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Vendée : le quartier de La Chaume, berceau des Sables-d’Olonne

Un quartier de petites rues montantes, de maisons de marins, de jardins privatifs


Ce quartier populaire, rive droite du chenal maritime, a toujours vibré au rythme de la pêche. Baleiniers, morutiers puis sardiniers lui ont donné jusque dans les années 1970-1980 une image ouvrière, avant qu’il ne devienne une « enclave » plus résidentielle. Découverte d’une épopée prolétaire originale dans ce quartier où les touristes sont les bienvenus.


Rédigé par Jean-François RUST le Jeudi 31 Décembre 2020

La Chaume, quartier de petites rues montantes à roses trémières, de maisons de marins, de jardins privatifs clos de murs en pierre de lest - DR : J.-F.R.
La Chaume, quartier de petites rues montantes à roses trémières, de maisons de marins, de jardins privatifs clos de murs en pierre de lest - DR : J.-F.R.
Embarquer sur le passeur qui franchit le chenal maritime des Sables ressemble à un court voyage vers un autre monde.

Rien à voir avec les plaisirs festifs de la promenade Clémenceau et les activités balnéaires de la Grand Plage.

Nous sommes à La Chaume, quartier de petites rues montantes à roses trémières, de maisons de marins, de jardins privatifs clos de murs en pierre de lest.

Un secteur dont l’architecture et l’ambiance trahissent l’origine populaire. « Quand j’étais enfant, cela sentait la sardine à plein nez », illustre Hervé Retureau, gamin du quartier ayant grandi rue Alfred Roux, non loin du quai des Boucaniers où les sardiniers, justement, débarquaient leurs cargaisons.

Le prof d’histoire, la petite quarantaine, n’a jamais renié ses origines. Alors que d’autres allaient à la plage, lui, adolescent, se coltinait les archives municipales pour mieux comprendre le passé de son territoire.

Cet attachement viscéral l’a conduit jusqu’à la tête de l’association Olona, société historique, maritime et archéologique des Sables d’Olonne et de sa région. En 2017, il a publié un livre, « Se souvenir de la vie maritime aux Sables d'Olonne, 1900-1940 » (Editions La Geste).

Prieuré Saint-Nicolas et tour d’Arundel

La Chaume est donc un cul de sac, un isolat. Cet ancien îlot rocheux coupé du continent à marée haute fut raccroché à la péninsule au début de l’ère chrétienne.

Au nord, il est limité par la forêt d’Olonne et les marais, aménagés par des moines au Moyen Age. Le polder est relié à l’océan par un bassin-bras d’eau, la Chnoue, qui le connecte au chenal maritime. Bref, toutes les conditions géographiques étaient réunies pour faire de La Chaume un village à part… et un avant-poste religieux et militaire.

Ce sont des moines, encore eux, qui bâtissent le premier grand monument, au 11e s. : le prieuré Saint-Nicolas.

Les bénédictins de Sainte-Croix-de-Talmont, à l’origine de l’édifice, sont loin d’imaginer l’histoire tumultueuse qu’il va connaître. Pillé lors des guerres de religion, restauré sous Louis XIII, « il devient un fortin militaire et un lieu de stockage de munitions de 1779 jusqu’à la fin du 19e s. », éclaire Hervé Retureau.

Il défendra ainsi le port contre les incursions de corsaires anglais. Aujourd’hui transformé en lieu d’expositions, il domine majestueusement, flanqué de sept canons du 18e s., l’entrée du chenal.

74 bateaux morutiers en 1664

Le second monument de La Chaume est la tour d’Arundel.

Dominant aussi le chenal maritime, et symbole du quartier, c’est le vestige du château Saint-Clair, construit au 15e s. par les princes de Talmont.

Son histoire ne fut pas moins troublée. Pris en 1622 par le chef protestant Soubise, il abrita une garnison sous Louis XIII, fut bombardé par les anglo-hollandais en 1796, racheté par l’Etat en 1835 puis restauré de 1986 à 1994, afin d’abriter le musée de la Mer.

« Sa fonction était de surveiller l’entrée du port. Aujourd’hui, avec son phare posé sur la tour à 33 mètres de hauteur, elle est un repère important pour les marins », précise l’historien.

Non content d’accueillir des équipes TV lors du Vendée Globe, avec sa vue plongeante sur le chenal, la tour est aussi un belvédère sur les toits de La Chaume. Où l’on voit clairement, avec l’amas de tuiles claires ramassé autour du clocher gris de l’église Saint-Nicolas, qu’il s’agit bien d’un village !

Association de la commune libre de La Chaume

Arrivés dans le sillage des moines et des princes de Talmont, les habitants, un peu maraîchers, un peu marins, vont vite faire de la pêche leur raison d’être.

D’abord à la baleine, au 15e s., puis à la morue. « Entre le milieu du 17e s. et le début du 18e s., période où cette pêche fut prospère, La Chaume comptait 15 000 habitants. On a même recensé 74 bateaux morutiers en 1664 ».

De l’autre côté du chenal, une nouvelle ville existe déjà, bâtie sur le sable et fortifiée par Louis XI, dès la fin du 15e s. « Mais là-bas vivaient les bourgeois, alors qu’ici, c’étaient des laborieux ».

