D'après les réceptifs interrogés, l'été 2020 s'annonce catastrophique, mais l'année 2021 pourrait bien être une bonne surprise, si jamais... - DR : Depositphotos, @mazzzur
Pour comprendre la situation actuelle, il convient de faire un léger flash back. Après un confinement généralisé, l'Europe attend comme le Messie un été 2020 libérateur.
Avec des hôtels pleins, des restaurants devant assurer deux ou trois services, des plages bondées et une population voulant profiter de l'instant présent, pour oublier le traumatisme passé.
Le gouvernement italien avait fait pression sur ses voisins pour vite rouvrir les frontières et apporter une bouffée d'oxygène à son industrie touristique, totalement asphyxiée.
Très vite l'Espagne et le Portugal avaient suivi, pensant que la proximité géographique serait en mesure de rassurer les voyageurs européens.
Quelques semaines plus tard, l'espoir d'un été salvateur s'envole petit à petit partout en Europe.
"A Rome, sur les 1 800 hôtels que compte la ville, seulement 150 établissements sont ouverts. Tous les hôtels avec lesquels je travaille habituellement sont fermés," déplore Corinne Labadie-Barbé, la responsable des ventes d'Albatravel Group.
Le constat est similaire au Portugal.
"Il y a un peu de monde, avec notamment des Portugais et des Espagnols, mais ça n'a rien à voir avec les années précédentes," constate lui aussi Laurent Maingot, cofondateur de MTO/PTO Travel.
Le scénario est encore plus noir en Catalogne où, face à une reprise de l'épidémie, la situation économique est devenue alarmante.
Avec des hôtels pleins, des restaurants devant assurer deux ou trois services, des plages bondées et une population voulant profiter de l'instant présent, pour oublier le traumatisme passé.
Le gouvernement italien avait fait pression sur ses voisins pour vite rouvrir les frontières et apporter une bouffée d'oxygène à son industrie touristique, totalement asphyxiée.
Très vite l'Espagne et le Portugal avaient suivi, pensant que la proximité géographique serait en mesure de rassurer les voyageurs européens.
Quelques semaines plus tard, l'espoir d'un été salvateur s'envole petit à petit partout en Europe.
"A Rome, sur les 1 800 hôtels que compte la ville, seulement 150 établissements sont ouverts. Tous les hôtels avec lesquels je travaille habituellement sont fermés," déplore Corinne Labadie-Barbé, la responsable des ventes d'Albatravel Group.
Le constat est similaire au Portugal.
"Il y a un peu de monde, avec notamment des Portugais et des Espagnols, mais ça n'a rien à voir avec les années précédentes," constate lui aussi Laurent Maingot, cofondateur de MTO/PTO Travel.
Le scénario est encore plus noir en Catalogne où, face à une reprise de l'épidémie, la situation économique est devenue alarmante.
"i[Nous avons très mal vécu les propos de Jean Castex"
"La fédération des hôteliers de la région a réclamé près de 7 milliards d'euros au gouvernement pour les soutenir dans cette épreuve," explique Jérôme Pouil, directeur général de Calafell Evasión.
Si l'hôtellerie n'est pas à la fête, il existe un secteur totalement sinistré, celui de la distribution.
De l'autre côté des Pyrénées, si l'activité ne repart pas dans les mois à venir, près de 5 500 agences, sur les 9 000 que compte le pays pourraient disparaître.
Si le grand raout tant espéré n'a pas eu lieu, le reste de la saison s'annonce très délicat. Notamment en Catalogne.
Il y a plus de dix jours, le gouvernement avait même annoncé un confinement de la population. Un mot ayant la capacité de faire fuir même les touristes les plus téméraires ? Mais la réalité est tout autre.
"Il n'y a pas de réel confinement, le gouvernement a appelé les gens à ne pas se déplacer, mais les bars et les restaurants restent ouverts," précise Jérôme Pouil.
Cette décision s'explique par une résurgence de l'épidémie. Rien que dimanche dernier, 851 cas de coronavirus ont été recensés dans la région.
Une reprise qui inquiète non seulement les dirigeants de la Catalogne, mais aussi l'Allemagne et l'Angleterre qui ont pris des mesures pour limiter les voyages de leurs ressortissants dans cette région.
Suite à cela, le Premier ministre français en est allé de sa sortie médiatique, pour déconseiller aux Français de se rendre en Espagne.
"Nous avons très mal vécu les propos de Jean Castex, d'autant qu'il a cité le pays juste après ceux de la zone rouge. C'est très mal passé," peste le patron de Calafell Evasión.
