TourMaG.com, le média spécialiste du tourisme francophone

logo AirMaG  




Voyage vers Mars en 45 jours : la propulsion nucléaire va tout changer !

La chronique de Michel Messager


Avec les dernières annonces du tandem "Trump – Musk", la conquête de Mars redevient au-devant de la scène et la propulsion nucléaire ne semble plus être un sujet tabou. De nombreuses sociétés spatiales n'hésitent plus à communiquer sur ce thème, avouant même qu’elles y travaillent depuis de nombreuses années, annonçant fièrement qu’avec la propulsion nucléaire la planète Mars peut être atteinte en à peine 45 jours


Rédigé par le Samedi 8 Février 2025

La propulsion nucléaire n'est pas une nouveauté

Propulsion nucléaire : Mars à peine à 45 jours de la Terre ? - Depositphotos.com Auteur Helen_F
Propulsion nucléaire : Mars à peine à 45 jours de la Terre ? - Depositphotos.com Auteur Helen_F
Cette idée de propulsion nucléaire dans le monde spatial n’est pas une nouveauté.

- Entre 1970 et 1988, l'URSS avait déjà lancé 32 satellites propulsés au nucléaire et l’on se souvient peut-être encore de la défaillance du satellite Kosmos 954 en 1977 et des retombées de débris radioactifs au-dessus du Canada.

L'agence spatiale russe Roscosmos avait d’ailleurs annoncé dès le 22 mai 2021, le lancement pour 2030 de son module Zeus à bord du lanceur Angara-A5V, doté d'un mini-réacteur nucléaire de 500 kilowatts.

Cette mission vers la Lune, Vénus et enfin Jupiter, devrait durer 50 mois et serait la première application concrète du projet de module nucléaire baptisé TEM, et pour lequel un contrat de 4,17 milliards de roubles (46,5 millions d'euros) avait été signé en décembre 2019 auprès de Roscosmos.

A lire aussi : Avec Donald Trump : "Make Space Great Again"

- En France, le CEA (Commisariat à l'énergie atomique) avait lui aussi mené des études conséquentes sur la propulsion nucléaire électrique ou NEP (Nuclear Electric Propulsion) dans les années 1980 avec un projet nommé Erato.

- De son côté, la Nasa avait également songé à une mission vers Jupiter baptisée Jimo (Jupiter Icy Moons Orbiter), où la sonde aurait pu multiplier les changements de déplacements et d'orbite grâce à son importante réserve de propulsion nucléaire. La mission Jimo avait finalement été abandonnée en juin 2005 pour des raisons budgétaires.

Les années 2023 et 2024 marquent l’accélération de l’utilisation de l’énergie nucléaire spatiale

- Au salon du Bourget de 2023, le CEA annonçait le lancement de deux études de faisabilité sur la propulsion nucléaire. S’ils se montrent concluants, ces travaux pourraient aboutir à un prototype à l’aube de 2035. Xavier Averty, responsable du programme nucléaire spatial du CEA, le dit haut et fort : « La propulsion nucléaire permettrait de générer des poussées beaucoup plus importantes et de diviser le temps de voyage vers Mars par deux ou trois. » Mars pourrait donc être à peine à 45 jours de voyage de la Terre.

Parallèlement, l’Agence spatiale européenne (ESA) finance plusieurs études qui explorent l’utilisation de la propulsion nucléaire pour l’exploration de l’espace lointain.

- En janvier de la même année, la NASA avait annoncé également son intention de bâtir "une technologie avancée de propulsion nucléaire thermique" dès 2027 et fin Juillet Lockheed Martin remportait un contrat auprès de la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) pour le développement et la démonstration d'un engin spatial à propulsion nucléaire dans le cadre d'un projet appelé Demonstration Rocket for Agile Cislunar Operations (DRACO). La démonstration en vol d'un véhicule équipé d'un moteur nucléaire thermique devrait avoir lieu au plus tard en 2027.

Pour conforter cette voie du nucléaire, la dernière demande de budget de la NASA pour l’exercice 2024, était de l’ordre de 20 millions de dollars « pour soutenir la propulsion nucléaire. » CQFD !

- La société aérospatiale britannique Pulsar Fusion annonçait, en juillet 2023, son ambitieux projet de construire une fusée propulsée par fusion nucléaire, capable d'atteindre des vitesses ahurissantes de 500 000 mph, ce qui permettrait de réduire là aussi de moitié le temps de voyage vers Mars, de plusieurs mois à quelques semaines seulement.

- Enfin au cours du premier trimestre 2024, on apprend qu’une équipe de scientifiques chinois affiliés à plusieurs universités et instituts de recherche ont mis au point un réacteur spatial à fission nucléaire de 1,5 mégawatt, sept fois plus puissant que le système concurrent développé par la NASA, conçu pour le transport dans l’espace de personnes et de fret.

