"Je dirais que j'ai appris que beaucoup de choses étaient possibles dans le digital, que je pouvais faire confiance aux équipes et lâcher-prise" selon Maud Bailly (Accor) - Crédit photo : Accor
TourMaG.com - Depuis une année, le monde s'est presque arrêté de tourner, du moins la France s'est paralysée deux fois avec les confinements. Comment avez-vous vécu ces expériences particulières ?
Maud Bailly : Le premier confinement a coïncidé quasiment avec la naissance de ma seconde fille Clara. Elle est née le 19 février 2020, et le 1er confinement a eu lieu le 16 mars 2020, je devais donc être en congé maternité.
J'avais tout mis en place au sein de l'entreprise, pour montrer que personne n'est indispensable et que je suis entourée de super équipes, auxquelles je fais confiance.
Je voulais que ce soit exemplaire et ne pas être aux affaires, pour m'occuper de ma fille. Dans le même temps, l'année 2020 correspondait au lancement du programme de fidélité All, à la refonte de la plateforme digitale et web, etc.
Tous les éléments étaient réunis pour que 2020 soit une année exceptionnelle, durant laquelle nous allions récolter les fruits de ces développement. La vie est une grande école d'humilité.
Je suis parti en congé maternité le 7 février, Clara est née le 19 février, puis le 1er confinement est arrivé mi-mars... Très vite, je me suis remise au boulot par solidarité avec les équipes.
Ce n'est pas le Groupe Accor, ou Sébastien Bazin (PDG d'Accor) qui me l'ont demandé, mais par acquis de conscience professionnelle. En étant membre du Comex, je ne me voyais pas ne pas être à bord, durant la tempête.
Il a fallu s'adapter à la situation, réorienter massivement notre stratégie, accompagner les hôtels, traiter des nouveaux besoins que jamais nous n'aurions imaginé auparavant tels la réassurance sanitaire, le label "All Safe" puis en parallèle, j'avais l'école à la maison avec ma 1ère fille qui était en CP, plus la naissance de Clara.
Je peux vous avouer que concilier gestion de crise, pour un groupe international impacté comme jamais, le premier biberon de votre bébé qui ne fait pas ses nuits, puis l'école à la maison, ce 1er confinement a été...un peu sportif.
Le deuxième opus était plus rodé, par ailleurs, les écoles sont restées ouvertes. Il y a eu des façons différentes de le vivre, entre ceux qui n'ont pas d'enfants, ceux qui en ont en bas âge. Puis après, j'ai des amis qui sont partis le vivre à la campagne.
Ces derniers ont associé les confinements à des moments agréables, c'était vraiment plus sportif de mon côté, même si nous avons pu profiter des enfants.
Maud Bailly : Le premier confinement a coïncidé quasiment avec la naissance de ma seconde fille Clara. Elle est née le 19 février 2020, et le 1er confinement a eu lieu le 16 mars 2020, je devais donc être en congé maternité.
J'avais tout mis en place au sein de l'entreprise, pour montrer que personne n'est indispensable et que je suis entourée de super équipes, auxquelles je fais confiance.
Je voulais que ce soit exemplaire et ne pas être aux affaires, pour m'occuper de ma fille. Dans le même temps, l'année 2020 correspondait au lancement du programme de fidélité All, à la refonte de la plateforme digitale et web, etc.
Tous les éléments étaient réunis pour que 2020 soit une année exceptionnelle, durant laquelle nous allions récolter les fruits de ces développement. La vie est une grande école d'humilité.
Je suis parti en congé maternité le 7 février, Clara est née le 19 février, puis le 1er confinement est arrivé mi-mars... Très vite, je me suis remise au boulot par solidarité avec les équipes.
Ce n'est pas le Groupe Accor, ou Sébastien Bazin (PDG d'Accor) qui me l'ont demandé, mais par acquis de conscience professionnelle. En étant membre du Comex, je ne me voyais pas ne pas être à bord, durant la tempête.
Il a fallu s'adapter à la situation, réorienter massivement notre stratégie, accompagner les hôtels, traiter des nouveaux besoins que jamais nous n'aurions imaginé auparavant tels la réassurance sanitaire, le label "All Safe" puis en parallèle, j'avais l'école à la maison avec ma 1ère fille qui était en CP, plus la naissance de Clara.
Je peux vous avouer que concilier gestion de crise, pour un groupe international impacté comme jamais, le premier biberon de votre bébé qui ne fait pas ses nuits, puis l'école à la maison, ce 1er confinement a été...un peu sportif.
