Espagnols se dotent de terminaux tout à fait modernes et adaptés, non pas au trafic actuel, mais à celui de l’an 2020, où tous les pays asiatiques se sont équipés d’infrastructures modernes, pratiques et parfaitement adaptées à l’évolution du trafic, et ce pour quelques années, où même les pays africains construisent de nouvelles installations, nous nous contentons de rénover, à minima, nos équipements actuels.
Sauf que ceux-ci ont été conçus dans les années 1960 et construits dans les années 1970. C’est-à-dire qu’ils datent de 50 ans.
Cela paraît énorme mais c’est la vérité, la triste vérité.
Évoquons les compagnies aériennes. Alors que le phénomène « Low Cost » est devenu une réalité incontournable, est-ce que nous disposons dans notre pays d’une compagnie aérienne de ce type capable de porter la compétition dans les pays étrangers ?
Le deuxième transporteur français est EasyJet, c’est-à-dire une compagnie britannique. Et nous acceptons cela sans broncher.
Parlons des dessertes aéroportuaires : la plupart des pays développés ont créé des dessertes en site propre, performantes et je dirais populaires, entre les grands aéroports et leurs villes. Qu’en est-il en France ? Rien ou presque.
Le CDG Express verra le jour, peut-être, dans quelques années et Orly ne sera vraiment relié à Paris que lorsque les infrastructures du Grand Paris deviendront opérationnelles.
Au moment où les Espagnols se dotent de terminaux tout à fait modernes et adaptés, non pas au trafic actuel, mais à celui de l’an 2020, où tous les pays asiatiques se sont équipés d’infrastructures modernes, pratiques et parfaitement adaptées à l’évolution du trafic, et ce pour quelques années, où même les pays africains construisent de nouvelles installations, nous nous contentons de rénover, à minima, nos équipements actuels.
Sauf que ceux-ci ont été conçus dans les années 1960 et construits dans les années 1970. C’est-à-dire qu’ils datent de 50 ans.
Cela paraît énorme mais c’est la vérité, la triste vérité.
Évoquons les compagnies aériennes. Alors que le phénomène « Low Cost » est devenu une réalité incontournable, est-ce que nous disposons dans notre pays d’une compagnie aérienne de ce type capable de porter la compétition dans les pays étrangers ?
Le deuxième transporteur français est EasyJet, c’est-à-dire une compagnie britannique. Et nous acceptons cela sans broncher.
Parlons des dessertes aéroportuaires : la plupart des pays développés ont créé des dessertes en site propre, performantes et je dirais populaires, entre les grands aéroports et leurs villes. Qu’en est-il en France ? Rien ou presque.
Le CDG Express verra le jour, peut-être, dans quelques années et Orly ne sera vraiment relié à Paris que lorsque les infrastructures du Grand Paris deviendront opérationnelles.
Oser, le seul mot d’ordre que nous devrions avoir
Même nos projets sont de piètre qualité. Ils manquent d’envergure. Il n’y a plus de souffle.
Pour tout dire on a l’impression de fonctionner « au gaz pauvre » comme le disait un politicien de la 3ème République à propos de l’un de ses collègues.
Les projets pour nos aéroports ? Où sont-ils ? Où sont les bâtisseurs des années d’après-guerre ?
Nous nous contentons de rénover à minima des infrastructures inadaptées au lieu de créer, comme le font les pays du Golfe ou les états asiatiques des terminaux dignes de ce nom, c’est-à-dire des bâtiments capables de traiter 60 millions de passagers et une centaine d’appareils au contact.
Nous avons les espaces à Roissy, les promoteurs des années 1960 y ont veillé. Pourquoi ne les utilisons-nous pas ?
Pourquoi attendons-nous 2019 pour faire la jonction ferroviaire entre la gare de Pont de Rungis et l’aérogare d’Orly ? Il y a deux kilomètres à équiper.
Ne sommes-nous pas capables de financer cela ? Mais pendant ce temps-là, nous nous déchirons sur un aéroport secondaire dont l’inutilité est flagrante, je veux dire Notre-Dames-des-Landes.
Pourquoi l’Aviation Civile française ne pilote-t-elle pas un projet d’une compagnie « Low Cost » quitte à la faire opérer par des sociétés privées ?
Ce serait certainement plus profitable que de bloquer l’aéroport d’Orly à 250.000 mouvements et de tenter de bloquer les opérateurs étrangers.