L’antagonisme ne fera que croître. Lors des guerres de religion, La Chaume est protestante, alors que Les Sables est catholique. Et deux communes distinctes vont coexister jusqu’en 1754, année où elles ne forment plus qu’une seule entité. « Mais il existe encore une mairie-annexe ! », sourit Hervé Retureau. Et même une association de la commune libre de La Chaume.

Jusqu’à 12 conserveries…

La morue périclitant, la sardine prend le relais. Cette période hante encore la mémoire d’Hervé Retureau, qui en a vécu la fin.

« Il y a plus de trente ans, des marins déchargeaient encore leur pêche ici. Elle prenait le chemin des conserveries du quartier et les pêcheurs faisaient les comptes dans les bars ». Il y eu jusqu’à 12 conserveries… et toute une poésie associée aux activités maritimes.

L’historien nous conduit place Saint-Anne. Une fresque contemporaine représente une scène villageoise. « La buvette évoque le café Chez Marie-Ange, où officiait une serveuse gouailleuse que l’on appelait La Crabotte. Elle est toujours en vie et les autres personnages peints sont des marins qui ont vraiment existé.

Ce café était une vraie cellule sociale où l’on pouvait croiser les garçonnes, des femmes de La Chaume ainsi nommées parce qu’elles ramendaient les filets
 ».

Du linge en plein vent

Ces femmes avaient trouvé un moyen habile de faire sécher le linge.

Dans leurs jardins, elles le hissait en haut de poteaux à l’aide de poulies, afin que le textile prenne mieux le vent. On peut encore voir un de ces systèmes ingénieux rue Tourne-Bride.

Hervé Retureau se rappelle aussi des vieilles femmes assises devant leur porte, habillées de noir car veuves de marins.

Le quartier paya un lourd tribut à l’océan, comme en témoigne la stèle des péris en mer, à côté du prieuré Saint-Nicolas. Les noms des marins dont les corps n’ont jamais été retrouvés y sont inscrits.

Le dernier naufrage date de 2003, lorsque trois pêcheurs du chalutier Pepe Roro disparurent au large de l’île d’Oléron, après avoir été heurtés par un cargo.

Rues de l’Amour et des Soupirs…

La rudesse de la vie n’empêchait pas la légèreté, au contraire. « Chacun avait un surnom. Mon propre grand-père s’appelait la Rotule. Et moi, gamin, c’était Ouiouite ».

Ce grand-père disparu - sa grand-mère et sa mère, elles, vivent toujours dans le quartier -, il se souvient d’être allé le voir à la balustrade, depuis les quais du chenal. « Il pêchait l’anguille dans un canot. Avec sa main il me faisait comprendre combien il en avaient et de quelle taille elles étaient ».

L’historien nous entraine un peu plus haut dans le village, rues de l’Amour et des Soupirs. « Dans la première, un recoin secret était l’endroit où les gars attendaient les filles quand elles sortaient de la conserverie, parfois à 2h ou 3h du matin… ».

Figures locales 

Chaque usine avait sa propre sirène, différente des autres, pour appeler ses ouvrier(e)s au travail. « Et il y avait encore des charpentiers de marine, le quartier vivrait au rythme des travaux », raconte Hervé, clairement nostalgique de ce passé.

La Chaume garde aussi le souvenir de quelques figures locales : Yvonne Brothier, cantatrice disparue en 1967.

Et Odette Rousseau, dite Florelle, actrice de cinéma qui débuta aux Folies-Bergère et joua dans des films de Renoir, Allégret, Clément. Elle possède sa rue dans le quartier.

Tête dure, tête de sable…

Un événement, surtout, marquera la petite enfance d’Hervé Retureau : la destruction du pont qui reliait La Chaume au port, en 1978.

Abattu pour permettre la construction du bassin de plaisance Port Olona, elle révolta les habitants du quartier, pour qui il constituait un lien vers la ville et la gare, d’où étaient expédiées, notamment, les sardines des conserveries.

« Il y eut un tollé. Les Chaumois ont le sang chaud et la tête dure, comme leur rocher originel. Ici, on dit des gens d’en face que leur tête n’est faite que de sable… », rigole gentiment Hervé Retureau.

Pratique

- Vendée Tourisme : vendee-tourisme.com

- Office de tourisme : lessablesdolonne-tourisme.com

Hôtels :

- Les Roches Noires : hotel-lesrochesnoires.com. Face à la Grande Plage, un 3* confortable. Bon accueil. Chambres doubles à partir de 83 €. Réouverture en 2021.

- Atlantic Hôtel & Spa : atlantichotel.fr. D’un standard supérieur, face à l’océan, il dispose d’un restaurant, le Sloop, à la cuisine élaborée et goûteuse. Chambres à partir de 114 €.

Restaurant : La P’tite Sablaise. Une crêperie de quartier, au bout de la Grande Plage.

Tour-phare d’Arundel : oceam.org. Superbe vue sur Les Sables depuis la plateforme à 33 mètres. Egalement musée de la Mer et de la Pêche.

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Commentaires

1.Posté par Dejeante le 30/09/2022 12:00 | Alerter
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Bonjour, merci pour cet article sur la Chaume.
Je trouve juste dommage à la fin de l'article de faire de la pub pour une crêperie des Sables, alors qu'il y a plein de resto à la Chaume.....
Idem pour hôtel.....
Cordialement ,

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