Le deuxième opus était plus rodé, par ailleurs, les écoles sont restées ouvertes. Il y a eu des façons différentes de le vivre, entre ceux qui n'ont pas d'enfants, ceux qui en ont en bas âge. Puis après, j'ai des amis qui sont partis le vivre à la campagne.
Ces derniers ont associé les confinements à des moments agréables, c'était vraiment plus sportif de mon côté, même si nous avons pu profiter des enfants.
"J'ai appris que je pouvais faire confiance aux équipes et à lâcher-prise"
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TourMaG.com - Pour une jeune mère de famille, est-ce inquiétant d'accueillir un nouveau né et lui offrir un monde pareil ? En 2020, le tableau était très noir.
Maud Bailly : Pour tout vous dire, j'ai répondu à l'initiative d'Elisabeth Moreno, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances.
Pour la journée des droits des femmes, des personnalités étaient invitées à écrire une lettre à une petite fille née le 8 mars 2021.
Dans le cadre de ma lettre, je lui ai dit que c'est un peu bizarre de naître dans une telle crise sanitaire, mais quand nous regardons en arrière, le monde n'a jamais été autant en paix à l'échelle mondiale qu'en 2021. Nous maîtrisons aussi davantage les pandémies.
Nous faisons face à une crise sanitaire mondiale systémique, mais quand nous regardons un peu l'histoire, tous les siècles ont connu des crises, des guerres, des changements climatiques majeurs, etc.
La vie est justement fluctuante, difficile, incertaine, c'était anxiogène d'accueillir ma deuxième fille, dans un contexte sanitaire incertain, mais après la vie prend toujours le dessus.
Nous avons juste envie de retrouver de la normalité, pour pouvoir retrouver des relations sociales, revoyager, pouvoir embrasser les gens que nous aimons.
TourMaG.com - Quels enseignements allez-vous tirer de cette crise ?
Maud Bailly : Je pense que nous avons appris à travailler différemment, j'étais avant je l'avoue assez sceptique sur la capacité des salariés à travailler à distance, je me suis trompée.
Il y a 2 ou 3 ans, je me rappelle de discussions pour attribuer une journée de travail à la maison, je me trompais à l'époque.
Les collaborateurs peuvent parfaitement concilier productivité, efficacité et télétravail. C'est quelque chose que je garderai à l'avenir et j'accorderai plus volontiers cette latitude de travail à mes équipes.
J'ai appris que nous pouvions animer à distance. Si le présentiel est toujours important et indispensable, j'ai appris qu'il était possible de lancer une dynamique et impulser une stratégie en ligne. C'est nouveau.
A défaut d'avoir une grande convention, nous avons invité 1 800 directeurs d'hôtels à une conférence digitale, traduite en plusieurs langues, pour leur présenter avec Sébastien Bazin, la stratégie du groupe.
Nous reviendrons au présentiel, je l'espère lors du 2e semestre 2021, en organisant ces grands moments de partages, de convivialité, de festivité, car c'est important pour l'appartenance.
Je dirais que j'ai appris que beaucoup de choses étaient possibles dans le digital, que je pouvais faire confiance aux équipes et lâcher-prise.
Le digital implique moins de contrôle et plus d'autonomie dans les modes de management, raccourcir les circuits de décision, faire sauter des points de contrôle.
Maud Bailly : Pour tout vous dire, j'ai répondu à l'initiative d'Elisabeth Moreno, la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l'Égalité des chances.
Pour la journée des droits des femmes, des personnalités étaient invitées à écrire une lettre à une petite fille née le 8 mars 2021.
Dans le cadre de ma lettre, je lui ai dit que c'est un peu bizarre de naître dans une telle crise sanitaire, mais quand nous regardons en arrière, le monde n'a jamais été autant en paix à l'échelle mondiale qu'en 2021. Nous maîtrisons aussi davantage les pandémies.
Nous faisons face à une crise sanitaire mondiale systémique, mais quand nous regardons un peu l'histoire, tous les siècles ont connu des crises, des guerres, des changements climatiques majeurs, etc.
La vie est justement fluctuante, difficile, incertaine, c'était anxiogène d'accueillir ma deuxième fille, dans un contexte sanitaire incertain, mais après la vie prend toujours le dessus.
Nous avons juste envie de retrouver de la normalité, pour pouvoir retrouver des relations sociales, revoyager, pouvoir embrasser les gens que nous aimons.
TourMaG.com - Quels enseignements allez-vous tirer de cette crise ?