Le Premier ministre français, lors d'une allocution, déclarait déconseiller aux Français de se rendre en Catalogne.
"Sauf qu'il a dit travailler de concert avec les autorités catalanes et espagnoles, alors que ces dernières ont formellement démenti une quelconque discussion," rapporte Jérôme Pouil.
L'ensemble de ces décisions politiques, plus la reprise de l'épidémie, le tout couplé aux campagnes pour promouvoir un tourisme national, ce savant mélange débouchera sans doute sur un été mort-né.
"En quelques jours, tout a changé. Pour nous, la saison est terminée," déplore le patron de Calafell Evasión.
Si l'hôtellerie n'est pas à la fête, il existe un secteur totalement sinistré, celui de la distribution.
De l'autre côté des Pyrénées, si l'activité ne repart pas dans les mois à venir, près de 5 500 agences, sur les 9 000 que compte le pays pourraient disparaître.
Si le grand raout tant espéré n'a pas eu lieu, le reste de la saison s'annonce très délicat. Notamment en Catalogne.
Il y a plus de dix jours, le gouvernement avait même annoncé un confinement de la population. Un mot ayant la capacité de faire fuir même les touristes les plus téméraires ? Mais la réalité est tout autre.
"Il n'y a pas de réel confinement, le gouvernement a appelé les gens à ne pas se déplacer, mais les bars et les restaurants restent ouverts," précise Jérôme Pouil.
Cette décision s'explique par une résurgence de l'épidémie. Rien que dimanche dernier, 851 cas de coronavirus ont été recensés dans la région.
Une reprise qui inquiète non seulement les dirigeants de la Catalogne, mais aussi l'Allemagne et l'Angleterre qui ont pris des mesures pour limiter les voyages de leurs ressortissants dans cette région.
Suite à cela, le Premier ministre français en est allé de sa sortie médiatique, pour déconseiller aux Français de se rendre en Espagne.
"Nous avons très mal vécu les propos de Jean Castex, d'autant qu'il a cité le pays juste après ceux de la zone rouge. C'est très mal passé," peste le patron de Calafell Evasión.
Le Premier ministre français, lors d'une allocution, déclarait déconseiller aux Français de se rendre en Catalogne.
"Sauf qu'il a dit travailler de concert avec les autorités catalanes et espagnoles, alors que ces dernières ont formellement démenti une quelconque discussion," rapporte Jérôme Pouil.
L'ensemble de ces décisions politiques, plus la reprise de l'épidémie, le tout couplé aux campagnes pour promouvoir un tourisme national, ce savant mélange débouchera sans doute sur un été mort-né.
"En quelques jours, tout a changé. Pour nous, la saison est terminée," déplore le patron de Calafell Evasión.
De l'autre côté de la frontière, le Portugal vit au rythme d'un tourisme... national
Une analyse partagée par son voisin lusitanien, même si le constat est moins catastrophique. D'autant que le Portugal a connu avec Lisbonne une situation similaire à celle de Barcelone ou de la Catalogne, puisque plusieurs quartiers de la capitale ont été reconfinés il y a un mois. Depuis le feu semble circonscrit.
"Aujourd'hui ça s'est calmé. Le gouvernement fait les choses correctement, en étant proactif, mais ça ne se traduit pas sur les ventes," déplore Laurent Maingot, cofondateur de MTO/PTO Travel.
Sauf que le mal est fait. Et si les villes ne sont pas désertées et les plages affichent une belle affluence, l'été 2020 n'est en rien comparable avec le précédent.
"Dieu merci, quelques clients veulent bien voyager, mais ce n'est pas rentable un tel niveau d'activité," analyse le responsable du réceptif.
Alors que les seuls touristes sont majoritairement originaires du Portugal et de l'Espagne voisine, le problème reste de trouver les hôtels ouverts.
"La problématique aérienne, nous la retrouvons aussi dans l'hôtellerie. Notre principal souci dans une région comme l'Algarve étant de savoir si tel ou tel hôtel va ouvrir."
Une incertitude qui complexifie encore davantage le discours des professionnels envers les clients. Alors que le pays s'attendait à voir ses établissements ouverts à 75% dès juin, la réalité à Porto et Lisbonne, mais aussi l'Algarve, tournerait plutôt autour des 40 voire 50%.
"Le paysage touristique est assez tristounet et morose. La reprise s'annonce longue, mais nous ne sommes pas les seuls," analyse Laurent Maingot, cofondateur de MTO/PTO Travel.
