Le plateau de Valensole, en Provence, est l'un des sites touristiques les plus prisés par les voyageurs chinois en France - Photo : © ronnybas-Fotolia.com
Le potentiel du marché touristique chinois en termes de fréquentation et de dépenses des voyageurs est unique.
Si bien que les destinations se battent pour le conquérir.
Une compétition à laquelle la France n'échappe pas. Elle y est même largement engagée.
Depuis plusieurs années, les organismes en charge de la promotion touristique de la France et de ses destinations enchaînent les opérations à destination des professionnels et des touristes chinois : eductours, campagnes de communication, procédure accélérée de délivrance des visas, accueil du tournage d'une série télévisée dans le Lubéron...
Les idées ne manquent pas et elles semblent plutôt payantes. Avec 24,6 % de parts de marché, la France est la première destination pour les Chinois en Europe, devant l'Allemagne (15,6 %) et la Suisse (9,2 %), selon des chiffres de l'Alliance 46.2.
En 2015, la France a accueilli un total de 2,2 millions de visiteurs en provenance de Chine. Elle est la dixième destination mondiale et la deuxième hors d'Asie (derrière les USA) pour le marché chinois.
Malgré une très probable baisse sur 2016 (les statistiques définitives seront dévoilées très prochainement), le marché chinois reste encore très alléchant.
En effet, selon des données de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), le volume de déplacements annuels des Chinois à l'étranger pourrait atteindre 208 millions en 2020, contre 123 millions en 2015 et 31 millions en 2005.
Mais, pour autant, le marché touristique chinois est-il réellement si intéressant ? Sa croissance profite-t-elle vraiment au pays sur le long-terme ?
Si bien que les destinations se battent pour le conquérir.
Une compétition à laquelle la France n'échappe pas. Elle y est même largement engagée.
Depuis plusieurs années, les organismes en charge de la promotion touristique de la France et de ses destinations enchaînent les opérations à destination des professionnels et des touristes chinois : eductours, campagnes de communication, procédure accélérée de délivrance des visas, accueil du tournage d'une série télévisée dans le Lubéron...
Les idées ne manquent pas et elles semblent plutôt payantes. Avec 24,6 % de parts de marché, la France est la première destination pour les Chinois en Europe, devant l'Allemagne (15,6 %) et la Suisse (9,2 %), selon des chiffres de l'Alliance 46.2.
En 2015, la France a accueilli un total de 2,2 millions de visiteurs en provenance de Chine. Elle est la dixième destination mondiale et la deuxième hors d'Asie (derrière les USA) pour le marché chinois.
Malgré une très probable baisse sur 2016 (les statistiques définitives seront dévoilées très prochainement), le marché chinois reste encore très alléchant.
En effet, selon des données de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), le volume de déplacements annuels des Chinois à l'étranger pourrait atteindre 208 millions en 2020, contre 123 millions en 2015 et 31 millions en 2005.
Mais, pour autant, le marché touristique chinois est-il réellement si intéressant ? Sa croissance profite-t-elle vraiment au pays sur le long-terme ?
Des accompagnateurs qui payent pour accompagner
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Pas vraiment, d'après plusieurs agences de voyages réceptives, basées et immatriculées en France et qui travaillent sur le marché chinois.
Les professionnels avec qui nous avons pu nous entretenir déplorent la "concurrence déloyale" de certains opérateurs chinois peu scrupuleux.
Parmi les problèmes soulevés, la question de l'accompagnement des groupes de voyageurs chinois en France revient systématiquement.
A la recherche de tarifs les plus bas possibles, "les tour-opérateurs chinois payent très peu, voire pas du tout, pour l'accompagnement", constate Marie Wang Cagne, directrice générale (DG) de Rêve en Provence. Dans certains cas, "les accompagnateurs sont même mis en compétition par les TO chinois. Pour décrocher un groupe, ils doivent payer", ajoute, Élisa Cousseran, responsable du département réceptif à la Maison de la Chine.
Pour rentabiliser leur activité, les accompagnateurs qui travaillent ainsi avec le marché chinois se rémunèrent en négociant des commissions sur les achats des voyageurs dans les magasins. "Pour les accompagnateurs, ça paye plutôt bien, surtout à Paris, constate Marie Wang Cagne. Mais, en contrepartie, les touristes sont souvent déçus du programme de leur séjour car ils visitent plus de magasins que de sites touristiques..."
En 2014, les autorités chinoises ont fait passer une loi qui interdit les visites commerciales obligatoires pendant les voyages vendus aux Chinois. Mais, visiblement, les agences de voyages et les tour-opérateurs la contournent.
"Certains professionnels chinois du tourisme expliquent justement que beaucoup préfèrent travailler avec la France car ce type d'accompagnement, en principe illégal, y est toléré", confie un responsable d'un DMC français qui préfère rester anonyme.
"Les Chinois sont généralement très intéressés par le shopping en voyage. Leurs dépenses représentent parfois jusqu'à trois fois le prix du séjour. Les opérateurs le savent, ils en profitent... et en abusent malheureusement", poursuit Élisa Cousseran de la Maison de la Chine.