Maud Bailly : Je pense que nous avons appris à travailler différemment, j'étais avant je l'avoue assez sceptique sur la capacité des salariés à travailler à distance, je me suis trompée.
Il y a 2 ou 3 ans, je me rappelle de discussions pour attribuer une journée de travail à la maison, je me trompais à l'époque.
Les collaborateurs peuvent parfaitement concilier productivité, efficacité et télétravail. C'est quelque chose que je garderai à l'avenir et j'accorderai plus volontiers cette latitude de travail à mes équipes.
J'ai appris que nous pouvions animer à distance. Si le présentiel est toujours important et indispensable, j'ai appris qu'il était possible de lancer une dynamique et impulser une stratégie en ligne. C'est nouveau.
A défaut d'avoir une grande convention, nous avons invité 1 800 directeurs d'hôtels à une conférence digitale, traduite en plusieurs langues, pour leur présenter avec Sébastien Bazin, la stratégie du groupe.
Nous reviendrons au présentiel, je l'espère lors du 2e semestre 2021, en organisant ces grands moments de partages, de convivialité, de festivité, car c'est important pour l'appartenance.
Je dirais que j'ai appris que beaucoup de choses étaient possibles dans le digital, que je pouvais faire confiance aux équipes et lâcher-prise.
Le digital implique moins de contrôle et plus d'autonomie dans les modes de management, raccourcir les circuits de décision, faire sauter des points de contrôle.
"Ce qui me manque le plus : danser et faire la fête ! "
TourMaG.com - Faire confiance à ses salariés et équipes a été quelque chose d'obligatoire dans toutes les entreprises. Visiblement cela s'est bien passé chez vous...
Maud Bailly : Par la force des choses, en période de gestion de crise, il faut répondre plus vite.
Ce besoin de réactivité a fait sauter les circuits de validation traditionnels. Ils sont souvent perçus comme lourds, pas très agiles et souvent démotivants pour les équipes.
N'ayant pas le choix, nous devions aller vite, mieux valait alors quelque chose de fait maintenant qu'une décision parfaite dans 3 mois. Mes équipes m'ont bluffé durant cette période. Il y avait un contexte de grande frugalité que certains ont su sublimer en inventant des choses incroyables.
C'est dans la tempête que nous voyons les capitaines. Toute cette période a offert autant d'ingrédients pour davantage d'autonomie, de créativité, de droits à tester et à l'erreur.
En France, nous avons une relation particulière à l'échec qui se résume souvent en tout blanc ou tout noir. Et quand vous avez raté, c'est pour toujours, sauf que depuis une année, c'est moins le cas.
TourMaG.com - Qu'est-ce qui vous manque le plus dans le monde d'avant ?
Maud Bailly : Danser et faire la fête !
Dans ma vie d'avant, j'organisais chez Accor, chaque année des moments de convivialité, de partage. Je me souviens d'une soirée au Cirque Gruss, puis d'autres dansantes autour de l'été et des fleurs.
Tout ça pour vous dire que j'aime ces moments, l'entreprise est une organisation humaine, je crois beaucoup à la force du collectif.
Nous travaillons énormément, mes équipes passent beaucoup de temps au boulot, il faut savoir prendre le temps de dire merci, prendre le temps de leur faire plaisir et leur rendre leurs engagements.
Il est important d'offrir aux employés de l'hospitalité, un moment d'hospitalité. C'est un moment où je les accueille dans un lieu exceptionnel, avec du divertissement et un moment de célébration.
Du côté de ma vie privée, ce n'est pas bien différent, j'ai hâte de pouvoir organiser des brunchs gargantuesques, des fêtes avec mes amis, pouvoir danser, prendre les gens que j'aime dans mes bras sans les exposer à la covid-19.
Maud Bailly : Par la force des choses, en période de gestion de crise, il faut répondre plus vite.
Ce besoin de réactivité a fait sauter les circuits de validation traditionnels. Ils sont souvent perçus comme lourds, pas très agiles et souvent démotivants pour les équipes.
N'ayant pas le choix, nous devions aller vite, mieux valait alors quelque chose de fait maintenant qu'une décision parfaite dans 3 mois. Mes équipes m'ont bluffé durant cette période. Il y avait un contexte de grande frugalité que certains ont su sublimer en inventant des choses incroyables.
C'est dans la tempête que nous voyons les capitaines. Toute cette période a offert autant d'ingrédients pour davantage d'autonomie, de créativité, de droits à tester et à l'erreur.
