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Livre blanc : 20 pages pour comprendre le tourisme en transition et... passer à l’action !

Groupe SCET et Sociovision


Pour passer du tourisme «classique» à sa version durable, par où on commence ? Le groupe SCET publie un livre blanc pour aider à se mettre en mouvement.


Rédigé par le Mardi 9 Mai 2023

SCET et Sociovision publient leur Livre Blanc du tourisme en transition
SCET et Sociovision publient leur Livre Blanc du tourisme en transition
Le tourisme durable a le vent en poupe. De plus en plus de jeunes entrepreneurs s'y lancent.

Les professionnels et les destinations ont tous en tête l'importance du durable. Pour autant, s'y mettre, et commencer une transition n'est pas chose simple.

Conscients de l'enjeu, SCET (filiale de la Caisse des Dépôts et spécialisé dans l'accompagnement des collectivités et des territoires) et Sociovision (groupe IFOP, sociologie, compréhension et anticipation des mouvements de société et des tendances de consommation) se sont réunis pour publier leur livre blanc : « Le tourisme en transition : relever le défi du passage à l'action ».

En moins de 20 pages, l'ouvrage est construit de manière simple et relativement efficace, pour aider les professionnels du tourisme et des territoires à trouver leurs marques et commencer à changer leurs habitudes.

C'est tout le sujet du livre blanc, qui aborde à la fois les besoins et envie des clients, les enjeux, et les solutions à mettre en place.


Des émisions en hausse

Si l'on excepte quelques irréductibles du « c'était mieux avant », plus personne ne nie l'empreinte du tourisme, à la fois sur le climat, sur la biodiversité ou sur l'humain.

C'est le transport qui a la palme de l'impact et sur lequel il est décisif d'agir : « Ces émissions proviennent aux trois quarts de la mobilité des touristes, le transport aérien représentant 40 % du total à lui seul. Cette part n’a cessé de croître depuis 20 ans » annoncent les auteurrices.

Outre l'empreinte carbone du transport et les besoins en énergie, le tourisme joue aussi un rôle dans la chute de la biodiversité, les ressources, l'urbanisation, mais aussi la santé publique (pollution atmosphérique, sonore, visuelle parfois...).

Une précédente étude citée dans le livre blanc et réalisée pour l’ADEME indique que préférer des transports décarbonnés « pour l’ensemble des déplacements sur le lieu de séjour diminuerait les externalités environnementales et sociales d’environ 60 % »

Pour autant, l'idée n'est pas d'arrêter de voyager, mais de le faire autrement. Le secteur ne doit pas s'arrêter de fonctionner, mais se réinventer.

Car le tourisme provoque, mais subit aussi les dérèglements climatiques ou sanitaires auxquelles nous faisons tous face. Il en est même l'une des premières victimes. Il en va donc, explique le livre blanc, de la survie des entreprises.

Des clients pris entre envies et actions

Il en va du tourisme comme du reste : on veut tous un monde plus sobre et plus durable, mais passer à l'action, c'est autre chose.

La raison est à chercher du côté du cerveau : on entend ce que dit le GIEC, mais on préfère détourner le regard parce que l'effort nous semble trop lourd. L'anxiété et le poids des habitudes, d'une société où tout est accessible sans effort nous figent sur place.

C'est aussi pour cela que bien souvent, on voit la technologie comme un mirage qui va rétablir les choses presque magiquement. C'est du moins ce qu'explique la chercheuse en neuroscience Aurore Grandin dans un récent article de Sciences et Avenir

Sylvie Granon, professeure en neurobiologie de la prise de décision, propose une autre hypothèse : notre cerveau favoriserait les habitudes et les actions rassurantes, car les changements sont plus énergivores et stressants pour l'organisme.

Notre rapport au voyage et aux vacances en est un excellent exemple, comme l'indique le livre blanc : « 81 % des Français considèrent urgent la mise en place de quotas pour limiter les déplacements en avion dans un horizon de 5 ans mais pourtant… Près de la moitié souhaite continuer à voyager comme avant ».

Pour s'imposer, le tourisme durable doit donc réduire le stress et la culpabilisation, et jouer sur le plaisir, donner envie et faire naître de nouveaux imaginaires. Le livre blanc note 3 priorités : Le besoin de reconnexion à la nature, le retour à la proximité, et la recherche de lenteur.

Un autre défi sera de proposer des offres accessibles, car, au-delà de l'envie de changer, il y a les moyens financiers. La question est prioritaire, comme l'a prouvé le baromètre 2023 de l'ADEME

Les 6 enjeux et 11 solutions

Les auteurs du livre blanc notent un paradoxe : des outils existent pour les professionnels (calculateurs d'impact, labels, aides publiques...), mais ils sont assez peu connus ou reconnus du grand public. Les touristes auraient, selon eux, du mal à « adapter leurs pratiques et comprendre comment leurs choix pourraient faire bouger les choses. »

Ils citent 6 enjeux, pour atténuer ou adapter certains comportements :

  • Jauge
Calibrer la fréquentation sur l'année en tenant compte des périodes d'affluence. On communiquera sur des modalités de réservation ou de visites, les modes de déplacements ou de stationnement, l'accueil...

  • Carbone
Le calcul du bilan carbone (développé par Jean-Marc Jancovici pour l'ADEME) permet d'estimer l'impact d'une activité pour engager une transition sur des bases objectives.

  • Biodiversité
Éviter les transports carbonés et la pollution lumineuse, encadrer les touristes et leur faire découvrir la biodiversité pour limiter l'impact et donner envie de la respecter.

  • Ressources
Être sobre dans l'utilisation de l'énergie, de l'eau, de l'alimentation, en passant par la rénovation du bâti, les circuits courts, le vrac, la réduction du gaspillage et des déchets.

  • Vulnérabilité
Mettre en place des solutions fondées sur la nature (SFN) qui intègrent les problèmes (raréfaction de la neige, montée des eaux...) au lieu de les contourner sans y répondre.

  • Désartificialisation et restauration des écosystèmes
Éviter l'artificialisation des sols et redonner de la place à la nature, pour restaurer les écosystèmes menacés, permettre une meilleure absorption carbone et attirer les visiteurs.

Le livre blanc se conclut sur 11 solutions autour de 3 thématiques :

  • Développer une politique de l’offre
Penser un séjour en intégrant le voyage, pas simplement la destination ;
Faire rêver avec des hébergements innovants et intégrés aux paysages ;
Valoriser le patrimoine local ;
Travailler avec les différents acteurs locaux pour aider à la transition de tous.

  • Maitriser les impacts sur la nature
Valoriser et encadrer les activités pleine nature ;
Protéger les écosystèmes et sensibiliser les visiteurs ;
Renoncer à l'artificialisation et redonner sa place au vivant.

  • Mieux gérer sa destination
Maitriser les flux touristiques et mieux les équilibrer sur le territoire et dans le temps ;
Aménager l'espace public pour le rendre résilient ;
Travailler main dans la main avec les acteurs locaux pour faciliter la transition via des outils communs :
Interroger l'organisation des instances du tourisme en local.

Ce dernier point était justement celui qu'abordait ici même Prosper Wanner fin avril dernier, en proposant de mettre « tout le monde est autour de la table : les professionnels, les non-professionnels, les territoires, les habitants, les associations, et d’autres acteurs ».

Lire le Livre Blanc : « Le tourisme en transition. Relever le défi du passage à l'action ».

Juliette Pic Publié par Juliette Pic Journaliste - rubrique Voyages Responsables - TourMaG.com
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