VNF a rebaptisé ses rencontres du tourisme fluvial et fluvestre en lançant la marque Sloww! Elles se sont tenues à Arles, les 8 et 9 novembre 2022 - DR : A.B.
TourMaG - Après deux années de pandémie, vous avez enfin pu organiser une nouvelle édition des rencontres du tourisme fluvial et fluvestre, à Arles cette fois-ci. Comment se porte le secteur ?
Thierry Guimbaud : Il est vrai que avions organisé le dernier salon en février 2020, juste avant « la grande bascule ». Aujourd'hui, deux ans et demi après, « le canard tourisme fuvial » est toujours vivant et il va de mieux en mieux.
Il y a eu un effet de rattrapage, c'est certain, mais des records ont même été battus en 2022.
TourMaG - Autre nouveauté, le nom de ces rencontres a changé. Exit les Rencontres nationales du tourisme fluvial (RNTF), place à Sloww!
Thierry Guimbaud : Oui, avec l'idée que nous changeons de concept dès à présent et pour les prochaines années.
Avec ce nom, nous espérons ouvrir davantage le tourisme fluvial aux clientèles étrangères, même si depuis le Covid, la clientèle française est venue au fluvial beaucoup plus que par le passé.
Aujourd'hui, la croisière habitable (croisières fluviales et péniches-hôtels) attire 85% de touristes étrangers, notamment des clientèles anglo-saxonnes lointaines.
Sur la location de bateaux habitables sans permis, deux tiers des clients sont étrangers, en provenance plutôt du Nord de l'Europe (Allemagne, Pays-Bas, Angleterre, Suisse).
Il ne faut pas oublier non plus les bateaux promenades et l'événementiel, un secteur extrêmement important et très présent dans les grandes villes (Paris, Lyon, Lille, Strasbourg, Nantes, Toulouse...). Tous ces segments ont une dynamique forte, variable selon les territoires.
LIRE AUSSI : Tourisme fluvial : VNF prévoit une hausse de 5% de l’activité en 2022
Thierry Guimbaud : Il est vrai que avions organisé le dernier salon en février 2020, juste avant « la grande bascule ». Aujourd'hui, deux ans et demi après, « le canard tourisme fuvial » est toujours vivant et il va de mieux en mieux.
Il y a eu un effet de rattrapage, c'est certain, mais des records ont même été battus en 2022.
TourMaG - Autre nouveauté, le nom de ces rencontres a changé. Exit les Rencontres nationales du tourisme fluvial (RNTF), place à Sloww!
Thierry Guimbaud : Oui, avec l'idée que nous changeons de concept dès à présent et pour les prochaines années.
Avec ce nom, nous espérons ouvrir davantage le tourisme fluvial aux clientèles étrangères, même si depuis le Covid, la clientèle française est venue au fluvial beaucoup plus que par le passé.
Aujourd'hui, la croisière habitable (croisières fluviales et péniches-hôtels) attire 85% de touristes étrangers, notamment des clientèles anglo-saxonnes lointaines.
Sur la location de bateaux habitables sans permis, deux tiers des clients sont étrangers, en provenance plutôt du Nord de l'Europe (Allemagne, Pays-Bas, Angleterre, Suisse).
Il ne faut pas oublier non plus les bateaux promenades et l'événementiel, un secteur extrêmement important et très présent dans les grandes villes (Paris, Lyon, Lille, Strasbourg, Nantes, Toulouse...). Tous ces segments ont une dynamique forte, variable selon les territoires.
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TourMaG - Selon les territoires et selon les saisons...
Thierry Guimbaud : Il faut savoir qu'une saison de tourisme fluvial s'étend sur 32 semaines par an.
C'est un tourisme long, moins sujet à des pointes estivales. Les ailes de saison sont très convoitées. Et c'est ce qui le rend intéressant au niveau de l’État français et de la politique tourisme parce qu'on sait bien que le tourisme a tendance à être regroupé dans des lieux peu importants sur des périodes assez courtes, ce qui entraîne dans ces endroits une surpopulation, un surtourisme qui peut être problématique.
Je pense à Paris, mais aussi à la côte, à la montagne... et à tous les problèmes environnementaux qui y sont liés, dus à une surpopulation à l'instant T.
Le tourisme fluvial est un tourisme de complément, d'équilibre, ce n'est pas un tourisme de masse, il est familial, amical.