En France, nous avons une relation particulière à l'échec qui se résume souvent en tout blanc ou tout noir. Et quand vous avez raté, c'est pour toujours, sauf que depuis une année, c'est moins le cas.
TourMaG.com - Qu'est-ce qui vous manque le plus dans le monde d'avant ?
Maud Bailly : Danser et faire la fête !
Dans ma vie d'avant, j'organisais chez Accor, chaque année des moments de convivialité, de partage. Je me souviens d'une soirée au Cirque Gruss, puis d'autres dansantes autour de l'été et des fleurs.
Tout ça pour vous dire que j'aime ces moments, l'entreprise est une organisation humaine, je crois beaucoup à la force du collectif.
Nous travaillons énormément, mes équipes passent beaucoup de temps au boulot, il faut savoir prendre le temps de dire merci, prendre le temps de leur faire plaisir et leur rendre leurs engagements.
Il est important d'offrir aux employés de l'hospitalité, un moment d'hospitalité. C'est un moment où je les accueille dans un lieu exceptionnel, avec du divertissement et un moment de célébration.
Du côté de ma vie privée, ce n'est pas bien différent, j'ai hâte de pouvoir organiser des brunchs gargantuesques, des fêtes avec mes amis, pouvoir danser, prendre les gens que j'aime dans mes bras sans les exposer à la covid-19.
"Au fond, je pense que cette crise nous invite à repenser aussi notre posture de manageur"
TourMaG.com - Et souffler un peu...
Maud Bailly : Le plus difficile dans cette crise, c'est qu'elle dure dans le temps.
Travailler très dur, quand nous sommes en pleine croissance, il y a une excitation et une adrénaline, c'est galvanisant. A contrario, depuis une année, nous n'avons jamais autant travaillé pour gérer de la nécrose, de la restructuration et les résultats du groupe n'ont jamais été aussi mauvais.
Fin 2019, le groupe affichait des résultats records avec 825 millions d'euros de bénéfices, puis là nous venons de publier 2 milliards d'euros de pertes.
Cette semaine j'étais à Lyon, avec beaucoup de directeurs d'hôtels, je pense que la crise nous a fait puiser à l'intérieur de nous, pour garder les équipes motivées, garder du sens, les préparer à la reprise, mais aussi pour réinventer l'hôtellerie, garder la confiance dans le secteur, etc.
Au fond, je pense que cette crise nous invite à repenser aussi notre posture de manageur. C'est aussi ça qui est très énergivore en temps, plus que jamais face à la tempête, nous sommes un capitaine de navire.
Alors que tout le monde se pose des questions, nous devons tracer et garder un cap, puis conserver de l'énergie.
TourMaG.com - Pour traverser cette tempête, est-ce que d'être une femme a été un atout ?
Maud Bailly : J'ai du mal à opposer les genres dans le leadership.
J'ai connu des hommes qui étaient des managers exceptionnels et des femmes qui étaient des manageuses horribles, notamment avec des femmes. Je ne pense pas qu'il y ait de style de leadership féminin en particulier.
Je crois surtout que la crise aura révélé le besoin d'un leadership dans la diversité. Face à la difficulté, il faut des intelligences multiples, avec des hommes, des femmes, des séniors et des juniors.
TourMaG.com - L'hôtellerie est un secteur ô combien féminin, pourtant à sa tête les femmes sont assez peu nombreuses, même si vous êtes le contre-exemple de mon constat. Pensez-vous que le tourisme et l'hôtellerie doivent faire leur révolution ?
Maud Bailly : Oui, cela fait plusieurs années que l'hôtellerie bouge, mais l'environnement managérial est plutôt masculin.
Aujourd'hui, il faut que celui-ci soit plus divers, je parle de genre, mais aussi de génération et multiculturel. Il y a quelques années, Sébastien Bazin avait pris l'engagement d'avoir 35% de femmes directrices d'hôtels d'ici 2020, c'est désormais chose faite.
Dans le cadre de notre politique interne "Rise", nous avons pris l'engagement de veiller à l'égalité de salaire à poste égal, puis avec Sébastien Bazin nous avons voulu réaffirmer nos engagements en termes de diversité. Celle-ci devra se faire au sein du Comex, de la direction des hôtels, etc.
A titre personnel, dès que je le peux, j'essaye de promouvoir des femmes. En même temps, je ne veux pas être entourée que de femmes, dans mon codir, il y a des hommes, des femmes, avec des profils multiples.
Il y a dans l'hôtellerie encore du boulot, notamment dans les Comex. Nous devons encourager les femmes, à leur montrer que c'est possible.