Avec, parfois des dérives comme la fixation d'un seuil minimal de dépenses pour les voyageurs ou la réquisition de l'argent de certains groupes d'enfants chinois par leur accompagnateur pendant le séjour...
Les professionnels avec qui nous avons pu nous entretenir déplorent la "concurrence déloyale" de certains opérateurs chinois peu scrupuleux.
Parmi les problèmes soulevés, la question de l'accompagnement des groupes de voyageurs chinois en France revient systématiquement.
A la recherche de tarifs les plus bas possibles, "les tour-opérateurs chinois payent très peu, voire pas du tout, pour l'accompagnement", constate Marie Wang Cagne, directrice générale (DG) de Rêve en Provence. Dans certains cas, "les accompagnateurs sont même mis en compétition par les TO chinois. Pour décrocher un groupe, ils doivent payer", ajoute, Élisa Cousseran, responsable du département réceptif à la Maison de la Chine.
Pour rentabiliser leur activité, les accompagnateurs qui travaillent ainsi avec le marché chinois se rémunèrent en négociant des commissions sur les achats des voyageurs dans les magasins. "Pour les accompagnateurs, ça paye plutôt bien, surtout à Paris, constate Marie Wang Cagne. Mais, en contrepartie, les touristes sont souvent déçus du programme de leur séjour car ils visitent plus de magasins que de sites touristiques..."
En 2014, les autorités chinoises ont fait passer une loi qui interdit les visites commerciales obligatoires pendant les voyages vendus aux Chinois. Mais, visiblement, les agences de voyages et les tour-opérateurs la contournent.
"Certains professionnels chinois du tourisme expliquent justement que beaucoup préfèrent travailler avec la France car ce type d'accompagnement, en principe illégal, y est toléré", confie un responsable d'un DMC français qui préfère rester anonyme.
"Les Chinois sont généralement très intéressés par le shopping en voyage. Leurs dépenses représentent parfois jusqu'à trois fois le prix du séjour. Les opérateurs le savent, ils en profitent... et en abusent malheureusement", poursuit Élisa Cousseran de la Maison de la Chine.
Avec, parfois des dérives comme la fixation d'un seuil minimal de dépenses pour les voyageurs ou la réquisition de l'argent de certains groupes d'enfants chinois par leur accompagnateur pendant le séjour...
Les Entreprises du Voyage manquent de moyens d'action
Autre pratique déloyale dénoncée : les professionnels non déclarés ou non immatriculés au registre des opérateurs de voyages et de séjours d'Atout France.
"Nous déclarons nos employés et nous payons nos guides et nos accompagnateurs sur factures. Mais, à côté de cela, certains travaillent au noir. Forcément, nous sommes plus chers qu'eux et nous perdons des dossiers", regrette le responsable anonyme d'un réceptif français.
D'autres professionnels constatent régulièrement la présence de véhicules transportant des groupes de Chinois sur des sites touristiques en France sans que leur conducteur dispose de la « capacité de transport » obligatoire.
"Nous connaissons ces sujets, répond Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. Mais nous manquons de moyens d'action. Nous ne pouvons pas contraindre les TO chinois à ne travailler qu'avec des accompagnateurs sérieux.
La seule chose que nous pourrions faire serait de poursuivre les faux réceptifs qui opèrent sans immatriculation. Mais, à ce jour, nous n'avons jamais eu de dossier constitué avec assez de preuves pour être en mesure de déposer une plainte."
Par conséquent, les pratiques perdurent. Et l'image de la destination France se détériore auprès des voyageurs chinois.
"Oui, il y a beaucoup de Chinois en France. De plus en plus. Mais que consomment-ils ? Et reviennent-ils ensuite ?", se demande Marie Wang Cagne de Rêve en Provence.
Des questions auxquelles la Maison de la Chine entend répondre en proposant des programmes de voyages "plus profonds", comme les décrit la responsable du département réceptif, qui conviennent davantage aux attentes des Chinois qui souhaitent à nouveau visiter la France.
"Nous déclarons nos employés et nous payons nos guides et nos accompagnateurs sur factures. Mais, à côté de cela, certains travaillent au noir. Forcément, nous sommes plus chers qu'eux et nous perdons des dossiers", regrette le responsable anonyme d'un réceptif français.
D'autres professionnels constatent régulièrement la présence de véhicules transportant des groupes de Chinois sur des sites touristiques en France sans que leur conducteur dispose de la « capacité de transport » obligatoire.
"Nous connaissons ces sujets, répond Jean-Pierre Mas, président des Entreprises du Voyage. Mais nous manquons de moyens d'action. Nous ne pouvons pas contraindre les TO chinois à ne travailler qu'avec des accompagnateurs sérieux.
La seule chose que nous pourrions faire serait de poursuivre les faux réceptifs qui opèrent sans immatriculation. Mais, à ce jour, nous n'avons jamais eu de dossier constitué avec assez de preuves pour être en mesure de déposer une plainte."