Les capacités d'absorption par un territoire restent possibles, car un paquebot fluvial c'est 130 à 150 personnes, c'est à l'échelle d'une ville comme Arles, et les passager vont pouvoir pratiquer un vrai tourisme, de découverte et avec des mobilités douces.
C'est d'ailleurs aussi pour cela que nous avons opté pour la marque Sloww! : nous voulons aider le tourisme à changer au plus vite.
Nous allons donc décliner cette marque pour tous les événements liés au tourisme fluvial.
TourMaG - Vous parliez de l’État. Quelles sont vos relations ?
Thierry Guimbaud : VNF est un établissement public.
Récemment, nous avons signé un contrat avec l’État, qui nous donne des missions et des financements pour mener à bien ces missions. Cela donne une belle ambition au système.
Trois piliers sont au cœur de ce contrat : la gestion de l'eau, la logistique et le tourisme & les territoires. Donc la question que nous abordons lors de ces rencontres sont une question nationale.
Le tourisme doit être bien montré, c'est-à -dire en évitant la surfréquentation, et bien accepté par les territoires, d'où l’idée du tourisme fluvial, qui vient en contrepoids dans le match mer-montagne et crée de la valeur, en s'appuyant sur le patrimoine riche et varié que nous avons en France.
Thierry Guimbaud : Il faut savoir qu'une saison de tourisme fluvial s'étend sur 32 semaines par an.
C'est un tourisme long, moins sujet à des pointes estivales. Les ailes de saison sont très convoitées. Et c'est ce qui le rend intéressant au niveau de l’État français et de la politique tourisme parce qu'on sait bien que le tourisme a tendance à être regroupé dans des lieux peu importants sur des périodes assez courtes, ce qui entraîne dans ces endroits une surpopulation, un surtourisme qui peut être problématique.
Je pense à Paris, mais aussi à la côte, à la montagne... et à tous les problèmes environnementaux qui y sont liés, dus à une surpopulation à l'instant T.
Le tourisme fluvial est un tourisme de complément, d'équilibre, ce n'est pas un tourisme de masse, il est familial, amical.
Les capacités d'absorption par un territoire restent possibles, car un paquebot fluvial c'est 130 à 150 personnes, c'est à l'échelle d'une ville comme Arles, et les passager vont pouvoir pratiquer un vrai tourisme, de découverte et avec des mobilités douces.
C'est d'ailleurs aussi pour cela que nous avons opté pour la marque Sloww! : nous voulons aider le tourisme à changer au plus vite.
Nous allons donc décliner cette marque pour tous les événements liés au tourisme fluvial.
TourMaG - Vous parliez de l’État. Quelles sont vos relations ?
Thierry Guimbaud : VNF est un établissement public.
Récemment, nous avons signé un contrat avec l’État, qui nous donne des missions et des financements pour mener à bien ces missions. Cela donne une belle ambition au système.
Trois piliers sont au cœur de ce contrat : la gestion de l'eau, la logistique et le tourisme & les territoires. Donc la question que nous abordons lors de ces rencontres sont une question nationale.
Le tourisme doit être bien montré, c'est-à -dire en évitant la surfréquentation, et bien accepté par les territoires, d'où l’idée du tourisme fluvial, qui vient en contrepoids dans le match mer-montagne et crée de la valeur, en s'appuyant sur le patrimoine riche et varié que nous avons en France.
TourMaG - Y'a-t-il des nouveaux projets en cours ?
Nicolas Delaporte : Nous expérimentons depuis plusieurs années, avec deux loueurs de locations de bateaux habitables - Nicols et Les Canalous - des corridors verts, sur le canal de la Marne au Rhin et la Sarre.
Ces itinéraires sont équipés à la fois de stations de traitement des eaux et de bornes de recharge électrique. Le rechargement, en 2 heures seulement en mode rapide, apporte 6 à 8 heures d’autonomie au bateau.
Ces bornes de recharges rapides sont couplées avec des bornes de recharge lente, lorsque les bateaux sont au port et permettent une navigation sans bruit, sans odeur, sans fumée.
L’expérimentation a été tellement concluante qu'avec la fédération des industries nautiques et les constructeurs associés,
nous allons le décliner sur d'autres itinéraires. Le maillage intégral de l'itinéraire Nancy-Strasbourg devrait être opérationnel en 2023 et d'autres projets verront le jour en 2025 ou 2026.
Nicolas Delaporte : Nous expérimentons depuis plusieurs années, avec deux loueurs de locations de bateaux habitables - Nicols et Les Canalous - des corridors verts, sur le canal de la Marne au Rhin et la Sarre.