Maud Bailly : Le plus difficile dans cette crise, c'est qu'elle dure dans le temps.
Travailler très dur, quand nous sommes en pleine croissance, il y a une excitation et une adrénaline, c'est galvanisant. A contrario, depuis une année, nous n'avons jamais autant travaillé pour gérer de la nécrose, de la restructuration et les résultats du groupe n'ont jamais été aussi mauvais.
Fin 2019, le groupe affichait des résultats records avec 825 millions d'euros de bénéfices, puis là nous venons de publier 2 milliards d'euros de pertes.
Cette semaine j'étais à Lyon, avec beaucoup de directeurs d'hôtels, je pense que la crise nous a fait puiser à l'intérieur de nous, pour garder les équipes motivées, garder du sens, les préparer à la reprise, mais aussi pour réinventer l'hôtellerie, garder la confiance dans le secteur, etc.
Au fond, je pense que cette crise nous invite à repenser aussi notre posture de manageur. C'est aussi ça qui est très énergivore en temps, plus que jamais face à la tempête, nous sommes un capitaine de navire.
Alors que tout le monde se pose des questions, nous devons tracer et garder un cap, puis conserver de l'énergie.
TourMaG.com - Pour traverser cette tempête, est-ce que d'être une femme a été un atout ?
Maud Bailly : J'ai du mal à opposer les genres dans le leadership.
J'ai connu des hommes qui étaient des managers exceptionnels et des femmes qui étaient des manageuses horribles, notamment avec des femmes. Je ne pense pas qu'il y ait de style de leadership féminin en particulier.
Je crois surtout que la crise aura révélé le besoin d'un leadership dans la diversité. Face à la difficulté, il faut des intelligences multiples, avec des hommes, des femmes, des séniors et des juniors.
TourMaG.com - L'hôtellerie est un secteur ô combien féminin, pourtant à sa tête les femmes sont assez peu nombreuses, même si vous êtes le contre-exemple de mon constat. Pensez-vous que le tourisme et l'hôtellerie doivent faire leur révolution ?
Maud Bailly : Oui, cela fait plusieurs années que l'hôtellerie bouge, mais l'environnement managérial est plutôt masculin.
Aujourd'hui, il faut que celui-ci soit plus divers, je parle de genre, mais aussi de génération et multiculturel. Il y a quelques années, Sébastien Bazin avait pris l'engagement d'avoir 35% de femmes directrices d'hôtels d'ici 2020, c'est désormais chose faite.
Dans le cadre de notre politique interne "Rise", nous avons pris l'engagement de veiller à l'égalité de salaire à poste égal, puis avec Sébastien Bazin nous avons voulu réaffirmer nos engagements en termes de diversité. Celle-ci devra se faire au sein du Comex, de la direction des hôtels, etc.
A titre personnel, dès que je le peux, j'essaye de promouvoir des femmes. En même temps, je ne veux pas être entourée que de femmes, dans mon codir, il y a des hommes, des femmes, avec des profils multiples.
Il y a dans l'hôtellerie encore du boulot, notamment dans les Comex. Nous devons encourager les femmes, à leur montrer que c'est possible.
"Le besoin de sens a été accéléré par la crise..."
TourMaG.com - Pensez-vous comme Sophie Lacour que nous entrons dans l’ère des femmes et d’un tourisme des femmes ? b["Il y a l'émergence des valeurs féminines à travers le monde que sont le souci de l'autre, la preuve, la convalescence.
Tout ce qui est du domaine du féminin va se généraliser et le tourisme n'y échappera pas. Les postures plutôt masculines, à savoir guerrières ne sont plus à la mode, nous avons tous besoin d'être consolés, guérir et réassurer."]b
Maud Bailly : Je suis déjà convaincue que la manière dont nous avons tous réagi durant la crise sera une signature au-delà de la crise.
Un grand groupe mondial comme le nôtre compte 5 100 hôtels dont 80% ont dû fermer du jour au lendemain. Nous avons cherché à rouvrir nos établissements, pour accueillir des femmes battues, des personnes en difficulté, des personnels soignants, pour garder une utilité.
Vous voyez ce geste a été une signature et un élément de fierté pour les collaborateurs. Le 1er confinement a quasiment entraîné la mort de l'activité hôtelière, sauf que nous avons dépassé ça, pour garder une utilité, se reconnecter à notre ADN qui est le souci de l'autre.