Avec un pays qui tourne entre 200 et 400 cas par jour, pour 10 millions d'habitants, et 1 725 morts depuis le début de l'épidémie, la propagation du virus peut donner l'impression d'être maîtrisée. "Franchement il est moins risqué de visiter plusieurs régions du Portugal, que de se rendre en Bretagne. Mais les gens ont peur, peur de l'inconnu."
Et ce travail de réassurance va devoir être mené, si la maîtrise reste toujours d'actualité, sous peine de voir tout un pan de l'économie durablement touché.
Malgré une reprise délicate qui ne dit pas réellement son nom, le patron du voyagiste se veut reconnaissant envers le gouvernement. "Nous avons de la chance, car nous bénéficions d'aides identiques à celles de la France. Ils ont été très présents," se félicite Laurent Maingot, cofondateur de MTO/PTO Travel.
Une lueur d'espoir que ne partage pas sa consœur vivant au pied du Rialto à Venise.
"Aujourd'hui ça s'est calmé. Le gouvernement fait les choses correctement, en étant proactif, mais ça ne se traduit pas sur les ventes," déplore Laurent Maingot, cofondateur de MTO/PTO Travel.
Sauf que le mal est fait. Et si les villes ne sont pas désertées et les plages affichent une belle affluence, l'été 2020 n'est en rien comparable avec le précédent.
"Dieu merci, quelques clients veulent bien voyager, mais ce n'est pas rentable un tel niveau d'activité," analyse le responsable du réceptif.
Alors que les seuls touristes sont majoritairement originaires du Portugal et de l'Espagne voisine, le problème reste de trouver les hôtels ouverts.
"La problématique aérienne, nous la retrouvons aussi dans l'hôtellerie. Notre principal souci dans une région comme l'Algarve étant de savoir si tel ou tel hôtel va ouvrir."
Une incertitude qui complexifie encore davantage le discours des professionnels envers les clients. Alors que le pays s'attendait à voir ses établissements ouverts à 75% dès juin, la réalité à Porto et Lisbonne, mais aussi l'Algarve, tournerait plutôt autour des 40 voire 50%.
"Le paysage touristique est assez tristounet et morose. La reprise s'annonce longue, mais nous ne sommes pas les seuls," analyse Laurent Maingot, cofondateur de MTO/PTO Travel.
Avec un pays qui tourne entre 200 et 400 cas par jour, pour 10 millions d'habitants, et 1 725 morts depuis le début de l'épidémie, la propagation du virus peut donner l'impression d'être maîtrisée. "Franchement il est moins risqué de visiter plusieurs régions du Portugal, que de se rendre en Bretagne. Mais les gens ont peur, peur de l'inconnu."
Et ce travail de réassurance va devoir être mené, si la maîtrise reste toujours d'actualité, sous peine de voir tout un pan de l'économie durablement touché.
Malgré une reprise délicate qui ne dit pas réellement son nom, le patron du voyagiste se veut reconnaissant envers le gouvernement. "Nous avons de la chance, car nous bénéficions d'aides identiques à celles de la France. Ils ont été très présents," se félicite Laurent Maingot, cofondateur de MTO/PTO Travel.
Une lueur d'espoir que ne partage pas sa consœur vivant au pied du Rialto à Venise.
Italie : un gouvernement aux abonnés absents, les professionnels du tourisme dans les rues !
"C'est incompréhensible, le gouvernement fait la sourde oreille. La situation est relativement grave, car ils n'ont rien fait pour le tourisme," lâche, excédée, Corinne Labadie-Barbé, la responsable des ventes d'Albatravel Group.
Parmi les pays européens les plus touchés et surtout en premier, l'Italie n'a jamais vraiment réussi son travail de réassurance auprès des touristes étrangers.
Les rues bondées de Rome ou Venise laissent place à une ambiance post-apocalyptique, même la fontaine de Trevi ou le Colisée ne font plus recette (voir les webcams de la ville, en cliquant ici).
Abandonnés par les flots de touristes étrangers, les hôtels ont gardé en grande majorité porte close un peu partout dans le pays. Pire, certains ont même fait une croix sur l'année 2020.
"Des établissements, comme le Saint Regis à Venise, envisagent de rester fermés jusqu'en 2020," confie la responsable du voyagiste.
Alors que la situation peine à s'améliorer au niveau de l'activité touristique et que les recettes sont exsangues depuis mars, les professionnels du tourisme ont décidé de réagir. "Malgré les grèves et les manifestations du secteur, notamment à Rome, le gouvernement n'a pas bougé. Dans ces conditions, nous compterons les cadavres quand tout rouvrira."
Privés de recettes, les agences et tour-opérateurs sont à l'arrêt total, le chômage partiel tant attendu met beaucoup de temps à arriver, pire aucune autre mesure n'est pour le moment envisagé. Les professionnels aimeraient que les taxes et les charges soient retardées, mais aussi un soutien pour combler les pertes.
