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Khiva, Boukhara, Samarkand : sur la Route de la soie en Ouzbékistan (Vidéo)

Le voyageur se trouve projeté quelques siècles en arrière…


L'Ouzbékistan, ce pays d’Asie Centrale, évoque immanquablement l'épopée commerciale de la Route de la soie, dont elle constitua jadis une étape importante. Trois villes symbolisent cette aventure : Khiva, Boukhara et surtout Samarkand. Grâce aux vestiges sauvés ou reconstruits, le voyageur se trouve projeté quelques siècles en arrière…


Rédigé par Jean-François RUST le Lundi 25 Juin 2018

Vraiment, l’intérêt de l’Ouzbékistan est sur la route, celle qu’ont empruntée des millions d’hommes des siècles durant ! - DR : J.-F.R.
Vraiment, l’intérêt de l’Ouzbékistan est sur la route, celle qu’ont empruntée des millions d’hommes des siècles durant ! - DR : J.-F.R.
Nous sommes à Samarkand. Ville symbole, vrai carrefour et capitale de l’empire de Tamerlan, étendu aux 14e-15e s. de l’Inde à la Méditerranée.

La cité de 400 000 habitants baigne dans le culte de ce héros national.

Ici, les sites historiques sont dispersés : il faut sauter d’un quartier à l’autre pour visiter Gour Emir (le tombeau de Tamerlan), la place Registan et ses trois madrasas, l’immense mosquée Bibi Khanum, la nécropole Shah i Zinda, etc.

On y croise les costumes régionaux d’hommes et de femmes venus de tout le pays rendre hommage au conquérant, au marché Siab, sur le boulevard de l’Université, dans le parc central.

La plus ancienne ville ouzbek, nommée Afrosyab lors de sa fondation au 8e s. avant J-C., demeure la référence culturelle suprême du pays.

Boukhara, cité musée

Cap sur Boukhara, plein ouest. Depuis Samarkand, il faut 4h par la route, histoire de voir défiler la grande plaine ouzbek verte et grise.

Pas un décor de rêve mais l’occasion d’ouvrir grands les yeux sur la réalité rurale. Des tracteurs, oui, mais aussi des charrettes à cheval, des petites mains au travail, dans les champs de blé et de coton. Des vergers et des vignes.

Des maisons quelconques, de plein pied. Des visages orientaux, asiatiques, russes… Des femmes en veste à petits cols de fourrure. Des vélos et des piétons.

Boukhara est une cité musée, mais une cité vivante, « la perle de l’islam ».

On vous passe les détails de l’Histoire, la conquête par Alexandre le Grand, les destructions de Gengis Khan, de Tamerlan.

Cité de commerce depuis la nuit des temps, Boukhara a retrouvé sa splendeur, à coups de rénovations gigantesques. La patine adoucira l’impression de « neuf » mais quelle atmosphère !

L’ensemble Poyi Kalon, avec son long minaret, sa madrasa et sa mosquée du 16e s. incarnent le rayonnement culturel et religieux de la ville.

La forteresse de l’Emir, elle, est le symbole de la ville interdite, celle des seigneurs de Boukhara.

En face, la mosquée Bolo-Khaouz et ses vingt piliers reflète sa légèreté dans les eaux d’un bassin - l’eau, trésor et drame d’un pays qui, avec le Kazakhstan, a laissé s’épuiser la mer d’Aral.

Madrasa Tchor Minor

Dans cette cité, il faut aussi se perdre dans le quartier juif, surprendre un cours de danse pour enfants donné dans une ruelle, rentrer dans les madrasas devenues centres d’artisanat, marchander dans le tak-i (marché sous coupole) des chapeliers, voir les admirables quatre minarets de la madrasa Tchor Minor, s’attarder place Liab-i-Khaouz, quand les habitants boivent le thé au son d’une musique orientale…

Boukhara est magique.

Une heure de vol plus tard, voici Khiva.

Nous arrivons le soir dans la vieille ville cernée de murailles qu’on appelle Ikan Kala. Le soleil tombe, un petit vent de poussière balaye le décor. Assis sur le toit-terrasse d’un restaurant, je regarde le crépuscule recouvrir mosquées et madrasas, mausolées et caravansérails. Les touristes sont partis, la magie de l’Orient m’enveloppe de ses sens...

Plantée au milieu du désert, au centre-ouest du pays, Khiva fut pendant des siècles une étape clef sur la Route de la soie.

Les chameliers chargés de marchandises, vaincus par la chaleur, étaient heureux d’y faire étape pour sacrifier aux plaisirs de la vie.

Tout a changé depuis mais Khiva reste un mirage. Bien sûr, les destructions ont fait leur œuvre, avec Gengis Khan et ses hordes mongoles...

Mais le lifting mené depuis 1991 puis sous la coupe de l’Unesco a ressuscité la ville. Sait-on que dans ce Carcassonne ouzbek naquit en 783 un certain Muhammad Ibn Muso Al Xorazmiy, un des plus grands mathématiciens de tous les temps ? Al Xorazmiy… devenu depuis algorithme.

Mausolée Pakhlavan Makhmud

Le passé de Khiva resplendit au mausolée Pakhlavan Makhmud, patron de la cité, poète et soufie.

Il rayonne à la Kounia Ark, vieille forteresse ouverte sur la place centrale. Il brille à la Jusma Masjid, la mosquée du vendredi, avec son minaret de 33 m et sa forêt de colonnes en bois, dont certaines datent du 10e s.

Et que dire du harem avec ces auvents donnant sur une cour intérieure où vivaient les femmes des dignitaires. Fantasmes de l’Orient…

Quitter si vite Khiva et son minaret-donjon aux majoliques éclatantes est un crève-cœur.

En comparaison de tous ces vestiges, Tashkent, la capitale, a moins d’intérêt. On ne s’attardera pas dans cette métropole sans âme, dévastée par un tremblement de terre en 1966 et dont l’intérêt se limite au bazar Chorsu et au quartier éponyme, une enclave populaire.

Non, vraiment, l’intérêt de l’Ouzbékistan est sur la route, celle qu’ont empruntée des millions d’hommes des siècles durant.

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