Ce qui va durer : nous avons qu'une vie, comment l'utiliser pour la rendre la plus signifiante possible ? Cela passe par les engagements professionnels et personnels. Pourquoi moi, consommateur je vais choisir un produit ? Pourquoi moi talent je vais rejoindre telle ou telle entreprise ?
Cette adhésion passe par des valeurs, une histoire, une adhésion. Ce sera pareil pour nos clients et nos propriétaires. Le besoin de sens a été accéléré par la crise, la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises).
Je suis fière d'être chez Accor, car nous avons été engagés et solidaires durant la crise.
TourMaG.com - La petite Clara a maintenant, un an. Dans une vingtaine d'années, elle rentrera dans le monde professionnel. Quel conseil lui donnerez-vous, en tant que femme, à ce moment précis ?
Maud Bailly : Je lui conseillerai de ne jamais prendre de décision, sur le coup de la peur.
La peur est mauvaise conseillère, elle peut refuser des choses parce que le produit ne lui plait pas, parce qu'elle ne sent pas dans son intuition, mais elle ne peut pas refuser quelque chose parce qu'elle a peur.
Elle doit s'entourer aussi. Une fois qu'elle aura réussi, elle devra rendre à son tour, car nous ne sommes jamais aussi forts que dans le collectif.
Ma passion est de créer des collectifs de talents forts, avec qui rien ne devient impossible.
TourMaG.com - Pour terminer, avez-vous des personnalités féminines qui vous ont inspiré ?
Maud Bailly : J'avoue que dans son parcours de vie et politique, Simone Veil est une source d'inspiration.
Elle a connu l'enfer, tout en gardant beaucoup de dignité. Elle a plaidé dans l'hémicycle des causes fortes, avec un ascendant et un courage incroyable. Le tout en assumant sa féminité et en faisant avancer la cause des femmes, dans une période délicate.
Plus proche de nous, j'ai beaucoup d'amitié pour Elisabeth Moreno, la ministre pour l'égalité des chances. Quand nous nous penchons sur son parcours, elle incarne la résilience, le courage, la diversité. Elle a dépassé beaucoup d'obstacles, elle le raconte de manière très touchante.
Elle a choisi de quitter le privé pour être ministre, pour servir quelque chose auquel, elle croit profondément. C'est une femme d'engagements et très authentique.
Après il y a des figures comme Hannah Arendt, Georges Sand ou encore Nina Simone, des femmes qui ont osé incarné à une époque quelque chose de différent.
Tout ce qui est du domaine du féminin va se généraliser et le tourisme n'y échappera pas. Les postures plutôt masculines, à savoir guerrières ne sont plus à la mode, nous avons tous besoin d'être consolés, guérir et réassurer."]b
Maud Bailly : Je suis déjà convaincue que la manière dont nous avons tous réagi durant la crise sera une signature au-delà de la crise.
Un grand groupe mondial comme le nôtre compte 5 100 hôtels dont 80% ont dû fermer du jour au lendemain. Nous avons cherché à rouvrir nos établissements, pour accueillir des femmes battues, des personnes en difficulté, des personnels soignants, pour garder une utilité.
Vous voyez ce geste a été une signature et un élément de fierté pour les collaborateurs. Le 1er confinement a quasiment entraîné la mort de l'activité hôtelière, sauf que nous avons dépassé ça, pour garder une utilité, se reconnecter à notre ADN qui est le souci de l'autre.
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La peur est mauvaise conseillère, elle peut refuser des choses parce que le produit ne lui plait pas, parce qu'elle ne sent pas dans son intuition, mais elle ne peut pas refuser quelque chose parce qu'elle a peur.
Elle doit s'entourer aussi. Une fois qu'elle aura réussi, elle devra rendre à son tour, car nous ne sommes jamais aussi forts que dans le collectif.
Ma passion est de créer des collectifs de talents forts, avec qui rien ne devient impossible.
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Maud Bailly : J'avoue que dans son parcours de vie et politique, Simone Veil est une source d'inspiration.
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Plus proche de nous, j'ai beaucoup d'amitié pour Elisabeth Moreno, la ministre pour l'égalité des chances. Quand nous nous penchons sur son parcours, elle incarne la résilience, le courage, la diversité. Elle a dépassé beaucoup d'obstacles, elle le raconte de manière très touchante.
Elle a choisi de quitter le privé pour être ministre, pour servir quelque chose auquel, elle croit profondément. C'est une femme d'engagements et très authentique.
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Retrouvez tous les témoignages des femmes du tourisme, à l'occasion de la Journée internationale des droits des femmes 2021, en cliquant ici.