Par conséquent, les pratiques perdurent. Et l'image de la destination France se détériore auprès des voyageurs chinois.
"Oui, il y a beaucoup de Chinois en France. De plus en plus. Mais que consomment-ils ? Et reviennent-ils ensuite ?", se demande Marie Wang Cagne de Rêve en Provence.
Des questions auxquelles la Maison de la Chine entend répondre en proposant des programmes de voyages "plus profonds", comme les décrit la responsable du département réceptif, qui conviennent davantage aux attentes des Chinois qui souhaitent à nouveau visiter la France.
Contrefaçon touristique
Une solution qui permet au groupe de minimiser les conséquences d'une autre pratique particulière au tourisme émetteur chinois : la contrefaçon de voyages.
"Nous avons remarqué plusieurs fois que certains de nos circuits présentés sur notre site Internet étaient repris, tels quels avec parfois les mêmes visuels par des tour-opérateurs ou des DMC chinois qui les vendent ensuite moins cher que nous", raconte la DG de Rêve en Provence.
Même constat chez la Maison de la Chine dont les équipes ont, un jour, retrouvé un itinéraire exclusif repris à l'identique par une agence de voyages "fantôme" ni déclarée ni immatriculée en France.
Un autre DMC français positionné sur le marché chinois a, lui, "perdu un dossier de plus de 200 000 € au profit d'une agence de voyages qui a déclaré un chiffre d'affaires de seulement 100 000 € à la fin de l'exercice..."
D'autres voyagistes chinois copient les éductours dont leur font profiter des comités régionaux du tourisme (CRT) en France. Ils reproduisent le même séjour qu'ils vendent ensuite à très bas prix en trouvant un accompagnement gratuit ou à un tarif défiant toute concurrence.
"Quand on voit l'argent dépensé par Atout France et les autres organismes de promotion touristique pour développer le marché chinois, on se demande si l'investissement vaut vraiment le coup, explique Élisa Cousseran.
Avec d'autres DMC nous en avons parlé ouvertement lors de réunions organisées par le ministère des Affaires étrangères en charge de la promotion du Tourisme. Le ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault, nous a assuré qu'ils nous avait entendus. Mais jusqu'à présent, nous ne constatons pas un renforcement des contrôles."
Une stratégie de l'autruche qui pourrait coûter cher à la France à long-terme puisque dernièrement, des groupes chinois ont mis la main sur tout ou partie du capital de plusieurs opérateurs dans l'Hexagone. Certains groupes touristiques ont même acheté des flottes d'autocars basés en France pour transporter leurs touristes.
"Les Chinois cherchent à créer leur propre marché sur place. Ils ont bien compris que le tourisme chinois était une véritable poule aux œufs d'or. C'est pour cela qu'ils ne veulent pas le partager", analyse un professionnel français qui connaît bien le marché.
"Nous avons remarqué plusieurs fois que certains de nos circuits présentés sur notre site Internet étaient repris, tels quels avec parfois les mêmes visuels par des tour-opérateurs ou des DMC chinois qui les vendent ensuite moins cher que nous", raconte la DG de Rêve en Provence.
Même constat chez la Maison de la Chine dont les équipes ont, un jour, retrouvé un itinéraire exclusif repris à l'identique par une agence de voyages "fantôme" ni déclarée ni immatriculée en France.
Un autre DMC français positionné sur le marché chinois a, lui, "perdu un dossier de plus de 200 000 € au profit d'une agence de voyages qui a déclaré un chiffre d'affaires de seulement 100 000 € à la fin de l'exercice..."
D'autres voyagistes chinois copient les éductours dont leur font profiter des comités régionaux du tourisme (CRT) en France. Ils reproduisent le même séjour qu'ils vendent ensuite à très bas prix en trouvant un accompagnement gratuit ou à un tarif défiant toute concurrence.
"Quand on voit l'argent dépensé par Atout France et les autres organismes de promotion touristique pour développer le marché chinois, on se demande si l'investissement vaut vraiment le coup, explique Élisa Cousseran.
Avec d'autres DMC nous en avons parlé ouvertement lors de réunions organisées par le ministère des Affaires étrangères en charge de la promotion du Tourisme. Le ministre de l'époque, Jean-Marc Ayrault, nous a assuré qu'ils nous avait entendus. Mais jusqu'à présent, nous ne constatons pas un renforcement des contrôles."
Une stratégie de l'autruche qui pourrait coûter cher à la France à long-terme puisque dernièrement, des groupes chinois ont mis la main sur tout ou partie du capital de plusieurs opérateurs dans l'Hexagone. Certains groupes touristiques ont même acheté des flottes d'autocars basés en France pour transporter leurs touristes.
"Les Chinois cherchent à créer leur propre marché sur place. Ils ont bien compris que le tourisme chinois était une véritable poule aux œufs d'or. C'est pour cela qu'ils ne veulent pas le partager", analyse un professionnel français qui connaît bien le marché.