Ces itinéraires sont équipés à la fois de stations de traitement des eaux et de bornes de recharge électrique. Le rechargement, en 2 heures seulement en mode rapide, apporte 6 à 8 heures d’autonomie au bateau.
Ces bornes de recharges rapides sont couplées avec des bornes de recharge lente, lorsque les bateaux sont au port et permettent une navigation sans bruit, sans odeur, sans fumée.
L’expérimentation a été tellement concluante qu'avec la fédération des industries nautiques et les constructeurs associés,
nous allons le décliner sur d'autres itinéraires. Le maillage intégral de l'itinéraire Nancy-Strasbourg devrait être opérationnel en 2023 et d'autres projets verront le jour en 2025 ou 2026.
Des actions sont également menées pour les plus grosses unités dédiées à la croisière. Il s’agit de raccordements électriques à quai, de forte puissance, permettant à ces bateaux ne pas recourir à leur motorisation habituelle lorsqu’ils sont en escale.
Les sites d’Arles et de Lyon accueilleront prochainement ce type d’équipements, qui permettront de limiter fortement les nuisances sonores, la pollution de l’air et les émissions de CO2.
Autre action phare de l’amélioration de la qualité de service répondant aux attentes des usagers, en particulier les professionnels de la location de bateaux habitables, un jalonnement complet de stations de traitement des eaux sera installé sur le canal des deux mers (canal latéral de la Garonne et le canal du Midi et ses embranchements) par VNF avec ses partenaires (publics et privés). Cela représente un investissement de plus de 2 M€.
Les sites d’Arles et de Lyon accueilleront prochainement ce type d’équipements, qui permettront de limiter fortement les nuisances sonores, la pollution de l’air et les émissions de CO2.
Autre action phare de l’amélioration de la qualité de service répondant aux attentes des usagers, en particulier les professionnels de la location de bateaux habitables, un jalonnement complet de stations de traitement des eaux sera installé sur le canal des deux mers (canal latéral de la Garonne et le canal du Midi et ses embranchements) par VNF avec ses partenaires (publics et privés). Cela représente un investissement de plus de 2 M€.
TourMaG - Le tourisme fluvial est en plein essor, mais cette croissance peut-elle être menacée par le changement climatique et notamment la sécheresse comme nous l'avons connue cet été ?
Thierry Guimbaud : A long terme, je ne saurais dire. Mais pour l'heure, je dirais : regardons ce qu'il s'est passé en 2022.
Nous avons connu l'une des pires sécheresses, et pourtant sur le grand gabarit, nous avons tourné à 98%. La quasi totalité du réseau a continué à tourner, même en période de sécheresse aiguë.
Sur le petit gabarit, il y a eu entre 10 et 15% de fermeture. Mais nous avons résisté parce que VNF gère l'eau, on ne la laisse pas s'écouler librement. Nous la gardons, nous avons des bassins et des grands lacs qui la retiennent.
Sur le Rhin ou le Danube, qui sont des fleuves plus naturels, où il y a moins de barrages, la situation a été plus compliquée avec beaucoup d'annulations de croisières.
Donc quand il y a un gestionnaire de l'eau et de la navigation derrière, cela donne toute la résilience et la capacité à tenir face à des phénomènes de sécheresse importants.
LIRE AUSSI : Sécheresse : quelles conséquences pour le tourisme fluvial ? 🔑
TourMaG - En 2020, VNF indiquait dans une étude que le tourisme fluvial représentait 1,4 milliard d’euros de retombées économiques pour les territoires. Qu'en est-il après deux ans de pandémie ?
Nicolas Delaporte : Nous pensons être sur les mêmes tendances aujourd'hui, mais l'un de nos objectifs est de trouver des moyens d'aller plus loin et de voir comment nous pouvons encore optimiser ces retombées économiques, ne serait ce que par une meilleure compréhension des attentes des clients.
Souvent des activités ne sont pas proposées parce que les attentes de ces clientèles ne sont pas connues, pas anticipées.
Nous voulons également faire en sorte que les activités de tourisme fluvial viennent dynamiser un itinéraire. En effet, nous sommes un contributeur potentiel, étant donné que plus de 50% du temps de nos touristes est passé à terre.
Nous pouvons proposer des activités à terre qui soient en capacité de générer des retombées pour nos touristes, mais aussi pour d’autres touristes ainsi que pour les ressortissants d'un territoire. Nous essayons de stimuler l'écosystème !