2025, le choix semble fait : "planter la bannière étoilée sur la planète Mars"

L'objectif Lune ne semble plus la priorité.

Lors de son discours d'investiture, le 20 janvier, Donald Trump a formulé un nouveau but pour son mandat : « Nous poursuivrons notre destinée jusqu'aux étoiles, en envoyant des astronautes américains planter la bannière étoilée sur la planète Mars. »

Rappelons que déjà en 2019, lors de son mandat précédent, Donald Trump, écrivait sur Twitter : « Avec tout l’argent que nous dépensons, la Nasa ne devrait pas parler d’aller sur la Lune - nous l’avons fait il y a 50 ans » ajoutant : « Ils devraient se concentrer sur les choses beaucoup plus importantes que nous faisons, à savoir Mars, la Défense et la Science. »

Mais cette démarche vers la propulsion nucléaire spatiale ne va pas être aussi simple et comme le dit Reuters Scott Pace, qui dirigeait la politique spatiale sous le premier mandat de Donald Trump : « Il faut apprendre à marcher avant de courir. »

En effet cette prédominance à la propulsion nucléaire ne va pas de soi, tant sont encore nombreux les défis qui vont se présenter.

Parmi ces défis citons entre autres : la réaction des associations et des mouvements écologistes, les textes réglementaires, les problèmes sécuritaires, les problèmes de financement…

Si les problèmes de financements ne devraient pas poser de problèmes, concernant les problèmes de réglementation, on connait la position et la façon de faire de Donald Trump sur ce sujet. D’ailleurs la FAA a déjà anticipé, puisque récemment elle a annoncé son intention d'affiner ses directives, en prévoyant potentiellement des exemptions pour les systèmes à faible risque…

Plusieurs sociétés désormais se positionnent sur ce créneau de la propulsion nucléaire spatiale et n’hésitent pas à le faire savoir. Citons entre autres : General Atomics Electromagnetic Systems (GA-EMS), Pulsar Fusion, Rocket Lab USA Inc. (RKLB) et sa fusée à Neutron, la Nasa qui travaille sur un projet prometteur de propulsion électrique nucléaire…

Tout cela Framatome l’a bien compris. L’entreprise française, leader mondial du nucléaire civil, vient de créer Framatome Space afin de répondre aux besoins des agences spatiales et de s’engager dans cette nouvelle ère de l'exploration spatiale.

Pour Grégoire Lambert, vice-président de la stratégie chez Framatome et Framatome Space : « Nous sommes convaincus que le nucléaire est la clé pour fournir l'énergie nécessaire au développement spatial, et Framatome se positionne comme un acteur majeur alors que l'humanité se prépare à explorer l'Univers. »

Face à cette nouvelle approche, quid des problèmes des débris qui seront désormais radioactifs, quid des problèmes sécuritaires notamment au niveau des lancements, et quelles vont être les actions du monde écologique, là est sans doute la question.

Affaire à suivre…

A lire aussi :
Retour sur l’année 2024 du Tourisme Spatial

Michel MESSAGER
Michel MESSAGER
Michel MESSAGER est directeur associé de Consul Tours, société de conseil travaillant pour une clientèle privée et institutionnelle dans les secteurs du tourisme.

Il est Membre Fondateur de l’Institut Européen du Tourisme Spatial et de l’AFST (Association Française des Seniors du Tourisme). Il est l’auteur de nombreux articles sur le sujet ainsi que de plusieurs livres : le "Tourisme Spatial" publié en 2009 à la documentation française, "Histoire du Tourisme Spatial de 1950 à 2020" sorti en 2021, "Tourisme Spatial et Ecologie" en 2022 et "Tourisme Spatial de 1950 à 2022" chez Amazon. Il est considéré actuellement comme l’un des spécialistes en la matière.

Il intervient fréquemment sur ce sujet à la radio et à la télévision, ainsi qu’au travers de conférences dans de nombreux pays, notamment au Canada où il réside quelques mois par an. Il conseille notamment des entreprises du "new space" et des fonds d’investissements sur les projets financiers en matière de Tourisme Spatial.

Lu 195 fois

Notez

Nouveau commentaire :

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.
Signaler un abus

Dans la même rubrique :
< >





































TourMaG.com
  • Instagram
  • Twitter
  • Facebook
  • YouTube
  • LinkedIn
  • GooglePlay
  • appstore
  • Google News
  • Bing Actus
  • Actus sur WhatsApp
 
Site certifié ACPM, le tiers de confiance - la valeur des médias