Face à l'immobilisme tout le monde fait le dos rond. "Tous mes collègues sont en chômage technique, si jamais nous arrivons à réaliser le peu de dossiers que nous avons, ils pourront revenir 2 heures par jour," explique Corinne Labadie-Barbé.
Un retour à la normale qui s'annonce long, mais similaire à ce que nous vivons ici.
Malgré tout, l'espoir est permis. Tout d'abord, car l'année 2021 s'annonce "bonne", avec les nombreux reports, mais aussi parce que l'Italie maîtrise correctement la maladie.
En juillet, les nouveaux cas quotidiens oscillent entre 114 et 306. A titre de comparaison en France, nous tournons entre 475 et 2 600 nouvelles contaminations.
Et pourtant. "Maintenant que nous n'avons plus la Covid-19, nous avons des problèmes avec les compagnies," se plaint la responsable Albatravel Group.
Tout comme en France, en Espagne, au Portugal, du côté de Venise et Rome, les compagnies annulent les vols au dernier moment.
Toutefois, les professionnels interrogés gardent espoir en l'avenir. L'année 2020 est à oublier, mais 2021 pourrait bien être celle de toutes les surprises. D'ici là, nous devons tous apprendre à vivre avec la covid-19, adopter les bons gestes et suivre les protocoles sanitaires.
"Le tourisme ne disparaîtra jamais, c'est une certitude. Il ne faut pas être pessimiste," conclut Corinne Labadie-Barbé, la responsable des ventes d'Albatravel Group.
Un message d'espoir auquel nous nous attachons tous.
Parmi les pays européens les plus touchés et surtout en premier, l'Italie n'a jamais vraiment réussi son travail de réassurance auprès des touristes étrangers.
Les rues bondées de Rome ou Venise laissent place à une ambiance post-apocalyptique, même la fontaine de Trevi ou le Colisée ne font plus recette (voir les webcams de la ville, en cliquant ici).
Abandonnés par les flots de touristes étrangers, les hôtels ont gardé en grande majorité porte close un peu partout dans le pays. Pire, certains ont même fait une croix sur l'année 2020.
"Des établissements, comme le Saint Regis à Venise, envisagent de rester fermés jusqu'en 2020," confie la responsable du voyagiste.
Alors que la situation peine à s'améliorer au niveau de l'activité touristique et que les recettes sont exsangues depuis mars, les professionnels du tourisme ont décidé de réagir. "Malgré les grèves et les manifestations du secteur, notamment à Rome, le gouvernement n'a pas bougé. Dans ces conditions, nous compterons les cadavres quand tout rouvrira."
Privés de recettes, les agences et tour-opérateurs sont à l'arrêt total, le chômage partiel tant attendu met beaucoup de temps à arriver, pire aucune autre mesure n'est pour le moment envisagé. Les professionnels aimeraient que les taxes et les charges soient retardées, mais aussi un soutien pour combler les pertes.
Face à l'immobilisme tout le monde fait le dos rond. "Tous mes collègues sont en chômage technique, si jamais nous arrivons à réaliser le peu de dossiers que nous avons, ils pourront revenir 2 heures par jour," explique Corinne Labadie-Barbé.
Un retour à la normale qui s'annonce long, mais similaire à ce que nous vivons ici.
Malgré tout, l'espoir est permis. Tout d'abord, car l'année 2021 s'annonce "bonne", avec les nombreux reports, mais aussi parce que l'Italie maîtrise correctement la maladie.
En juillet, les nouveaux cas quotidiens oscillent entre 114 et 306. A titre de comparaison en France, nous tournons entre 475 et 2 600 nouvelles contaminations.
Et pourtant. "Maintenant que nous n'avons plus la Covid-19, nous avons des problèmes avec les compagnies," se plaint la responsable Albatravel Group.
Tout comme en France, en Espagne, au Portugal, du côté de Venise et Rome, les compagnies annulent les vols au dernier moment.
Toutefois, les professionnels interrogés gardent espoir en l'avenir. L'année 2020 est à oublier, mais 2021 pourrait bien être celle de toutes les surprises. D'ici là, nous devons tous apprendre à vivre avec la covid-19, adopter les bons gestes et suivre les protocoles sanitaires.
"Le tourisme ne disparaîtra jamais, c'est une certitude. Il ne faut pas être pessimiste," conclut Corinne Labadie-Barbé, la responsable des ventes d'Albatravel Group.
Un message d'espoir auquel nous nous attachons tous.