Thierry Guimbaud : A long terme, je ne saurais dire. Mais pour l'heure, je dirais : regardons ce qu'il s'est passé en 2022.
Nous avons connu l'une des pires sécheresses, et pourtant sur le grand gabarit, nous avons tourné à 98%. La quasi totalité du réseau a continué à tourner, même en période de sécheresse aiguë.
Sur le petit gabarit, il y a eu entre 10 et 15% de fermeture. Mais nous avons résisté parce que VNF gère l'eau, on ne la laisse pas s'écouler librement. Nous la gardons, nous avons des bassins et des grands lacs qui la retiennent.
Sur le Rhin ou le Danube, qui sont des fleuves plus naturels, où il y a moins de barrages, la situation a été plus compliquée avec beaucoup d'annulations de croisières.
Donc quand il y a un gestionnaire de l'eau et de la navigation derrière, cela donne toute la résilience et la capacité à tenir face à des phénomènes de sécheresse importants.
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TourMaG - En 2020, VNF indiquait dans une étude que le tourisme fluvial représentait 1,4 milliard d’euros de retombées économiques pour les territoires. Qu'en est-il après deux ans de pandémie ?
Nicolas Delaporte : Nous pensons être sur les mêmes tendances aujourd'hui, mais l'un de nos objectifs est de trouver des moyens d'aller plus loin et de voir comment nous pouvons encore optimiser ces retombées économiques, ne serait ce que par une meilleure compréhension des attentes des clients.
Souvent des activités ne sont pas proposées parce que les attentes de ces clientèles ne sont pas connues, pas anticipées.
Nous voulons également faire en sorte que les activités de tourisme fluvial viennent dynamiser un itinéraire. En effet, nous sommes un contributeur potentiel, étant donné que plus de 50% du temps de nos touristes est passé à terre.
Nous pouvons proposer des activités à terre qui soient en capacité de générer des retombées pour nos touristes, mais aussi pour d’autres touristes ainsi que pour les ressortissants d'un territoire. Nous essayons de stimuler l'écosystème !
Quelques chiffres et tendances
- VNF gère 6 700 km de fleuves, de rivières et de canaux et développe le tourisme « fluvestre », qui allie fluvial et terrestre, activités sur et au bord de l’eau : la navigation professionnelle ou de plaisance, le nautisme, mais aussi le vélo ou la randonnée sur les chemins de halage, la découverte du patrimoine culturel et gastronomique.
- Le tourisme fluvial produit 1,4 milliard d’euros de retombées économiques au bénéfice direct des territoires, grâce à l’activité d’acteurs privés qui enregistrent 15,6 millions de journées/passagers et réalisent un chiffre d’affaire global de 723 millions d’euros et représentent 6 100 emplois directs (hors covid - selon une étude publiée par VNF en 2020).
- De nombreux gisements de croissance existent pour les prochaines années : développement des bateaux-croisières, des bateaux-promenades et des péniches-hôtels, des activités fluvestres ou de la filière nautisme.
- VNF estime que les retombées économiques liées au tourisme fluvial pourraient atteindre jusqu’à 2 milliards d’euros par an à l’horizon 2030 (+0,6 milliard d’euros généré) au regard de la dynamique observée en France, du niveau de développement de ces filières observés dans d’autres pays européens, à l’instar de l’axe Rhin-Danube, et du rythme rapide de récupération « post COVID ».
- Le tourisme fluvial produit 1,4 milliard d’euros de retombées économiques au bénéfice direct des territoires, grâce à l’activité d’acteurs privés qui enregistrent 15,6 millions de journées/passagers et réalisent un chiffre d’affaire global de 723 millions d’euros et représentent 6 100 emplois directs (hors covid - selon une étude publiée par VNF en 2020).
- De nombreux gisements de croissance existent pour les prochaines années : développement des bateaux-croisières, des bateaux-promenades et des péniches-hôtels, des activités fluvestres ou de la filière nautisme.
- VNF estime que les retombées économiques liées au tourisme fluvial pourraient atteindre jusqu’à 2 milliards d’euros par an à l’horizon 2030 (+0,6 milliard d’euros généré) au regard de la dynamique observée en France, du niveau de développement de ces filières observés dans d’autres pays européens, à l’instar de l’axe Rhin-Danube, et du rythme rapide de récupération « post COVID ».
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