Pourquoi alors que nous sommes le premier fabricant d’hélicoptères n’y a-t-il pas de compagnie de transport héliporté digne de ce nom ?
Pourquoi les services de la DGAC ont-ils été toujours si frileux sur le sujet alors qu’on pourrait désenclaver 60 villes petites et moyennes pour un coût très raisonnable ?
Pourquoi faut-il 3 ans à Air France/KLM pour rénover ses classes avant pour les mettre au niveau où les meilleures compagnies mondiales étaient il y a 5 ans maintenant ?
Pourquoi à chaque fois que nous essayons d’entreprendre, nous le faisons comme si nous avions peur ?
Peur des syndicats, peur de l’administration, peur du futur. A ce petit jeu, nous ne serons jamais gagnants, jamais conquérants.
Et pourtant nous avons les ressources individuelles pour créer et redonner du souffle à notre pays. Je ne veux pas ici donner des leçons à la France, simplement pointer du doigt certaines particularités du transport aérien.
Alors osons, c’est le seul mot d’ordre que nous devrions avoir. Certes en osant on prend des risques, mais ces risques ne sont-ils pas plus grands si nous ne faisons rien ?
Pour tout dire on a l’impression de fonctionner « au gaz pauvre » comme le disait un politicien de la 3ème République à propos de l’un de ses collègues.
Les projets pour nos aéroports ? Où sont-ils ? Où sont les bâtisseurs des années d’après-guerre ?
Nous nous contentons de rénover à minima des infrastructures inadaptées au lieu de créer, comme le font les pays du Golfe ou les états asiatiques des terminaux dignes de ce nom, c’est-à-dire des bâtiments capables de traiter 60 millions de passagers et une centaine d’appareils au contact.
Nous avons les espaces à Roissy, les promoteurs des années 1960 y ont veillé. Pourquoi ne les utilisons-nous pas ?
Pourquoi attendons-nous 2019 pour faire la jonction ferroviaire entre la gare de Pont de Rungis et l’aérogare d’Orly ? Il y a deux kilomètres à équiper.
Ne sommes-nous pas capables de financer cela ? Mais pendant ce temps-là, nous nous déchirons sur un aéroport secondaire dont l’inutilité est flagrante, je veux dire Notre-Dames-des-Landes.
Pourquoi l’Aviation Civile française ne pilote-t-elle pas un projet d’une compagnie « Low Cost » quitte à la faire opérer par des sociétés privées ?
Ce serait certainement plus profitable que de bloquer l’aéroport d’Orly à 250.000 mouvements et de tenter de bloquer les opérateurs étrangers.
Pourquoi alors que nous sommes le premier fabricant d’hélicoptères n’y a-t-il pas de compagnie de transport héliporté digne de ce nom ?
Pourquoi les services de la DGAC ont-ils été toujours si frileux sur le sujet alors qu’on pourrait désenclaver 60 villes petites et moyennes pour un coût très raisonnable ?
Pourquoi faut-il 3 ans à Air France/KLM pour rénover ses classes avant pour les mettre au niveau où les meilleures compagnies mondiales étaient il y a 5 ans maintenant ?
Pourquoi à chaque fois que nous essayons d’entreprendre, nous le faisons comme si nous avions peur ?
Peur des syndicats, peur de l’administration, peur du futur. A ce petit jeu, nous ne serons jamais gagnants, jamais conquérants.
Et pourtant nous avons les ressources individuelles pour créer et redonner du souffle à notre pays. Je ne veux pas ici donner des leçons à la France, simplement pointer du doigt certaines particularités du transport aérien.
Alors osons, c’est le seul mot d’ordre que nous devrions avoir. Certes en osant on prend des risques, mais ces risques ne sont-ils pas plus grands si nous ne faisons rien ?
Jean-Louis Baroux - Photo DR
Jean-Louis Baroux, est l'ancien président d'APG (Air Promotion Group) et le créateur du CAF (Cannes Airlines Forum) devenu le World Air Forum.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.
Grand spécialiste de l'aérien, il a signé aux éditions L'Archipel ''Compagnies Aériennes : la faillite du modèle'', un ouvrage que tous les professionnels du tourisme devraient avoir lu.
Les droits d'auteur de l'ouvrage seront reversés à une association caritative. On peut l'acquérir à cette adresse : www.editionsarchipel.com.